A une pointe qui avance sur la mer, on voit quelques pierres éparses et quelques couches de pierres d’un ancien bâtiment, qu’on dit être les ruines de l’école de environ quarante ans qu’il existoit encore deux co l’autre existe sur une base de grandes et larges pierres celles de Métaponte; mais quelques lits de briques, que l’on voit entremêlées avec les pierres de taille, me font douter que ces débris remontent à l’ancien temps bâti ce temple, et qu’ils se soient servis des anciennes ruines faisoient partie de l’ancienne Crotone; mais ce n’est pas possible, puisqu’elles se trouvent à sept milles de l’Esaro, que nous savons avoir coulé au milieu de
étables qui servoient aux nombreux troupeaux qui
Il passe la nuit sur la plage de Capo Rizzuto, dor mant sous une hutte préparée par les matelots, à
se rend sur un îlot – indiqué sur les cartes comme étant l’île de Calypso – où il ne trouve rien d’in téressant, si ce n’est des coquillages, ramassés vigue ensuite le long de la côte jusqu’à la plage Renonçant à parcourir dans l’obscurité les deux heures et plus de marche qui le séparent de la
plus tard, après avoir visité au passage le site de
Conclusion : les mondanités prennent le pas sur l’aventure et l’ambition littéraire
Cette traversée de la Calabre marque le point son sens de l’aventure et de son désir de décou verte, il est gagné, en chemin, par un sentiment
en est la cause fortes
chaleurs
le passage d’une «chaise
obligé de chevaucher sans cesse
ment également joué un rôle, d’autant plus qu’il a des raisons de craindre que routes et gîtes ne qu’il ait souffert de sa relative solitude; on peut supposer qu’il se serait en tout cas moins fatigué et plus diverti s’il avait pu, comme en Espagne, épuisement physique et moral transparaît à plu sieurs reprises dans son récit, en particulier au cours des derniers jours: les étapes lui paraissent de plus en plus pénibles, les paysages et les villes
:
Nous fîmes le lendemain 12 milles dans un pays bas
marche bien fatigante dans des chemins horribles, nous arrivâmes à un des plus mauvais villages que
un aspect si triste, et les habitants une mine si pi teuse, le temps étoit si orageux, que je pris le parti de
ne pas sortir de mon auberge enfumée, et de me consoler en buvant d’un vin blanc qui a beaucoup de
N’ayant plus ni l’énergie ni l’envie de poursuivre écourte son voyage et revient plus tôt que prévu
; alors qu’il s’apprête à quitter la ville pour visiter l’intérieur de l’île, il se sent à nouveau pris de des conditions météorologiques – non plus la chaleur, mais la pluie et le froid – et de la lon gueur des chemins qui l’attendent :
I dare not think on the confounded long route I have attempted some excursions in the neighbourhood [de
cold, and the mountains behind us are covered with To tell you the truth, I wish I were fairly back at
? But as that kind of fretting after one’s dieux pénates can do no body any good, and may do me harm, I shall not
tions de l’archevêque de Palerme, et il a demandé der un bon voyage»
devoir que par plaisir
sûrement; devoir envers le livre qu’il projette; certainement aussi nécessité de ne pas perdre la cour napolitaine, de l’archevêque de Palerme,
compromettre sa réputation?
