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Crise et tentative de relance de la production de 1930 à 1957

1.3. La région cacaoyère de Bahia

1.3.2. Histoire de l’exploitation de l’écosystème et du peuplement humain

1.3.2.2. Crise et tentative de relance de la production de 1930 à 1957

La dépression mondiale de 1929 a affecté sérieusement la rentabilité de la culture du cacao du fait de la contraction de la demande sur le marché international. Au cours de cette période, tous les produits ont perdu de la valeur et il y a eu une stagnation de la demande internationale, ce qui a entraîné de nombreuses faillites dans la région.

L’apparition des intermédiaires est due aux difficultés d’acheminement du cacao des

fazendas jusqu’à l’entrepôt le plus proche. L’intermédiaire recevait une commission pour transporter le cacao jusqu’à l’entrepôt et il avait aussi pour rôle de concéder des avances d´argent aux producteurs à cause de l’absence de banques dans la région.

Les exploitants vendaient fréquemment leurs récoltes « sur pieds » étant donné qu´ils faisaient des emprunts auprès des intermédiaires, à des taux d´intérêt souvent usuraire, pour financer l´extension de leurs plantations. Du fait des taux d´intérêt élevés, les exploitants devaient souvent remettre la totalité de leur production aux intermédiaires. D’autre part, la

18 Les grandes et moyennes unités de production agricole sont appelées fazendas au Brésil. Les petits

producteurs, quant à eux, possèdent une roça, c'est-à-dire un champ cultivé de petit taille.

19 Empreita : terme employé pour une entreprise de service, rémunérée pour une tâche donnée. Empreiteiro :

personne chargée de l’administration de l’empreita. Empreitado : terme qui désigne la personne qui fait l’ empreita.

crise a aussi affecté le Gouvernement qui a vu ses rentrées fiscales diminuer. La région cacaoyère était en effet encore la principale source d´entrée fiscale de l´Etat de Bahia.

Pour contrecarrer cette crise et éviter l´abandon des plantations par leurs propriétaires, le Gouvernement a créé l’Institut du Cacao de Bahia (ICB) moyennant le décret de l’Etat n° 6.430 de 8 de juin de 1931. C’était la première intervention du Gouvernement en faveur de l’activité cacaoyère à Bahia.

L’ICB s’est fixé comme principaux objectifs d’améliorer l’infrastructure de base dans la région, de promouvoir la production cacaoyère à travers des crédits à court et long termes aux producteurs et de mieux gérer la commercialisation du produit. Cet Institut a donc investi dans des infrastructures de transports, la transformation, l’emballage et le stockage des fèves. Cette période de développement des moyens de communications correspond dans la zone d’étude à l’ouverture de la BR20 262. En ce qui concerne les innovations techniques, l’ICB a mis en avant, par exemple, les claies de séchage à toit coulissant qui permettent d’améliorer le séchage du cacao. L’Institut a aussi encouragé l´utilisation de séchoirs dans la région, importants surtout pendant les périodes de pluie.

L´ICB a d´abord racheté une partie des dettes aux créanciers des producteurs de cacao: exportateurs, commerçants ou banques. Ensuite, il a créé des programmes de financement à long terme pour les producteurs de cacao.

En ce qui concerne la commercialisation, le Gouvernement a établi, entre les années 1940 et 1946, une réglementation spécifique qui oblige les maisons d’exportation à acheter le cacao au prix fixé par l’Institut, avec une commission de 3%. Il s’agissait de la première intervention gouvernementale allant à l´encontre du libre commerce du cacao.

A partir de 1952, l’ICB abandonne la culture du cacao et le monopole du commerce, du fait d´un manque de ressources financières. Il faut souligner que les ressources de l’ICB provenaient de l’activité cacaoyère au travers de taxes, calculées sur la valeur de la propriété et une taxe sur chaque sac de cacao exporté de Bahia. A partir des années 70, l’ICB perd son importance étant donné la croissance de la Comissão Executiva do Plano da Lavoura

Cacaueira (CEPLAC), Institution créée en février 1957 avec l´objectif principal d´appuyer l´activité cacaoyère. L’ICB devient simplement un organisme sans objet et ferme ses portes dans les années 90.

