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CHAPITRE 6 ADAPTATIONS TECHNIQUES AUX CONDITIONS DE RISQUES ET

3.2 Un ordre de travail défini par une hiérarchisation des parcelles

Nous avons différencié les exploitations autonomes en équipement, les exploitations autonomes en équipement mais intégrées dans un groupe d'entraide ("Exploitation -père") enfin les exploitations non autonomes de jeune ("exploitation-fils")

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3.2.1 Les exploitations autonomes

Elles se situent dans la zone de Manamontana. Dans ce périmètre, il existe une gradation de la maîtrise de l'eau de l'amont à l'aval selon les mailles. L'ordre de travail de parcelle apparaît lié à celle de sa position dans le réseau. Les parcelles proches de la prise d'eau sont d'abord travaillées avec généralement une progression de l'amont vers l'aval. La répartition des parcelles dans une gamme de milieux différents permet donc d'organiser la mise en place. Certaines parcelles sont systématiquement semées en sec avant le début de la campagne (septembre/octobre). C'est notamment le cas des parcelles d'ankaiafo, inondables ou des parcelles aux sols suffisamment légers pour être travaillés en sec. L'objectif est alors de réduire la concurrence de travail ultérieurement.

Tableau 39 : Ordre de travail des parcelles dans les exploitations autonomes NOM STRUCTURE FONCIERE ORGANISATION DU TRAVAIL BO G1 et G2 0;8 ha chacune en M183 G2 0,6 ha en M3 G4 : 0,3 ha en MY84 M3

Si possible labour de contre saison en commençant par G1 puis G2

Pépinière G1, G2 séparées de 7 jours entre les semis, puis pépinière G3 (décalage de 7 jours), fin des labours si nécessaire sur G1 et G2

Hersage dans l'eau de G1 puis G2 si les plants sont prêts sinon fin des labours G3, G4 et retour en G1, G2 pour hersage et repiquage

NO F1 1,5 ha en M3 F2 0,5 ha en M3 F3/F4 1 ha HM85

Début de campagne : labour et semis en sec sur F3/F4 Labour F1 et F2 puis pépinière F1

Repiquage F1 en ligne (plants jeunes, 15 à 20 jours) Repiquage F2 en foule (plants vieux 30 jours)

RB E1 0,5 ha en M1 E2 1 ha en M2 E3 1 ha HM E4 1,5 ha en M4

Si arrivée précoce de l'eau

Pépinière E1 (pour E3) et E2 (pour E2 et E4), Labour E1 puis E2 puis E3, E4 si les plants ne sont pas prêts, mise en boue E1 puis E2, semis sur boue E1 puis repiquage E2, hersage et Repiquage E3, (labour) hersage et repiquage E4.

Sinon labour E1, E2, E3, E4

Mise en boue + semis immédiat E1, mise en boue + semis E2, mise en boue + semis E3, mise en boue + semis E3 en découpant les parcelles en sous unités de 0,5 ha que l'on peut travailler en une journée

L'organisation prévisionnelle du travail fixe l'enchaînement de plusieurs chantiers: préparation de la ou des pépinières, labours puis le bloc émottage/mise en boue/implantation. Les programmes fixent aussi la place de ces différents blocs de travail entre eux. Certaines parcelles peuvent ainsi être sacrifiées par un semis par exemple (RB) ou un repiquage moins soigné (NO) dans l'organisation prévisionnelle.

L'enchaînement direct des différentes opérations sur une même parcelle (labour- hersage- mise en boue-implantation) avant de passer à une seconde parcelle s'appelle arak'asa. Dans les exploitations autonomes suivies, les paysans préfèrent souvent réaliser l'ensemble des

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M1 : maille 1; M2 maille 2 etc.; G1, G2 désigne les parcelles

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MY métayage

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labours, puis les hersages, puis les mises en place... Ainsi, l'alternance des hersages entre différentes parcelles peut-elle être préférée à l’enchaînement simple des opérations techniques.

