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Chapitre 5 : Internet et les pratiques culturelles au Québec : effet d’ouverture ou de

5.6. Résultats

5.6.1. Les effets des modèles

On retrouve certaines constantes d’un modèle60 à l’autre, d’un type de région à l’autre.

Pour toutes les variables considérées, l’âge, la scolarité61 et les usages culturels d’Internet

sont significatifs (tableaux 7 à 10).

Pour chacun des modèles, c’est dans les régions centrales que l’effet de l’âge est le plus petit et c’est dans les régions périphériques et intermédiaires qu’il est le plus grand. À titre d’exemple, à une augmentation de 25 ans d’âge entre les répondants de l’enquête correspond une hausse de 0,1 de l’indice d’intensité des sorties au spectacle dans les régions centrales tandis que, dans les régions périphériques et intermédiaires, cette hausse est respectivement de 1,68 et 1,65.

Dans les régions périphériques et intermédiaires, l’effet de l’âge est plus grand pour la diversité et l’intensité des sorties au spectacle que pour la diversité et l’intensité des visites des lieux culturels. Dans les régions intermédiaires, par exemple, à une augmentation de

59 Une variable significative dans le modèle veut dire qu’elle permet d’expliquer la variable dépendante, mais

n’implique en aucun cas un lien de causalité.

60 Quand nous utilisons la notion de « modèles » (au pluriel), nous parlons d’applications spécifiques (selon

la typologie des régions et les diverses variables dépendantes) du modèle statistique dont elles relèvent, soit le modèle linéaire généralisé (MLG).

61 L’effet du niveau de scolarité n’est pas significatif dans les régions intermédiaires pour la diversité et pour

l’intensité des sorties au spectacle. Il s’agit des seuls modèles où l’effet du niveau de scolarité n’est pas significatif.

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25 ans d’âge entre les répondants de l’enquête correspond une hausse de 0,55 visite d’un lieu culturel en moyenne et de 1,1 sortie au spectacle. Dans les régions éloignées, l’effet de l’âge est un peu plus important pour les visites des lieux culturels que pour les sorties au spectacle : une personne qui a 25 ans de plus visite 0,5 lieu culturel de plus en moyenne et sort au spectacle 0,35 fois de plus. La tendance est la même pour l’intensité des visites et des sorties.

De manière générale, plus un individu est scolarisé, plus il visite de lieux culturels et sort au spectacle et plus il fait ces activités intensément. Les différences les plus grandes se trouvent entre les gens qui ont un certificat d’études primaires et ceux qui ont un diplôme d’études universitaires. Dans le cas des sorties au spectacle dans les régions centrales, une personne ayant un certificat d’études primaires verra en moyenne 1,6 spectacle, comparativement à 4,2 si la personne détient un diplôme d’études universitaires (voir l’annexe 2c).

Les coefficients bêta (β) relatifs à l’influence de l’âge sur les quatre variables dépendantes (indices de diversité et d’intensité des visites des lieux culturels et des sorties au spectacle) affichent des valeurs faibles – de 0,003 à 0,057 – alors que les β liés aux usages culturels d’Internet varient de 0,175 à 0,492, ce qui dénote des effets d’intensité appréciables (voir les annexes 2a, 2b, 2c et 2d). De même, pour 3 usages culturels supplémentaires d’Internet, l’indice de diversité des sorties au spectacle augmente de 0,65 à 0,82 en moyenne d’un type de région à l’autre et l’indice d’intensité des sorties au spectacle augmente de 1,12 à 1,48. Quant à l’indice de diversité des visites des lieux culturels, il varie de 0,53 à 0,67 et celui de l’intensité de ces visites se situe entre 0,97 et 1,36.

Comme le montrent ces quelques exemples, les effets de l’âge, du niveau de scolarité et des usages culturels d’Internet sont relativement faibles, bien que significatifs. Nos analyses montrent que plusieurs variables entrent dans les modèles dans les régions centrales et périphériques et que les modèles des régions intermédiaires et éloignées sont généralement moins complexes (voir les tableaux 7 à 10). Dans les régions centrales, les modèles se composent généralement de six à huit variables, alors qu’ils en comptent trois

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ou quatre dans les régions intermédiaires et éloignées (la seule exception étant le modèle de l’intensité des sorties au spectacle dans les régions intermédiaires, qui compte six variables). La taille d’échantillon plus petite dans les régions intermédiaires et éloignées peut expliquer une partie du phénomène. On peut aussi penser que la composition de la population des types de régions y joue un rôle. Dans les régions centrales, la population est plus hétérogène que dans les régions éloignées. C’est notamment là qu’on retrouve la plus grande proportion d’immigrants, de personnes qui parlent une autre langue que le français, etc., de sorte que cette hétérogénéité semble se refléter dans la complexité des modèles. En plus de leur hétérogénéité démographique, les régions centrales présentent sans doute une offre culturelle plus abondante et plus diversifiée que les autres types de régions, en particulier les régions éloignées, ce qui peut avoir un effet sur la composition des pratiques culturelles et de leurs modèles d’analyse.

Ci-dessus, nous avons présenté les variables communes qui ont un effet dans tous les types de régions. Il y a également des spécificités d’un type de région à l’autre. Par exemple, le revenu et la taille du ménage ont un effet seulement dans les régions centrales62 et il ressort

partout, soit pour la visite des lieux culturels, les sorties au spectacle, de même que pour l’intensité de ces pratiques. Une personne vivant dans un ménage de quatre personnes visitera en moyenne 0,5 lieu culturel de moins qu’un individu vivant seul et son indice d’intensité de visite sera moindre de 1,31. Elle verra en moyenne 1,38 spectacle de moins et son indice d’intensité de sorties sera inférieur de 2,15.

Les sorties au spectacle et l’intensité de ces sorties et des visites de lieux culturels augmentent en fonction du revenu du ménage. La relation est très nette. Un individu vivant dans un ménage dont le revenu annuel ne dépasse pas 20 000$ par an verra en moyenne 2,5 spectacles, tandis que celui qui vit dans un ménage gagnant 90 000$ ou plus annuellement en verra 4,3. La tendance est moins nette pour la diversité des lieux culturels visités. Les individus qui vivent dans un ménage gagnant moins de 20 000$ par an visitent moins de lieux culturels que ceux qui gagnent 90 000$ ou plus par an (2,3 en moyenne

62 La seule exception est pour l’intensité de la visite des lieux culturels dans les régions périphériques où la

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comparativement à 3,4), mais la diversité des lieux culturels visités est très similaire chez ceux qui gagnent entre 20 000$ et 89 999$ (autour de trois lieux en moyenne).

Voyons maintenant les modèles de chacun des types de régions pour la visite des lieux culturels, les sorties au spectacle et l’intensité de ces activités.