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Détermination du niveau de paddy nécessaire pour la reproductibilité des systèmes de production107

CHAPITRE 4 : PLACE DU PADDY DANS LE FONCTIONNEMENT DES EXPLOITATIONS

3.3 Détermination du niveau de paddy nécessaire pour la reproductibilité des systèmes de production107

A partir de cette représentation des modalités de gestion du paddy, peut-on évaluer la superficie nécessaire pour assurer la reproductibilité des systèmes de production ? On considérera que cette reproductibilité est assurée lorsque les besoins vivriers et les besoins pour le financement des activités rizicoles sont couverts.

3.3.1 Détermination d'une surface du seuil de reproductibilité Ces besoins peuvent se décomposer de la façon suivante

Besoins totaux = Besoins Vivriers + Besoin Monétaire du ménage

+ Semences + Financement des Activités Rizicoles ⇓ ⇓ ⇓ ⇓ f (UC) f (UC) f (superficie) f (superficie) 380 kg x UC 500 kg x UC 140 kg/ha 150 kg/ha

Pour l'estimation des besoins de financement des activités rizicoles, on conviendra en première approche que les besoins financement concernent deux postes principaux : le repiquage et la récolte. On suppose donc que l'exploitation est autonome pour la réalisation du travail du sol, que les rizières sont en faire valoir direct et qu'il n'y pas achat d'intrants (ni engrais, ni produits phytosanitaires). Cette hypothèse est cohérente avec les itinéraires techniques : la très grande majorité des rizières de l'Alaotra ne sont pas fertilisées, une majorité ne sont pas désherbées. Le repiquage revient en moyenne à 2 000 Fmg pour 10 ares soit 100 kg de paddy/ha et la récolte à 1 000 Fmg /10 ares soit 50 kg/ares. Les besoins de paddy pour les activités rizicoles sont donc estimés à 150 kg/ha. Ce chiffre correspond à la moyenne des onze cas suivis pour le financement des activités agricoles.

La couverture des besoins monétaires du ménage comme celles des activités rizicoles peuvent être assurées à partir d'autres ressources que le paddy. Nous avons tenu compte de ces possibilités en affectant une place variable au paddy dans le financement de ces deux postes. A partir de ces données et sur la base d'un rendement de 2 000 kg/ha, on peut estimer le seuil de reproductibilité des systèmes de production (Figure 26). Ce seuil a été évalué sur la valeur moyenne de 200 Fmg/kg de paddy sans tenir compte des variations du prix du paddy au cours de la campagne.

Figure 26 : Evolution du seuil de reproductibilité proposé en fonction de la place du paddy dan le financement des activités rizicoles et dans le financement de besoins monétaire du ménage.

0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

% paddy dans le financement des activités rizicoles

ha / UC

100 % BMM 50 % BMM 0 % BMM

BMM : Part du paddy dans le financement des besoins monétaires du ménage

Ce critère de surface-seuil de reproductibilité varie dans une fourchette comprise entre 0,51 ha/UC et 0,20 ares/UC selon l'importance des autres ressources monétaires. Dans le cas de rizières en faire valoir indirect, ce seuil doit être majorée. Pour le métayage à la moitié le plus répandue (misasabokatra) (partage de la récolte et des financements nécessaires en deux), la superficie maximale nécessaire pour couvrir l'ensemble des besoins est de 1,02 ha/UC.

3.3.2 Foncier disponible et couverture des besoins dans les exploitations suivies

a) Evaluation des besoins totaux en paddy

Sur les onze cas suivis, nous avons estimé les besoins en paddy sur une campagne à partir des programmes de financement identifiés. Le Tableau 24 synthétise ces résultats et permet d'estimer les besoins en paddy de la famille nécessaires pour éviter la décapitalisation, sur la base des modalités de financement observées et des surfaces implantées en 92/93.. Ainsi estimés, les besoins sont supérieurs à la simple consommation vivrière. La moyenne dans l'échantillon est de 706 kg de paddy/personne à charge (cv 45 %), ce qui correspond à des surfaces de 35 ares/personne, pour un rendement moyen de 2 t/ha. Rapporté au nombre de consommateurs par ménage, ce chiffre est de l'ordre de 760 kg/UC soit une surface-seuil de reproductibilité de 38 ares.

L'importance de la variabilité de ce chiffre ne doit pas surprendre compte tenu d'une part de la une gamme de variabilité de fonctionnement d'exploitation étudiée, et d'autre part de la variabilité des modalités de gestion mise en évidence. Les exploitations à plus fortes contraintes connaissent les besoins les moins importants, une partie des activités agricoles étant alors assurée par d'autres ressources.

Tableau 24 : Evaluation des besoins globaux en paddy pour les surfaces de rizières cultivées de 1992/1993 en tenant compte des modalités de financement et d'une estimation des besoins

financiers. Personnes à charge UC Besoins Vivriers Besoins Ménage Besoins Activ. Agri.

