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CHAPITRE- III : STRATEGIES D 'ACTEURS ET ENJEUX

II- 2- 3- Secteur privé étranger ( 1980-85)

La nouvelle stratégie offensive de couverture des besoins sociaux (réorientation des investissements vers les infrastructures de base dans le Quinquennal 1980-85) va rendre plus pressant l‟appel aux entreprises étrangères avec des changements au niveau des formes contractuelles et de la diversification des partenaires.

A l‟exception de la France (réchauffement des relations en 1981) avec laquelle un accord d‟intention pour la construction de 60 000 logements étalés sur toute la durée du Plan (50% du programme étranger) mais dont les réalisations seront très limitées, les pays européens céderont la place aux pays de l‟Est (Yougoslavie, Pologne, Hongrie...) avec un programme d‟environ 13 250 logements en contrats effectifs de réalisation sur place.

Les 70 000 logements en accord d‟intention pour moitié - moitié entre la Roumanie et la Yougoslavie connaîtront, comme pour ceux de la France, peu de réalisations et seront remis en cause par la crise de 1986.

On assistera surtout à la prédominance de contrats de livraison « clé-en-main » des bâtiments (seul montage sur place de composants finis importés) dans le cadre du « programme préfa » avec des partenaires essentiellement européens.

Cette formule, si elle s‟explique par les échecs et faillites des années soixante dix, est surtout imposée par la stratégie du résultat immédiat pour les besoins sociaux, initiée par la nouvelle politique populiste dès 1980 permise par le deuxième boom pétrolier (près de 40 dollars le baril), l‟appréciation du dollar sur les marchés monétaires et l‟« arrêt » des investissements industriels.

Ce programme d‟importation de bâtiment « clé-en-main » connaîtra une réalisation assez importante et est géré directement au niveau central par une structure du Ministère de l‟Habitat créée à cet effet. La diversification des partenaires reste entre pays occidentaux qui seront espagnols, danois, canadiens, finlandais, belges etc.

Cet appel massif à l‟étranger se verra brutalement stoppé dès la crise des revenus pétroliers de 1986 et les autres contrats de réalisation sur place verront les entreprises étrangères se retirer progressivement de la fin des chantiers en cours.

A la fin des années quatre vingt, le secteur de la réalisation ne concerne plus que les entreprises publiques et de plus en plus privées algériennes.

II- 3- Tentatives d’adaptation des entreprises publiques

Suite à leurs restructurations, donc à la perte de leur place dominante dans l‟acte de bâtir et face à un environnement économique et organisationnel de plus en plus hostile, les entreprises publiques vont développer un certain nombre d‟ajustements pour assurer une survie de plus en plus hypothétique.

Nous retiendrons quelques pratiques des entreprises publiques restructurées qui illustrent les limites de ces ajustements du fait, désormais, de l‟impossibilité de l‟ajustement stratégique à long terme des années soixante dix durant lesquelles l‟utilisation de la variable technologique pour s‟autonomiser et la « protection » par la tutelle leurs permettaient de se mettre à l‟abri de leur environnement.

II- 3- 1- Inputs

Pour l‟ajustement à court terme, comme le souligne M. Lavigne dans la préface de l'ouvrage de Kornai (op.cité), le comportement du « demandeur » (l‟entreprise) c‟est la tendance à amasser des stocks d‟inputs créant des pénuries et des excédents. Les inputs étant complémentaires dans la construction, les uns ne peuvent être mis en œuvre sans la présence simultanée et en quantité suffisante des autres.

L‟ajustement se fera si les disponibilités monétaires existent par l‟augmentation des capacités de stockage. Seulement les inputs dans la construction de logement étant normalisés (surtout les produits des corps d‟Etat secondaires), les disponibilités sur le marché peuvent être décalées dans le temps et faire en sorte d‟avoir des produits complémentaires avec des normes ou standards différents ce qui aboutit à des excédents d‟inputs inutilisables (excédents non mobilisables). Ainsi l‟exemple de produits fabriqués par des secteurs différents : éviers et siphons de diamètre non-correspondant car leur arrivée sur le marché dépend de la programmation des unités de production de différents secteurs : « matériaux de construction » et « ISMME ».

Le même phénomène sera constaté pour la main-d'œuvre qui connaîtra un «chômage sur le lieu de travail » (les capacités de production des entreprises ne dépasseront pas les 50-60%).

Sur injonction ou réquisition des autorités locales, l‟emprunt d‟inputs est pratiqué auprès d‟autres entreprises publiques pour éviter les arrêts de chantiers « prioritaires ».

Les possibilités de s‟orienter vers l‟utilisation d‟autres inputs restent limitées, soit par leur prix élevé sur le marché libre, soit par la rigidité de la technologie (ou la faiblesse de l‟engineering de l‟entreprise) pour le gros- œuvre qui conditionne les types de produits utilisés pour le second- œuvre quand celui-ci ne lui échappe pas par sa sous-traitance au privé depuis le délestage de leurs unités de production propres.

Pour les facteurs de production, l‟utilisation d‟une pratique que nous avons déjà observée chez l‟entreprise privée (pour d‟autres raisons) est la réaffectation des moyens disponibles d‟un chantier à l‟arrêt sur des chantiers limitrophes, afin de rationaliser leur utilisation et diminuer le « chômage sur le lieu de travail » : une forme d‟utilisation des « excédents » comme l‟utilisation d‟inputs « excédentaires » pour la fabrication de produits dérivés (exemple : ciment pour le parpaing, l‟ourdis...), mais ces ajustements restent limités en situation de pénurie généralisée.

Les limites des ajustements plus efficaces sont caractérisées par le fait que ceux-ci exigent maintenant l’appel aux autorités locales qui détiennent la décision.

Les modifications durables de la technologie ou des plans des BET (surtout en matière de dimensionnement des projets) ne dépendent plus de l‟entreprise mais du « Conseil de Surveillance » et des BET devenues « autonomes » d‟elles.

Si la révision des délais de livraison peut être justifiée par les retards d‟approvisionnements (quotas : DUCH - Wilaya), la surévaluation des besoins pour constituer des stocks de sécurité (encouragée par la tutelle sectorielle) est décriée par les autorités locales et limitée par les capacités financières et de stockage.