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Il est bien entendu logique que les voyageurs aient systématiquement exploité les epistulae de tout de même, que ces lettres – seules sources

écrites presque contemporaines de la célèbre

nom de la ville fait l’objet de nombreuses interro eux tenteront – comme à l’heure actuelle – de démontrer que le phénomène décrit par Pline n’est pas celui qui a rayé de la carte les cités cam Bien que la Pompéi antique n’ait pas fait couler beaucoup d’encre, la littérature viatique pom péienne ne déroge pas à la règle qui consiste à Le «silence des écrivains anciens» , selon la for mule de Gaston Boissier, n’est pas seulement dû

Rome ne pouvaient concevoir leur vie en dehors probablement à l’égard de la petite bourgade de Pompéi, tout juste bonne à leurs yeux pour servir de lieu de villégiature, n’était guère propice aux éloges qu’attendaient les modernes devant une neveu du célèbre naturaliste n’est pas l’unique auteur dont la notoriété perdura au cours des XVIIIe et XIXe siècles dans les relations de pétris» par la tradition littéraire du récit de voyage en Italie et bons connaisseurs de Vitruve –, vont tenter à mesure de la redécouverte progressive du site, de donner une description architecturale des monuments qu’ils visitent à Pompéi en les comparant aux

tendu par une certaine image de la Rome antique,

«beau idéal», répond aux normes en vigueur en

UBERTDE LINSOLAS

La première partie du récit retranscrite en italique dans l’ouvrage n’est pas l’œuvre de l’auteur, mais celle du Comte de Forbin: «

pas borné à reproduire avec son pinceau les enchan tements de la campagne de Naples; il a employé aussi la plume de l’écrivain

dans les «quelques observations ajoutées au précédent chapitre

livre ses propres remarques: «

voyageur qui comme moi a visité Pompéi et le Vésuve; voici maintenant les observations personnelles ment recueillies en présence des objets que je décris» rapport aux monuments décrits durant sa visite de LATAPIE

BOISSIER

son temps

«standardisée» par des règles nommées les «ca nons de Vitruve»: est jugé «élégant» et «plein

; «sobre», sévère», et «décadent dé routant» e siècle, il subsiste une position académique qui, d’un point de vue culturel, modèle les sentiments éprouvés par les déterminer si une architecture est digne d’intérêt – en d’autres termes si elle est «noble» ou non – ces derniers se référent systématiquement aux notions de «bon ou de mauvais goût» telles que les enseigne Vitruve via ses commentateurs de la alors de mesurer les différences et les ressem blances qui existent entre leur objet d’étude et positif ou négatif est alors fonction du degré plus Après leur traditionnel séjour à Rome, les voya geurs ont pris l’habitude d’évaluer les monu ments par rapport au De Architectura

Recourant systématiquement à la comparaison entre les architectures qu’ils voient et le texte qu’ils lisent, la majorité des voyageurs va de ce Pompéi, malgré l’impression très forte que pro En effet, nul doute que le site antique de Pompéi passionne l’Europe cultivée depuis le milieu du XVIIIe

publié dans l’Encyclopédie de Diderot, écrit:

«Voici presque dix ans que l’on parle avec admi ration de cette découverte»10

Dominique Vivant Denon, dans son Voyage au royaume de Naples, mentionne que «les ruines existent dans l’univers»11

Bourke conclut sa Notice sur les ruines en expli quant que celles «

»12 e siècle, les

voyageurs témoignent toujours dans leur relation de l’émerveillement provoqué par la redécou

:

De tous les objets qui appellent les curieux dans le berceau de la gloire et des arts, parmi les monuments de toute espèce que renferme l’heureuse Italie, il n’en est point de plus remarquable, de plus extraordinaire que Pompéi

parée13

le spectacle qui se présente à l’entrée de la ville frappe si vi vement l’imagination, qu’on ne saurait l’oublier à jamais»

relation en écrivant que «Pompéi est l’un de ces noms qui, par un magique prestige, évoquent les plus splendides visions»

Pourtant, les voyageurs ne sont pas tous aussi enthousiastes et ne manquent pas de faire part de leur déception – voire de leur indignation – Dans l’incipit de sa

Pompéi

donne le ton du débat qui va animer les récits des voyageurs:

médiocre, peu digne des regards de la postérité si le destruction passagère une immortalité dont Rome

Au début du XIXe siècle, Eugène Emmanuel : «Disons franchement qu’à Pompéi tout est joli, que rien n’est beau;

BEK est une lettre d’une vingtaine de pages destinée à l’Académie de Bordeaux dans la séance du 30 juin LATAPIE

qu’on y trouve souvent le goût, la grâce, jamais le mer qu’«il en est qui sont presque fâchés d’avoir eu une si haute idée des anciens, et qui ne voient en cela rien de beau, de merveilleux»

tat de l’enquête comparative de Quatremère de Quincy entre l’architecture monumentale de dans l’Encyclopédie méthodique: Dictionnaire

d’architecture :

