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CHAPITRE 1. LE CADRE DE LA RECHERCHE : LES SYSTEMES RIZICOLES DE L'ALAOTRA

1.3 Conséquences sur la conduite des systèmes de culture

1.3.3 Risques et systèmes de rizicultures

Globalement, les rendements moyens des zones aménagées restent corrélés à la pluviométrie (Figure 6). En revanche, les rendements moyens de la Somalac semblent avoir peu progressés

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Avec plusieurs liaisons ferroviaires et aériennes avec la capitale par semaine, le Lac Alaotra paraît relativement privilégié. Cependant, en dépit de son rôle économique majeur dans l'approvisionnement des centres de consommation de Tamatave et Antananarivo, la région n'est accessible en véhicule que par la piste. Sept heures sont nécessaires en saison sèche pour relier Antananarivo et la région. En saison des pluies, au moment crucial de la soudure sur les Hautes-Terres, les liaisons sont beaucoup plus difficiles. Cette piste est restée fermée de février à mai 94 à la suite du cyclone Géralda, contribuant ainsi à une véritable pénurie de riz à Antananarivo.

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Avec le matériel disponible, des sols hétérogènes et difficiles à travailler dans les conditions hydriques de juin/juillet, les contraintes du calendrier rizicole, les riziculteurs ne sont pas en mesure de maîtriser la préparation du lit de semis. Pour ces riziculteurs habitués à la mise en place sur boue, l'intérêt agronomique du lit de semis est difficilement perçu (Garin, 1991a).

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Deux cycles successifs de riz durant la saison des pluies à partir de variétés à cycle court (4 mois) : 1er semis en septembre-récolte en février, repiquage de la 2ème culture fin février-récolte en juin.

Tableau 6 : Les différents cycles de culture

Mois S O N D J F M A M J J A

Zones Irriguées préparation du sol (Riziculture) Récolte semis/ repiquage

Baibohoirriguées Cult. maraîchère Cult. maraîchère

(Riziculture)

Baiboho non irriguées

Cult. maraîchère

Cult. Pluviales (Riz pluvial,

maïs, arachide, haricot...) Cult. maraîchère

Zones pluviales

Cult. Pluviales (Riz pluvial, maïs, arachide, haricot...)

(tanety) manioc

Figure 5: Schéma de localisation des différents systèmes de culture en fonction des conditions morphopédologiquesn(d’après Raunet, 1989)

depuis vingt ans. Mais, la variabilité des rendements entre périmètres Somalac est plus forte que la variabilité interannuelle.

Ainsi, l'analyse de l'évolution de ces résultats par périmètre met en évidence une forte variabilité régionale, avec des comportement différents selon les périmètres (Figure 7). Alors que les rendements moyens du PC15 sont en progression depuis 10 ans, ceux du PC23 stagnent tandis qu'on observe une variabilité interannuelle des rendements des PC Anony et Sahamaloto. Les résultats par périmètre sont plus liés à l'état général du réseau qu'au type d'alimentation en eau du périmètre. Ainsi, le PC15, « vitrine » de la Somalac réhabilité en 1983, comptait 95 % de superficie à bonne maîtrise de l'eau dès 1986, contre 21 % seulement pour le PC23 à la même période. (Somalac, 1991).

Figure 6 : Relation entre la pluviométrie et rendement global en périmètres Somalac RDT1 = rendement moyen (t/ha). PLUVIO = Pluviométrie sur la campagne (mm)

Figure 7 : Evolution des rendements dans quatre périmètres Somalac13.

