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Relations entre le prix du cacao et le marché des terres agricoles

5.1. L´analyse de sensibilité

5.1.6. Relations entre le prix du cacao et le marché des terres agricoles

Le prix du cacao affecte considérablement le marché des terres agricoles dans la région sud de Bahia. La figure 5.16 présente l’évolution de la proportion d’unités de production commercialisées dans la région, pour différents niveaux de prix.

Pour des prix supérieurs à 27,5€/@ il n’y aurait pas eu de commercialisation de terres agricoles car les gains découlant l’activité cacaoyère auraient rendu celle-ci plus avantageuse que la vente de la propriété. Avec la crise de l’activité cacaoyère, la commercialisation se serait produite à des niveaux de prix chaque fois plus élevés. Jusqu’en 1993, il y aurait eu de la commercialisation à des niveaux de prix de 7 €/@ et 14 €/@, le plus grand nombre de ventes étant au prix de 7 €/@. À ces niveaux-là, les producteurs les moins capitalisés auraient mis en vente leurs fazendas à cause de la faible rentabilité obtenue. Comme à cette époque-là la crise de l’activité cacaoyère était récente, les exploitants les mieux dotés en capital auraient opté pour acquérir ces fazendas en profitant d’un prix de la terre plus bas et motivé par l’espoir d’un rétablissement du rendement physique de la culture.

À partir de 1993, la crise de l´activité cacaoyère s´est aggravée en augmentant l’offre de fazendas mises en vente. Mais au prix de 7 €/@, peu de producteurs auraient trouvé un intérêt à acquérir des propriétés du fait du bas rendement physique des cacaoyers et de la persistance de la maladie du balai de sorcière. Pour qu´il eut été intéressant d´acheter des terres, il aurait fallu que le prix du cacao se situe au-dessus de 14€/@. La simulation montre que la commercialisation des terres aurait été supérieure à un niveau de prix égal ou supérieur à 14€/@

En 1995, avec la persistance de la crise, la commercialisation des terres aurait débuté avec un prix du cacao de 21 € /@, et on aurait observé un grand nombre de fazendas vendues après l´an 2000, si le prix du cacao s´était maintenu à ce niveau là. Avec un rendement physique chaque fois plus faible il aurait été de moins en moins intéressant pour l’acheteur d’acquérir des propriétés.

A partir de 2001, avec le rendement physique du cacaoyer « au plus bas », la commercialisation des plantations n´aurait commencé qu´à des niveaux de prix plus élevés, c’est-à-dire, à 28€/@. Au même moment, à des bas prix (7 €/@) la commercialisation des propriétés n´aurait pu être que très faible.

0,00 0,02 0,04 0,06 0,08 0,10 0,12 0,14 1 9 8 5 1 9 8 7 1 9 8 9 1 9 9 1 1 9 9 3 1 9 9 5 1 9 9 7 1 9 9 9 2 0 0 1 2 0 0 3 p ro p o rt io n d e s u n it é s d e p ro d u c ti o n c o m m e rc ia li s é s prix_55 prix_48 prix_41 prix_34 prix_28 prix_21 prix_14 prix_7

résultat du modèle (aux prix réels)

Figure 5.16 : Simulation des effets du changement du prix perçu par les producteurs de cacao de la région cacaoyère de Bahia (en €) sur la commercialisation de terres dans la région cacaoyère, 1985-2004

La simulation du modèle fondée sur les prix réellement observés montre bien le début de la commercialisation des unités de production dans la région à partir de la fin des années quatre-vingt-dix et une tendance à l’augmentation, avec un taux de 12% des fazendas commercialisées, en 2002.

Au fur et à mesure de la commercialisation des terres, il y aurait eu, quel que soit le prix du cacao, une diminution du nombre des unités de production localisées dans les strates inférieures de surface, c’est-à-dire : 10ha, 10-5ha et 50-100ha, et une augmentation du nombre de fazendas dans les strates supérieures, de 100-500ha et >500ha. Cela résulte de l’hypothèse établie dans le modèle selon laquelle les fazendas plus petites seraient achetées par les plus grandes. Du fait de la politique de redistribution de terres, les fazendas avec plus de 500 ha aurait vu leur effectif diminuer et auraient été transformées en assentamentos ruraux.

En ce qui concerne la dynamique d´évolution des superficies des exploitations dans chacune des strates de surface, on observe une diminution de celles-ci dans toutes les strates, du fait de la diminution de la surface moyenne des exploitations. Pour les strates supérieures, la diminution est plus accentuée du fait que certaines grandes propriétés ont été affectées par la réforme agraire.

Au cours de la période analysée, on observe une très faible chute de l’indice de Gini (Annexe 5.8). La sensibilité de cet indice par rapport au prix du cacao est faible bien qu’il y ait une variation significative du nombre de fazendas commercialisées par rapport aux prix. En effet, l’indice de Gini est un indicateur de concentration, ce qui peut aussi bien refléter la concentration dans les strates inférieures que dans les strates supérieures. La commercialisation est intervenue dans le sens du passage des unités de production de la strate inférieure vers la strate de superficie supérieure, ce qui aurait pu occasionner une élévation de l’indice de Gini, du fait de la concentration de terres dans les dernières strates. Mais d´un autre côté, l’augmentation des assentamentos a occasionné une redistribution de terres dans les strates inférieures, en provoquant avec cela une certaine stabilité de l’indice.

Comme la quantité des assentamentos s´est accrue, augmentant de ce fait le nombre total d’unités de production, il y a même eu une faible chute de l’indice de Gini au cours de la période analysée.