3.2. La construction du modèle dynamique de développement
3.2.6. Le démarrage du fonctionnement du modèle, les conditions initiales et les
Nous avons commencé à faire fonctionner notre modèle dans les années 1980, période d’apogée de l’activité cacaoyère à Bahia. Ainsi, nous avons cherché à comparer le modèle à des moments différents du système agraire régional, en considérant aussi la crise actuelle de l’activité cacaoyère. Avant cette décennie, les informations sont peu nombreuses et peu
fiables. Le modèle commence spécifiquement en 1985, grâce à la disponibilité d’informations relatives à cette année.
Les informations relatives aux conditions initiales proviennent de sources secondaires existantes dans la littérature, auxquelles s´ajoutent les informations obtenues lors notre recherche sur le terrain (Tableaux 3.11, 3.12 et 3.13). Dans les cas où il n’y a pas de données relatives à l´année 1985, on eu recours à la plus ancienne informations existante en considérant qu’il n’y avait pas eu d’altération entre-temps (Figure 3.24).
La superficie totale à la date initiale de fonctionnement du modèle est égale à la somme de la superficie abandonnée, de la superficie cultivée en cacaoyers, de celle dédiée à l´élevage bovin et de celle destinée à l’agriculture familiale. La surface totale initiale est de 795.000 ha. De ce total, 632.000 ha sont occupés par des cacaoyers non greffés, 158.000 ha par des prairies pour l’élevage bovin et seulement 5.000 ha par des assentamentos ruraux. À cette époque-là, il n’y avait pas de cacaoyers greffés ni de surface abandonnée.
Surface totale initiale = (surface initiale cacao+surface initiale en cacao greffage+surface initiale élevage+"surface initiale agriculture familiale (assentamento)")
Les exploitations familiales au sein des assentamentos se repartissent comme suit: 20% des exploitations ont moins de 10ha chacune et 80% des exploitations ont une surface comprise entre 11 et 50 ha (basé sur des informations de l’INCRA).
Surface agriculture familiale initiale 11-50ha = "surface initiale agriculture familiale (assentamento)"*0.8
Surface initiale agriculture familiale <10ha = "surface initiale agriculture familiale (assentamento)"*0.2
Le nombre initial des exploitations familiales de moins de 10ha dans les
assentamentos équivaut à la superficie initiale totale de ces exploitations de moins de 10 ha par famille, divisée par la surface moyenne par famille, soit 5ha. Dans le cas des unités de production familiale de la strate 11-50ha, nous avons considéré une surface moyenne de 20ha. Ceci parce que la grande majorité des exploitations dans les assentamentos présentent une surface entre 11 à 25 ha par famille. La quantité totale d’unités de production familiale au sein des assentamentos correspond à la somme des effectifs des unités familiales dans les deux strates.
Le nombre initial d´exploitations familiales de moins de 10 ha ="superficie totale initiale occupée par des exploitations familiales de moins de 10ha/5 (superficie moyenne des ces mêmes exploitations)
Le nombre initial d´exploitations familiales dont la superficie est comprise entre 11 et 50ha =" superficie totale initiale occupée par des exploitations familiales comprise entre 11 et 50ha/20 (superficie moyenne des ces mêmes exploitations)
Le nombre total initial d´exploitations familiales = " Le nombre initial d´exploitations familiales de moins de 10 ha "+" Le nombre initial d´exploitations familiales dont la superficie est comprise entre 11 et 50ha "
surface initiale avec cacaoyèrs non
greffés
surface initiale avec élevage bovin
surface initiale avec cacaoyèrs greffés
surface totale initiale
nombre initial des exploitations type 1
nombre initial des exploitations type 2 surface initiale agriculture familiale (assentamento) nombre tot al initial de s exploitati ons nombre initial des exploitation s familiales nombre initial des
exploitations familiales de moins de 10ha
nombre initial exploitation familiale
11-50ha
nombre total initial des exploitations capitalistes surface initiale agriculture familiale <10ha surface initiale agriculture familiale 11-50ha
Figure 3.23 : Représentation, dans le milieu Vensim, des conditions initiales du modèle de simulation
Le nombre total initial d´exploitations dans la région est égal à la somme des effectifs des unités de production familiales et des exploitations capitalistes (fazendas). Le nombre total initial de fazendas à salariés est égal au nombre total d´exploitations capitalistes dans lesquelles on ne trouvait que des cacaoyers (fazendas type 1) auquel on additionne celui des exploitations capitalistes intégrant cacaoyers et élevage bovins (fazendas type 2).