0 1 2 3 4 5 83/84 84/85 85/86 86/87 87/88 88/89 89/90 90/91 t/ha PCAnony PC Sahamaloto PC 23 PC 15

Les plus hauts rendements étaient également mis en relation avec le taux de repiquage. Ainsi, les efforts menés de 1983 à 1990 sur le PC15 ont permis la généralisation du repiquage qui

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atteignait près de 95 % des surfaces du périmètre en 1988/1989 pour un rendement global à l'échelle du périmètre de 3,95 t/ha. Sur l'ensemble des périmètres de la Somalac, le taux de repiquage s'est stabilisé autour 50 % des surfaces aménagées depuis 1974/1975. En dehors du début des années 80, où ce taux avait régressé sans descendre au-dessous de 37 %, ce pourcentage oscille entre 40 % et 60 % en périmètres aménagés suivant notamment la pluviométrie de la campagne (Funel et al, 1984).

Pour prendre en compte la diversité des conditions d'alimentation en eau, les rizières peuvent être différenciées en trois grands catégories. La Figure 5 localise les différents types de rizières et systèmes de culture de la région en fonction des conditions morphopélogique dégagées.

• Sur les mailles à "bonne maîtrise de l'eau" des grands périmètres, l'essentiel de l'incertitude réside dans la date de la mise en eau de début de campagne. Ces périmètres ne sont qu'exceptionnellement confrontés à des problèmes de drainage, sauf points bas localisés. (rizières de type I)

• Dans les zones non aménagées ou sur les mailles mal irriguées des périmètres, l'alimentation hydrique des cultures est directement liée à la pluviométrie, mais la variabilité des précipitations est plus ou moins atténuée par un réseau d'irrigation : ces conditions s'accompagnent d'une incertitude sur la date d'arrivée de l'eau, l'occurrence de phases d'assec et d'inondation et une fin de cycle où l'alimentation hydrique de la culture dépend de la réserve du sol. (Rizières de type II)

• Dans les rizières soumises aux inondations par la remontée des eaux du lac (Ankaiafo14 ou zetra), c'est la hauteur et la date de la crue qui affectent la production. (Rizière de type III) A ces risques différents correspondent des systèmes de riziculture variés. La différenciation des itinéraires techniques repose essentiellement sur les modalités de mise en place du riz. Près de six grands types ont été répertoriés : repiquage précoce désherbé (A), repiquage tardif (B), semis en place en prégermé sur boue à dose moyenne (150 kg/ha) entretenu (C), semis en place sur boue tardif à dose élevée (plus de 200 kg/ha de semences) (D), semis en place en sec à dose de semis élevée sur sol labouré et sommairement hersé (démarrage du cycle en pluvial, plus de 200 kg/ha de semences) (E), semis en sec à dose faible (moins de 100 kg/ha) sur brûlis (F) ou riziculture d'ankaiafo auxquels il faut ajouter le riz pluvial exondé (G) (semis en sec en poquet) (Funel et al, 1984; Ogier, 1989).

Le Tableau 7 met en relation les systèmes de riziculture observés en fonction des conditions d'irrigation et de la nature du sol. Par situation, il distingue les types d'itinéraires techniques observés ainsi que les possibilités de cultures de cotre saison.

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"Là où on met le feu". La mise en culture de ces "rizières" débute par la mise à feu de la végétation dense de cypéracées qui recouvre la tourbe. Zetra désigne le marais.

Tableau 7 : Les différents systèmes de riziculture selon les conditions d'alimentation en eau et la nature du sol Maîtrise de l'eau sols Bonne ou moyenne

Mal irrigué Inondable Pluvial

hydromorphes mineraux (W difficile) Riz de saison A, B, C, D, (E) Riz de saison B, C, D, E Riz de saison D, E, (C) hydromorphes moy. organiques (W + ou - facile) " " " tourbeux (W facile) " + possibilité de culture de contre saison " " baiboho (W plus ou moins difficile) " + possibilité rotation avec maraîchage de contre saison ou blé " + possibilité rotation avec maraîchage de contre saison " Riz pluvial / Maraîchage de contre saison G "tanety" (W facile) systèmes de cultures pluviaux (riz pluvial ou autre) G Les lettres A, B, C, D, E, F, G renvoient aux types d'itinéraires techniques possibles. Les parenthèses indiquent des itinéraires techniques possibles mais peu repandus. W = travail du sol