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Gr n°2 -Prod IND (%) (en volume )

CHAPITRE- III : STRATEGIES D 'ACTEURS ET ENJEUX

II- 3- 2- Ressources financières

Au niveau de l‟investissement, on assiste à un resserrement des procédures d‟individualisation au niveau du Plan. Les dossiers technico-économiques sont difficiles à élaborer par des entreprises qui ont perdu leurs capacités techniques et d‟engineering, en plus de l‟autorisation de la « Commission des Grands Equilibres » pour les projets d‟équipements importés.

La raréfaction des ressources financières du pays (1986) touchera d‟autant plus facilement le secteur de la construction que ses liens avec de nombreux autres secteurs socio-économiques le rendent aussi sensible à leurs propres difficultés.

Cette récession se traduira par une chute de l‟emploi de l‟ordre de cent milles emplois perdus entre 1986 et 1992. Les perturbations dus à l‟accès aux financements, à la régularité des approvisionnements et à leur renchérissement, ainsi que les conflits sociaux au sein de l‟entreprise allongent les délais de réalisation et portent la durée moyenne de réalisation d‟un programme à plus de 5 voire 7 ans gonflant les « restes à réaliser » d‟année en année.

D‟autres aspects de cet environnement hostile vont ajouter à l‟improbabilité de son fonctionnement; l‟importance des créances sur l‟Etat remettra en question la couverture même de leurs dépenses courantes d‟exploitation (non paiement des salaires) par les découverts bancaires successifs producteurs d‟agios alors que leurs créances quand elles sont récupérées sans intérêts des années plus tard, elles sont déjà rangées par l‟inflation. Pour treize entreprises locales de Tizi-Ouzou sur quinze, les créances sont supérieures au chiffre d‟affaires, pour certaines jusqu‟à 4 fois plus [A. Boumati - op.cité].

Les réquisitions pour des travaux de volontariat ou en faveur d‟institutions ou pour des opérations dans des zones (refusées par le privé) déprimées entraînent des surcoûts non rémunérés.

Les conséquences en seront la baisse de la qualité du produit autrefois supérieure (2° P. Q) par des entreprises bien équipées et l‟augmentation des coûts due à la sur utilisation d‟équipements vétustes (acquis en majorité avant 1977) suite aux pressions sur les délais de la part des wali comptables des performances quantitatives auprès de l’administration politique.

D‟autre part, dès 1986, la « participation de l‟usager à certains travaux de finition » sons le label de « logement personnalisé » [instruction Ministérielle du 7/1/87] entraîne une baisse de la qualité (admise par le Ministère de l‟Habitat) puisque l‟usager est soumis aux mêmes tensions de pénuries et n‟a pas non plus entraîné de réduction de délais ou de coûts.

A cet effet, les enveloppes accordées restent en deçà des coûts réels supportés par l‟entreprise comme le montre le tableau :

Tableau 56 : coût du mètre carré en DA 1986

Coût accordé par le MPAT Coût réel

du m2 Anciens programmes réévalués Nouveaux programmes

Azzazga 3 550 2 450 3 650

Ain El Hamam 4 170 2 450 4 300

Draîa El Mizan 3 550 2 450 3 650

Larbaâ N. 4 060 2 450 4 200

Draa Ben Khedda 2 450 2 450 3 570

Tigzirt 2 910 2 450 3 950

Source : A. Boumati (p. 160 op.cité). L‟asphyxie des entreprises publiques restructurées, anciennement nationales ou locales avant leurs dissolutions massives dès 1990 et surtout durant l‟application du PAS sera le fait des effets conjugués :

 De la diminution de leurs plans de charges (attribution des programmes par le wali), elles tourneront avec 50% de leur capacité les empêchant de résorber leur endettement; l‟attribution des marchés empruntant de plus en plus les canaux informels (25% des opérateurs bénéficient de 50% des marchés).

 De l’appel à la sous-traitance privée, devenu obligatoire du fait de leur émiettement et de leur dessaisissement de leurs unités de corps d‟Etat secondaires.

 De l’accroissement de leurs créances sur l’Etat, les obligeant à des découverts bancaires pour financer leurs comptes d‟exploitation à des taux d‟intérêts de plus en plus prohibitifs (8% à14% de 1989 à 1990 et entre 18 et 25% de 1991 à 1998). Après les différentes rétorsions des banques qui entraîneront le non paiement des salaires (80% des entreprises publiques connaîtront des difficultés à ce niveau), les importantes allocations financières (près de 50 Milliards de DA en 1995) dans le cadre de leur assainissement serviront surtout à couvrir les découverts au profit des banques prêteuses pour reconstituer la trésorerie de ces dernières. Les créances, elles, resteront en suspend jusqu‟à leurs dissolutions ou privatisation dans le cadre de l‟ajustement structurel (sur 800 entreprises de construction : 300 dissoutes, 160 suivront et 340 privatisées au profit du collectif salarié dont seules 10% survivront).

Il semble bien que c‟est le changement de rapport de force au sein du système de l‟acte de bâtir aggravé par les restructurations des années quatre vingt qui entraîne : « la mise en cause du service public (ici le logement) à travers la mise en cause des entreprises publiques accusées de non rentabilité » [A. Prenantlviii].

