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Des données concernant le site de l’ancien amphithéâtre à l’information

4 Les études de terrain

4.2 Étude des rues

4.2.2 La rue du Général Meusnier

4.2.2.1 Localisation

La rue du Général Meusnier forme une courbe qui suit quasiment le périmètre méridional du second état de l’amphithéâtre. La rue occupe une largeur variable entre 4,50 m et 5,50 m environ, tandis qu’elle relie sur une longueur de 220 m la place Grégoire de Tours, à l’extrémité de la rue du Manceau (cf. supra).

À la fin du 18e siècle, cette voie qui était nommée rue de la Porte Rouline ne s’étendait pas au-delà de la porte du même nom : le tronçon situé jusqu’à l’angle formé avec la rue Manceau appartenait à cette dernière (cf. supra). Pourtant, sur le cadastre de 1836, la rue a un nom et une forme identique à l’actuel (ADIL 3P3/302 – annexe 1.2.4).

Dénomination Datation rue du Général Meusnier 1831-

rue de la Porte Rouline 1816-1831 rue Meusnier An IX - 1816 rue de Langeais 1790 - An IX rue de la Porte Rouline avant 1790

Figure 42 : Localisation de la rue du Général Meusnier sur le cadastre actuel.

4.2.2.2 Origine et transformations

Comme les autres voies, la rue du Général Meusnier n’est mentionnée qu’à partir de la fin du 17e s., lorsqu’elle figure sur le plan Tours et ses environs (BmT, Ms 1200, c. 1670 – annexe 1.2.1). Cependant, l’étude du bâti avoisinant a permis de vieillir le terminus ante quem du tracé de la rue. Pourtant, aucun des pignons dressés sur la rue n’est médiéval : l’élément le plus ancien est le grand portail d’entrée du 10, rue du Général Meusnier sur lequel figure la date de 1673 (cf. GM10 : EC 461). Néanmoins, plusieurs façades de la seconde moitié du 15e s. situées en retrait prouvent que la rue existait dès cette époque (cf. GM06 : EC 76 et GM12 : EC 5 et 458). Il est même probable que la rue existait dès le 14e s. car, même s’ils sont en retrait, plusieurs logis semblent avoir fonctionné avec une rue d’un tracé identique (cf. GM06 et GM08 : EC 419 et GM12 : EC 7).

En revanche, il ne semble pas possible d’utiliser l’argument de l’alignement de la façade orientale du palais archiépiscopal du 12e s. comme un élément datant la rue, puisque sans pour autant en exclure l’existence, il est tout aussi probable que le gouttereau oriental du palais fut édifié au devant d’une cour ou d’un jardin. En effet, lors de la construction de ce bâtiment, l’archevêque disposait visiblement d’un fief qui s’étendait plus à l’est (cf. Partie 2, § 5.2.1.2, p. 218).

Actuellement, la rue est assez proche de sa configuration de la fin du 18e s. car seules les façades des trois premières propriétés au nord de la rue ont été frappées d’alignement (cf. GT01, GM04 et GM06). Au sud, le tracé ne fut pas modifié, mais la destruction des deux maisons qui enjambaient la voie a sans doute changé l’allure de la rue (cf. GM14 et MA13) ; ce fut certainement aussi le cas lors de la construction de l’église des Lazaristes vers 1857 (cf. GM12).

4.2.2.3 Disposition

Avant 1754, et contrairement à la situation actuelle, les deux côtés de la rue étaient bordés de maisons canoniales, et non pas seul le côté oriental comme aujourd’hui. En effet, c’est en 1754 que l’archevêque Henri de Ceilhes de Rosser de Fleury acquit l’unique maison canoniale située à l’ouest de la rue et la détruisit afin d’aménager les terrasses du jardin de son palais (ADIL G20). Il n’existe plus aucune trace de cette maison si bien qu’il est impossible de connaître sa date d’implantation. C’est vraisemblablement son emprise qui fut représentée de manière exagérée à l’ouest de la rue dessinée sur le plan Tours et ses environs (BmT, Ms 1200, c. 1670 – annexe 1.2.1).

Ainsi, depuis la destruction de cette maison et encore aujourd’hui, la rue délimite un unique îlot semi-circulaire qui recouvre la moitié sud-ouest de l’emprise de l’ancien amphithéâtre. La rue délimite également au sud-ouest l’îlot de l’archevêché et au sud celui formé par l’emprise des anciens fossés. Cependant, plus que la rue, c’est le mur de l’ancienne enceinte qui délimite véritablement ces deux îlots puisqu’il sert également de mur de soutènement.

Avant la construction de la nouvelle enceinte du début du 17e s., la rue du Général Meusnier occupait une place singulière dans la ville puisqu’elle longeait la partie la plus au sud de l’enceinte urbaine. Si l’ancien palais de l’archevêque et une maison canoniale occupait son côté occidental, son extrémité méridionale bordait les fortifications qui surmontaient les fossés, à la manière d’un chemin de guet, voire un chemin de ronde. Pourtant, aucun aménagement militaire attestant ce statut n’est actuellement conservé (peut-être d’ailleurs n’ont-ils jamais existé). Son unique fonction militaire se résumait à assurer la desserte des tours accolées à l’enceinte et à permettre un accès à la plateforme du bastionnet construit à la fin du 16e s. ou au début du 17e s. (cf. Partie 2, § 4.3.4.2, p. 210). Avant le début du 17e s., la rue servait manifestement principalement à distribuer des propriétés canoniales rayonnantes.

La situation changea en 1642, lorsque la Porte Rouline fut percée au point le plus au sud de la rue. La rue du Général Meusnier ne servait plus alors simplement à distribuer les maisons canoniales, mais aussi à sortir du cloître. En empruntant une petite rue en pente (actuelle rue de la Porte Rouline), la Porte Rouline permettait d’accéder aux jardins que le chapitre avait installés dans les anciens fossés (cf. Partie 2, § 4.3.5.1, p. 211).

Pour résumer, on peut retenir que si la rue n’est attestée qu’à partir du 14e s., il est très vraisemblable que son existence soit plus ancienne. Malgré sa forme, la rue n’a sans doute eu qu’un rôle militaire mineur ; elle semble davantage avoir joué un rôle distributif au sein de l’habitat canonial. La voie avait peut-être un statut semblable à celui de la rue Manceau ; il ne faut d’ailleurs peut-être pas exclure l’hypothèse que les deux rues aient été implantées dans un même temps. Quoi qu’il en soit, en 1642, le percement de la Porte Rouline offrit la possibilité d’un accès aux terrains situés au sud du cloître, ce qui éleva la rue à une fonction distributive supérieure.