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territoires industrialo‐urbains ?

I. La revitalisation du tissu économique

I.3.  La constitution d’un environnement attractif

l’économie tels que des bureaux d’études, d’informatique, d’ingénierie, etc., en somme, des exigences en termes d’environnement économique qui sont peu compatibles avec celles que proposent traditionnellement les anciens bassins industriels.

Complétant la volonté auparavant presque exclusive de minimiser les coûts de transport et de production, les facteurs de localisation de l’industrie se sont complexifiés depuis la crise, par une prise en compte par les entreprises des offres en termes « d’externalités de services

diversifiés, des équipements de recherche et de formation, des possibilités de synergies multiples, des environnements attractifs et efficaces, etc. » (Fischer, 1999, p. 59), ce qui nous

amène au point suivant.

I.3. La constitution d’un environnement attractif 

Comme indiqué dans le chapitre précédent, l’environnement économique et urbain occupe une place primordiale dans le processus de recomposition urbaine car il détermine fortement le pouvoir d’attraction des villes pour les entreprises susceptibles de s’y installer. Plusieurs éléments semblent décisifs. Nous en détaillerons trois, avant d’évoquer le rôle souvent décisif de la proximité d’un grand pôle urbain.

I.3.1. Constituer un tissu économique diversifié et complémentaire 

L’idée selon laquelle l’emploi industriel appelait les services et apportait au final une croissance s’est effondrée au milieu des années 1980. Ce schéma désuet et simpliste a laissé la place à la recherche d’une compétitivité inévitable dans un contexte de concurrence économique entre les villes, plus forte encore que celle entre les États. Par ailleurs, les résultats mitigés de la seule réindustrialisation ont démontré la nécessité de la diversification économique et de l’implantation d’activités appartenant au secteur tertiaire. La diversification réduit le risque d’effondrement économique des territoires, dans un contexte où de plus en plus d’entreprises deviennent la propriété de fonds d’investissement ou de fonds de pension, et risquent d’être abandonnées en cas de diminution de leur rentabilité financière. “Avant, une usine durait le temps de trois vies ; aujourd’hui une vie dure le temps de trois usines” : cette phrase, prononcée par d’anciens ouvriers de la sidérurgie en Lorraine, résume les bouleversements du contexte économique mondial et illustre les risques d’une mono-industrie.

La diversification économique joue donc un rôle majeur dans la constitution d’un environnement économique attractif afin d’éloigner ce risque, mais également parce qu’elle

peut apporter une complémentarité “fortifiante” pour le tissu économique. L’implantation d’entreprises diversifiées apporte une croissance économique et démographique et peut attirer d’autres entreprises par un effet de cercle vertueux.

I.3.2. Faciliter l’accueil de nouvelles entreprises 

La réciprocité des relations entre les usines et les villes dans les anciens bassins industriels s’est inversée, ce n’est plus l’entreprise qui urbanise et “apprivoise” le territoire, c’est au territoire urbain de faire valoir ses atouts pour attirer de nouvelles entreprises, en leur fournissant des infrastructures d’accueil et logistiques performantes, adaptées aux exigences des nouvelles industries. Certes la vitalité économique influence toujours la croissance urbaine mais ce n’est plus l’entreprise paternaliste qui porte le développement urbain.

Pour produire un environnement favorable à l’installation d’entreprises, et sous réserve qu’elles bénéficient d’aides financières, les communes ont des leviers à leur disposition qui correspondent le plus souvent à la modernisation ou à la création d’infrastructures d’accueil et logistiques, et à des mesures incitatives, comme la mise en place d’avantages par rapport à la fiscalité, au prix des terrains, au financement de locaux, à la mise en place de pépinières d’entreprises, etc. Les territoires urbains peuvent influer sur leur vitalité économique par le biais de partenariats, de commandes publiques ; ils ont la capacité d’autoriser ou d’interdire des implantations, peuvent acquérir et aménager des terrains consacrés à l’accueil d’activités diverses. L’accueil de nouvelles entreprises requiert non seulement des structures adaptées, mais nécessite certains services spécifiques (services aux entreprises dans la communication, la distribution, etc.) et des équipements de recherche et de formation. Dans le meilleur des cas, le territoire urbain s’engage dans la constitution d’un pôle de compétitivité, composé d’entreprises compétitives, accompagnées de sous-traitants et de centres de recherche souvent spécialisés dans un domaine particulier (cluster).