La caractéristique du système agraire était de ne comporter principalement à l´époque que ces deux types d´unités de production. Nos recherches sur le terrain nous font considérer qu´il y avait à l´époque environ 50% d´exploitations capitalistes exclusivement cacaoyères et 50% d´exploitations capitalistes associant cacaoculture et élevage bovin (Recherche sur le terrain : 2001 et 2004).
Nombre total initial d´exploitations capitalistes = nombre total initial d´exploitations- nombre total initial d´exploitation familiales
Nombre total initial d´exploitations capitalistes associant cacaoculture et élevage bovin (type 2)= nombre total initial d´exploitations capitalistes *0.5
Nombre total initial d´exploitations capitalistes exclusivement cacaoyères (type 1)= nombre total initial d´exploitations capitalistes *0.5
Pour estimer la quantité de fazendas par strate, on a tenu compte de la proportion existante de fazendas par strate par rapport au total (données de l’IBGE) multipliée par la quantité totale de fazendas, auquel on a retiré le nombre d´exploitations familiales appartenant aux assentamentos.
Nombre total initial d´exploitations capitalistes de moins de 10ha = (nombre total initial d´exploitations * proportion initiale d´exploitations de moins de 10 ha)-"nombre total initial d´exploitations familiales de moins de 10ha"
Nombre total initial d´exploitations capitalistes de 10 à 50ha= (nombre total initial d´exploitations * proportion initiale d´exploitations de 10 à 50ha)-" nombre total initial d´exploitations familiales de 11-50ha
Nombre total initial d´exploitations capitalistes de 50 à 100ha = (nombre total initial d´exploitations * proportion initiale d´exploitations de 50 à 100ha
Nombre total initial d´exploitations capitalistes de 100 à 500ha = nombre total initial d´exploitations * proportion initiale d´exploitations de 100 à 500ha
Nombre total initial d´exploitations capitalistes supérieures à 500ha = nombre total initial d´exploitations*"proportion initiale d´exploitations supérieures à 500 ha"
De la même façon, la superficie totale des exploitations par strate équivaut à la proportion de superficie par strate multipliée par la superficie totale initiale des exploitations (fazendas et unités de production familiales dans les assentamentos).
Surface totale initiale des exploitations de moins de 10 ha=nombre initial total des exploitations de moins de 10 ha"*"surface moyenne initiale des exploitations inférieures à 10ha
Surface totale initiale des exploitations de 10 à 50 ha= nombre initial total des exploitations de 10 à 50 ha"*" surface moyenne initiale des exploitations de 10 à 50ha
Surface totale initiale des exploitations de 50 à 100 ha= nombre initial total des exploitations de 50 à 100 ha"*" surface moyenne initiale des exploitations de 50 à 100ha Surface totale initiale des exploitations de 100 à 500 ha= nombre initial total des exploitations de 100 à 500 ha"*" surface moyenne initiale des exploitations de 100 à 500ha Surface totale initiale des exploitations supérieures à 500 ha=nombre initial total des exploitations supérieures à 500 ha"*"surface moyenne initiale des exploitations supérieures à 500ha
Les séries de prix utilisés dans cette étude sont des valeurs réelles de 2004, actualisées par l´indice appelé de Índice de Preço ao Consumidor Amplo (IPCA), publié par l´IBGE.
