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La bonne maîtrise de l'eau : une implantation réservée à quelques privilégiée

CHAPITRE 5: REGULATION DE LA PRODUCTION DE PADDY PAR LES SUPERFICIES MISES

1.2 Des possibilités limitées de régulation par le contrôle de l'eau

1.2.3 La bonne maîtrise de l'eau : une implantation réservée à quelques privilégiée

a) Des associations de maîtrise de l'eau variées

Les associations de milieux dans la sole de riz sont très variables d'une exploitation à l'autre. Seules 28 % des exploitations de notre échantillon ne mettent en valeur qu'une seul type de milieu. Dans les autres, la gamme de milieux exploités est très variable.

Figure 36: Importances des associations de types de maîtrise de l'eau dans les exploitations.

G A M M E D E M A ÎT R IS E D E L 'E A U E X PL O IT E E

% des exploitations

0% 20% 40% 60% 80% 100%

1ty p e 2 T y p es 3 ty p es 4 T y p es

b) Des parcelles réparties dans différentes catégories milieu selon le type des exploitataions Nous avons donc mis en évidence l'existence d'une forte différenciation parcellaire de niveau de maîtrise de l'eau et d'un parcellaire divisé. Existe-t-il des associations privilégiées de milieux hydriques ? S'agit-il d'associations liées au contexte régional ou mettent-elles en jeu des orientation stratégiques ?

Une Analyse Factorielle des Correspondances Multiples a donc été réalisée afin de préciser la répartition des parcelles en fonction des conditions de maîtrise de l'eau. Les variables de type de maîtrise de l'eau sont divisées en trois modalités de surfaces : surface nulle, petite surface, grande surface (plus de 1 à 2 ha selon le type de maîtrise de l'eau). Les variables de zones d'enquêtes et de types sont projetées en variables supplémentaires.

Les 4 premiers axes expliquent 70 % de l'inertie du nuage :

Le premier axe est surtout expliqué par les variables BMO ("bonne maîtrise de l'eau") , et MAO ("mauvaise maîtrise de l'eau"). Il oppose une orientation privilégiée vers la bonne maîtrise de l'eau au détriment de la mauvaise maîtrise de l'eau (Bmo692, Mao0), à la mise en valeur d'une parcelle en mauvaise maîtrise de l'eau en l'absence de bonne maîtrise de l'eau (Bmo0, Mao1).

Le deuxième axe oppose BMO, MMO ("moyenne maîtrise de l'eau ") et INO ("rizières inondables"). On passe de la mise en valeur d'une parcelle en bonne maîtrise de l'eau, d'une

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Les variables sont notés en majuscules (ex BMO variable "bonne maîtrise de l'eau" ), leurs différentes modalités en minuscules (ex Bmo2 : "grande" superficie en bonne maîtrise de l'eau )

"grande" surface en moyenne maîtrise de l'eau (Bmo1, Mao2) à des rizières inondables mais sans surface en moyenne maîtrise de l'eau (Ino1, Mmo0).

L'axe 3 rend compte des variables MAO et MMO. Il oppose une parcelle en mauvaise maîtrise de l'eau associée à la moyenne maîtrise de l'eau (Mao1, Mmo1) à une forte surface en mauvaise maîtrise de l'eau. (Mao2).

L'axe 4 oppose la bonne maîtrise de l'eau en surface moyenne et un défaut de maîtrise moyenne de l'eau (Bmo1, Mmo0) à une grande surface en moyenne maîtrise de l'eau (Mmo2).

En dépit d'une certaine dispersion des individus de même type, liée aux conditions locales et/ou conjoncturelles comme la zone d'étude, l'ancienneté de l'installation et les modalités d'attribution des parcelles, les parcelles en faire valoir indirect reçu durant la campagne 91/92, la localisation et la répartition des parcelles apparaissent liées au fonctionnement des exploitations. Certains types d'exploitations assez mal représentés dans cette analyse comme les exploitations de "Jeunes Métayers" (Type 8) "de Métayers" (Type 3), "d'artisans" (Type 13), "Notables" seront ultérieurement étudiés.

L'accès et la taille des parcelles en bonne maîtrise de l'eau forment un caractère discriminant des exploitations. Deux catégories d'exploitations émergent : celles dont l'accès aux parcelles bien servies en eau est conjoncturel, c'est à dire lié à différentes opportunités (faire valoir indirect, impact d'une réhabilitation, intervention d'un projet de développement...) et celles des exploitations privilégiées qui mettent en valeur au moins une parcelle bien irriguée. Cette dernière catégorie regroupe les exploitations de notables (Types "Jeune Notables", "Notables", "Commerciaux"), "les Gros-riziculteurs" et les "Riziculteurs-Cultivateurs". Les commerciaux s'appuient sur des parcelles de taille relativement importante, par une assise privilégiée en périmètre Somalac. Les "Jeunes Notables" concentrent également leurs activités rizicoles sur une ou plusieurs parcelles à bonne maîtrise de l'eau tandis que les exploitations de Type 7 ("Cultivateurs") mettent plutôt en valeur simultanément des parcelles en bonne et moyenne maîtrise de l'eau sur des surfaces faibles à moyennes.

En dehors de la région du PC15, les exploitations de type "Somalac" (Type 5) sont structurées autour d'un lot parcellaire à moyenne maîtrise de l'eau associé à une ou deux parcelles en mauvaise maîtrise ou en zones inondables.

