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Chapitre 3 : Méthodologie de la recherche

3.1. Sources de données

3.1.2. Enquête de 2009 sur les pratiques culturelles au Québec

3.1.2.1. Questionnaire

Nous avons débuté la révision du questionnaire à l’automne 2008. À chaque nouvelle mouture de l’enquête, le questionnaire est revu pour mieux rendre compte des changements qui s’opèrent dans l’univers des pratiques culturelles et s’adapter aux nouvelles réalités. Les premiers travaux ont été réalisés avec la collaboration d’un professionnel du Ministère, monsieur Claude Edgar Dalphond, et d’un doctorant en sciences de l’information et de la communication de l’Université Sorbonne Nouvelle (Paris 3) en stage au Ministère sous notre supervision, monsieur Marc Kaiser.

Le premier défi que posait la révision du questionnaire était le remaniement qui devait y être opéré afin qu’il ne compte qu’un seul cheminement. En 2004, pour ne pas allonger la durée des entrevues téléphoniques tout en conservant un nombre élevé de questions, il a été décidé de maintenir un tronc commun de questions posées à l’ensemble des répondants et de créer deux cheminements pour les autres questions. L’ensemble de l’échantillon répondait aux questions du tronc commun, la moitié répondait aux questions du premier cheminement et l’autre moitié, aux questions du deuxième. Malgré ce changement, la durée moyenne des entrevues téléphoniques demeurait élevée (26,3 minutes; voir Giner et Giner, 2004). Pour son enquête de 2009, le Ministère souhaitait s’en tenir à un seul cheminement, c’est-à-dire que la totalité de l’échantillon devait répondre à l’ensemble des questions sans toutefois allonger la durée des entrevues. Cette contrainte posait évidemment un défi de taille, puisque le questionnaire devait tenir compte de nouvelles tendances (des questions devaient donc y être ajoutées) et assurer une comparabilité avec les enquêtes précédentes (plusieurs questions devaient être gardées).

Un second défi était posé par l’incidence des technologies sur les pratiques culturelles, qui questionne en effet le genre d’information que l’on désire recueillir : souhaite-t-on connaître

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les pratiques et ce, peu importe le support utilisé ou la nature de ce dernier constitue-t-elle une information pertinente? À titre d’exemple, lorsque les premières enquêtes faisaient référence à l’écoute d’émissions télévisuelles, il allait de soi que ces dernières étaient regardées à la télévision. En 2009, ce n’est pas forcément le cas : des émissions diffusées à la télévision peuvent être regardées en temps réel ou en différé sur Internet. Dans la mesure du possible, pour permettre la comparaison des résultats avec ceux des années précédentes, il a été proposé de maintenir des questions « traditionnelles » (p. ex. « En moyenne, combien d’heures par jour estimez-vous regarder la télévision durant la saison régulière, c’est-à-dire de septembre à mai? ») et d’en ajouter qui sauront mieux rendre compte des nouvelles réalités (p. ex. « Au cours de la dernière année, chez vous ou ailleurs, vous est-il arrivé d’aller sur Internet pour regarder la télévision en direct ou regarder des émissions de télévision en différé? »). De plus, il était nécessaire de mieux cerner l’utilisation qui est faite d’Internet afin de mieux comprendre son incidence. Plusieurs questions concernant les usages ont donc été ajoutées au questionnaire.

Puisque les modifications apportées au questionnaire ont une incidence sur la comparabilité des enquêtes entre elles, les suggestions proposées ont été soumises à différents comités, formés de professeurs universitaires, de chercheurs encore actifs mais retraités du Ministère ainsi que de directeurs et de fonctionnaires du Ministère, afin d’obtenir des avis diversifiés, dont nous avons tenu compte dans l’élaboration de la version finale du questionnaire25,

laquelle, si l’on « exclu[e] les questions de la grille de sélection, est composé de 196 questions dont 36 questions semi-ouvertes et 10 introductions de transition » (Léger Marketing, 2009, p. 5). En moyenne, les entrevues ont duré 25,31 minutes.