Tableau 3.11: Unité, valeur et source des données d´initialisation du modèle
Paramètre Unité Valeur Source de l´information
proportion initiale des exploitations
inférieures à 10 ha % 44,2 Censo Agropecuário - IBGE (1985). Données relatives aux municipalités de Itajuípe. proportion initiale des exploitations de
10 à 50 ha" Idem 37,6 Idem
proportion initiale des exploitations de
50 à 100 ha Idem 12,8 Idem
proportion initiale des exploitations de 100 à 500 ha
Idem 5,3 Idem
proportion initiale des exploitations
supérieures à 500 ha Idem 1 Idem
surface moyenne initiale des exploitations inférieures à 10ha
ha 7,16 Idem
surface moyenne initiale des
exploitations de 10 à 50ha ha 25 Idem
surface moyenne initiale des exploitations de 50 à 100ha
ha 75 Idem
surface moyenne initiale des
exploitations de 100 à 500ha ha 250 Idem
surface moyenne initiale des
exploitations supérieures à 500ha ha 750 Idem surface initiale avec cacaoyers ha 632.220 CEPLAC
surface initiale avec l´élevage ha 158.055 Estimation basée sur des informations fournies par les producteurs (20% des surfaces en pâture)
surface initiale en abandon ha 0 Estimation basée sur des
informations fournies par les producteurs
surface initiale avec cacaoyers greffés ha 0 greffage à partir de 1998 surface initiale agriculture familiale
(assentamento) ha 4.497 INCRA/BA
Exploitations initiales (familiales et capitalistes) dans la région cacaoyère de Bahia
nombre 15.455 Estimation basée sur les données de la CEPLAC et sur les donnés fournis pas les producteurs
Tableau 3.12: Unité, valeur et source des paramètres utilisés dans le modèle
Paramètres Unité Valeur Source de l´information
coût par plant (densification) €/plant 0.17 Projet CEPLAC proportion du prix international
du cacao qui correspond au prix perçu par les producteurs
% 80 Estimation basée sur la série
historique du prix perçu par le producteur (CEPLAC) en relation au prix international (ICCO)
revenu exploitant destiné au
besoin minimal de la famille €/ha/an 69 Estimation basée sur la recherche de terrain (donnée calibrée)
rendement maximal du cacaoyer
greffé @/ha 35 Recherche sur le terrain
rendement attendu du cacaoyer greffé
@/ha 70 Recherche sur le terrain
Nombre de journées de travail
d´un employé par an Nombre de journées de travail 220 Estimation basée sur la recherche de terrain (donnée calibrée)
temps pour employer/démission année 0,5 Estimation basée sur la recherche de terrain (donnée calibrée)
Nombre de journées de travail d´un employé par an pour le système d´élevage bovin
Nombre de journées
de travail 360 Estimation basée sur la recherche de terrain (donnée calibrée)
ha par travailleur élevage ha 3.5 Recherche sur le terrain
veau mâle 1 an @ 7 idem
veau femelle 1 an @ 10 idem
vaches de réforme @ 12 idem
vaches en lactation par ha vaches/ha 1.3 idem
litres de lait (vache) Litres/ha/année 1.200 idem
Coût d´implantation (cacao
greffage) €/ha/an 241 Projet CEPLAC
Proportion des exploitations familiales dans les assentamentos qui ont à l´origine des fazendas supérieures à 500ha
% 80 Estimation basée sur les
Tableau 3.13: Unité et source des variables du type lookup utilisées dans le modèle
Variables lookup Unité Source de l´information
Prix international du cacao Tab US$/ton ICCO
Taux de change Tab R$/US$ Boletim do Banco Central do
Brasil (BCB) Coefficient qui représente la proportion des
exploitants qui investissent dans la densification des cacaoyers, en considérant différents niveaux de revenu
Dmnl Recherche sur le terrain (données calibrées)
Prix perçu par les exploitants, avant 2005 Tab €/ha CEPLAC
Prix de la journée de travailTab €/journée Instituto de Pesquisas Econômicas Aplicada (IPEA)
Coefficient qui représente le décroissement du
rendement dû à la maladie balai de sorcière Dmnl CEPLAC Coefficient qui représente le décroissement du
rendement du cacaoyer, en considérant différents itinéraires techniques Tab
Dmnl Recherche sur le terrain
Prix de la viande bovineTab €/@ IPEA
Prix du lait Tab €/litre IPEA
Crédit agricole pour le greffage tab €/ha CEPLAC/CEPEC Surface destinée aux assentamentos de la région
cacaoyère de Bahia par an TAB
ha INCRA
Coefficient qui représente la proportion des exploitants qui mettent en vente leur exploitation, en considérant différents niveaux de revenu Tab
Dmnl Estimation basée sur la recherche de terrain (données calibrées)
Coefficient qui représente la proportion des exploitants qui désirent acheter des exploitations, en considérant différents niveaux de revenu Tab
Dmnl Estimation basée sur la recherche de terrain (données calibrées)
Élasticité qui représente l'offre des exploitations, en considérant différents niveaux du prix de la terre
Dmnl Estimation basée sur la recherche de terrain (données calibrées) Élasticité qui représente la demande pour les
exploitations, en considèrant différents niveaux du prix de la terre
Dmnl Estimation basée sur la recherche de terrain (données calibrées)
(continuation)
Variables lookup Unité Source de l´information
Coefficient des exploitants qui réalisent des investissements en greffage avec des ressources propres, en considérant différents niveaux du prix du cacao
Dmnl Estimation basée sur la recherche de terrain (données calibrées)
Coefficient qui représente la proportion des
fazendas qui sont modifiés par d´autres
catégories des fazendas (selon la typologie utilisée dans le modèle), en considérant différents niveaux de revenu des exploitants
Dmnl Estimation basée sur la recherche de terrain (données calibrées)
Coefficient des fazendeiros qui décident reprendre les activités agricoles dans leurs fazendas, en considérant différents niveaux de revenu Tab
Dmnl Estimation basée sur la recherche de terrain (données calibrées)
3.3. Conclusion partielle
Dans ce chapitre, nous avons construit la structure d´un modèle de développement agraire pour la région cacaoyère de Bahia, à partir d´une démarche de dynamique de systèmes. Ce modèle a été structuré à partir de l´interaction de sept sous-modèles. a) rendement physique des cacaoyers, b) revenu des exploitants, c) emploi, d) dynamique des unités de production, e) revenu, f ) typologie des travailleurs et, f) marché de la terre.