«Pompéia ne dut être qu’une ville de troisième ordre»20

blics n’évolue guère durant la seconde moitié du XIXe

core à faire savoir que «ces bâtisses n’ont pas un caractère grandiose»21 L’architecture domes geurs sont déçus du manque de faste de ces

-coni maisons

bas et fort petits.» Il en déduit que «la vie do

sans le moindre luxe»22 e

siècle, Mallet s’étonne encore «de la petitesse des maisons de Pompéia»23

de grandeur médiocre» Néanmoins, pour Louis de Ronchaud la compa raison entre la ville de Rome et celle de Pompéi

est inappropriée: «Comment une petite ville de province, récemment détruite, à peine rebâtie, la construction et l’embellissement étaient l’œuvre de longs siècles et du monde entier?» était «seulement une ville de province, qui comptait environ 30000 âmes

explique à ses lecteurs qu’«il ne faut pas deman

Romaine si la

conservé la grâce de son pays d’origine la Grèce»

par tous ses pairs, puisque la dévalorisation de l’art romain par rapport à l’art grec est une des constantes des publications au XIXe

e siècle et au début du XIXe l’itinéraire traditionnel du voyage d’Italie , les voyageurs s’y rendent avant tout pour voir les restes antiques de la Grande Grèce sur lesquels les découvertes campaniennes de la seconde moitié du XVIIIe

corrélat dans le sens du temps historique: les voyageurs sont, à cette époque, impatients de découvrir une Antiquité plus reculée, d’origine grecque

AMAURY-DUVAL

: le tome I

Ency-clopédie méthodique: Dictionnaire d’architecture; mais le tome III est entièrement, ou presque, de la DARNTON ; BECQ ; BLANCKAERT ; TURCO

20 QUATREMÈREDE QUINCY

Quincy a repris quasi intégralement cette notice dans

son

-didactiques et pratiques de cet art

expression dans son article « »

publié dans l’Encyclopédie moderne: «Cette petite ville, de troisième ordre, dont un cinquième, à peine possède un Forum, huit temples, une basilique, trois places publiques, des thermes, deux théâtres et un 21 DOGNÉE

22 WINCKELMANN .

23 MALLET

reconnaît cependant que bien qu’«étant resserrées»,

elles sont « CAS

ver des archétypes de l’art grec sur le site de A lire les voyageurs, on se demande même si

«l’immortalité» souhaitée pour la ville de Rome

peintures des entablements d’une demeure pom lourds et chargés d’or nements ridicules», déclare: «je fus aussi surpris que fâché d’en trouver de si mauvais dans une règles de bon goût, qui était l’apanage des Grecs» Encyclopédie méthodique de Quatre mère de Quincy – citée précédemment – n’est en

article « »30 du tome III,

l’auteur entend démontrer que «l’architecture tecture grecque»31

clusion suivante: «Les monuments de Pompéia appartiennent à l’architecture grecque

:

qu’elle ne s’y montre point dans toute sa pureté pri

cer la longue domination des Romains, chez lesquels le goût de l’architecture grecque avait reçu plus d’une altération32

Cette «élégante» manière de résoudre la contra diction qu’il a à présenter Pompéi comme une ville de «troisième ordre» tout en en faisant un

souvenirs de voyage: «L’architecture qui règne à Pompéi dans chitecture grecque»33 Dictionnaire raisonné d’architecture et des sciences qui s’y rattachent

tour sa notice sur l’«Art pompéien» en des termes semblables:

nous la trouvons dégénérée, abâtardie; elle n’est, pour ainsi dire, que le Louis XV, le style Pompadour de l’art hardiesse d’expression, parce qu’elle dépeint bien à l’esprit la position, la valeur respective de ces deux de l’art partageront notre manière de voir à cet égard, et surtout si, comme nous, ils ont parcouru en tous sens les ruines de Pompéi, ils reconnaîtront que, sauf tions, tous les autres sont petits, étroits, mesquins…

CHEVALLIER

30 QUATREMÈREDE QUINCY : «Au mot Architecture, on a renvoyé cet article, pour ce qui Nous avons renvoyé de même à son article, ce qui

naire, où nous avions promis de consacrer un article Ainsi Rome, dès son origine, non seulement n’eut point une architecture originaire de l’Italie, mais elle ne put rien trouver autour d’elle qui, de près ou de loin, sous une forme ou sous une autre, ne vint de la

à rapprocher son art de bâtir, ses monuments, ses Rome, de tout temps, eut donc la même architecture d’architecture romaine, si, par cette épithète, on en

»

31 QUATREMÈREDE QUINCY : «Comme on le voit au mot Architecture Grecque, nous avons cru que cet art, devenu aujourd’hui universel, étant celui tionnaire, et trouvant à chacun de ses articles les l’ensemble et les détails historiques, théoriques et pratiques de son origine et de sa formation, de ses principes et de ses règles, de ses applications et de ses exemples, il serait inutile de redire en abrégé, dans un article, ce qu’on trouve étendu à presque tous les

grecque, qui, par les raisons qu’on a développées ail leurs, se propagea partout où les Grecs pénétrèrent, partout où leur génie, plus conquérant que leurs