92 3.1.2.2. Firme de sondage

Nous avons rédigé un appel d’offres pour la réalisation de la collecte de données, appel que le MCCQ a lancé en février 2009. La firme retenue, Léger Marketing (LM), avait la responsabilité des aspects suivants : validation du questionnaire, production de la version anglaise, programmation, réalisation du pré-test, collecte des données et pondération des résultats selon les 17 régions administratives, la langue parlée à la maison, le sexe et l’âge des répondants. Tel que précisé dans l’appel d’offre, les pondérations ont été effectuées « à partir des données les plus récentes de Statistique Canada » (LM, 2009, p. 6). Toutes ces étapes se sont déroulées sous notre supervision. LM devait également déposer un rapport méthodologique, un fichier électronique des données pouvant être récupéré et traité avec le logiciel Statistical Package for the Social Sciences (SPSS) ainsi que la distribution de fréquence de chaque question (MCCCF, 2009). Il est à noter que, bien que LM ait déposé à notre intention un fichier comprenant les données codifiées, nous avons participé à l’élaboration du plan de codification et à la codification elle-même.

3.1.2.3. Administration du questionnaire

Le questionnaire a été administré par une équipe d’interviewers de la firme choisie. Au préalable, ils devaient obligatoirement participer à une séance de formation que nous avons dispensée conjointement avec le superviseur de l’équipe de LM et dans le cadre de laquelle les objectifs généraux de l’enquête ainsi que la logique du questionnaire ont été présentés. Les interviewers ont pu poser des questions pour éclaircir leur compréhension du projet et ils nous ont également fait part de certaines questions ou formulations de questions qui, selon eux, pourraient poser problème. Le cas échéant, ces appréhensions ont été confirmées ou infirmées lors du pré-test et les modifications nécessaires, apportées au questionnaire.

93 3.1.2.4. Pré-test

Le pré-test du questionnaire a été réalisé par LM entre le 7 et le 11 avril 2009 auprès de 103 répondants (53 entrevues en français et 50 en anglais; voir LM, 2009). À la suite du pré-test, le nombre de questions a été revu à la baisse, puisque la durée moyenne des entrevues était de 30,19 minutes. Les entrevues réalisées dans le pré-test n’ont pas été incluses dans l’échantillon. La collecte de données a été réalisée entre le 16 avril et le 21 juin 2009. Il est à noter que, durant le pré-test ainsi que durant la collecte de données en soi, nous avons écouté plusieurs entrevues, en direct et en différé. Cette démarche nous a permis de nous assurer de la qualité de la collecte de données, notamment en conseillant certains interviewers qui rencontraient des problèmes ou qui n’avaient pas bien saisi certaines questions ou consignes.

3.1.2.5. Échantillon

Au départ, la taille de l’échantillon était fixée de manière à obtenir 6700 entrevues complétées, ce nombre tenant compte des quotas régionaux. Par ailleurs, la difficulté à joindre des personnes parlant une autre langue que le français à la maison a contraint LM à compléter plus d’entrevues que prévu.

L’échantillon de base comptait 18 328 numéros de téléphone. Il a été « généré de façon aléatoire à l’aide de la version la plus récente du logiciel d’Échantillonneur Canada de la firme ASDE » (LM, 2009, p. 3). Parmi les numéros générés, 3777 était non valides (pas de service; non résidentiels; attribués à des télécopieurs, modems, cellulaires ou téléavertisseurs; doublons) et 860 étaient hors-échantillon (langue étrangère; non admissible en raison d’incapacité ou de maladie; non qualifié; quota atteint; voir LM, 2009, p. 7). L’échantillon effectif compte donc 13 691 numéros de téléphone. 6 878 entrevues téléphoniques ont été complétées, ce qui donne un taux de réponse global de 51,8% (LM, 2009).

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Pour représenter le plus fidèlement possible la population à l’étude, nous avons procédé à un échantillonnage par quotas. À ce sujet, Beaud (2009) mentionne que

l’échantillonnage par quotas (quota sampling) repose sur un principe simple : celui de la reproduction la plus fidèle possible de la population à étudier.[…] Un échantillon construit de telle façon qu’il reproduise fidèlement la distribution de la population selon le sexe, l’âge, l’origine ethnique ou d’autres variables du même type (que l’on appellera variables contrôlées) devrait donc également reproduire la distribution de la population selon les autres caractéristiques (qui sont liées aux premières) et donc selon celles que l’on veut étudier (p. 267-268). Toutefois, il ne faut pas croire que ces précautions prises pour représenter fidèlement la population à l’étude soient parfaitement efficaces. En effet, « [les] individus choisis (de façon non aléatoire) à l’intérieur de chaque strate, de chaque sous-groupe, ne sont [donc] pas nécessairement représentatifs de la strate, du sous-groupe » (Beaud, 2009, p. 268).

