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Nouvelles tentatives de relance de la production

1.3. La région cacaoyère de Bahia

1.3.2. Histoire de l’exploitation de l’écosystème et du peuplement humain

1.3.2.6. Nouvelles tentatives de relance de la production

Sous la pression du lobby des fazendeiros du cacao, l’Etat Fédéral a débloqué des fonds pour lutter contre la maladie du balai de sorcière à travers le Programa de Recuperação

da Lavoura Cacaueira29. Les premiers fonds (340 millions de Reais soit 134 millions d´Euros) ont été libérés en 1995. Ce montant a été prêté aux fazendeiros à des taux d’intérêt assez intéressants. Ces financements, versés pour l’activité cacaoyère et le programme de clonage ont fait que la CEPLAC a obtenu un peu plus de moyens opérationnels.

28 Les contrats de métayage sont de 3 ans au minimum, dans le cas où il n’y a pas une durée établie dans les

contrats. Les contrats d’un an (la majorité des cas de notre zone) sont reconnus par la loi brésilienne.

La loi assure au métayer le droit de terminer la cueillette qu’il a commencée (loi du Statut de la terre de 1964 – article 96).

La première action proposée par la CEPLAC a été de mettre en place toute une série de nouvelles pratiques culturales pour tenter de limiter la propagation du champignon. Elles consistaient à diminuer la hauteur des cacaoyers par la taille (la hauteur des branches étant de 6 à 7 mètres ce qui rendait difficile la détection de la maladie), à enlever manuellement toutes les zones infestées par la maladie, à répandre du cuivre dans tout le verger et à apporter de l’engrais aux cacaoyers affaiblis. Du total de la surface en cacaoyers, 58% (366 000 ha ) ont été concernées par cette action sur une base de 340 Reais (134 Euros) prêtés par hectare : 125 millions de Reais (49 millions d´Euros) ont donc été utilisés pour cette première phase.

Seule une faible proportion des propriétaires a choisi de recourir à ce financement pour effectuer ces opérations. En effet, de nombreux propriétaires étaient déjà endettés au début de la crise, à cause des financements annuels d'entretien des cacaoyères (datant des années 1980) qu’ils n’avaient toujours pas remboursés. Ces propriétaires endettés ne présentaient plus de garanties suffisantes pour pouvoir prétendre à de nouveaux financements. Ce programme avait été par ailleurs contre-productif car l’apport d'engrais a multiplié les sites d’attaque pour la maladie en favorisant la multiplication des jeunes rameaux sur les arbres.

En 1998, il restait donc 215 Millions de Reais (84 millions d´Euro) de disponible à la CEPLAC. Un nouveau programme a donc pu être lancé par la CEPLAC, intitulé “Modernisation de la culture du cacao”30, avec les objectifs suivants:

a) substitution des cacaoyers sensibles à la maladie du balai de sorcière par greffage de plants hybrides plus tolérants à la maladie, avec un objectif de rendement de 150 @31 /ha

(contre 50 à 100 @ / ha observés dans les meilleures conditions avant la crise) ;

b) plantation de nouveaux plants à la place des cacaoyers morts et densification des plantations ;

c) régulation de l’ombrage avec plantation intercalaire d´essences à intérêt économique (bois d’œuvre et arbres fruitiers).

Il a été choisi de n’appliquer ce programme que sur la moitié de la surface des cacaoyers à Bahia, étant donné les ressources disponibles (les surfaces les plus planes, avec les sols les plus profonds...) soit 292 000 ha. Ce programme devait s’étaler sur trois ans. Avec 215 Millions de Reais (84 millions d´Euros) disponibles, cela faisait une somme de 736 R$/ha (288 €/ha). Il est intéressant de noter que ce budget a été élaboré en fonction des ressources disponibles et non en fonction des besoins. 2 595 propriétaires (soit 10 % environ des propriétaires de la région) se sont engagés à utiliser ces financements, la surface projetée étant de 99 980 ha. Le montant réellement utilisé a en fait été que de 73,5 millions de Reais (29 millions d´Euros).

En 2000, il restait donc encore 141,5 millions de Reais disponibles (55 millions d´Euros). Cependant cette somme restante, ainsi que les montants déjà alloués à l'hectare, étaient insuffisants pour mener l´exécution du programme.

En 2002, la résolution fédérale CMN nº 2.960, de 25 avril 2002, a permis aux institutions financières de renégocier les dettes contractées par les producteurs de cacao. Cette résolution permet l´accès à de nouveaux financements aux producteurs de cacao de la région. Il convient de souligner que les conditions établies dans cette résolution ne s´appliquent pas aux dettes des producteurs de cacao classés comme des mini producteurs (Art. 70).