Le périple sicilien, tel qu’il le raconte à son frère , a été fatigant mais s’est déroulé sans inci
l’archevêque, il a pu dormir chaque nuit dans un
«lit excellent
tains lieux, certaines nourritures, certaines per sonnes
pendant, dans l’ensemble, le voyage n’a pas réus
n’est pas en effet seulement la conséquence de la également un sentiment diffus de déception et de
fami lières» depuis sa «première éducation» et que l’histoire et la littérature lui avaient appris à connaître et à aimer
ment, il avait sans doute espéré retrouver non pas seulement des ruines, mais aussi une sorte d’image vivante de cette civilisation grecque dis
vestiges et le libre jeu de son imagination ont
Mais là où les ruines sont englobées et recou vertes par une ville moderne, il est à chaque fois accablé par le contraste entre cette dernière et le souvenir fabuleux de la cité antique qui l’a précé sujet de Crotone, et il en va de même à Tarente dernière ville que sa mélancolie touche son point
:
SWINBURNE
SWINBURNE
SWINBURNE
La première éducation rend cette contrée familière
un écolier qui ne puisse rendre compte des ruines de
» SWINBURNE
mais lorsqu’on pense à ceux qui étoient jadis élevés dans ce même endroit, ils paraissent alors bien peu de Non seulement la fontaine Aréthuse, mais tous les autres objets qui l’environnent, inspirent un senti ment douloureux, lorsque l’on compare le triste état
des descriptions pompeuses du commerce que faisoit ce port si bien situé, de l’opulence presque incroyable quels ils prodiguoient une grande partie de leurs ri grandes villes anciennes, et alors j’avais toujours gémi sur leurs ruines; mais je n’ai jamais éprouvé un sentiment de pitié et de regret aussi vif et aussi pé
Les grandes cités déchues de Grande Grèce et de impression semblable chez la plupart des voya geurs de l’époque
burne, nul, que je sache, n’exprime un tel degré de nostalgie et de douleur
entre la triste lassitude qu’il ressent au cours de son voyage et la joie qu’il éprouve à son retour
supra
frère les grandioses festivités du carnaval napoli tain – dans lesquelles il a plongé avec délice dès
: il n’y est question que de «merveilleux spectacles», d’extrême «gaîté
En voici un extrait :
The masked balls here are extremely splendid this year; I was at one last night with sir Thomas [Gas
to the great diversion of the king, who took him under his arm, and paraded him about the galleries, ready
témoignent de cette même joyeuse douceur de vivre, ainsi que d’une passion sans bornes pour les mondanités et les potins de la cour
que cette dernière dimension
contraire sur la coexistence – pendant un temps faute de sources, d’autres traits de son caractère partage ce goût prononcé pour la vie mondaine avec toute la bonne société de son temps, et il
c’est dans la mesure où la première dimension
fut certainement pas linéaire, on pourrait dire qu’étant parti d’Angleterre avec le «violent désir de fouler un chemin qui n’auroit pas été encore foulé» et l’ambition de devenir un homme de lettre, il s’aperçoit en cours de route que l’exis tence du courtisan lui convient et le stimule da parce qu’elle lui permet de fréquenter ses pairs, de nouer des relations humaines nombreuses et intenses, et ainsi de participer véritablement et activement à la vie du lieu, alors que lorsqu’il chemine de ville en ville, sans jamais s’arrêter nulle part plus que quelques jours, il n’est tout
RIEDESEL
BRYDONE : «It is
truly melancholy to think of the dismal contrast that
»
lie lors de son voyage en Espagne, sans doute parce qu’il avait une moindre «familiarité» littéraire avec ce pays en comparaison avec la Grande Grèce et la
The courts
ibid supra
supra.
Ce phénomène n’a rien d’exceptionnel et il a été décrit maintes fois suivant les endroits et les époques
gnol, la vie courtisane et mondaine n’avait occu pé qu’une mince fraction de son temps; dans les
nant pendant onze ans l’Europe, de capitale en capitale, et résidant en particulier à Paris où lui et
veau tournant dans sa vie
épouse, revient d’abord en France comme diplo mate pour le compte de l’Angleterre; puis, à court d’argent, il accepte un poste lucratif de
niers voyages «à l’aventure» et le Travels in the
Bibliographie
AMOROSO
», LC, BORCH Lettres sur la Sicile et sur
l’île de Malthe
BOURDIEU L’illusion biographique», Actes de la recherche en sciences sociales BRAUDEL Civilisation matérielle et
capi-talisme
BRYDONE A tour through Sicily and Mal-ta
BUTLER
principaux saints
CHUPEAU Les récits de voyages aux li sières du roman»,
France DE STAËL 1807: Mme
repris in Œuvres complètes
DI MATTEO Viaggiatori stranieri in Sicilia
DUCLOS Considérations sur les mœurs de ce siècle Œuvres complètes, Paris, IACHELLO 2000
XVIII-XIX , Ca LEVI Les usages de la biographie»,
An-nales ESC
PESAVENTO : il
Nostra damus dei crotonesi», PRIDEAUX
burne», , Oxford,
RIEDESEL Voyage en Sicile et dans la Grande Grèce
TUZET La Sicile au XVIIIe siècle vue par les WOLFZETTEL Le discours du
voya-geur: pour une histoire littéraire du récit de voyage en
XVIIIe siècle
DE STAËL :
«Voyager est, quoi qu’on en puisse dire, un des plus bien dans quelque ville étrangère, c’est que vous commencez à vous y faire une patrie; mais traverser des pays inconnus, entendre parler un langage que vous comprenez à peine, voir des visages sans rela tion avec votre passé ou votre avenir, c’est de la soli
tude et de l’isolement sans repos et sans dignité; car cet empressement, cette hâte pour arriver là où per sonne ne vous attend, cette agitation dont la curiosité est la seule cause, vous inspirent peu d’estime pour deviennent un peu anciens, et créent autour de vous
»