Nous avons cherché à comprendre, à partir du modèle élaboré, les transformations qui se produisent à l´intérieur des unités de production agricole et plus particulièrement les modifications des systèmes de culture et d´élevage, liées au type de main-d´œuvre (salariés ou métayer), à la dynamique de l´emploi agricole, au marché des terres et à l´utilisation des surfaces agricoles.
Tout au long de ce chapitre, nous avons explicité les hypothèses à l´origine de la structure du modèle comme un tout. Le modèle est construit de manière à ce que la dynamique des unités de production capitalistes soit reliée à la dynamique des unités de production familiale.
Pour chaque sous-modèle, nous avons explicité les hypothèses pertinentes à son fonctionnement. Le prix international du cacao constitue la variable exogène clé qui conditionne la dynamique du système agraire comme un tout.
La dynamique du modèle commence en 1985, période d’apogée de l’activité cacaoyère à Bahia. Par ce choix, nous avons cherché à confronter des réalités bien distinctes du système agraire régional. Alors que les années 80 furent marquées par l’apogée de l’activité cacaoyère, les années 90 sont, quant à elles, marquées par une grave crise de l’activité.
QUATRIÈME PARTIE: Confrontation du modèle avec la réalité
Les hypothèses mènent à la construction d’un modèle théorique qui constitue un schéma simplifié pour la représentation formelle de la réalité. Comme le modèle est toujours une représentation simplifiée de la réalité, il est nécessaire de vérifier s’il présente suffisamment de crédibilité, c´est à dire, si malgré son caractère incomplet, il permet d´expliquer la réalité de manière satisfaisante, de faire des prédictions ou de prendre des décisions avec un certain degré de réalisme.
Il convient donc de confronter les résultats obtenus au travers du modèle avec les faits observés (vérification de la validité du modèle). Si les faits contredisent les résultats obtenus, cela veut dire que les hypothèses de départ sont éloignées de la réalité et, que pour cette raison, elles devront être rejetées ou modifiées. Dans ces conditions, il nous faut recalibrer les paramètres dont les valeurs sont jugées trop peu fiables.
Le processus de validation de notre modèle a été réalisé de la façon suivante: a) par la présentation du modèle à des chercheurs de la CEPLAC et à des habitants de la région qui ont donné leurs opinions sur les résultats trouvés, b) par la confrontation des résultats du modèle avec des données de la réalité. Pour comparer les résultats de la simulation avec la réalité, nous avons fait appel à des informations secondaires provenant de diverses institutions de recherche et également à des informations obtenues grâce à la recherche sur le terrain. e também das informações obtidas através da pesquisa de campo. Dans certains cas, nous avons recours aux analyses statistiques pour valider le modèle.
Il nous a fallu choisir, dans chaque sous-modèle, les variables-clés qui sont comparées aux donnés de la réalité en vue de la validation et du calibrage. Les variables choisies sont les suivantes :
• Rendement physique du cacaoyer, prix de la terre et valeur de la production du cacao (sous-modèle rendement physique du cacaoyer et prix de la terre);
• Quantité d´emplois agricoles (sous-modèle emploi);
• Surface avec du cacaoyer greffé, cacaoyer non greffé et pâturages (sous-modèle surface);
• Quantité d’unités de production selon le type de main-d’œuvre et l’activité productive (sous-modèle typologie des unités de production) et;
• Indice de Gini (sous-modèle concentration foncière).