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Chapitre 5 : Internet et les pratiques culturelles au Québec : effet d’ouverture ou de

5.6. Résultats

5.6.3. Les sorties au spectacle

5.6.3.1. Diversité des sorties au spectacle

Plusieurs variables ont un effet significatif sur la diversité des sorties au spectacle, notamment dans les régions centrales (voir le tableau 9). Il s’agit du modèle le plus complexe (avec huit variables). Le niveau de scolarité, l’âge, le revenu et la taille du ménage, les usages culturels d’Internet de même que l’interaction entre le sexe et l’âge ont un effet sur les sorties au spectacle, tout comme pour les visites des lieux culturels. Ce qui

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occasionne une différence ici, c’est que les effets63 sont plus nets ou un peu plus grands

pour les sorties au spectacle que pour les visites des lieux culturels. Alors que le nombre moyen de lieux culturels visités baisse de 0,5 lorsqu’on passe d’un ménage de 1 personne à un ménage de 4, c’est en moyenne 1,38 spectacle de moins qui est vu. Deux autres variables ont un effet significatif et complètent le modèle des sorties au spectacle dans les régions centrales : le temps passé à naviguer sur Internet ainsi que l’interaction entre le sexe et la taille des municipalités. Les gens qui naviguent moins de 2 heures par jour voient plus de 3 spectacles en moyenne et, plus ils passent de temps sur le Web, plus leur moyenne augmente (entre 3,39 et 3,94). Toutefois, passer plus de 2 heures par jour sur Internet réduit le nombre de spectacles vus (2,87 en moyenne).

Tableau 9. Seuils de signification empirique pour le modèle linéaire généralisé de la diversité des sorties au spectacle

Source : Enquête sur les pratiques culturelles au Québec, 2009

Le modèle des régions périphériques compte cinq variables : la scolarité, l’âge, les usages culturels d’Internet (variables communes à tous les types de régions), le temps passé sur Internet ainsi que l’interaction entre le sexe et la taille de la municipalité. Comme c’est le cas dans les régions centrales, le temps passé sur Internet influence positivement le nombre de sorties au spectacle (3,54 à 3,97 spectacles en moyenne lorsque l’utilisation est

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inférieure à 2 heures par jour). Toutefois, lorsque l’utilisation dépasse les 2 heures par jour, le nombre de sorties au spectacle diminue légèrement (3,25 en moyenne). Selon qu’ils habitent une plus ou moins grande municipalité, les hommes et les femmes sortent plus ou moins au spectacle. Les femmes qui habitent dans des municipalités comptant entre 2000 et 9999 habitants voient plus de spectacles que les autres (4,01 en moyenne, comparativement à moins de 3,60 dans les municipalités qui comptent moins de 2000 habitants ou plus de 10 000 habitants), tandis que les hommes voient davantage de spectacles s’ils habitent une municipalité de moins de 2000 habitants ou de plus de 100 000 habitants (environ 4 en moyenne, comparativement à moins de 3,60 ailleurs).

Les modèles des régions intermédiaires et éloignées ne comptent que trois variables exerçant un effet sur la diversité des sorties au spectacle. Dans les régions éloignées, seuls le niveau de scolarité, l’âge et les usages culturels d’Internet ont un effet. Dans les régions intermédiaires, l’âge et les usages culturels d’Internet sont significatifs, de même que les usages non culturels d’Internet. Le nombre de sorties au spectacle augmente de 0,79 pour chaque 3 usages non culturels d’Internet. L’effet du Web est donc un peu plus grand dans les régions intermédiaires que dans les régions centrales.

5.6.3.2. Intensité des sorties au spectacle

Dans les régions centrales, cinq variables – soit la scolarité, l’âge, les usages culturels d’Internet, le revenu et la taille du ménage – ont un effet sur l’indice d’intensité des sorties au spectacle (voir le tableau 10). L’écart est grand entre ceux qui ont un certificat d’études primaires et ceux qui ont un certificat d’études secondaires (les valeurs de l’indice sont respectivement de 2,10 et de 5,64), mais beaucoup plus faible entre les personnes qui ont des diplômes d’études secondaires, collégiales et universitaires (respectivement 5,64 et 6,52). L’effet de l’âge est relativement petit (0,10 sur une période de 25 ans) et l’intensité des sorties au spectacle augmente de 1,22 pour chaque 3 usages culturels d’Internet supplémentaires. Plus les ménages ont un revenu élevé, plus l’intensité de leurs sorties au spectacle augmente. Par contre, comme c’est toujours le cas dans les régions centrales, plus un ménage compte de personnes, plus l’intensité de ses sorties diminuera (à raison de 2,15

