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7.1. Changement dans les représentations des difficultés décisionnelles

7.1.3. Sources de difficultés décisionnelles

Tout au long de l’année, les résultats indiquent la présence de variations selon le niveau scolaire sur un certain nombre de sources de difficultés décisionnelles relatives à :

Un manque de motivation à décider (FT1(3 ; 1871) = 15.29, p < .001 ; FT2(3 ; 987) = 5.67,

p < .001 ; FT3(3 ; 859) = 3.41, p < .05)

Au croyances dysfonctionnelles (FT1(3 ; 1873) = 16.19, p < .001 ; FT2(3 ; 982) = 5.70,

p < .001 ; FT3(3 ; 854) = 7.50, p < .001)

À un manque de connaissance du processus de décision (FT1(3 ; 1873) = 3.94, p < .001 ;

FT2(3 ; 987) = 8.17, p < .001 ; FT3(3 ; 853) = 17.28, p < .001)

À des informations non fiables (FT1(3 ; 1872) = 3.75, p < .001 ; FT2(3 ; 988) = 3.35,

p < .001 ; FT3(3 ; 856) = 5.47, p < .001)

À des conflits externes (FT1(3 ; 1881) = 12.86, p < .001 ; FT2(3 ; 986) = 6.27, p < .001 ;

FT3(3 ; 855) = 9.61, p < .001)

De telles variations sont aussi observées en début d’année comme il y a un espace en trop en milieu d’année sur l’indécision généralisée (FT1(3 ; 1881) = 16.02, p < .001 ; FT2(3 ;991) = 5.25,

p < .001) et le manque d’informations sur la façon d’obtenir de l’information supplémentaire (FT1(3 ; 1872) = 3.75, p < .001 ; FT2(3 ; 985) = 4.94, p < .001).

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Par ailleurs, en début (F(3 ; 1871) = 4.78, p < .001) comme en fin d’année (F(3 ; 856) = 5.80, p < .001), des variations apparaissent sur les conflits internes.

Enfin, en milieu d’année et en fin d’année, les résultats indiquent la présence de variations sur le manque d’informations sur soi (FT2(3 ; 986) = 4, p < .001 ; FT3(3 ; 854) = 6.89, p < .001) et

le manque d’informations sur les professions (FT2(3 ; 985) = 2.87, p < .001 ; FT3(3 ; 856) = 4.64,

p < .001).

7.1.3.1. Manque de motivation à décider

En début d’année, les étudiants sont ceux qui rapportent le niveau le plus élevé de difficultés décisionnelles liées au manque de motivation à décider comparativement aux élèves de Terminale. Fortement engagés dans un processus de décision concernant leur avenir, les lycéens se situent à une étape clé de leur parcours, celle qui définira la poursuite éventuelle d’études supérieures. En cela, l’année de Terminale recouvre un ensemble de dispositifs visant à favoriser la découverte, par les élèves, de futurs lieux d’études tels que l’université, les écoles, les B.T.S, les D.U.T, etc. De plus, par l’accès à des terrains de stages et le suivi effectué par leurs professeurs principaux, ils sont accompagnés tout au long de l’année dans ce processus réflexif, garantissant dès lors leur intérêt et leur motivation à poser un choix quant à leur devenir. Les étudiants se retrouvent quant à eux à un moment charnière de leur cursus les amenant à se questionner sur la poursuite de leur parcours universitaire. Parmi les possibles qui s’offrent à eux, l’engagement dans un Master, la transition vers un autre parcours de formation ou encore, l’arrêt des études. Le manque de motivation à décider pour ces étudiants peut alors être lié au faible accompagnement dont ils disposent, contrairement aux lycéens, pour y voir plus clair dans les multiples choix qui s’offrent à eux. Cela peut aussi être lié à la filière dans laquelle ils sont insérés et dont les parcours et les contenus facilitent plus ou moins l’accès à des perspectives de formations et/ou d’emplois futurs favorisant ou non l’émergence de ce type de difficultés. A contrario en milieu d’année, les collégiens sont ceux qui rapportent le niveau le plus élevé de difficultés décisionnelles liées au manque de motivation à décider comparativement aux lycéens de Terminale, peut-être parce que le champ qui s’offre à eux, bien que présentant différentes voies en réalité (cursus général, technologique, professionnel), ne paraît pas aussi clair car ils peuvent souvent se sentir poussés automatiquement vers le voie générale sans forcément entrevoir une possibilité d’émettre une quelconque réflexion à ce sujet (cf. Annexe 38).

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7.1.3.2. Indécision généralisée

En début et en milieu d’année, les étudiants sont ceux qui rapportent le niveau le plus élevé de difficultés décisionnelles liées à l’indécision généralisée comparativement aux élèves de Seconde. Les étudiants apparaissent ainsi les plus en difficulté dès lors qu’il s’agit de prendre une décision et ce, quel que soit le domaine dans lequel elle s’applique. Cela est à considérer au regard du fait qu’à ce moment de leur développement, les étudiants en tant que jeunes adultes, ont à s’engager dans de nombreuses sphères de vie, en plus de celle relative à leur avenir professionnel, nécessitant ainsi la mobilisation de ressources particulières pour prendre des décisions propres à chacune de ces sphères qui, bien souvent d’ailleurs, s’entremêlent (cf. Annexe 38).