Toutefois, la difficulté des anciens territoires industrialo-urbains se situe dans l’absence ou l’incompatibilité d’équipements déjà présents et dans l’existence de problèmes sociaux urgents (chômage), appelant des solutions à court terme, alors que les nouvelles technologies s’inscrivent davantage dans des mécanismes de formation à moyen et long termes, avec des processus de requalification de la main-d’œuvre locale longs et coûteux.

Par ailleurs, bien que cela s’impose généralement, il ne suffit pas toujours de faciliter l’accueil par la mise en place d’infrastructures et de services adaptés aux entreprises, d’autres facteurs interviennent, indirectement, comme le cadre de vie des territoires et leur proximité

 

I.3.3. Harmoniser le cadre de vie 

Au-delà des critères techniques et financiers directement liés à l’attractivité ou non des anciens bassins industriels pour les entreprises, il y a des critères indirectement liés comme la capacité à attirer des entreprises et des employés par le cadre de vie. Ainsi, l’attractivité des anciens territoires industrialo-urbains, handicapés par leur image de région “grise”, se mesure aussi dans les atouts paysagers, architecturaux, patrimoniaux, culturels, récréatifs… qu’ils proposent. L’attractivité territoriale passe en effet en grande partie par le choix d’une réelle mixité fonctionnelle, mêlant plusieurs activités : économiques, éducatives, culturelles, récréatives, résidentielles …

Il s’agit essentiellement de redorer une représentation ternie par l’image de l’industrie lourde qui a composé ces territoires urbains. Toutefois, nous verrons que la valorisation du patrimoine industriel et la réutilisation intelligente, voire audacieuse, des friches industrielles peuvent donner lieu à des initiatives originales et ambitieuses, capables d’attirer de nouveaux investisseurs et de redonner un sentiment de fierté fondée sur l’identité forte des anciens territoires industrialo-urbains.

 

Photo 15 : L’usine design Fiberline Composites à Middelfart (Fionie, Danemark)  (Del Biondo, 2014) 

 

L’entreprise  danoise  Fiberline  Composites  a  inauguré  en  2006  un  bâtiment  mixte  (production et administration) intégrant le concept de design environnemental. Cette démarche  dépasse la simple idée d’une architecture ostentatoire symbolisant la puissance économique de  l’entreprise,  ce  qui  existe  depuis  la  première  révolution  industrielle.  Il  s’agit  ici  d’intégrer  le  bâtiment (forme collinéenne, couleur verte, façades translucides) à son environnement paysager  plat et ouvert,  tout en proposant une efficacité énergétique ambitieuse. 

Cet exemple, bien qu’il ne concerne pas un ancien territoire industrialo‐urbain, illustre la  volonté  de  certaines  entreprises  industrielles  de  proposer  un  nouveau  regard  –  avec  ses  bénéfices en termes de communication – sur un secteur traditionnellement représenté comme  inesthétique et polluant. 

Enfin, l’image de l’industrie elle-même doit aussi changer, spécialement dans les anciens bassins industriels qui souffrent de leur réputation de régions “sinistrées”, c’est pourquoi leur revitalisation économique réclame aussi une ambition “esthétique”, par exemple en ne cédant pas systématiquement au choix du hangar, ou en donnant l’image d’une industrie plus “propre”, plus respectueuse de son environnement (photo 15), en ouvrant au public les zones industrielles … autant d’éléments utiles à la création d’un environnement économique attractif pour les entreprises et plus viable pour les riverains.

I.3.4. Le rôle déterminant de la proximité d’un grand pôle urbain  

Il serait incomplet de ne pas préciser que, malgré les investissements et la qualité de certains efforts de revitalisation économique, les industries de haute technologie sont en premier lieu attirées par les fonctions métropolitaines des grandes villes, au moins de rang régional, car elles ont besoin de différents services et équipements de haut niveau. C’est la raison pour laquelle les anciens territoires industrialo-urbains s’inscrivant dans un espace métropolitain possèdent un atout supplémentaire de poids pour attirer de nouvelles entreprises, qui peuvent profiter de leur aire d’influence, de la richesse de leur secteur tertiaire et de leurs infrastructures logistiques performantes. C’est un facteur essentiel de la réussite de la reconversion économique du bassin de Pompey, développée ci-après.

I.4.  Le  parc  Eiffel  Energie  dans  le  bassin  de  Pompey :  les  clés  d’un 

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