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pour un individu vivant dans un ménage de 4 personnes par rapport à celui qui vit seul). Comme c’est le cas pour les visites des lieux culturels et les sorties au spectacle, l’interaction entre le sexe et l’âge a un effet sur l’intensité des sorties au spectacle. L’indice d’intensité moyen des hommes est de 4,41 et celui des femmes, de 5,84. Sur une période de 25 ans, une femme obtiendra un indice d’intensité de 1,78 supérieur à celui d’un homme. Finalement, le temps passé sur Internet exerce aussi un effet : tous ceux qui naviguent moins de 2 heures par jour affichent un score moyen d’intensité de sorties au spectacle supérieur à 5,0; la moyenne la plus élevée appartient aux internautes qui naviguent entre 60 et 119 minutes chaque jour. Toutefois, comme c’est le cas dans plusieurs de nos modèles, l’intensité des sorties au spectacle diminue si le temps de navigation représente 2 heures ou plus par jour (4,27 en moyenne).

Tableau 10. Seuils de signification empirique pour le modèle linéaire généralisé de l’intensité des sorties au spectacle

Source : Enquête sur les pratiques culturelles au Québec, 2009

Les trois variables qui ont un effet sur l’intensité des sorties au spectacle sont exactement les mêmes dans les régions périphériques et éloignées : soit le niveau de scolarité, l’âge et les usages culturels d’Internet. Alors que l’effet de l’âge est plus petit dans les régions éloignées que dans les régions périphériques (hausse d’indice de 0,07 comparativement à 1,68 sur une période de 25 ans), il est sensiblement le même pour les usages culturels d’Internet (1,48 et 1,34). De manière générale, plus les gens sont scolarisés, plus l’intensité

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de leurs sorties au spectacle est grande. Dans ces deux régions, ceux qui ont un diplôme de même niveau ont sensiblement la même intensité de sorties, à l’exception du primaire : les gens des régions éloignées ont une intensité de sorties un peu plus faible que ceux des régions périphériques (3,03 en moyenne comparativement à 4,77). Cela est peut-être dû aux plus grandes distances à parcourir pour les sorties dans les régions éloignées ou à l’offre culturelle professionnelle moins variée et abondante.

Dans les régions intermédiaires, le niveau de scolarité n’a aucun effet sur l’intensité des sorties au spectacle. Toutefois, il s’agit du seul modèle où la taille des municipalités est significative. Les gens qui vivent dans des municipalités de moins de 2000 habitants ont l’intensité moyenne de sorties au spectacle la plus faible (5,42). On note peu de différences chez ceux qui habitent des municipalités comptant de 2000 à 99 999 habitants (entre 7,30 et 7,61 d’intensité en moyenne), mais l’intensité est un peu plus faible chez ceux qui résident dans des municipalités de plus de 100 000 habitants (6,31). L’effet de l’âge est légèrement plus grand pour l’intensité des sorties au spectacle que pour l’intensité des visites des lieux culturels (1,65 en moyenne comparativement à 1,28), alors que l’effet des usages culturels d’Internet est un peu plus petit (1,12 par rapport à 1,36 pour chaque 3 usages supplémentaires). Quant aux usages non culturels d’Internet, pour chaque 3 usages supplémentaires, l’indice d’intensité des sorties au spectacle augmente de 1,20. On note également un effet de l’interaction entre le sexe et le revenu du ménage : pas plus chez les hommes que les femmes la relation entre le revenu et l’intensité des sorties ne va-t-elle croissant. Toutefois, les femmes dont le ménage présente un revenu annuel se situant entre 40 000 et 89 999$ sont celles dont l’intensité des sorties au spectacle est la plus grande, alors que, chez les hommes, l’intensité de sorties la plus importante se trouve chez ceux dont le revenu familial annuel n’excède pas les 20 000$. Les femmes de la classe moyenne seraient donc plus portées à sortir que les autres, tandis que l’argent ne semble pas être un frein aux sorties pour les hommes. Pour mieux comprendre ces résultats, il faudrait peut- être se pencher sur leur relation à l’âge et au statut des répondants. À titre d’exemple, la plus grande proportion d’hommes qui ont un revenu familial inférieur à 20 000$ par an sont étudiants et âgés de moins de 35 ans.

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Par ailleurs, les hommes et les femmes n’ont pas la même intensité de sorties au spectacle en fonction du temps passé sur Internet. Les femmes qui naviguent entre 30 et 59 minutes quotidiennement sont celles dont l’intensité de sorties est la plus grande (7,77 en moyenne) et c’est à ce temps de navigation que correspond la plus petite moyenne d’intensité des hommes (6,23). Il faut donc une utilisation minimale d’Internet aux femmes pour favoriser les sorties et une utilisation moyenne pour les hommes.