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CHAPITRE- III : STRATEGIES D 'ACTEURS ET ENJEUX

II- 1- La restructuration des entreprises publiques (1980)

Dans le domaine de l‟habitat, l‟Etat semble vouloir s‟alléger de son rôle de principal acteur - gestionnaire - légitime, dans un secteur où il n‟arrive pas à contrôler le procès de production et où les retombées de la crise du logement ont des répercussions non productives politiquement. Il compte réduire sa responsabilité directe par une redistribution sociale des résultats sociaux décevants de son action.

Le corollaire en est la restructuration des entreprises publiques nationales en leurs attribuant une compétence géographique locale qui permettra leurs mise sous tutelle directe des wali : un processus de recentralisation présenté comme une décentralisation et une redynamisation du local.

Ces mesures seront accompagnées par une libéralisation de la consommation (programme anti- pénurie, PAP) par le détournement des prêts extérieurs initialement destinés à l‟investissement, ainsi qu‟une forte réorientation des ressources vers l‟infrastructure de base (habitat et grands travaux : plus de 50% de l‟investissement total du Plan décennal 1980-90).

Le Plan Quinquennal 1980-85 veut répondre massivement à la demande avec « un

système productif capable de générer les ressources suffisantes pour assurer durablement sa croissance » [ Rapport Général- MPAT].Pourtant un « programme préfa. » d‟importation de logements finis sera mis en place, en contradiction avec ce mot d‟ordre, grevant et dépendant des revenus extérieurs, qui sera d‟ailleurs remis en cause dès la crise de ces derniers en 1986.

A la fin 1979, la structure de la production brute par type d‟entreprise était la suivante : 39% par les sociétés nationales, 10% par les sociétés nationales du secteur industriel et 18% pour les entreprises publiques locales, le reste 33% par le secteur privé [Bilan MPAT].

La restructuration des entreprises publiques est présentée comme un souci d‟augmenter l‟efficacité économique et la rentabilité du système productif avec une plus grande place du secteur privé par : « une plus grande maîtrise de l’appareil de production et l’obligation de résultats » [décret du 4/10/80].

Dans la branche bâtiment la restructuration concerne les grandes entreprises au nombre de six qui employaient près de 70% des effectifs et qui passeront à fin 1984 au nombre de 85 par essentiellement une régionalisation des différentes unités disséminées à travers le territoire national. Les unités de réalisation des sociétés industrielles seront spécialisées et détachées de leurs sociétés mères.

Enfin, le potentiel de réalisation local sera renforcé par la multiplication de petites entreprises publiques locales avec le développement de nouveaux centres administratifs (wilaya, daïra etc.).

La plupart des grandes entreprises avaient opéré une forte intégration en internalisant les activités amont (unités de matériaux, BET, AGI d‟importation etc.) recherchant une cohérence interne à l‟entreprise pour pallier à celle déficiente du système productif national.

La grande société nationale « souffre d’une crise de croissance à laquelle il faut remédier de toute urgence » [Instruction Ministère de l‟Habitat oct. 1979].

L‟argument de la relation entre les prix de réalisation élevés et la grande taille des entreprises tombe à point pour justifier la non-maîtrise d‟une entreprise géante déspécialisée. Les principes de la restructuration seront dès lors, l‟émiettement par le recentrage sur les métiers de base et l‟autonomie des unités disposées géographiquement dans le but d‟obtenir : « une plus grande productivité et une augmentation qualitative et quantitative de la production » [décret du 4/10/80]. Le processus s‟étalera durant toute la décennie quatre vingt et obéira aux principes de spécialisation (gros - œuvre, second- œuvre, ingénierie,…), de régionalisation et de décentralisation (tutelle des wali au lieu de celle du ministère technique). Le système bancaire est appelé à substituer à la logique volontariste la logique financière classique. La banque algérienne de développement (B.A.D) sera restructurée en « fonction de la logique d’une banque d’investissement selon le modèle de la Banque Mondiale » [S.P Thierrylv].

L‟élargissement de la place du secteur privé qui devra bénéficier d‟une série d‟avantages et d‟assistance de la part de l‟Etat qui : « devra apporter au secteur privé une assistance financière en l’autorisant à accéder au crédit bancaire [...] dans des conditions souples d’octroi des crédits » [MPAT - 1980].

En fait, la politique de restructuration engagée s‟apparente plus à un processus de recentralisation par la bureaucratie d’Etat de la décentralisation (autonomisation des entreprises publiques) à travers la tutelle des wali dont les pouvoirs seront accrus en matière économique et celui des entreprises affaiblies par leur émiettement (400 entreprises à partir d‟une dizaine).

La restructuration en plus des causes économiques a pour but : « l’organisation d’un niveau décisionnel « concurrentiel » et empêcher sa cristallisation au sein de l’entreprise publique pour limiter les risques de confiscation des pouvoirs des centres de décisions de l’Etat » [Rapport Général du Plan 1980-85 - MPAT].

En fait, un processus de contrôle de l‟administration centrale présenté paradoxalement comme une décentralisation. Alors que certaines fonctions stratégiques (développement, conception, coordination) naguère au sein des sièges centraux des entreprises, « remontent » à l‟échelon central au sein des organismes à compétence nationale (INERBA, CNAT, etc.), on assiste à une tentative de décentralisation des responsabilités, sous le terme de la redynamisation du local, vis-à-vis des résultats économiques et sociaux. L‟obligation de résultats face à l‟autonomie de gestion : « la discipline générale de planification et l’extension des responsabilités à tous les niveaux [...] (à travers) la responsabilité des collectifs de travailleurs et des directions [...] la mise en œuvre d’une politique de stimulation et de sanction des résultats » [R.G du Plan 1980-85].

Sur le Plan des approvisionnements en inputs qui conditionnent le fonctionnement des entreprises un système de quotas est établi, auprès de la DUCH dont la gestion se fait par répartition des inputs selon un ordre de priorité des travaux au niveau de la wilaya.

Pour les importations, la structure du « Comité Technique des Achats Groupés » (CTAG créé par arrêté du MUCH en mai 1980) intervient dans la consolidation des besoins, des cahiers de charges et des appels d‟offres.

Ceci dans un contexte de forte tension sur le marché des intrants qui sera encore plus accentuée à partir de 1986 (crise pétrolière) ce qui amènera les autorités publiques à axer les efforts sur l‟utilisation de ressources locales et le « compter sur soi » pour la prise en charge des problèmes locaux par les autorités locales. Dès 1986, l‟essentiel des travaux de réalisation seront l'œuvre des entreprises locales (publiques et privées), les entreprises restées sous tutelle des ministères techniques se spécialisent dans certains ouvrages spéciaux.

Ces restructurations et l‟appel à une gestion plus saine et efficace ne semble pas avoir eu les effets attendus puisque le taux d‟efficacité global des investissements (tous secteurs) passe de 18,4% en 1978 à 17,7% en 1984 [Benachenhou op.cité] et les déficits cumulés importants puisque la loi des finances de 1992 va prévoir à ce titre 42 Milliards de DA pour une couverture partielle (10%) des besoins estimés à 420 Milliards de DA.

II- 2- Changement de la configuration du système de l’acte de bâtir