30 Résolutions Fédérales CMN nºs 2.513 et 2.533, du 17/06/98 et 17/08/98. 31 @ arroba, unité de mesure 1@=15kg.

Cette même année, le Gouvernement a institué un nouveau programme d´appui au développement de la culture du cacao appelé Programa de Apoio ao Desenvolvimento da

Cacauicultura (PROCACAU) avec l´objectif, encore une fois, d´augmenter le rendement physique de la culture, grâce au clonage et à la densification des plantations. Les montants des crédits alloués s´élevaient à 2.300 Reais/ha (902 euros/ha), et pouvaient monter jusqu´à un maximum de 200.000 Reais par bénéficiaire32 (78.000 euros). Ce programme autorisait la

concession de plus d´un crédit par propriétaire. En 2003, la Résolution Fédérale CMN nº 3.076, du 24.04.03 a autorisé l´inclusion des propriétaires endettés jusqu´à 30.09.03 dans ce programme.

Le Projet de loi du Sénat, n0 127 de 2003 propose la création du Fundo de Garantia

para a Recuperação da Lavoura Cacaueira (FUNCACAU). Ce fonds garantirait une partie des risques de financement concédés aux petits et moyens producteurs de cacao, par les institutions financières officielles fédérales, directement ou par l´intermédiaire d´autres institutions financières.

En février 2006, la résolution 3.345 publiée par la Banque Centrale du Brésil, a prolongé les délais de paiement des dettes des propriétaires de cacao, dans le cadre du

Programa de Recuperação da Lavoura Cacaueira, jusqu’à juillet 2013. Les cacaoculteurs ont

bénéficié d’avantages tels que la substitution des charges financières variables par des taux d’intérêts fixes ainsi que de l’abattement de 30% de la dette pour ceux qui effectuent les paiements à échéance33.

En 2007, le Gouvernement de Bahia a lancé le “Plan Exécutif pour l´Accélération du Développement et la Diversification de l´Agriculture dans la Région du Cacao”, qui prévoyait l´injection de resources pour la renégociation de la dette des producteurs grâce à des taux d´intérêts spéciaux et des conditions différenciées de délai, le renouvellement des cacaoyers et la diverification de l´activité agricole dans la région.

Parallèlement à cet « effort » en faveur de la culture du cacao, la région cacaoyère a connu une série d´invasions des fazendas abandonnées ou semi-abandonnées, par des paysans sans–terres34. Certains propriétaires, qui possédaient des terres non mises en valeur, les ont confiées temporairement à des colons pour éviter l’expropriation.

La région a connu également des modifications dans le choix et la conduite des systèmes de production du fait des actions menées en faveur de la réforme agraire. Face au licenciement de nombreux ouvriers agricoles et à l’abandon de multiples terres, leur mouvements en vue d´obtenir une redistribution des terres se sont intensifiés.

Le Mouvement des Sans-Terre (MST), un des trois mouvements principaux de lutte pour la terre coordonne aujourd´hui la gestion de plusieurs assentamentos35 dans la région cacaoyère, dont deux sont situés dans la zone. En 1997, l’assistance technique du MST a mis

32 Les ressources totales ont été de l´ordre de R$ 180 millions ( 62 millions d´Euros) placées entre le 1er juillet

2002 et le 30 juin 2003.

33 Un autre aspect important du Programa de Recuperação da Lavoura Cacaueira est lié au projet de la

décryptage du génome de la plante du cacao et de la maladie balai de sorcière. L´objectif du « Réseau Génome » est d´identifier, à partir de la connaissance du génome du cacao et du champignon responsable de la maladie balais de sorcière, les interactions ou les relations existantes entre l´agent pathogène (champignon) et la plante-hôte (le cacaoyer) afin d´établir les stratégies pour la création de plantes hautement résistantes ou immunes à cette maladie.

34 Il s´agit des agriculteurs qui sont, en général, liés a des mouvements sociaux ayant l´objectif de promouvoir la

Réforme Agraire.

35 Assentamento: fazenda dont le propriétaire a été exproprié et qui a été redistribuée à des familles

au point un certain nombre de projets pour avoir accès à des crédits de la réforme agraire. Les projets qui ont actuellement été financés concernent le café Connillon, la canne à sucre, la banane plantain, l’ananas et le manioc. Cependant, des problèmes relatifs à la gestion des projets dédiés à l’agriculture familiale ont entraîné une relative inefficacité de la réforme agraire dans la région.