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b) Des représentations trop diverses de la montagne pour qu’elle soit fédératrice ?

Nous parlons souvent dans ce mémoire «des élus » comme une forme homogène et consensuelle ce qui n’est pas le cas. Au sein des 49 communes on peut par exemple distinguer deux types d’élus selon l’importance des communes. On a des « politiques », ceux qui ont du se faire élire dans les grosses communes comme Grenoble, Saint-Martin-d’Hère, Échirolles dont l’image et le discours sont très surveillés. Ce sont souvent des élus intégrant l’un des grands partis, ce sont même parfois ce que l’on appelle des « têtes montantes ». On a ensuite les élus de communes de moins grosse envergure, qui ne sont pas davantage sur la proximité, qui ont un travail à côté de leurs obligations d’élu, qui ne sont forcément dans un parti et qui peuvent être parfois originaires de la commune. Tout l’enjeu lors de l’atelier de la politique montagne fut de réunir ces différents élus autour de la table. Comme on l’a décrit on a l’impression d’avoir deux masses différentes d’élus, cependant cela est beaucoup plus complexe. On a aussi des groupes d’élus «  amis  » selon les anciens EPCI, sans parler de l’appartenance aux différents grands partis métropolitains. A partir de l’atelier, on va tenter de comprendre ce que veut dire la montagne dans cette hétérogénéité d’élus selon les tables (cf. Annexe 4). Les tables 1 et 3 n’avaient aucune commune du centre, au contraire la deuxième table était plutôt composée de ce type de communes.

En comparant la table 1 et 3 on ressent une forme d’homogénéité dans les réponses. Pour elle la montagne c’est un certain nombre de savoir-faire notamment dans le domaine agricole, ou de la « paysannerie » : « la question de cette paysannerie périurbaine […] bien maintenant est dans la

métropole ». La crainte de la part de ces communes est la montée en compétences de la métropole sur des sujets qui étaient auparavant du domaine individuel ou communal. A ce sujet, il ne faut pas que la métropole devienne une « machine à engloutir ». On a une réflexion similaire à la table 3 sur les questions réglementaires. Elle accuse que le passage en métropole uniformise la réglementation. Elle donne l’exemple de l’interdiction de « brûler les déchets verts » à la source. On a donc de la part de ces communes des problèmes très pragmatiques. De même, on a leur vision de communes périphériques où les habitants doivent se déplacer pour aller trouver biens, services et emploi. On a alors des propositions qui concernent le quotidien des habitants et des différents acteurs du territoire et, en terme de gouvernance, ils attendent que la métropole leur apporte certains services pour lesquels ils payent (transport, voirie etc.) tout en n’imposant pas un « dogme » homogène et autoritaire là où il faudrait des « politiques à la carte » (Vice-présidente à la montagne). Cependant, malgré leur pragmatisme, ces élus ne manquent pas de vision globale. C’est notamment le cas pour la table 1 avec les élus du sud grenoblois. Ce doit être une politique essentielle qui doit s’articuler avec toutes les autres en étant « la base », « le soubassement » d’une politique métropolitaine, une envie, non pas d’entrer en « compétition » avec les autres politiques publiques mais bien de réinterroger comment tout cela devrait pouvoir être pensé, « voilà ce que « devrait » être la politique montagne et sa gouvernance ». C’est donc à la fois une politique qui régule la gouvernance, qui réinterroge l’ensemble des autres politiques en étant un nouveau référentiel global. La montagne serait vue comme un environnement où toutes les politiques et activités profiteraient de cet environnement sans le détruire et le « coloniser ». On a ici à la fois une vision territoriale et écologiste de ce que pourrait être la politique montagne. Pour la table 2, la vision de la politique montagne est assez différente. Dans la forme, les thématiques sont les même : accessibilité, vivre en montagne, forêt etc. Cependant on ressent la différence de points de vue, comme celui qui voit la montagne du « bas », qui veut avoir accès à la montagne et qui veut faire découvrir ses spécificités. Nous sommes moins dans le pragmatisme des deux autres tables mais davantage sur une vision exogène de la montagne comme devant être mise en valeur, devant avoir les capacités d’être accueillante. Cette idée de respecter l’environnement est aussi prégnant mais davantage dans le but de «  redonner une image à la métropole ». C’est grâce à un lien ville-montagne reconstitué que « Grenoble et ses montagnes pourront attirer et rayonner  ». On a cette idée de marketing territorial qui est très présente.

On a ainsi dans les deux cas une vision non colonisatrice de la montagne. Si cela est moins prégnant dans la table 2, on a cette idée de fond que la montagne ou le lien ville-montagne devrait être reconnu comme un référentiel global de la métropole. Cependant on ressent une divergence selon que l’on soit en «  haut  » ou en «  bas  », autrement dit le pragmatisme versus l’image. Par-delà les petits désaccords individuels, on a cet important dissensus des représentations qui apparaît. On a pourtant pu voir qu’en mettant les divers élus autour de la table on sortait de l’émotion ressentie au PLUI, la discussion était neutralisée par des objectifs précis qui nous ont emmène à discerner les divergences de visions.

On se pose à présent et de nouveau la question de savoir si la montagne est un objet fédérateur. Si elle ne fait pas consensus, n’est-elle pas pour autant génératrice d’une forme de fédéralisme?