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Hypothèses générales pour la construction du modèle de simulation

3.2. La construction du modèle dynamique de développement

3.2.4. Hypothèses générales pour la construction du modèle de simulation

La construction d´un modèle dynamique exige une connaissance détaillée de la région d´étude afin d´expliciter des hypothèses qui soient les plus représentatifs possibles des observations de terrain. Chacune des hypothèses explicite un aspect particulier du fonctionnement des exploitations en tenant compte des potentialités et contraintes de leur environnement. Les hypothèses permettent donc de guider les conditions de fonctionnement du modèle.

Pour construire un modèle complexe, il nous faut considérer plusieurs hypothèses de base. Les hypothèses dites générales - que nous expliciterons dans cette partie - sont présentes dans tous les sous-systèmes considérés et représentent le cœur du modèle. Au fur et à mesure que nous construirons le modèle, les hypothèses spécifiques de chaque sous-modèle seront explicitées.

La première hypothèse générale à considérer est celle de la rationalité économique de l´exploitant. En effet, les exploitants sont considérés comme rationnels dans la mesure où leur intérêt est de maximiser leur revenu. Nous supposons que les exploitants choisissent les systèmes de production qui leur apportent un revenu plus élevé.

La deuxième hypothèse générale est que le prix international du cacao, le taux de change, le crédit agricole, le prix de la journée de travail, entre autres, sont des variables externes, exogènes au modèle, qui conditionnent et influencent la dynamique du système. Les modifications de ces variables par des décisions de l´État orientent la dynamique du modèle et déterminent le niveau d´investissement dans les unités de production, le marché des terres, l´usage du sol, le type de main-d’œuvre employé, la dynamique des unités de production et le niveau de l´emploi et du revenu.

Selon une autre hypothèse générale, la dynamique des unités de production capitalistes conditionnerait la dynamique des petits agriculteurs. Ainsi, nous considérons que les petits agriculteurs sont d´une certaine manière, passifs devant ce qui se produit dans les exploitations capitalistes. Cette hypothèse est le reflet de ce qu l´on observe dans la région cacaoyère de Bahia. En effet, la question fondamentale pour les petits agriculteurs est l´accès à la terre, problème qui concerne la majorité d´entre eux. Cet accès à la terre dépend entièrement de ce qui arrive dans les propriétés de type capitaliste et patronal.

Le fait d´avoir ou de ne pas avoir accès à des terres par le biais de la réforme agraire, est en rapport avec la disponibilité ou non de terres en friche. La dynamique propre des fazendas conditionne non seulement l´accès des petits agriculteurs à la terre, mais aussi le niveau d´emploi et le type de main-d´œuvre employé, ce qui n´est pas sans conséquence directe sur la dynamique des exploitations familiales. C´est pourquoi le modèle a été construit de manière à montrer cette dépendance qui est flagrante dans la région.

Évidemment, pour mieux analyser ce qui se produit dans le cas des petits agriculteurs, il serait nécessaire de montrer l´évolution de la dynamique de ces exploitations familiales, au cours de simulations, c´est à dire analyser l´évolution des systèmes de production mis en pratique dans ces exploitations. Ceux-ci ne sont pas vraiment l´objet de notre étude.

Il est plausible d´admettre que lorsqu´il y a disponibilité de terres, le système de production des petits agriculteurs est d´une certaine façon stable. Lors des crises ou lors des booms de la cacaoculture, les exploitants familiaux tendent à maintenir les mêmes surfaces en

cacaoyers et continuent à pratiquer les cultures de subsistance.50

A de rares exceptions près, les petits producteurs n´investissent pas dans le greffage en raison du coût élevé de l´investissement. Ainsi, en ce qui concerne les exploitations familiales, nous porterons surtout l´attention, dans ce modèle, sur la question foncière, à travers les

surfaces destinées aux assentamentos, et à la question de l´emploi, à travers le recours plus ou

moins important à des métayers. Les systèmes de production mis en pratique par les petits

50 Pour plus d´informations concernant les systèmes de production mis en pratique par l´agriculture familiale, il est

recommandé de consulter le travail « Analyse et diagnostic du système agraire dans la région cacaoyère de Bahia: une étude de cas de la région d´Itajuípe-Coaraci» (LARBOURET et GOMES, 2002).

agriculteurs n´étant pas directement notre objet d´étude, ils représentent plutôt une condition de l´environnement économique des exploitations capitalistes et patronales.

Nous présenterons ensuite les hypothèses spécifiques qui fondent la structure du modèle. Ces hypothèses ont été établies sur la base de la connaissance de la région acquise au travers d´interviews de spécialistes agraires locaux, de recherches bibliographiques et plus particulièrement, de notre recherche sur le terrain, réalisée auprès des producteurs de la région.

A propos de la recherche sur le terrain

La recherche sur le terrain fut réalisée pendant les mois d´avril, mai et juin 2004 auprès des travailleurs et propriétaires des unités de production de la région, totalisant 58 entrevues.

L´annexe 3.1 présente le questionnaire utilisé sur le terrain en 2004. Outre la recherche de

2004, d´autres recherches sur le terrain ont eu lieu en 2003 et 2001 au cours desquelles 25 et 52 interviews ont été réalisées respectivement. Ces informations ont été fondamentales, non seulement pour l´élaboration des hypothèses mais aussi pour la validation du modèle. Les techniciens des Institutions de recherche et développement de la région, comme la CEPLAC et

Empresa Baiana de Desenvolvimento Agricola S.A (EBDA), ont également été interviewés.

Les entretiens étaient orientés de manière à mettre en évidence la diversité des pratiques au sein du système agraire régional. L´échantillonnage des personnes interrogées était fondé sur une typologie des unités de production et des producteurs définis au préalable. Notre préoccupation n´était pas d´obtenir un dénombrement des systèmes de production de chacun des types et n´était donc pas d´obtenir un échantillon statistiquement représentatif. Il s´est donc agi d´un échantillonnage raisonné.

« L´important n´est pas d´obtenir, à ce stade, un échantillon quantitativement représentatif de l´ensemble des exploitations de la région concernée mais de savoir très précisément de quelle catégorie d´exploitants est représentative chacune des unités de production retenue » (DUFUMIER, 1996, p.88).

Le relevé des informations sur les fazendas n'a pas été aisé, pour plusieurs raisons.

D'une part, les ouvriers agricoles, administrateurs et propriétaires ont chacun une connaissance

partielle de la fazenda portant sur des aspects différents et un entretien avec chacune de ces

personnes était nécessaire pour comprendre le fonctionnement de l´ensemble.

Les propriétaires des fazendas n'étaient pas toujours faciles à rencontrer. La plupart

d´entre eux habitent Salvador (capitale de l’État de Bahia) et São Paulo (région sud-est du Brésil). D'autre part, étant donné la crise qui a eu lieu dans la région, les administrateurs et les

ouvriers sont devenus très mobiles : ils restent désormais très peu de temps sur les fazendas et

ils ne connaissent pas forcément très bien l'exploitation et son histoire. Dans un premier temps, cela a rendu particulièrement difficile l’obtention des informations de base. Pour contourner ce problème il a fallu augmenter le nombre d’enquêtes sur le terrain mais aussi réaliser plusieurs enquêtes avec les propriétaires qui habitent Salvador.

3.2.5. La présentation des sous-modèles et la représentation mathématique de