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III : MISE EN OEUVRE DES SYSTEMES CONSTRUCTIFS III - 1- En termes de prix

III- 5 - Maîtrise d’ouvrage :

L‟inexistence d‟une maîtrise d‟ouvrage efficace implique une conception du projet qui ne tient pas compte des possibilités techniques des systèmes constructifs industrialisés, ce qui entraîne l‟allongement des délais de réalisation et des coûts.

Il y a une pluralité d‟intervenants (maître d‟ouvrage, BET, entreprises etc.) sans qu‟il y ait de la part de chacun une connaissance précise des contraintes du système utilisé; sans qu‟il y ait en fait un véritable maître d'œuvre, ni une maîtrise d‟ouvrage forte souvent démunie et réduite à un simple organisme payeur, face à la puissance des entreprises et à la complexité technologique.

Ceci est d‟autant plus problématique, car la conception et les études techniques sont en grande partie l'œuvre de BET étrangers. En 1980, il y avait près de 5000 ingénieurs, architectes et techniciens nationaux pour 14 000 étrangers auxquels les deux tiers du travail étaient confiés. L‟évolution depuis 1974 des transferts de fonds par les BET étrangers indique la liaison entre le développement de l‟utilisation des systèmes industrialisés et le recours à ces BET.

Tableau 55 : transfert de fonds des BET étrangers (millions de DA)

Cabinets 1974 1975 1976 1977 1978

D‟architectes - - 1,68 3,35 2,31

BET 7,67 41,40 45,11 34,90 -

L‟environnement de la réalisation joue un rôle si important que les gains de productivité attendus d‟une industrialisation de la construction sont absorbés par divers facteurs, d‟autant plus que nombre d‟entreprises se sont “ lancées ” dans ces systèmes sans avoir au préalable d‟expérience industrielle voire, pour certaines, d‟expérience dans la réalisation même (ECOTEC anciennement bureau d‟études).

Conclusion

L‟industrialisation de la construction a été souvent comprise comme un problème purement technologique définie au sens strict comme une simple acquisition de techniques. Elle aurait du être saisie dans une vision essentiellement politique au sens défini par R. Barthes (in “ Mythologie ”) : « Il faut entendre politique au sens profond comme ensemble de rapports humains dans leur structure réelle, sociale, dans leur pouvoir de fabrication des hommes ».

Sur la conception de l‟industrialisation et de la technologie pour la période 1970-77, nous renvoyons aux réponses de Belaïd Abdesselam aux questions pertinentes sur le sujet de A. El Kenz et M. Benoune dans l‟ouvrage “ le hasard et l‟histoire ”xl.

Ce qui signifie que la technologie n‟existe pas en soi, mais qu‟elle résulte d‟une situation globale donnée qu‟elle influence à son tour.

Au delà des spécificités des changements techniques dans la construction, son industrialisation est un phénomène global dont le processus peut prendre des formes très diverses selon la nécessité et les possibilités du contexte technologique, économique et socio - politique.

«La technique moderne n’est pas réductible à la science universelle, dont elle est le fruit. La science ne devient technique qu’à travers la société, se transmute en valeur d’usage à travers la valeur d’échange, et en conséquence, l’appropriation sociale ; c'est-à-dire se transfère un réseau de pouvoir » [P.F. Gonod, « clés pour le transfert technologique » BIRD, 1974]. En d‟autres termes, les enjeux d‟une maitrise technologique nationale ne sont que partiellement liés à la technologie elle-même.

En Europe, même quand les découvertes scientifiques ou technologiques permettaient des innovations ou des applications, celles-ci n‟étaient pas automatiques : l‟exemple du béton armé [brevet J. Moneir (RFA) en 1867] ou celui du coulage stationnaire [Brodie en 1904] qui n‟ont pas connu d‟application immédiate, non pas pour des raisons technologiques mais politiques et économiques [N. Kohlerxli].

D‟autre part, le mode d‟utilisation des moyens de production nouveaux n‟a pas donné les résultats escomptés rendant la reproduction des investissements dépendante de la rente pétrolière et de l‟endettement extérieur; ce qui signifie l‟arrêt brutal des investissements en cas de crise des revenus pétroliers. Le secteur de la construction sera le premier touché après la crise des revenus pétroliers en 1986 et une deuxième fois avec la crise de l‟endettement extérieur en 1993.

En effet, le mode d‟utilisation des techniques industrielles n‟a pu atteindre que de 0,49 fois le potentiel de la productivité apparente (en valeur constante) de la valeur ajoutée par emploi de 1967 (64 790 DA contre 32 000 DA en 1978). Si ce potentiel avait été atteint, la production aurait été double en 1978 de ce qu‟elle a été effectivement et aurait permis une reproduction autonome de ses moyens de production. La rente pétrolière a masqué durant cette période la crise potentielle liée à l‟élargissement du secteur public sur la base d‟une mécanisation nouvelle et lourde non accompagnée d‟une dynamique de reproduction propre des moyens de production.