En repiquage, s'ajoutent les choix en matière de pépinières. Ils portent sur le nombre et l'échelonnement des pépinières. BO sème 3 pépinières à une semaine d'intervalle pour le repiquage de 250 ares. Les labours peuvent être antérieurs (ED, NO) ou postérieurs au semis en pépinière.

3.2.2 Les exploitations non autonomes

Dans la plupart des exploitations en entraide, une réunion fixe en début de campagne les assolements, l'ordre de travail des parcelles, les modalités de répartition du matériel entre les membres et éventuellement les parts de récolte.

La répartition du travail entre les différentes parcelles d'un réseau familial obéit à quelques règles définies entre les exploitations concernées. Les parcelles du "ray aman dreny" (patriarche) sont toujours prioritaires. Dans la mesure du possible, les travaux de labour commencent de façon individuelle. Si le jeune n'est pas autonome pour le labour, sa ou ses parcelles seront travaillées après le labour de toutes les autres et éventuellement après les hersages des parcelles parentales si nécessaire. Le hersage et la mise en boue de la parcelle principale des parents regroupent l'ensemble des attelages familiaux. L'organisation est variable d'une famille à l'autre: dans certains cas, le jeune doit terminer les mises en place chez ses parents avant de pouvoir s'occuper de ses propres rizières. Dans d'autres, ils n'ont qu'une certaine part de travail à assurer (une fraction de la surface par exemple). Lorsque le travail chez les parents est terminé, les dépendants peuvent reprendre leur mise en place s'ils sont autonomes. Il y a souvent une organisation collective entre les dépendants pour le hersage et/ou la mise en boue ce qui permet de concentrer les attelages et donc d'accélérer le travail et d'améliorer la qualité de la mise en boue. Néanmoins, les obligations entre dépendants sont moins strictes et le travail peut être individuel.

Dans les exploitations suivies non autonomes, l'ordre de travail se répartit de la façon suivante en 92/93 (Tableau 40). Cette répartition est renégociée chaque année en fonction de la répartition foncière et de l'évolution des exploitations.

Tableau 40 : Priorité de travail dans les exploitations non autonomes STRUCTURE

PARCELLAIRE

MODALITE D'ORGANISATION DU TRAVAIL

MA C1 3,5 ha en MY

C2 3 ha dont 1 ha mauvaise maîtrise de l'eau

C3 1 ha

Responsable en 92/93 de la gestion des parcelles familiales. Ordre de travail défini : M11, HM 3 ha (C2), HM (C3) Pépinières puis labour individuel de la maille 11

Pépinière des autres parcelles puis labour du HM C2. Dès le labour achevé, semis en boue de la partie haute puis selon l'état des plants de M11 ⇒ repiquage si les plants sont prêts sinon fin des labours (parcelle personelle C3) Travail collectif pour les émottage/mise en boue avec obligation d'entraide familiale envers ses 2 frères en fin de travail des parcelles citées

FX Parents : 2 ha (bas

fond) + 3 ha (IM8612)

D1 : 1 ha IM12

La parcelle de bas-fond est prioritaire par rapport au lot Somalac (arrivée plus précoce de l'eau).

Parcelle D1 non différenciée par rapport au lot Somalac du père : Travail (labour et émottage) alterné entre D1/Lot Somalac du père.

JB Parents : 3 ha

I1 : 1,25 ha M1 I2 : 75 ares M2

Pépinière individuellement préparée puis préparation de I2 (labour-hersage-semis ) puis labour I 1 en concentrant l'ensemble du matériel familial ; puis travail sur parcelle familiale en cas d'arrivée précoce des pluies

En cas d'arrivée tardive, I1 et parcelles parentales sont prioritaires sur I2

GA Oncle : 0,5 ha

K1 : 0,5 ha

Travail prioritaire dans la parcelle de son oncle puis K1

RZ Parents 3,50 ha (IM3)

H1 1,5 ha M3 H2 0,5 ha HM

Travail des parcelles individuel : autonomie permise par le prêt d'un animal. Mais concentration des attelages familiaux au moment des émottages/Mise en boue sans ordre de priorité; ajustement en fonction de l'évolution de la campagne.