TOTAL ha/pers ha/UC

ED 3 2,65 1610 1200 1095 3905 0,65 0,74 DI 8 7,75 2105 3200 1110 6415 0,40 0,41 FX 4 2,6 1505 1100 200 2805 0,35 0,54 MA 3 1,8 1300 1200 1380 3880 0,65 1,08 NO 11 8,3 3170 0 1105 4275 0,19 0,26 BO 10 6,4 2705 2800 915 6420 0,32 0,50 RZ 6 4,75 1715 600 1960 4275 0,36 0,45 JB 8 7,1 2600 160 150 2910 0,18 0,20 RB 10 8,85 3120 2000 1195 7115 0,36 0,40 KO 15 11,6 4730 0 1270 6000 0,20 0,26 GA 3 2,8 780 0 395 1175 0,20 0,21

En cas de déficit, les besoins sont majorés selon les modalités de crédits et de financement de soudure choisie (Tableau 25). Les modalités de financement et la durée de la soudure ont été estimées à partir des observations 91/92 (plutôt une bonne année sauf KO), 92/93 (mauvaise année) et des prévisions d'évolution des stocks pour l'année 93/94. Certaines familles ne connaissent qu'exceptionnellement de telles périodes de déficit. Elles sont en revanche plus courantes chez GA, KO, BO, RZ, FX, RB. Ainsi chez KO, la soudure se traduit par une diminution de la consommation quotidienne et donc des besoins familiaux globaux. En revanche, dans les autres cas, l'augmentation des besoins en situation de soudure correspond à la part de paddy remboursée au moment de la récolte. Dans le cas de FX, une période de déficit n'a pas de conséquence sur les besoins totaux, ce dernier ayant opté pour l'achat de riz blanc financé par le salariat.

Tableau 25 : Besoins en paddy (kg) estimés par ménage et par personne selon les risques de soudure

En année sans soudure

MA ED DI FX RB NO BO JB RZ KO GA

Besoins 3880 3905 6415 2805 7715 4275 6420 2910 4275 6000 1175 Par personne 1293 1302 802 701 771 389 642 364 712 400 392

En année avec soudure

MA ED DI FX RB NO BO JB RZ KO GA

Semaines prévues de soud. 4 4 12 2 5 12 4

Besoins 2805 8715 8280 3110 4775 4425 1175

Par personne 701 771 828 389 796 295 392

b) Foncier disponible et couverture des besoins

Dans quelle mesure la structure foncière des exploitations permet-elle de couvrir ces besoins ? Les productions minimales et maximales de chaque parcelle ainsi que les productions

moyennes déclarées ont été comparées à ces besoins. Nous sous sommes basés sur l'organisation foncière en rizière "permanentes" (parcelles en faire valoir direct et indirect "fixes", en individualisant la part du riz pluvial. Les besoins en paddy en cas d'année déficitaire ont également été comparés dans ce graphe à la production moyenne déclarée.

Figure 27: Besoins par système de production comparés à la production moyenne déclarée des rizières permanentes (avec et sans riz pluvial)

0 2 00 0 4 00 0 6 00 0 8 00 0 10 00 0 ED DI MA FX RB NO BO JB RZ KO GA kg a n n ée . m o y . B es o in s S i s o u d u re S an s R P

On dégage ainsi les exploitations sécurisées comme celle de ED, RB, NO, JB, RZ, GA avec une production moyenne supérieure ou équivalente aux besoins en paddy. En revanche, le foncier rizicole permanent des exploitations ne permet pas de couvrir ces besoins chez DI, MA, FX, BO et KO. Certaines exploitations ne parviennent à être autosuffisantes en paddy qu'avec la culture du riz pluvial. C'est le cas de GA et RZ.

Dans les exploitations où le système de production s'appuie sur un foncier stable, les productions moyennes correspondent à peu de chose près aux besoins globaux tels qu'ils ont été estimés. Aucune exploitation n'est cependant complètement à l'abri de conditions exceptionnelles comme le montre la comparaison entre besoin, production moyenne en cas de soudure et production "minimale sécurisée". Mais, en cumulant les productions minimales de chaque parcelle, notre mode de calcul minore la production de l'exploitation, les minimaux de chaque parcelle correspondant en fait à des campagnes différentes.

Rapporté au foncier permanent en rizière, les besoins calculés correspondent à des rendements moyens par exploitation variant de 1,3 t/ha à 3,8 t/ha. Mais, ces chiffres intègrent la production en riz pluvial. Ces rendements "objectifs" sont donc globalement faibles. Pour les producteurs ces rendements "objectifs" sont peu significatifs. En effet, en dehors de MA, l'ensemble de ces riziculteurs expriment leur production en terme de quantité globale récoltée. Comme pour l'ensemble des rizières, les parcelles en riz pluvial correspondent aussi d'abord à un objectif global de production, qui ne tient pas compte de la surface ni du nombre de semis/ressemis réalisés.

4 CONCLUSION : RISQUES ET SYSTEMES DE PRODUCTION:

4.1 Vulnérabilité des systèmes de production aux conditions de risques et d'incertitudes