Suite à la mise en place d’infrastructures par l’ICB, il y a eu une amélioration significative de l’écoulement de la production, ce qui a favorisé l’expansion des fazendas dans la région et, par conséquent, la surface plantée en cacaoyers. A l´issue de cette période, les

fazendas sont moins dispersées et se localisent autant au bord des fleuves que sur les versants des montagnes.

Les nouveaux investissements ont favorisé aussi l´établissement de petits villages ouvriers. A Itajuípe, par exemple, ces petits villages ont été construits sur les terres de

fazendas en échange d’un loyer mensuel qui est encore payé jusqu’à aujourd’hui. Les petits

hameaux de Bandeira do Almada et par la suite les hameaux de Uniao Queimada, Sequeiro

Grande et Sao Cristovão ont été développé sur le bord du fleuve. Les maisons d’ouvriers agricoles étaient bâties, à l’origine, avec de la terre glaise et de la toile en plastique.

Avec l’expansion des fazendas, la production de cacao à Bahia augmente, grâce à l’augmentation de la surface plantée. D´un autre côté, le rendement physique des cacaoyers

les plus vieux commence à diminuer, signalant la nécessité du renouvellement des plants. Selon la CEPLAC (1975), au cours de la période de 37 ans (de 1920 à 1957), le rendement physique à été réduit à ¼ du rendement initial (1920) et les surfaces de cacaoyers en production ont augmenté de 600% dans la même période. En effet, les extensions de surfaces plantées en cacaoyers ont plus que compensé les diminutions de rendement dans les plus vieilles plantations.

La situation est celle d’une augmentation de la surface plantée, de la chute des rendements physiques et de l´augmentation de la dette des producteurs de cacao por rembourser les crédits obtenus auprès de l’ICB. Il faut souligner que la majorité des producteurs n’ont pas payé leurs dettes alléguant que la rentabilité de l´activité cacaoyère était devenue trop faible. Selon Tosta Filho (apud RUF et al., 1994), en 1934 et 1935, « l’habitude de ne rien vouloir payer s’enracine » (pg.79). De fait, les producteurs de cacao de Bahia ont toujours bénéficié d´un lobby actif dans les sphères du Gouvernement, capable d´interventions constantes en faveur du rééchelonnement des dettes et de la libération des crédits pour les cultivateurs de cacao.

Le Gouvernement Fédéral, en 1933, émet deux décrets qui ont énormément facilité la situation des producteurs de cacao au détriment de l´ICB. Il s’agissait du décret « lei da usura21 » et la loi de « reajustamento econômico22». Le premier décret interdisait l’application

de taux d´intérêts supérieurs à 8% et le deuxième, très avantageux pour les producteurs, permettait la réduction de 50% des dettes obtenues avant le 30 juin 1933. Cette loi a entraîné de graves problème pour l´ICB car cet Institut avait financé les producteurs de cacao avant 1993 et nombre d´entre eux ne s’étaient pas encore acquittés de leurs dettes.

A la fin des années 40, le prix international du cacao augmente consécutivement à la chute des stocks internationaux. Les pays africains augmentent leur production mais cette croissance ne suffit pas à satisfaire la demande internationale. A ce moment, les cacaoyers brésiliens présentent des chutes de leurs rendements physiques du fait de leur âge et l´insuffisance de leur renouvellement. Dans les années 50, le prix international chute en fonction de l´augmentation de l´offre des pays africains dans le marché international. La région cacaoyère continue sur sa trajectoire descendante de chute du rendement physique et endettement des producteurs. Ce fait incite le Gouvernement à intervenir une nouvelle fois, en créant la CEPLAC en 1957.