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Facteurs conditionnant la compétitivité de l’industrie de transformation à Bahia

1.4. Le marché du cacao

1.4.1. Le marché du cacao à Bahia

1.4.1.3. Facteurs conditionnant la compétitivité de l’industrie de transformation à Bahia

Les stratégies des entreprises industrielles sont conditionnées par des facteurs internes aux industries, mais aussi à des conditions externes (le marché, l´État, etc.) qui peuvent jouer un rôle important dans la formulation de ces mêmes stratégies. Selon Ferraz, Kupfer et Haguenauer (1995), les moyens de gagner en compétitivité peuvent être regroupés en trois catégories.

La première concerne les aspects internes de l´industrie ; elle est fondée sur la construction de nouvelles capacités productives qui permettent l´obtention d'avantages relatifs par rapport aux concurrents. La deuxième catégorie comprend des facteurs structuraux parmi lesquels, la structure plus ou moins concurrentielle du marché peut limiter la capacité d´intervention de l´entreprise. La troisième est liée, de façon systémique, à l´ensemble des conditions externes (macroéconomiques, politique-institutionnels, sociales et internationales). Dans ce contexte, il est important de souligner le rôle de l´État, non seulement comme régulateur, mais aussi comme promoteur de compétitivité (même si cela l´amène à introduire des distorsions dans la concurrence). Cela confirme la théorie selon laquelle la compétitivité « n´est pas un attribut spontané des mécanismes de marché. Elle est un résultat construit par des actions stratégiques (privées ou publiques) ». C'est à partir de la prise en compte de ces trois facteurs que les industriels conçoivent leurs stratégies qui peuvent conduire au maintien ou à l´augmentation de leur compétitivité.

Dans n'importe quelle situation, il est important d´identifier les éventuelles menaces qui pèsent sur la compétitivité ou sur les opportunités d´accroître les avantages compétitifs. La mise en oeuvre d´innovations techniques et sociales est également un facteur de compétitivité car elle permet d'apporter des réponses aux mutations en cours.

Dans cette perspective, on peut faire le lien entre la localisation de l´industrie de transformation du cacao à Bahia (malgré la chute de la production et du rendement) et la stratégie d´obtention d'avantages compétitifs par la réduction des coûts qui permet des marges plus rémunératrices. Le produit final de cette industrie étant homogène, aussi bien du point de vue de l'aspect physique que de la qualité, la différenciation des produits ne joue pas un rôle crucial pour la compétitivité.

La localisation et le maintien des industries de transformation à Bahia dépendent, fondamentalement, de deux facteurs: a) les avantages fiscaux offerts par l’État régional et b)

les économies liées à l’agglomération de la filière40.

Les avantages fiscaux.

Entre les années 60 et 70, des distorsions de concurrence ont été introduites du fait des politiques de développement très différentes entre les divers Etats du Brésil. Les politiques de développement industriel adoptées par les différents Etats ont été fondées sur des avantages fiscaux destinés à favoriser des transferts massifs de capitaux vers des régions moins développées, comme le Nord-Est du Brésil. En effet, les industries peuvent s´éloigner d’une « meilleure » localisation lorsque l´État (national et/ou régional) met en pratique un mécanisme capable de couvrir les avantages de la localisation et les risques d´une localisation alternative. Les avantages fiscaux sont, sans aucun doute, un outil important dans le processus de localisation et délocalisation des investissements.

L’installation des industries de transformation du cacao à Bahia dans les années 70 a été favorisée par une politique délibérée de réduction d'imôts en faveur du Nord-Est (MENEZES ; CARMO NETO, 1993, p.84). Dans les années 90, un nouveau programme, appelé PROBAHIA, destiné à attirer les capitaux et à favoriser les investissements dans cet État a été mis en place. Ce programme était fondé sur l´élimination du paiement de la taxe

sur la Circulação de Mercadorias e Serviços (ICMS), très onéreux pour les industries.

La Loi de Responsabilité fiscale de 200041 a été conçue pour mettre fin aux

mécanismes d´avantages fiscaux dans les États du Brésil, a eu pour conséquence la fin du

programme PROBAHIA. Celui-ci a été remplacé par le programme de Desenvolvimento

Industrial e de Integração Econômica do Estado da Bahia(DESENVOLVE) réglementé par

la loi n° 7.980, du 12 décembre 2001. Cette fois, la logique n’est plus fondée sur des avantages fiscaux mais sur des avantages financiers. Àu travers de DESENVOLVE, les entreprises de transformation de cacao obtiennent un rééchelonnement du temps de paiement de l´ICMS, qui peut s´étendre jusqu'à 6 années. De même, les industries obtiennent une réduction de cette taxe si elles décident d'anticiper le paiement avant la date limite. La réduction peut atteindre un maximum de 90% dans le cas d’une anticipation de 5 ans.

40 Le concept « économies d'agglomération » est largement utilisé en économie pour désigner l'ensemble des

avantages que retirent les entreprises corrélées de leur regroupement dans un espace urbain. Selon Porter (1999), l´agglomération est une concentration géographique d'entreprises/industries de secteurs corrélés (fournisseurs spécialisés, prestations de services) qui, si elles se font la concurrence, établissent aussi des relations de coopération mutuelle (Porter 1999).

Les avantages fiscaux et financiers peuvent donc constituer d'importantes sources de localisation et délocalisation des investissements. Cependant, l’efficacité de cette politique à long terme dépend de la capacité des investisseurs industriels à mettre à profit des avantages plus structurels, permettant à l’industrie de survivre à long terme, sans les avantages fiscaux. À ce sujet, les industries de transformation des fèves de cacao à Bahia bénéficient de certains avantages qui sont évoqués dans ce travail, comme des « économies d’agglomération ».

Les économies d´ agglomération

La région cacaoyère de l´État de Bahia présente des avantages liés au regroupement des entreprises confinées dans un même espace urbain. Parmi ceux-ci, la présence d´un port

international à Ilhéus (le port du Malhado) qui est une importante voie d’acheminement de la

production du cacao et de ses sous-produits. Parallèlement, l’infrastructure routière est un élément important pour l’écoulement de la production locale. Les principales routes sont la BR 101 et la BR 415 qui coupent la région dans le sens nord-sud et est-ouest respectivement.

De plus, grâce à la proximité des fazendas de cacao, les coûts de transport de la production

(fèves de cacao) jusqu’à l´industrie de transformation sont peu élevés.

Au niveau des infrastructures éducatives, la région possède des instituts de recherche sur le cacao comme le CEPLAC et l´Université de Santa Cruz (UESC). Les conditions favorables à l’éducation font que la région cacaoyère de Bahia se trouve sur un piédestal par rapport aux autres régions productives de cacao, comme l´Amazonie et les pays africains.

Toutefois, quelques matériaux nécessaires à l’industrie de transformation comme les

matériaux pour l'emballage (sacs en plastique, papier collant etc.) et d’autres secondaires

commelebicarbonate de potassium proviennent de l’État de Sao Paulo (au sud-est du Brésil),

ce qui augmente les coûts de transport. Cependant, l’éloignement de certaines matières premières ne constitue pas un obstacle important pour la durabilité à long terme des industries de transformation de fèves du cacao à Bahia.

Outre les avantages fiscaux et ceux qui résultent de l´économie d´agglomération, la région cacaoyère de Bahia présente des coûts de main d’œuvre inférieurs, en comparaison à la région sud et sud-est du Brésil, ce qui contribue à augmenter les facteurs de compétitivité de l’industrie de transformation de cacao à Bahia.