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Tableau 41: Organisation du travail dans les exploitations autonomes intégrées dans un réseau d'entraide familial.

ED B :3ha une parcelle

fils : 1 ha M11

Travail prioritaire sur sa parcelle mais réalisation d'une pépinière "familiale" à gestion individuelle avec son fils aîné. Le travail sur sa parcelle est prioritaire. La parcelle de son fils n'est travaillée qu'après ses parcelles.

DI A1 (2,3 ha) et A2 (1,2

ha) parcelles contigus A3 (1,5 ha) semé en sec

Deux parcelles 1 ha éloignés pour les salariés

Parcelles des salariés : une parcelle travaillée et semée sur boue de façon très précoce (rizière de bas-fond). Réalisation de la pépinière, puis labour IM (A1), labour HM SS (A3).

Si arrivée précoce de l'eau le labour de la parcelle de 1 ha du salarié est réalisé avant le repiquage de la M11 si possible puis repiquage et semis sur boue (M11) suivi d'un semis sur boue de la parcelle salarié

En fonction de l'évolution du calendrier de travail, possibilité d'entraide en matériel (labour, mise en boue) chez un de ses deux fils mais non obligatoire.

KO J1 : 1 ha PC15

J2 : 0,6 ha M3 Fils 0,6 ha M3

Travaux prioritaires chez le père

Pépinière PC15, puis pépinière M3 (père et fils) Labour et repiquage M15

La hiérarchie parents, fils aîné (ou fils assumant la responsabilité de la gestion technique avec ou sans le patriarche), cadet est la règle dans la répartition de l'équipement et de la main d'oeuvre. Mais, certaines modalités d'organisation familiale, comme des rotations de matériel entre parcelles au moment du travail du sol peuvent être négociées pour éviter que certains ne soient défavorisés par un travail systématiquement tardif (cas de FX). Dans la mesure du possible, labour et pépinière relèvent d'une gestion individuelle de l'équipement. En cas d'impossibilité faute d'équipement, la pépinière est assurée en priorité, mais le labour n'est pas forcément prioritaire. En revanche, l'ensemble des attelages familiaux est concentré sur une parcelle au moment de la mise en boue et parfois du hersage. Lorsqu'elles ne mettent pas en jeu l'équipement, notamment pour les entraides entre voisins, les modalités de ces entraides sont gérées de façon ponctuelle et conjoncturelle.

La place du riz pluvial est variable d'une exploitation à l'autre. Pour GA, NO, KO, RZ, le riz pluvial est prioritaire par rapport à tous les autres travaux. Dès le premier gros orage, matériel et main d'oeuvre sont mobilisés pour mettre en place le riz pluvial. Selon les surfaces prévues, un ou plusieurs semis peuvent être visés. Au-delà de 40 ares, parfois moins, ils sont espacés de quelques jours afin de limiter la concurrence de main d'oeuvre au moment des sarclages. Pour RB, au contraire, les pépinières sont réalisées avant le premier semis en riz pluvial. Par la suite, l'existence de jours fady permet de répartir la main d'oeuvre entre rizière et cultures pluviales.

3.2.3 Conclusion

L'ordre de travail des parcelles est régi à la fois par

• L'ordre d'arrivée de l'eau dans les parcelles en fonction de sa place dans le réseau, c'est à dire la maîtrise relative de l'eau entre les parcelles d'une même sole de riz

• Une hiérarchie entre parcelles qui oppose les parcelles des aînés à celles des cadets dans un groupe d'entraide.

• L'organisation des enchaînements des chantiers de préparation des pépinières, labour et émottage/mise en boue/implantation. Dans les groupes d'entraide, le labour individuel est la règle tandis que les émottages et mises en boue sont souvent communautaires. La concentration de plusieurs attelages est en effet liée à la rapidité du travail et à la qualité de la mise en boue.