7.1.3.3. Croyances dysfonctionnelles

Tout au long de l’année, les collégiens sont ceux qui rapportent le niveau le plus élevé de difficultés décisionnelles liées aux croyances dysfonctionnelles comparativement aux étudiants. Alors que ces derniers ont pu développer un certain nombre de compétences au gré de leurs diverses expériences, les adolescents, plus jeunes, n’ont pas encore pu expérimenter un tel panel d’expériences. En cela, ils ne peuvent émettre de choix qu’à partir des représentations qu’ils se font des professions et des formations qui leurs sont associées. Un tel procédé peut alors susciter l’émergence d’attentes peu appropriées à l’égard des professions et des formations mettant ainsi à mal la prise de décision attenante (cf. Annexe 38).

7.1.3.4. Manque de connaissance du processus de décision

Tout au long de l’année, les élèves de Troisième sont ceux qui rapportent le niveau le plus élevé de difficultés décisionnelles liées au manque de connaissance du processus de décision comparativement aux étudiants. À ce niveau de leur parcours, les étudiants ont fait face à différents paliers d’orientation leur permettant ainsi de connaître, d’identifier et de comprendre l’ensemble des étapes impliquées dans le processus de décision pour s’y engager totalement. À l’inverse, les élèves de Troisième sont ici confrontés à leur premier palier d’orientation. Sans expérience à ce niveau,

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ils peuvent, s’ils ne sont pas ou peu accompagnés, se retrouver en grande difficulté pour s’engager sans encombre dans un processus aussi complexe (cf. Annexe 38).

7.1.3.5. Manque d’informations sur soi

En milieu d’année, les élèves de Troisième sont ceux qui rapportent le niveau le plus élevé de difficultés décisionnelles liées au manque d’informations sur soi comparativement aux étudiants. Contrairement aux élèves de Terminale, qui sont régulièrement amenés, au cours de l’année, et grâce aux dispositifs en place, à se questionner activement sur leurs préférences, leurs envies et leurs aspirations pour leur avenir ou encore, sur leurs capacités à les réaliser, les élèves de Troisième ne semblent pas encore investis dans un tel processus d’autant plus au regard des nombreux changements auxquels ils doivent faire face par ailleurs. Se questionner sur ses aspirations semble en effet complexe dès lors qu’on est seulement en train de se demander qui on est ou qui on voudrait être. En fin d’année, ce sont les élèves de Seconde qui rapportent le niveau le plus élevé de difficultés décisionnelles liées à un manque d’informations sur soi, comparativement aux étudiants. Alors que les étudiants en tant que jeunes adultes possèdent une connaissance relative claire et stable de qui ils sont, facilitant dès lors leur projection dans l’avenir, les élèves de Seconde, encore adolescents, sont toujours en proie à des questionnements ne leur permettant pas de posséder suffisamment de connaissance sur eux-mêmes pour pallier ce type de difficultés, ce qui peut de fait altérer le recueil d’informations pertinentes pour la prise de décision (cf. Annexe 38).

7.1.3.6. Manque d’informations sur les professions

En milieu d’année, les élèves de Troisième sont ceux qui rapportent le niveau le plus élevé de difficultés décisionnelles liées au manque d’informations sur les professions comparativement aux élèves de Terminale. À l’inverse des élèves de Terminale, qui sont très largement accompagnés dans le processus d’orientation tout au long de l’année scolaire, que ce soit par leurs enseignants ou encore par le biais des nombreux dispositifs mis en place dans leurs établissements ou à l’extérieur, les élèves de Troisième, bien qu’ils soient aussi accompagnés dans ce processus, ne paraissent pas disposer de suffisamment d'informations sur les caractéristiques des professions et des formations qui peuvent leur être associées. Cela serait-il dû à la période intense de questionnements dans laquelle il se situe, à la pertinence de l’accompagnement qui leur est proposé ou bien encore à leur

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degré d’engagement vis-à-vis de cet accompagnement ? En fin d’année, les élèves de Troisième sont ceux qui rapportent le niveau le plus élevé de difficultés décisionnelles liées au manque d’informations sur les professions comparativement aux étudiants. Alors que les étudiants semblent clairement avoir identifié la profession qu’ils souhaiteraient exercer au regard du domaine d’études dans lequel ils sont insérés, il n’en est rien pour les élèves de Troisième qui ne paraissent pas encore posséder cet ensemble d’informations pour prendre une décision concernant leur futur cursus bien que l’on se situe en fin d’année scolaire. Une question se pose alors : à ce stade, les choix sont effectivement posés institutionnellement mais le sont-ils réellement pour les jeunes ? (cf. Annexe 38).