A la fin des années soixante dix, les projets de la « technocratie radicale » [G ; De Villers, (23)], sont ambitieux : compléter les filières technologiques existantes, ouvrir de nouvelles, elle devient une véritable « technostructure » enracinée dans de solides institutions que sont les sociétés nationales qui couvrent toutes les branches de l‟industrie.

Alors qu‟elle était la force principale du développement et au moment où il semble possible la mise en place d‟un MONTT (Mécanismes Organisés Nationaux du Transfert Technologique) [Gonod, op. cité], les sociétés nationales sont considérées, au du triplement des revenus pétroliers en 1979, comme des « gouffres à devises » qu‟il faudrait fermer ou démanteler. Les sociétés nationales trop grosses pour être gérées et contrôlées par l‟administration seront déstructurées.

« La technocratie s’était trop avancée sur les lignes d’équilibre d’un pouvoir pour lequel elle n’avait de rôle qu’instrumental ; ses ambitions de pouvoir, découvertes, elle devenait un danger. D’autant plus qu’avec l’augmentation vertigineuse des prix du pétrole de 1979, la rente devint un « trésor » autour duquel allait se construire de nouvelles alliances»

[A. El Kenz, 2009, in « Ecrits d‟exil » (24)].

Nous tenterons de saisir ce mouvement global avec les changements des rapports de forces au sein du secteur de la construction à travers l‟analyse des stratégies d‟acteurs et des enjeux.

Notes

1- F-Yachir : “ Problèmes économiques du Tiers Monde ” CREA 1976.

1 - A. Benachenhou : “ Economie algérienne : enjeux et réalités ” Révolution africaine n° 721 Déc. 1977.

1 - F. Yachir et Aït El Hadj : “ Rapport de travail: commission Transfert de Technologie ” congrès des Economistes du Tiers Monde. Alger - 1976.

1 - Malsot : “ Filières et effets de domination dans le système productif ” in Annales des mines - janvier 1980.( cité par S. Boubekeur op. cité )

1 - P. Bachtold : “ construction et contrôle du processus de construction ” Séminaire sur la construction - Alger 1979.

1 - R. Boyer : “ déterminants et évolution de la productivité et de l‟emploi ” CEPREMAP 1979.

1 - J. Kornai : “ Socialisme et économie de la pénurie ” Economica 1984.

1- Pour la définition de l‟engineering et sa constitution nouvelle en structure autonome voir les travaux du CERID -IREP - Grenoble II et en particulier P. Judet et R. Tirberghein.

1 - P. Judet et J. Perrin : “ Transfert de Technologie et développement ” Dijon 1976. 1 - T.H Haner : Séminaire de Zurich : MOCI n° 178 du 23/02/1976.

1 - En 1978, enquêtant sur deux chantiers différents mitoyens nous avons constaté que la résolution d‟un problème technique de même nature chez l‟une des entreprises alors que l‟autre y était toujours confronté.

1 - P. Chemillier : “ les techniques du bâtiment et leur avenir ” éditions du Moniteur - 1977. 1 - N. Messahel : “ Répertoire des procédés de construction utilisés en Algérie ”

Publication du CNAT- Alger- 1979.

1 - N. Messahel : “ Planification de la construction industrialisée ” : Publication du CNAT 1980.

1 - E. Henry et S. Amara : “ enquête sur les prix de construction ” CNAT 1977 (ronéo).

1- J. P Bergher et N. Messahel : “ rapport d‟étude sur l‟offre SONATIBA 2600 logements à Beb- Ezzouar ” ronéo- CNAT- SOE n° 16 - juin 1977.

1 - N. Messahel : “ Transfert de technologie dans l‟habitat ” mémoire de licence Sciences économiques, Constantine juin 1976.

1 - M.T. Hamamda : “ L‟industrie de la construction dans l‟économie algérienne ”. Doctorat 3° cycle - Paris- X- 1986.

1 - CNAT : “ Série nationale des prix de la construction ” - 1980.

1 - Bratowski : “ organisation du bâtiment en Pologne ”. Rencontre des constructeurs polonais - Alger, mai 1979.

1 - A. El Kenz et M. Benoune : “ le hasard et l‟histoire ” entretien avec B. Abdesselam. ENAG 1990

1 - N. Kohler : “ les techniques de fabrication industrielles - système de construction ” cours SIA - Lausanne 1980.

23 - D. Villers : « L‟Etat démiurge » l‟Harmattan- 1986

… à moins d’être un coquin, on ne peut réussir dans le bâtiment… le système tourne à l’envers et ses hommes n’ont pas le sens du bien…

les émeutes à venir c’est encore lui (le bâtiment)…