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CHAPITRE 5: REGULATION DE LA PRODUCTION DE PADDY PAR LES SUPERFICIES MISES

1.1 Quelles possibilités d'évolution ?

1.1.1 L'option foncière :

Le développement de l'exploitation passe par une extension foncière qui se fait préférentiellement en rizière, mais également en tanety et baibohos. En rizière, la première étape repose sur le faire valoir indirect, puis les héritages et éventuellement par l'achat de rizières. Les prix des parcelles varient selon leur localisation et la maîtrise de l'eau de 1 000 000 Fmg/ha à 3 000 000 Fmg/ha62 soit de 4 à 12 t/ha d'équivalent paddy. L'appropriation foncière directe en rizière n'est plus possible que dans les zones de marais, et en amont, dans les bas fonds éloignés (région ouest).

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En tanety, l'extension foncière se fait surtout par appropriation des terrains domaniaux. Ces processus ont été analysés par Teyssier (1994) dans les bassins versants d'Imamba-Ivakaka. Dans un premier temps, la mise en valeur se réduit à un simple marquage foncier avant qu'éventuellement un jeune dépendant sans rizière ne s'y installe. L'enjeu foncier en tanety est désormais crucial dans l'évolution des exploitations.

Les exploitations de "Notables" ou de "Commerciaux" se distinguent par l'importance de leur capital foncier. Quatre groupes d'exploitations se distinguent en fonction de la vitesse d'accumulation du foncier (Figure 28). La place sociale de la famille est essentielle dans ce processus. Ainsi les métayers (4) voient leur foncier progresser très lentement pour n'atteindre que des surfaces limitées. En revanche, le jeunes privilégiés (dont les "Jeunes Notables", Type 6) se caractérisent par une progression rapide et importante des superficies. Pour un troisième groupe d'exploitations, le capital foncier croit lentement avant de stagner vers des superficies moyennes. Certaines exploitations de Type 3 ou 7 se distinguent soit parce qu'elles amorcent un processus de décapitalisation (mise en métayage des rizières), ou au contraire qu'elles bénéficient des conditions d'appuis techniques et financiers de la part d'un organisme de développement. Dans tous les groupes, une tendance à la décapitalisation s'amorce dès 40/50 ans. Elle est à mettre en relation avec les pratiques de redistribution foncière envers les jeunes dépendants afin de freiner l'émancipation de la main d'oeuvre et/ou d'aider à l'installation des jeunes ménages.

Le foncier donc se distribue très inégalitairement. En ce qui concerne les rizières, le modèle initialement défini par la Somalac (4/5 ha de rizières en faire valoir direct) reste l'apanage des exploitations les plus aisées, alors que notre échantillon se compose d'exploitations de la plaine rizicole, en grand périmètre aménagé, donc très favorisée par rapport à l'ensemble des unités de productions de l'Alaotra.

Propriété foncière et surface cultivée ne sont pas concordantes dans notre échantillon. La différence traduit l'importance du faire valoir indirect qui concerne essentiellement les rizières. Différentes formes de faire valoir existent :

Usufruit ou mise à disposition de rizière qui se fait surtout au bénéfice des dépendants (fils, salariés) d'une exploitation.

Métayage : partage de la récolte et des frais selon un contrat négocié avant la campagne. Une grande variété de contrat, plus ou moins favorable au propriétaire ou au métayer, existe en fonction des proportions de partage, de l'origine des semences et de la main d'oeuvre dans les différentes opérations. Le type de contrat le plus répandu est désormais la mise à disposition du terrain et des semences par le propriétaire, le travail du sol, la réalisation de la pépinière et le désherbage à la charge du métayer, tandis que les deux parties se partagent des frais de repiquage et de récolte, et le paddy produit.

Location : prêt de la parcelle contre un versement en espèces, indexé sur le prix du paddy, ou en nature. Les tarifs tournent autour de 1t de paddy /ha.

Pour des rendements supérieurs à 2 t/ha, la location est a priori plus intéressante que le métayage pour l'emprunteur. Alors que le partage en métayage intervient au moment de la récolte, le loyer est souvent payable au moment de la soudure (sauf cas favorable lié à l'éloignement du propriétaire par exemple). Pourtant, nous n'avons pas mis en évidence de modalités préférentielles de faire valoir indirect en dehors de l'usufruit pour les jeunes couples qui s'installent (type 1 et 6). Une analyse plus approfondie des contrats de locations, tenant compte de la nature de la rente, du type de maîtrise de l'eau, de la position familiale du

propriétaire, du partage des terres permettrait peut-être de distinguer une redistribution inégalitaire des rizières.

Figure 28 : Relation entre capital foncier et âge du chef d'exploitation FONCIER = Capital foncier (en ha). AGE du chef d'exploitation en années

ƒ Type "Salariés Famililiaux" (Type 1)  Groupe des exploitations "intermédiaires" (type 2, 5, 7)

z Groupe des" Notables" (types 6, 10, 11) — Groupe des expl. de "métayers" (type 3, 8 et 12) } Type "Riziculteurs-En-Croissance" (Type 9)  "Type 13"

L'étude des relations entre capital foncier en rizière et taux de faire valoir indirect63

(Figure 29) permet de mettre en évidence plusieurs types de relations:

• Les "Métayers" (Type 3 et 8) à fort taux de faire valoir indirect (plus de 75 % des rizières totales), positif ou négatif, ou sans faire valoir indirect: Lorsqu'elles sont sans foncier rizicole, le faire valoir indirect reçu est indispensable à la survie de l'exploitation. Dotées de rizières mais sans équipement, elles les mettent partiellement ou en totalité en métayage faute d'équipement. L'éclatement en trois pôles souligne la forte sensibilité de ces exploitations aux aléas. On retrouve également dans les exploitations à fort taux de faire valoir positif, les jeunes en installation.

• Une relation négative Foncier rizicole/faire valoir indirect caractéristique de groupes de fonctionnement homogène: tout se passe comme ci les exploitations cherchaient à atteindre une surface de riz cultivée moyenne, par le jeu du faire valoir indirect. Elle serait d'environ 2/3 ha pour les jeunes en autonomisation (Type 2), de 4/5 ha pour les exploitations indépendantes (Type 5 et 7), et 8/10 ha pour les exploitations en extension foncière (Type 9). Les deux derniers optimums correspondent respectivement aux surfaces cultivables dans de bonnes conditions au moyen d'une chaîne complète de travail, et avec au moins deux unités de travail du sol. (Deux charrues et huit boeufs de trait)

• Les exploitations à double activité se distinguent entre celles à faire valoir indirect donné révélateur d'une faible disponibilité du chef d'exploitation ("Artisans"), et celles à faire valoir indirect reçu dont l'activité non agricole reste saisonnière (Type 13).