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d’une recomposition urbaine soutenable

I. Une structure bâtie sur quatre grands objectifs

I.1.  Soigner le rapport affectif à la ville

développement économique, de tendre vers une plus grande efficacité énergétique et une meilleure accessibilité sociale, de soigner le rapport affectif des citadins à la ville et de proposer une plus grande transversalité et donc une plus grande harmonie des opérations menées par les pouvoirs publics et les acteurs privés.

Le développement de la définition d’une recomposition urbaine soutenable exposé ici est le résultat d’une réflexion nourrie par des ouvrages scientifiques et techniques et alimentés par des analyses théoriques ou basées sur des exemples concrets en Europe.

Ce chapitre sera divisé en trois parties :

- la première permettra de présenter la structure d’une recomposition urbaine soutenable ; - la deuxième portera sur la démarche de sa mise en application ;

- la troisième traitera de la maîtrise du foncier et des coûts qu’elle requiert.

I. Une structure bâtie sur quatre grands objectifs 

Pour qu’une recomposition urbaine soit soutenable, nous avons déterminé quatre grands axes directeurs :

- soigner le rapport affectif à la ville

- encourager la mixité fonctionnelle et sociale - dynamiser le tissu économique

- réduire et maîtriser la consommation d’espace et d’énergie

Chacun de ces quatre axes sera décliné en plusieurs principes dont la prise en compte doit permettre de tendre vers une recomposition urbaine soutenable.

I.1. Soigner le rapport affectif à la ville 

L’expression “rapport affectif à la ville” est utilisée dans plusieurs publications1 et revêt parfois des acceptions différentes. Nous l’utiliserons ici dans son sens le plus large, en tant qu’expression générique capable de recouvrir l’ensemble des relations affectives que peuvent nouer les citadins avec leur ville, notamment à travers la qualité des paysages urbains, la       

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valorisation de son patrimoine et de son identité, et l’accessibilité à des équipements récréatifs, sportifs et culturels.

I.1.1. La qualité paysagère et les aménités urbaines 

La qualité des paysages urbains participe au rapport affectif qu’entretiennent les citadins avec leur ville. Une recomposition urbaine soutenable doit s’assurer de la qualité paysagère de la ville et de ses espaces publics (aménagements et mobilier urbain), avec l’ambition d’améliorer le cadre de vie et de revaloriser l’image des quartiers dégradés. Elle s’oppose à un urbanisme stéréotypé, strictement fonctionnaliste, ou sans cohérence paysagère, souvent observé au niveau des entrées de ville par exemple1. La Convention européenne du paysage (Florence, 20 octobre 2000) souligne l’importance du paysage dans les milieux urbains pour la qualité de vie des populations.

Cela passe par différents types d’actions : traitement paysager, renaturation, création d’espaces verts, d’aires de jeux, etc. L’objectif relève d’une forme de mise en scène de la ville, encouragée par les nouvelles politiques de paysagement des espaces publics, de piétonisation des centres, de remise à la mode des tramways, etc. de manière à diversifier les usages et les ambiances. La qualité de l’espace public, en termes d’esthétique, de propreté, d’accessibilité, de même que l’ambition architecturale des projets, participent à la renaissance de la vie urbaine des espaces en marge et jouent un rôle essentiel dans le rapport affectif tissé entre le territoire urbain et ses utilisateurs.

Cette exigence de compatibilité entre les besoins fonctionnels de la ville et son ambiance touche aux conditions de vie des citadins et à leur relation affective avec l’espace urbain. Elle rejoint les notions d’aménités urbaines et de qualité de vie, qui font la représentation quotidienne de l’espace auprès des citadins.