7.1.3.7. Manque d’informations sur la façon d’obtenir de l’information supplémentaire

En début d’année comme en milieu d’année, les collégiens sont ceux qui rapportent le niveau le plus élevé de difficultés décisionnelles liées à un manque d’informations sur la façon d’obtenir de l’information supplémentaire comparativement aux lycéens. En raison de leur manque d’expérience à ce niveau, les collégiens n’ont pas encore identifié les lieux ou les personnes ressources auprès desquels ils seront à même d’obtenir plus d’informations que ce soit à propos d’eux-mêmes ou encore des professions, ce qui leur permettrait par la suite de s’engager dans un processus réflexif visant à terme à croiser les informations et à prendre une décision les concernant. Les lycéens paraissent quant à eux avoir identifié ces aspects-là. Pour autant, si l’on se décale des résultats tout en tenant compte des commentaires précédents, on peut se demander à quel point ces élèves-là sont engagés dans le processus. En effet, il a été énoncé que la classe de Seconde représentait le point de transition collège-lycée. En cela, les élèves ont à appréhender un nouvel environnement, avec de nouveaux codes, de nouvelles contraintes etc. Peut-on alors être assuré qu’ils aient bien identifiés les lieux et les personnes qui leur permettraient de trouver de plus amples informations relativement à leur orientation ? Ou bien sont-ils ceux qui relatent le moins de difficultés car ils ne sont pas totalement engagés dans ce processus ? (cf. Annexe 38).

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7.1.3.8. Informations non fiables

En début comme en milieu d’année, les élèves de Troisième sont ceux qui rapportent le niveau le plus élevé de difficultés décisionnelles liées aux informations non fiables comparativement aux élèves de Seconde. La période de questionnements identitaires à laquelle les jeunes adolescents de Troisième sont confrontés, peut les amener à douter des connaissances qu’ils ont à propos d’eux-mêmes et de l’évaluation qu’ils en font. Ils peuvent être de fait contraints à remettre en perspective leurs projets au regard des informations recueillies à propos des formations et des professions dans lesquelles ils pensent, à juste titre ou pas, pouvoir s’engager. Pour ce qui est des élèves de Seconde, le faible niveau de difficultés qu’ils rapportent relativement aux informations non fiables pourrait être rapproché, comme précédemment, au faible degré d’engagement supposé de leur part dans le processus décisionnel. En fin d’année, alors que les élèves de Troisième sont toujours ceux qui rapportent le niveau le plus élevé de difficultés décisionnelles liées aux informations non fiables, les étudiants sont ceux qui en rapportent le niveau le plus faible. En cette fin d’année, ils paraissent alors plus à même d’identifier clairement les informations pertinentes qui favoriseront leur prise de décision ultérieure. Cela va aussi de pair avec le fait qu’à ce stade de l’année, les expériences vécues par le biais des stages et leur niveau de spécialisation dans le domaine d’études suivi leur permettent de dissiper un certain nombre de doutes quant aux choix posés a priori et aux informations associées (cf. Annexe 38).

7.1.3.9. Conflits internes

En début d’année, les collégiens sont ceux qui rapportent le niveau le plus élevé de difficultés décisionnelles liées aux conflits internes comparativement aux élèves de Seconde. Si l’on considère que les élèves de Troisième se trouvent en difficulté dans la connaissance et l’évaluation des connaissances sur soi, ils peuvent, du même fait, se confronter à des conflits associés à des préférences incompatibles ou résultants d’un trop grand écart entre ce qu’ils aimeraient faire et ce qu’ils pourraient effectivement faire. Pour les élèves de Seconde, ce type de difficultés, liée à l’émergence possible de conflits internes, se trouve réduite ici au sens où au début de leur année scolaire, ces élèves sont confortés dans le choix initial qu’ils avaient posés l’année précédente soit, celui de passer du Collège au Lycée Général et Technologique. En fin d’année, les collégiens sont toujours ceux qui rapportent le niveau le plus élevé de difficultés décisionnelles

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liées aux conflits internes alors que ce sont les étudiants qui en rapportent le niveau le plus faible. De façon similaire à ce qui a été observé au début de l’année scolaire et considérant que les élèves de Troisième se trouvent en difficulté dans la connaissance et l’évaluation de soi, ils peuvent, du même fait, se confronter à des conflits à l’inverse des étudiants pour lesquels ce type de difficultés est réduit au sens où en fin d’année universitaire, ils semblent se conforter dans leurs choix (cf. Annexe 38).

7.1.3.10. Conflits externes

Tout au long de l’année, les élèves de Troisième sont ceux qui rapportent le niveau le plus élevé de difficultés décisionnelles liées aux conflits externes comparativement aux étudiants. Alors que les jeunes adolescents peuvent se trouver en proie à des conflits avec leurs enseignants, leurs parents, leurs amis ou bien même entre leurs deux parents, sans forcément qu’ils ne soient impliqués explicitement à propos de leurs choix d’orientation, il n’en paraît pas de même pour les jeunes adultes. Ces derniers semblent en effet en mesure de trouver l’équilibre entre leurs aspirations, leurs attentes et celles manifestées par leur entourage de sorte à réduire les possibles conflits qui peuvent leur être relatifs et de fait minimiser le risque de rencontrer ce type de difficultés tout au long du processus de décision (cf. Annexe 38).

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