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a) Retour sur les indices du rôle de la politique montagne dans la construction métropolitaine

Le problème élucidé dans ce mémoire est le manque d’explicitation du sens de la politique montagne métropolitaine. Des indices officiels se trouvent dans la délibération du 3 avril 2015, qui elle-même révèle une grande platitude dans ses termes.

On retiendra notamment deux objets de cette délibération pouvant nous aider à comprendre les règles voulant être établies avec cette politique. Ces deux objets font résonance avec la nécessité de régulation des institutions : la raison de notre politique due à la présence de 34 communes

Cf. Chapitre 7 : L’intercommunalité coopérative : le cas de Grenoble 5

classées montagne au sein du territoire, et l’objectif qui serait d’atteindre un équilibre et une solidarité entre les communes. Ces objets qui semblent à première vue vides de signification, prennent de la substance au regard du carnet de bord et des entretiens effectués. Que révèlent ce besoin «  d’équilibre  » et de «  solidarité  » et pourquoi insister sur la présence de 34 communes classées montagne?

On a une première réponse venant de la part de Y. Elle parle d’une nécessité pour les petites communes de dialoguer entre elles et cela pour deux objectifs : se concerter sur des problèmes ou des projets qui leurs seraient communs et obtenir une voix unique et forte au sein du conseil métropolitain. Cet apport d’informations techniques répond à la demande de la vice-présidente à la montagne. Lors de son entretien on aborda sa position dans la fusion entre les trois intercommunalités et ses impressions sur le passage à 49 communes. En plus d’une impression de perte de proximité, avec le regroupement des communes « du point de vue communal, on se retrouve le parent pauvre, un peu oublié  ». Le passage de communauté de communes à métropole se serait fait trop rapidement et de manière «  imposé  ». Si elle parle de possibles « bons résultats à moyen terme », il lui reste de cette fusion une « impression d’avoir été dans une machine à engloutir  ». Cela fait notamment référence aux explications de D (technicien) lors de son entretien, qui rappelle les discordances au sein de la communauté de communes du Sud grenoblois pour la validation de la fusion. La fusion et le passage en métropole ayant été passé , et d’après D accepté, il n’en reste pas moins cette impression d’inégalité entre les communes centres et les petits communes. C’est ce qui a pu ressortir de l’atelier d’élus et notamment de la table où s’étaient regroupés les élus du sud grenoblois. Ils parlaient d’une forme d’inégalité et d’injustice sur les sujets traités en conseil métropolitain. Le sujets des communes périphériques avec des problématiques de village, ruraux voire de montagne semblaient être de second rang dans les considérations métropolitaines. Le fait même que le conseil métropolitain se déroule toujours au bâtiment de « la Métro » était ressenti comm une inégalité . Voilà un premier point. Des propos de Y. on peut aussi entendre la difficulté de la part des communes à se projeter à l’échelle métropolitaine. C’est un fait vérifié à de multiples reprises. On a pu, par exemple, le constater lors des entrevues avec les six maires des communes concernées par le diagnostic amont. Lors de ces entretiens s’était glissée la question de leur vision de la politique montagne. Leurs réponses se référaient à des problèmes propres à leur commune comme si ces problèmes ne dépassaient pas les limites communales. Ce fait fut confirmé par l’entretien avec l’élu O (représentant dans le PNR du Vercors). En lui faisant fi de cette impression il affirma que « quoiqu’ils en disent ils en sont toujours à penser à leurs communes » et l’objectif serait de « faire en sorte que toutes les communes, au moins liées à la métropole, arrivent à se forger ».

De l’interrogation sur l’explicitation du sens de la politique montagne ressort l’inégalité des communes sur le champ politique et l’incapacité pour ces communes de se projeter à une échelle métropolitaine. Le premier élément peut expliquer, entre autre, cette insistance concernant les 34 communes classées montagne, étant pour la plupart des communes périphériques.

A ces problèmes, on peut répertorier quelques solutions, notamment de la part de l’élue à la montagne. Cette démarche s’incarne dans l’idée même de l’atelier d’élus : faire remonter les besoins des communes et de leurs habitants. Ces besoins semblent être de multiples natures :

sujets interterritoriaux, gestion, projets divers. L’idée derrière cet atelier, en tous cas ce qui a voulu être fait entre la métropole et le collectif «  Des rives d’espaces  », c’était de créer une nouvelle zone de dialogue. Cet enjeu ayant été compris assez tôt, le besoin de penser une nouvelle gouvernance a fait l’objet d’un point particulier lors de l’atelier. C’est aussi une demande qui a pu ressortir de la part des élus. Les uns évoquaient une nouvelle forme de conseil métropolitain quand d’autres proposaient de créer une commission spécifique à la montagne afin de discuter plus régulièrement de ce qui pourrait être fait avec cette politique montagne (se défaire du classique « comité de pilotage »).

Pour finir sur cette analyse, il a été dit à de très multiples reprises que la politique montagne était par essence transversale. On le comprend d’ailleurs lorsque la vice-présidente à la montagne souhaite initier sa politique à partir des besoins communaux. Cette transversalité rejoint la définition de la métropole de Sophie Louargant et David Le Bras comme étant «  hétérogène, complexe et mouvante » et qui doit du coup être en capacité de répondre à cette complexité avec des politiques globales.

Cependant, on ressent une certaine hésitation entre ce projet de politique métropolitaine qui «  intègre de fait dans ses processus de développement les composantes structurelles de la mondialisation tout en produisant volontairement et involontairement des stratégies locales de développement.  » et une politique d’assistance ou de gestion des communes. En effet, l’atelier d’élus était une démarche communale car elle invitait les maires et les élus avec leur casquette communale et non métropolitaine. On imagine alors que cette politique pourrait être métropolitaine en fonction du comportement des élus communaux et de leur capacité à se projeter. On a pu le dire, les maires ont encore du mal à se projeter à une échelle métropolitaine. On a ici une démonstration de la «  Métropole malgré elle  » décrite par R. Lajarge dans sa publication « La métropole à la recherche de son projet ». On a en présence des élus issus des municipales de 2014 succédant à la fusion et précédent au passage en métropole. De fait, les élections municipales ne demandaient pas aux candidats de proposer un projet métropolitain, ce qui sera le cas en 2020, et pourrait expliquer en partie ce phénomème.

Difficulté à dialoguer, à se projeter à l'échelle métropolitaine et de fait à concevoir une politique métropolitaine, voilà les problèmes que soumet la politique montagne ou qu’elle révèle. On va à présent se pencher sur l’historique de l’intercommunalité grenobloise pour comprendre dans quel référentiel institutionnel arrive la politique montagne.