» 32 QUATREMÈREDE QUINCY

33 DONDELDU FAOUËDIC 1875,

Il y a cinquante ans à peine, il aurait fallu beaucoup d’audace à un auteur pour s’exprimer ainsi sur Pom péi, tant l’enthousiasme, disons plus, l’engouement au les préventions sont tombées, l’enthousiasme s’est re froidi; la seule réalité, froide et juste, subsiste, et nous sommes bien obligés de reconnaître que l’architecture pompéienne n’était pas, tant s’en faut, à la hauteur de

Les jugements des voyageurs ne sont néanmoins tente d’excuser ce manque de conformité à l’ori ginal grec:

On retrouve dans la plupart des monuments de Pom péi l’architecture grecque avec ses grâces et son élé gance, mais un peu altérée par la barbarie des peuples qui ont successivement habité cette ville, et par le

Dans ses

de Pompéi, Mazois explique qu’effectivement «les l’architecture grecque» et qu’«on est forcé de convenir qu’elle ne s’y montre pas dans toute sa

splendeur», mais il module ses propos en ajoutant que, malgré cela, «

manquent point de simplicité, ni de noblesse, ni de grâce»

domestique, il veut au contraire prouver que les maisons de Pompéi sont bien de style romain et non de style grec

inutile

«

» même s’il convient qu’ils n’ont pas «la pureté de l’architecture grecque» Dans son mémoire sur si ces ruines n’ont pas la grandeur de celles des autres monuments de la Grande Grèce, ni la perfection de leurs détails», elles offrent néanmoins l’avantage d’avoir laissé des traces de leur tradition

Mais, cette idée répandue que l’architecture pom péienne était grecque n’est en réalité qu’un autre moyen détourné de critiquer les réalisations ro

e siècle, même si les sites de Rome sont concurrencés par la découverte des monuments de la Grèce, la principale consé

BOSC

GELL

MAZOIS

e siècle, Dyer reprend l’hypo thèse de Mazois lorsqu’il mentionne les fragments de la Forma Urbis conservés au Capitole: «There are preserved in the Capitoline Museum at Rome some curious fragments of a plan of Rome engraved Mazois refers to them, in proof that the houses at Pompeii are in their origin and disposition Roman houses, and not Grecian, as has been generally sup posed from the Grecian faste which prevails in the rence of the atrium, which was not found in the Greek houses, leaves in this opinion no doubt upon a curious relief, and that the reader may have the op portunity of judging for himself of the resemblance in general arrangement between the three ground plans contained in it, and those which we shall give

DYER

Dyer, tout comme Mazois, illustre ses propos en re produisant un extrait du plan de Rome – «Fragment of a Plan of Rome, engraved on marble» – DYER

Plans de maisons romaines ti rées du plan antique de Rome conservé au Capitole»

MAZOIS

MAZOIS : «En parcourant le traité et étonné de me voir ranger les maisons de Pompéi dans la classe des habitations romaines; car cette sorte de tradition du goût grec, qui domine dans les orne ments et les détails de ces intéressantes ruines, semble avoir accoutumé tout le monde à regarder les maisons de cette ville comme grecques: mais les descriptions données par Vitruve dans son sixième

» GAUME

BONNET : «Dans un premier voyage que ruines que cette ville renferme, en même temps que de

publics et particuliers, on retrouve les traces irrécu sables de leur architecture primitive où l’art grec brille grandeur de celles des autres monuments de la Grande Grèce, ni la perfection de leurs détails, elles sont néan moins une précieuse tradition de l’architecture intime

ont une analogie frappante avec ceux du portique de Délos et du stade de Messène, tant dans les proportions

»

quence porte davantage sur l’appréciation de la valeur de l’art romain – considéré comme imita teur – que sur la remise en cause des caractéris

beau idéal

qu’il en soit, ce fait explique que seul le temple dorique du Forum triangulaire de Pompéi fasse

:

on trouve les restes d’un ancien temple, qui a été bâti dans le style grec, et dans les proportions de ceux de ment ne fût d’une beaucoup plus grande antiquité, que : sa construction était plus élevée, plus imposante; et même, d’après les dimensions et ce qui est resté des colonnes qui l’entou raient, il devait être d’une proportion noble, majes tueuse, et rentrait beaucoup dans le style et la forme des anciens temples grecs, nommés périptères

Dans ce court extrait qui accompagne les deux remarquable que l’intérêt porté à ce temple pro vienne presque uniquement de sa ressemblance avec les temples de Paestum

à la même période

Tassullo comme «ce qu’il y a de mieux conservé après le Panthéon de Rome» , ne pouvaient péi , puisque Lalande décrit le Panthéon comme

«

cienne Rome, le seul temple de Rome qui soit conservé dans son entier» et Meyer déclare qu’il est «le plus beau monument légué par l’anti

quité : «gran

deur, majesté, splendeur, puissance»

à Rome, Pompéi ne retient donc l’attention que par les quelques éléments de son architecture que

C

ROTONE

: « les divers états qui