Leur réduction pour l‟essentiel à l‟état d‟entreprises locales sous tutelle des wali mais tenues par l‟obligation de résultats financiers, a provoqué leur mise en déficit et a permis leur dissolution.

Le « coup de grâce » sera porté non à l‟entreprise de réalisation en général, mais en particulier à celle publique; l‟entreprise privée, elle, prendra la place en situation de monopole grâce à l‟économie de corruption née durant la période quatre vingt après les orientations néolibérales imposées par les créanciers extérieurs suite aux accords stand-by de 1989-90 et de rééchelonnement de 1994-98 (P.A.S).

III- REFORMES ET P. A. S (1990-98)

III-1- Déstructuration - dissolution des entreprises publiques

Jusqu‟au début des années quatre vingt la production industrielle n‟a cessé de croître et plus encore l‟emploi considéré comme un remède social au chômage et sa diffusion à l‟intérieur du pays pour bloquer l‟exode rural. Le poids de l‟Etat était important puisqu‟il était le seul à détenir les moyens d‟investir, poids qui sera décrié par l‟Etat lui-même dés 1980 pour amorcer son désengagement.

L‟industrie publique hors hydrocarbure représente, en 1992, 8,4% du PIB alors que sa part dans l‟emploi total est de 14% et s‟équilibre chez le secteur privé (2,27 et 2,5). C‟est ce sureffectif qui est présenté comme la cause de la non rentabilité des entreprises publiques. La stagnation dès 1983 et le recul de la production après 1986 (sauf secteur hydrocarbure) rend plus visible le suremploi du secteur public encore majoritaire (76% du PIB et 83% de l‟emploi) dont la non rentabilité est dénoncée comme étant structurelle.

Les secteurs les plus touchés par une baisse en 1985-86, accentuée après 1994 sont ceux des biens d‟équipement en général et des intrants du BTP (Graphes suivants) à l‟exception du matériel destiné au secteur des hydrocarbures (tube sans soudure) qui semble être orienté à une destination rentière.

Gr n°35 - Evolution de la production d’intrants

Gr n°36- Utilisation des capacités de production

Source : A. Prenant, B. Semmoud in Méditerranée n°3-4-1997

T n°57 - Niveau d’utilisation des capacités de production du BTP

Niveau 2ème tr 94 1er tr 95 2ème tr 95

-25% 02 01 02 De 25 à 50% 28 20 17 50 à 75% 40 58 60 +75% 30 21 21 100 100 100 Source : CNAT, 1996

La sous utilisation des capacités de production installées par la chute de la production et de l‟importation des intrants sera la cause immédiate de non rentabilité du secteur public. Le secteur privé souffre aussi de cette faible utilisation de ses capacités : 27% contre 1/3 pour les entreprises publiques dépassent les ¾ de leurs capacités et 29% ne dépassent pas la moitié [A. Prenant, B. Semmoud - 1997(17)].

La contribution du Trésor public (270 milliards DA soit 10 milliards de $) entre 1991-93 n‟a pu couvrir les déficits accumulés des entreprises. L‟accord avec le FMI de 1994 avec le rééchelonnement de la dette n‟a pas permis de stopper la chute des productions en dehors des hydrocarbures.

Avec la réduction des importations en 1996, l‟ouverture du commerce extérieur et leur affectation pour moitié au secteur privé spéculatif, la régression de la production industrielle va se perpétuer pour une longue période.

En effet, la construction industrielle s‟est faite sur la base d‟investissements (financés par la rente minière) de substitution d‟importation mais dépendants d‟intrants de l‟étranger, elle reste donc sensible avant la montée de la production locale à tout bouleversement affectant les revenus miniers. Hors cette montée de la production locale sera aussi affectée par l‟ouverture du commerce extérieur. Cette industrie conçue pour un marché national qui se structure au fur et à mesure de sa mise en place nécessitait l‟importation de matières premières, de semi-produits et de technologies qui manquaient encore dans l‟intégration de ses chaînes de fonctionnement. Ceci va entrainer la substitution de produits importés aux productions locales attendues.

Une construction industrielle volontariste qui justifie sa non rentabilité par une politique des prix visant à compenser les coûts d‟investissement et de production élevés de sociétés nationales dont l‟objectif fixé était la satisfaction de besoins sociaux, aux dépends des industries situées en amont et parfois au profit de l‟entreprise privée utilisant leur production sous évaluée. A ceci s‟ajoute des frais salariaux en progression par le souci de création d‟emplois, de charges incluant formation, transport, restauration, parfois logement.

Les restructurations et l‟ « autonomie » sont alors de mise pour préparer les entreprises publiques à la privatisation que le PAS de 1994 présente comme inévitable, écartant l‟Etat du financement du secteur public (stabilisation budgétaire). La dévaluation du dinar (40%), la suppression des subventions viendra alourdir l‟endettement des entreprises publiques privées de leurs moyens d‟importation, encombrées de stocks, et de taux d‟intérêt relevés à 30% (les découverts bancaires sont en 1996 de 120 milliards de DA).

Mais les entreprises industrielles dont les équipements sont maintenant en fin de cycle de vie trouvent difficilement preneur sauf pour l‟accaparement de leurs actifs fonciers et les capitaux étrangers tant attendus se destinent vers les secteurs rentiers.

Le secteur privé informel devient le fait dominant de l‟ouverture sur l‟extérieur en inondant le marché de produits d‟importation aux dépends de la production nationale.