Dans le cadre de l’enquête de 2009 et des précédentes, des quotas régionaux de 250 répondants ont été appliqués. Par contre, dans les régions de la Montérégie et de la Capitale- Nationale, ces quotas ont été bonifiés à 1000 répondants et, dans la région de Montréal, à 1200. Cette mesure a été adoptée afin de mieux représenter la concentration de population qui habite dans ces régions. Aussi, puisque la région de Montréal est sans contredit celle qui compte la plus grande diversité linguistique, le Ministère voulait être en mesure de faire des analyses selon la langue parlée à la maison. En tenant compte de cette hétérogénéité de la population montréalaise, nous souhaitions que notre échantillon la représente le mieux possible; comme l’indique Beaud (2009), « lorsqu’on a affaire à une population composée d’éléments bien distincts, il est préférable de la découper en sous-ensembles relativement homogènes, de la stratifier »(p. 253-254). Le sous-échantillon montréalais a donc été stratifié selon la langue parlée à la maison et compte 400 répondants francophones, 400 répondants anglophones et 400 répondants qui déclarent parler une autre langue que le français et l’anglais à la maison, mais qui peuvent tout de même s’exprimer dans l’une de ces langues.

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Depuis la première enquête sur les pratiques culturelles au Québec de 1979 jusqu’à l’enquête de 1994 inclusivement, la région du Nord-du-Québec n’a pas été incluse dans l’échantillon (Garon et Santerre, 2004). En 1999, cette région a été ajoutée à l’échantillon, sans toutefois inclure les villages cris et nordiques (Garon et Santerre, 2004). En 2009, le Ministère a pris la décision d’inclure l’ensemble du Québec dans l’échantillon. Le tableau 2 présente les résultats de l’échantillon.

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Tableau 2. Tableau synoptique des résultats de l’échantillon (LM, 2009, p.7)

Légende des régions administratives : 01 : Bas-Saint-Laurent 02 : Saguenay-Lac-Saint-Jean 03 : Capitale-Nationale 04 : Mauricie 05 : Estrie 06 : Montréal 07 : Outaouais 08 : Abitibi-Témiscamingue 09 : Côte-Nord 10 : Nouveau-Québec 11 : Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine 12 : Chaudière-Appalaches 13 : Laval 14 : Lanaudière 15 : Laurentides 16 : Montérégie 17 : Centre-du-Québec Total 01 02 03 04 05 06 07 08 09 11 12 13 14 15 16 17 10 ÉCHANTILLON DE BASE 18328 640 643 2577 663 661 3871 652 665 636 640 798 638 645 671 2604 710 614 Numéros non-valides 3777 106 132 536 131 138 914 154 129 110 103 137 146 132 108 518 150 133 P3 Pas de service 2907 76 102 418 98 101 773 124 87 92 84 100 104 96 78 384 104 86 NR Non-résidentiel 503 20 19 69 23 24 79 14 25 8 6 25 15 18 21 73 28 36

FM Fax / modem / cellulaire / téléavertisseur 335 9 9 47 9 13 57 15 17 8 10 11 23 17 9 56 16 9

DO DOUBLONS 32 1 2 2 1 0 5 1 0 2 3 1 4 1 0 5 2 2

Numéros hors-échantillon 860 40 20 105 30 32 283 16 23 25 34 21 29 16 23 94 43 26

LB Langue étrangère 249 1 1 8 1 2 165 4 1 2 2 1 20 1 1 12 24 3

NC Non admissible (Incapacité/maladie) 476 36 17 69 25 21 90 9 17 19 24 18 8 9 18 63 14 19

