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Gr n°2 -Prod IND (%) (en volume )

III : MISE EN OEUVRE DES SYSTEMES CONSTRUCTIFS III - 1- En termes de prix

III- 4- Processus techno-productif :

L‟industrialisation de la construction en Algérie ne fut pas une évolution progressive de l‟expérience existante et de l‟innovation technologique propre. Ce fut une mutation volontariste qui n‟était pas basée sur une définition d‟une politique technologique spécifique au secteur. Les entreprises se sont développées sur des bases qui s‟apparentent à celles des économies de marché. « Les rapports socialistes de production n’ont pas modifié d’une façon considérable l’organisation des forces productives de l’économie de marché formée dans le passé. La législation polonaise a sanctionné le modèle de l’entreprise, en le complétant par des éléments desoumission (!) aux principes de l’économie planifiée » [Bratowski]xxxix.

Les entreprises en Algérie étaient indépendantes dans le développement et l‟élargissement de leur base technique. Etant donné l‟absence de contrôle et de coordination à l‟échelle nationale, le processus a conduit à des différenciations technologiques injustifiées et à la désintégration technique du secteur.

Bien que l‟industrialisation n‟ait touché que le gros - œuvre, des modes de construction forts dissemblables quant à leur origine, leur insertion, la combinaison des facteurs de production etc. étaient indifféremment utilisés pour réaliser le même produit (le logement). L‟importation “ spontanée ” des techniques de construction a fait varier considérablement les moyens techniques et les équipements. Le manque d‟homogénéité sur un même chantier ou dans une même unité de préfabrication est assez remarquable : divers types de coffrages pour des éléments de bâtiment à paramètres techniques et fonctionnels identiques. De même, les unités de préfabrication disposent de différents moules et équipements produisant des composants ayant la même valeur fonctionnelle et spatiale.

Une telle diversification augmente les frais d‟exploitation des équipements, rend rigide et difficile l‟approvisionnement en pièces de rechange etc. Elle impose une polyvalence à la main - d'œuvre empêchant la formation de collectif de travail car appelée à se servir d‟équipement différenciés utilisés en divers chantiers augmentant ainsi l‟appel à l‟assistance technique.

Au niveau des matériaux, l‟essentiel des consommations intermédiaires est constitué de produits dits “ modernes ” qui connaissent de fortes tensions car les taux de réponse des branches nationales situées en amont, restent assez faibles.

Les unités de préfabrication peuvent consommer en ciment et acier jusqu‟à la moitié de l‟offre totale, importations comprises, ce qui explique que sur les 30% d‟heures non travaillées en moyenne pour le bâtiment, les deux tiers environ sont dus aux ruptures d‟approvisionnement (estimation CNAT). L‟ECOTEC, dont le procédé utilise certains intrants spéciaux importés, connaît les écarts de production les plus importants au sein de ses unités.

La faiblesse de la production par les monopoles publics des matériaux ajoutent à ces difficultés d‟approvisionnement.

Tableau 53 : capacité installée et production effective à la SNMC 1980.

Matériaux capacité théorique production réelle Demande nationale taux de réponse

Ciment (106 T) 7,5 4 8,3 48% Brique (103 T) 2000 1540 3000 51% Plâtre (103 T) 230 116 490 23,5% Chaux (103 T) 12 12,35 124 10% Amiante ciment (103 T) 500 93,96 - - Tuiles (103 T) 310 101 - - Agglomérés (103 T) 270 151,56 - -

Pour les produits stratégiques, les taux de réponse par les branches nationales restent faibles pour toute la période 1974-77 : ciment 32% et seulement 18% pour le rond à béton. Les taux de satisfaction de la demande par l‟offre globale (y- compris importation) évolueront pour ces deux produits de : ciment 84% en 1982 à 74% en 1987 et acier 73% en 1982 à 37% en 1987; ce qui explique que les “ difficultés d‟approvisionnement en matériaux ” viennent en tête des contraintes quant au niveau d‟activité des entreprises avec une évolution de 17% des réponses d‟entreprises en 1982 à 42% en 1987 (enquêtes conjoncture : CNAT).

La moyenne du taux de satisfaction de la demande grâce à l‟importation se situera autour de 63% pour la période 1981-86 avant de chuter à 54% avec la crise des revenus extérieurs. Les branches industrielles, situées en amont de BTP, connaissent les plus forts taux d‟importation par rapport à leur production brute.

La construction va se heurter au sous-développement industriel global et à l‟absence d‟un tissu industriel intermédiaire en amont de sa production, notamment les ISMME, secteur avec lequel elle a le plus fort coefficient technique 17,33 et les matériaux de construction 9,75 [TES 1974].

La faiblesse des taux de réponse et les aléas de la programmation des importations (capacités portuaires, etc.) entraînent des arrêts fréquents de production des composants, se répercutant sur le chômage technique des personnels de montage sur chantier.

Tableau 54 : Arrêts des unités de préfabrication - 1982.

Entreprise Arrêt par manque de ciment Arrêt par panne des équipements

ECOTEC (Alger) 3j/mois 5 j/mois

ECOTEC (Batna) 6 j/mois ?

ECOTEC (Constantine) 10 à 15 j/mois ?

SONATIBA (Constantine) 5 à 6 j/mois 5 j/mois

SONATIBA (Oran) 1 j/mois 2 à 4 j/mois

Source : Maghreb - développement n° 55 oct. 1982.

Les arrêts n‟ont pas les mêmes répercussions sur le système traditionnel par rapport aux systèmes industrialisés où les immobilisations sont nettement plus lourdes (l‟investissement, par emploi étant 20 fois plus élevé). Le faible volume des heures travaillées semble expliquer que la productivité reste sensiblement la même que celle du Traditionnel. Par exemple, pour la DNC dont les centrales de production de béton sont automatisées, le pourcentage d‟heures travaillées de celles-ci ne dépasse par les 25% (75% d‟heures chômées). Se situant en amont de toute la chaîne du procès de production pour la fourniture de béton (unités de préfabrication et chantier), elles mettent en cause les rythmes d‟utilisation des autres équipements et ceux de la production organisée en une suite de séquences.

Dès lors, l‟affectation des travailleurs à d‟autres tâches, possible dans les chantiers en traditionnel, ne l‟est plus dans ce cas, car les spécialisations sont différentes et se font sur des postes du travail séquentiels.

Les méthodes de production continues ainsi que les méthodes de programmation du travail, des machines et équipements ne trouvent guère ainsi d’applications pratiques.

Par ailleurs, l‟industrialisation n‟ayant touché que le gros - œuvre qui a des effets structurants, le problème du second - œuvre reste entier même si certains systèmes permettent d‟incorporer une partie des corps d‟état secondaires lors de la fabrication des composants en usine. L‟on assiste pas moins à une accumulation d‟un grand nombre de bâtiments finis en gros - œuvre qui ne peuvent être livrés faute du second - œuvre qui ne suit pas (3 logements finis en gros - œuvre pour 1,5 logement en second - œuvre). Soit que l‟entreprise sous-traite à des entreprises de second - œuvre de plus en plus rares (faiblesse des corps de métiers), soit que les approvisionnements mis à leur disposition par le monopole public sont incompatibles (nature, normes dimensionnelles etc.) avec les techniques utilisées pour le gros - œuvre.