I.1.2. L’accessibilité à des équipements récréatifs, sportifs et culturels 

L’accessibilité aux équipements dédiés au temps libre correspond aux possibilités de loisirs, d’activités sportives et à l’offre culturelle du territoire urbain. L’intégration d’une dimension festive, culturelle et de loisirs (voire touristique) aux stratégies de recomposition urbaine soutenable, parce qu’elle renforce le rapport affectif, l’harmonie, entre les citadins et

      

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la ville, ne doit surtout pas être délaissée dans la relation à tisser entre une ville en recomposition et la population. Bien qu’elle ne puisse évidemment pas répondre à toutes les attentes, une ville en recomposition ne doit pas négliger ses lieux de temps libre, en recouvrant une palette suffisamment large d’activités culturelles, sportives, de détente et de loisirs.

Par ailleurs, il arrive qu’en retour, des évènements festifs, culturels et de loisirs constituent de « formidables producteurs d’espaces urbains » (Gravari-Barbas, 2000, p. 13), notamment par leur rayonnement culturel, qui est devenu un facteur clé de l’attractivité des villes, ou bien suite à la réalisation d’un équipement de prestige dépassant la simple demande locale (salle de concert, musée…). Le centre Pompidou de Metz en est une illustration.

I.1.3. Le patrimoine et l’identité du territoire 

La considération du rapport affectif des citoyens avec leur ville est indissociable de la prise en compte de l’épaisseur identitaire du territoire, de sa spécificité et de son histoire, tout territoire ne constituant pas uniquement un support à aménager ou à réaménager. C’est pourquoi une recomposition urbaine soutenable doit s’accorder avec cette « tension entre une

mémoire et une projection dans le futur. » (Lussault, 2003, p. 480), en préservant et en

valorisant certaines permanences, certains points de repères temporels et identitaires.

Il s’agit de maintenir une continuité dans l’histoire de la ville, en mettant en valeur l’identité, la culture, les traits de caractères qui ont fait la ville. Cyria Emelianoff (1999) explique que « pour se projeter dans l’avenir, la ville a besoin de tout son passé, d’une distance critique par rapport au présent, de sa mémoire, de son patrimoine, de sa diversité culturelle intrinsèque et de projets multidimensionnels ».

Ce travail sur la mémoire des lieux, sur l’identité du territoire en recomposition est souvent indispensable à l’adhésion collective aux projets conduits, au même titre que l’implication de la population dans leur conception. Le patrimoine renvoie à des valeurs et à vocation à être approprié par les habitants ; il permet de rattacher la communauté à « un passé

estimé unificateur et identifiable » (Perigois, 2008, p. 129). Nous noterons par ailleurs que

cela s’inscrit dans une tendance globale à se recentrer sur une identité locale pour mieux s’affirmer dans le contexte de mondialisation.

Synthèse 

« Les villes ont donc de multiples raisons de se faire belles. La plus essentielle est le rôle  majeur que joue désormais la qualité urbaine dans les stratégies de renouvellement. »  

Jean Haëntjens, 2008, p. 80 

Monuments culturels, patrimoniaux, ambiance et animation des espaces publics, activités de loisirs, etc. sont autant d’éléments construisant le rapport affectif des citoyens à leur ville. Certes, parce que les citadins ont des attentes individuelles et collectives diverses, la qualité urbaine d’une ville n’est pas complètement définissable, et encore moins mesurable ; elle fait appel à une géographie sensible pour laquelle peuvent néanmoins être établis des grands principes, à commencer par le fait qu’une ville uniforme, trop ordinaire ou bien décousue dans son organisation, sera moins “séduisante” et moins attractive. La prise en compte du rapport affectif doit évoluer en même temps que les besoins des citadins et nous conforte dans l’idée que la ville doit toujours être repensée et vivante, comme un organisme répondant aux besoins d’une population et à une demande sociale (services et commerces de proximité, équipements culturels, lieux de détente, de loisirs, de “nature” en ville…).

Le rapport affectif à la ville possède un rôle stratégique dans une recomposition urbaine soutenable, car il apporte un rayonnement à la ville, un champ d’attraction pour les personnes et pour les capitaux (on utilise parfois l’expression de marketing urbain), ces derniers interagissant et s’entre-alimentant de manière à créer un cercle vertueux.

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