N0 Non-qualifié 128 3 2 28 4 9 22 2 5 4 8 2 1 6 4 19 5 4 QU Quota atteint 7 0 0 0 0 0 6 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 ÉCHANTILLON EFFECTIF 13691 494 491 1936 502 491 2674 482 513 501 503 640 463 497 540 1992 517 455 Entrevues non-complétées 6813 244 239 936 252 241 1472 232 263 251 253 216 213 247 290 992 267 205 RE Refus 1665 55 37 256 68 64 333 68 66 65 48 52 60 68 70 258 48 49 NA Pas de réponse 466 18 43 53 22 16 78 29 15 13 17 28 7 21 29 46 22 9 P5 Répondeur 582 15 33 77 14 17 125 26 22 17 13 27 18 17 22 95 22 22 P2 Occupé 62 3 2 17 5 4 1 4 1 2 7 3 0 0 2 2 6 3 IC Incomplet 84 4 6 7 2 3 15 6 4 3 4 3 1 2 4 13 4 3 FX Rendez-vous fixe 3954 149 118 526 141 137 920 99 155 151 164 103 127 139 163 578 165 119 ENTREVUES COMPLÉTÉES 6878 250 252 1000 250 250 1202 250 250 250 250 424 250 250 250 1000 250 250

N N. Numéros non joints (NA+P5+P2) 1110 36 78 147 41 37 204 59 38 32 37 58 25 38 53 143 50 34

O O. Numéros joints (Tous-N) 17218 604 565 2430 622 624 3667 593 627 604 603 740 613 607 618 2461 660 580 P P. Numéros joints inutilisables (P3+NR+FM+LB+NC) 4502 143 150 613 157 161 1169 167 147 131 129 156 174 142 127 593 188 155 R Q. Numéros joints utilisables (O-P) 12716 461 415 1817 465 463 2498 426 480 473 474 584 439 465 491 1868 472 425 S R. Estimation non joints utilisables (NQ/O) 820 27 57 110 31 27 139 42 29 25 29 46 18 29 42 109 36 25

S. Estimation total utilisables (Q+R) 13536 488 472 1927 496 490 2637 468 509 498 503 630 457 494 533 1977 508 450

Non-réponse estimée ((R+FX)/S) 35,3% 36,1% 37,1% 33,0% 34,6% 33,5% 40,2% 30,2% 36,2% 35,3% 38,4% 23,6% 31,7% 34,0% 38,5% 34,7% 39,5% 32,0%

Refus ((RE+RS+IC)/S) 12,9% 12,1% 9,1% 13,6% 14,1% 13,7% 13,2% 15,8% 13,8% 13,7% 10,3% 8,7% 13,4% 14,2% 13,9% 13,7% 10,2% 11,6%

Taux de réponse estimé ((Entrevues complets+N0+N2)/S) 51,8% 51,8% 53,8% 53,3% 51,2% 52,8% 46,6% 54,0% 50,1% 51,0% 51,3% 67,6% 54,9% 51,8% 47,6% 51,6% 50,2% 56,5%

marges d'erreur 1,27% 6,2% 6,2% 3,1% 6,2% 6,2% 2,8% 6,2% 6,2% 6,2% 6,2% 4,8% 6,2% 6,2% 6,2% 3,1% 6,2% 6,2%

97 3.1.2.6. Représentativité

Selon Beaud (2009), pour qu’un échantillon soit représentatif de la population, il faut que « les caractéristiques mêmes de la population soient présentes dans l’échantillon ou puissent y être retrouvées moyennant certaines modifications » (p. 259). Dans le cas qui nous concerne, une grille de sélection prenant en considération la composition du ménage a été appliquée au début de l’entrevue téléphonique. Cette grille avait pour but « d’assurer une procédure de sélection aléatoire simple des répondants à l’intérieur du ménage » (LM, 2009, p. 5) et permettait de sélectionner le répondant selon son âge et son sexe. Des pondérations ont ensuite été effectuées afin que l’échantillon soit représentatif de la population féminine et masculine, des différents groupes d’âge, de la population vivant en milieu rural et en milieu urbain et de la principale langue parlée à la maison (français, anglais et autre langue). Des redressements ont également été nécessaires selon les ménages et les régions. Les résultats obtenus sont ainsi généralisables à l’ensemble de la population québécoise âgée de 15 ans et plus pouvant s’exprimer en anglais ou en français et être jointe par téléphone filaire.

Nous venons de présenter la méthodologie générale de notre thèse. Nous avons toutefois choisi de réaliser une thèse par insertion d’un article et de deux chapitres, ce qui fait en sorte que chaque contribution comporte sa propre méthode. Voyons les aspects méthodologiques propres à chaque contribution.

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