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Les ressortissants des pays d’ex-Yougoslavie à Genève et Vaud

4. Le contexte suisse

4.2. Vagues migratoires et descendants d’immigrés en Suisse

4.2.4. Les ressortissants des pays d’ex-Yougoslavie à Genève et Vaud

Après avoir étudié l’immigration albanaise et de certains pays qui résultent de la division de la Yougoslavie, il serait intéressant d’observer les caractéristiques de cette immigration au sein des deux cantons dans lesquels nous avons réalisé l’enquête qualitative, soit Genève et Vaud.

Malheureusement, nous ne pouvons nous appuyer uniquement sur les statistiques disponibles qui considèrent la nationalité et non la langue maternelle ou l’origine migratoire/ethnique.

Dans un premier temps, nous pouvons affirmer que ce ne sont pas les cantons ayant la plus haute concentration de ressortissants des pays de l’ex-Yougoslavie et d’Albanais. Les questionnements n’en sont pas moins pertinents étant donné qu’ils représentent tout de même une part importante de la population résidente étrangère au sein de ces cantons. En 1970, Genève concentre seulement 2%

des ressortissants yougoslaves (504 individus) vivant en Suisse (Service cantonal de statistique &

Service de la recherche sociologique, 1978). 16% de ces individus sont établis à Genève (permis B ou C), la grande majorité travaille donc en tant que saisonnier dans le canton. À cette époque-là, seulement 10% des ressortissants yougoslaves étaient nés en Suisse (Service cantonal de statistique &

Service de la recherche sociologique, 1978, p. 260). En 1980, près de 1000 ressortissants yougoslaves vivent dans le canton de Genève, dont 57% d’hommes et 43% de femmes (Service cantonal de statistique, 1982). En 1990, le nombre de ressortissants yougoslaves résidant120 à Genève s’élève à 2’062, dont une grande majorité de résidants permanents (45 seulement bénéficient d’un permis A,

120 La population résidente étrangère ne comprend pas ici les étrangers au bénéfice d’un sauf-conduit (personne expulsée mais qui peut résider dans le canton temporairement), les étrangers au bénéfice d’une autorisation temporaire de courte durée (4-18 mois) et non renouvelable, ainsi que les demandeurs d’asile (Service cantonal de statistique, 1991, p. 2).

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1’045 ont un permis B, 847 ont un permis C) (Service cantonal de statistique, 1991). Dans les années 1990, on observe une augmentation importante des ressortissants yougoslave, serbes, kosovars et macédoniens, puis une stabilisation entre 7'000 et 8'000 ressortissants (voir Tableau 2). En 2013, les ressortissants de ces pays représentent près de 4% des étrangers vivant à Genève, soit la cinquième communauté étrangère du canton de Genève après les Portugais (36'518), Français (27'231), Italiens (20'591) et Espagnols (14'346). Concernant l’immigration liée à l’asile, nous observons une tendance similaire à celle observée au niveau national, soit une augmentation importante jusqu’en 1999 des requérants d’asile (1'292) et des admissions dans le domaine de l’asile (1'189). Cependant, les requérants d’asile et les admissions du domaine de l’asile représentent une part de plus en plus restreinte parmi les ressortissants de ces pays au fil du temps (soit 26% en 1999, 13% en 2000 et 6%

en 2013). La grande majorité (94% d’entre eux) bénéficie donc de permis d’établissements de longue durée (permis B, C, L avec autorisation de plus de 12 mois et autres permis assimilables à cette catégorie). En 2000 déjà, près d’un cinquième des ressortissants des pays de l’ex-Yougoslavie vivant à Genève sont nés en Suisse et près de 60% sont nés à l’étranger et vivent en Suisse depuis plus de 5 ans (OCSTAT, 2005, p. 31).

Tableau 2 : Population résidante permanente, admissions dans le domaine de l'asile et demandes d'asile selon la nationalité dans le canton de Genève de 1996 à 2013.

1996 1999 2000 2005

(1) A partir de 2001, les personnes dans le domaine de l’asile (permis N ou F) sont comptabilisées parmi les résidents permanents.

(2) En 2008, de nombreux ressortissants du Kosovo sont enregistrés sous "République fédérale de Yougoslavie" en attendant la confirmation de leur nationalité, ce qui modifie les statistiques de 2010 présentées au sein de ce tableau.

Source : Office cantonal de la statistique - Statistique cantonale de la population. Stocks au 31.12.