Enfin, les jeunes issus de familles de classes "intermédiaires" étendent progressivement leur parcellaire à partir d'une ou deux rizières en mauvaise maîtrise de l'eau et/ou zone inondable (Type 1) vers la moyenne de l'eau. Ainsi, les exploitations de Types 2 ("Jeunes en Voie d'Autonomisation") cumulent-elles des rizières en moyenne et mauvaise maîtrise de l'eau. Certaines de ces exploitations mettent en valeur une petite surface en bonne maîtrise de l'eau. Les exploitations des "Riziculteurs-En-Croissance" s'appuient préférentiellement sur une surface à bonne maîtrise de l'eau associée à la moyenne et mauvaise maîtrise de l'eau.

Figure 37: Projection des exploitations sur les axes 1 et 2 de l'AFC

Plus précisément, les surfaces parcellaires par catégorie de maîtrise de l'eau sont caractéristiques du fonctionnement des exploitations.

• En bonne maîtrise de l'eau, la médiane par parcelle dans les exploitations de Type 9 est de 2 ha : ces exploitations ont tendance à cumuler les parcelles en bonne maîtrise de l'eau. En revanche, les parcelles des exploitations des "Jeunes en Emancipation" se caractérisent par leur faible taille (médiane de 50 ares par parcelle). Cette faible surface médiane rend compte de la taille effectivement limitée des parcelles (1 ha ou moins dans six parcelles sur sept et du caractère conjoncturel de l'accès à la bonne maîtrise de l'eau (quatre exploitations de Type 2 sur dix sont concernées).

• Les exploitations de type "Somalac" disposent d'un lot parcellaire en moyenne maîtrise de l'eau de surface importance (médiane de 3 ha) à mettre en relation avec les lotissements en grands périmètres irrigués.

• En mauvaise maîtrise de l'eau, trois types d'exploitations disposent de parcelles sensiblement supérieures à la moyenne. Chez les "Notables", ces grandes parcelles se retrouvent essentiellement dans les deux cas de la zone Est, exploitations qui n'ont qu'un accès limité au marais du fait de la pression sur ces zones ou de leur éloignement. On peut donc penser qu'elles reportent leur stratégie d'extension rizicole sur les zones à mauvaise maîtrise de l'eau, qui comme les cultures de l'ankaiafo se caractérisent par leur fort caractère aléatoire. A l'Ouest, en revanche, les surfaces appropriées et mises en valeur dans le marais par ces notables est très importantes (jusqu'à 30 ha dans notre échantillon). "Jeunes en Emancipation" et "Artisans" tendent à cumuler les parcelles mal irriguées.

c) Stratégies locales de faire valoir et maîtrise de l'eau

La variabilité en terme de pourcentage entre modalités de faire valoir et type de milieu est très importante entre les exploitations (Tableau 27).

Tableau 27 . Pourcentage des superficies dans les différentes catégories de faire valoir selon les types d'exploitations TYPES 1 2 5 7 13 9 8 3 6 10 11 12 Nombre 3 10 7 5 4 11 5 9 4 4 2 4 Moyenne (%) FVD 13 47 74 66 40 62 0 50 44 87 52 52 CV % 141 68 26 48 91 46 89 79 16 23 Moyenne (%) FVIR 87 52 26 34 60 30 80 18 55 13 47 10 CV % 21 62 76 85 62 85 50 191 64 105 173 Moyenne (%) FVID 0 0 0 0 0 6 20 31 0 0 0 37 CV % 212 200 142 65

FVD Faire valoir direct;FVIR faire valoir indirect reçu;FVID faire valoir indirect donné

L'analyse de ces résultats et des trajectoires d'évolution en matière du foncier dans les cas étudiés permet néanmoins de dégager de grandes tendances :

La localisation des parcelles en propriété suit les grandes orientations d'implantation mises en évidence ci dessus. Ainsi, les superficies en faire valoir direct de bonne maîtrise de l'eau sont dominantes chez les "Notables" (Type 10), "Jeunes notables" (Type 6), "Commerciaux"

(Type 11), "Riziculteurs-En-Croissance" (Type 9) tandis que le pourcentage de superficies en moyenne maîtrise de l'eau mis directement en valeur est majoritaire dans les exploitations de type "Somalac" (Type 5), les "Cultivateurs" (Type 7) , les "Saisonniers" (Type 13).

En dehors des exploitations de "notables", chez qui le faire valoir direct domine dans tous types de maîtrise de l'eau, l'assise dans une catégorie de maîtrise de l'eau résulte en fait d'une combinaison de faire valoir direct et de faire valoir indirect reçu.

13 % des exploitations donnent une partie de leur superficie en location ou métayage dans notre échantillon: on retrouve ces exploitations parmi les métayers (4 cas sur 14), les "Gros- riziculteurs" (2 cas sur 11), et les Artisans (3 cas sur 4). Dans les types 3 et 8, il permet de faire face à un manque de matériel, ou de trésorerie.

Entre deux parcelles différentes et en cas de besoin, le producteur cède de préférence la parcelle de moins bonne maîtrise de l'eau. La mise en faire valoir indirect donné peut d'ailleurs être progressive avec morcellement de la parcelle. En l'absence de foncier (10 % des exploitations de notre échantillon), l'implantation dépend d'opportunités. C'est notamment le cas des "Jeunes Métayers" qui généralement (sauf héritage précoce) ne disposent que de leur force de travail. En bonne ou moyenne maîtrise de l'eau, les contrats s'apparentent à une forme de salariat. La localisation parcellaire étant conjoncturelle, les risques de ne pas disposer de rizières d'une année sur l'autre sont très importants. La mise en faire valoir indirect dans les exploitations de Type "Artisans" est à mettre en relation avec un défaut de main d'oeuvre chez ces doubles actifs.

1.2.4 Conclusion : Stratégies foncières spéculatives ou de régulation de la production?