Concernant le canton de Vaud, nous ne disposons malheureusement pas des données détaillées relatives au domaine de l’asile ainsi que le nombre de nouvelles demandes d’asile avant l’an 2000. Cependant, nous pouvons affirmer que le nombre de ressortissants de Yougoslavie (jusqu’en 1990), de Serbie-et-Monténégro (jusqu’en 2005), de Serbie et du Kosovo (dès 2010) et de Macédoine est plus important qu’à Genève. En 1970, on dénombre 776 ressortissants yougoslaves, puis 2’262 en 1980, plus de 8’000 en 1990 pour finalement atteindre 25'446 ressortissants des pays ayant constitué

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la Yougoslavie en 1999. 121 Le nombre de ressortissants serbes, kosovars, monténégrins et macédoniens se stabilise entre 15'000 et 18'000 dès l’an 2000, soit juste après la fin de la guerre au Kosovo (voir Tableau 3). Les ressortissants de ces pays représentent près de 10% de la population résidante permanente étrangère dans le canton de Vaud en 2000 et près de 6% en 2014. Lors de cette même année, ils constituent la quatrième communauté étrangère (15'606 ressortissants) du canton de Vaud après les Portugais (57'881), les Français (41'607) et les Italiens (29'595). Concernant l’asile, nous observons un nombre très important de demandes en 1999 (2'816, soit plus du double des demandes enregistrées à Genève). Mais un nombre réduit d’entre eux est reconnu comme réfugier et est présent deux années plus tard (soit 548 ressortissants du domaine de l’asile en 2001).

Contrairement au cas genevois, le nombre de personnes du domaine de l’asile augmente au fil des années et se stabilise entre 1’000 et 1'400 personnes.

Tableau 3 : Population résidante permanente étrangère, admissions dans le domaine de l'asile et demandes d'asile selon l'origine/la nationalité dans le canton de Vaud entre 1995 et 2014.

1995 1999 2000 2005 2010 2014

(1) Y compris les personnes n'ayant pu être attribuées à l'un des nouveaux États de l'ex-Serbie-et-Monténégro.

(2) La nationalité est conservée à titre historique.

(3) L’augmentation importante des Serbes et Monténégrins entre 1995 et 2000 n’est pas uniquement due à l’immigration mais également au fait qu’une part importante des Serbes et Monténégrins était encore comptabilisée sous la catégorie Yougoslaves. Nous ne pouvons malheureusement dépasser cette limite intrinsèque aux données.

Source : Résidents permanents : STATVD, Statistique annuelle de la population ; Domaine de l’asile et demandes d’asile : SEM, SYMIC ; Stocks au 31.12.

Il est également intéressant d’observer la répartition inégale des ressortissants des pays de l’ex-Yougoslavie au sein des différentes communes et quartier de ces deux cantons. À Genève, les ressortissants d’ex-Yougoslavie vivent davantage au sein des communes et quartiers populaires où les loyers y sont moins chers, comme par exemple dans la commune de Vernier (quotient de localisation de 2,78) et Meyrin, et dans les quartiers des Pâquis, Charmilles/Châtelaine ou Bâtie/Acacias (voir Figure 9). Nous retrouvons dans ces mêmes quartiers une grande proportion de ressortissants espagnols, italiens et portugais, venus à l’égal de la grande majorité des ressortissants d’ex-Yougoslavie

121 Source : Recensement fédéral de la population jusqu’en 1990, SEM en 2000. Données fournies par le SCRIS que nous remercions.

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occuper des postes de travail peu qualifiés. Cependant, il n’est pas exclu que la concentration des ressortissants des pays d’ex-Yougoslavie au sein de certains quartiers soit également le résultat de volontés familiales ou individuelles de vivre à proximité d’amis et de membres de la famille.

Figure 9 : Concentration relative des ressortissants de l’ex-Yougoslavie (quotient de localisation), par commune du canton et quartier de la ville de Genève, en 2004.

En 2014, dans le canton de Vaud (voir Figure 10), les ressortissants serbes et kosovars vivent principalement au sein des villes, telles que Lausanne (2’629) et ses environs (907 ressortissants à Renens, 354 à Ecublens, 331 à Chavannes-près-Renens, 274 à Morges, 187 à Crissier), ou encore des villes comme Yverdon-les-Bains (891), Montreux (665), Aigle (607), Nyon (532), Payerne (497), Vevey (452). Nous observons également que dans certaines communes la part des ressortissants serbes et kosovars parmi les étrangers est importante. C’est par exemple le cas d’Aigle, de Bex, de Villeneuve ou de Payerne (autour de 15%) alors que le taux au sein des communes dans la périphérie lausannoise se situe autour des 10%. La ville de Lausanne se situe proche de la moyenne cantonale, soit 5%.

Note : Un quotient au-dessus de 1 signifie que la proportion de ressortissants d’ex-Yougoslavie au sein d’une commune ou quartier donné est plus importante que dans l’ensemble du canton (représenté en orange et rouge).

Source : OCSTAT (2005)

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Figure 10 : Nombre de Serbes et de Kosovars et leur part dans la population étrangère en 2014 selon la commune, canton de Vaud, en 2014.

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5. Méthodologie

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