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Comment les territoires se sont-ils emparés de la question du climat ?

CHAPITRE 1 Rappel des enjeux d’une transition énergétique

1.1. L’état des savoirs sur le changement climatique

1.1.2. La relation CO2 - température et les apports du GIEC

Le GIEC, placé sous la tutelle de l’OMM et du PNUE, a été créé en 1988 à la demande du G721, « selon un processus qui combine les recommandations des différents gouvernements avec une prise en compte de l’expertise et de la reconnaissance scientifique » (Le Treut, 2006)22.

Le GIEC réalise des évaluations basées sur des travaux menés dans différents laboratoires à travers le monde. Il élabore ensuite des scénarii prospectifs d’après les données climatiques, l’évolution du niveau des mers et des températures, etc. Il a ainsi analysé le phénomène naturel de l’effet de serre et démontré la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement global mondial.

Le GIEC regroupe aujourd’hui plus de 2 500 chercheurs et experts de différentes disciplines. Ses travaux sont ainsi caractérisés par une approche interdisciplinaire. Il est composé de trois groupes de travail qui mettent en commun leurs connaissances et leurs expériences, et d’une équipe spéciale pour les inventaires nationaux des GES :

- le premier groupe, Les éléments scientifiques, s’attache à étudier scientifiquement le climat : fonctionnement passé, présent et futur, interaction avec les milieux,

- le second, Conséquences, adaptation et vulnérabilité, analyse les impacts des changements climatiques et la vulnérabilité des milieux (environnement et société), afin de proposer des mesures d’adaptation,

- le dernier groupe, Mesures d’atténuation, examine les émissions de GES et la manière de les réduire. L’équipe spéciale, chargée de la mise en oeuvre des inventaires nationaux de GES23, fait partie de ce troisième groupe.

Le GIEC est considéré comme une structure objective, sans parti pris. Les scientifiques qui le composent sont néanmoins désignés par les gouvernements et le rapport à l’intention des décideurs doit être validé par ces derniers. Les scénarios qu’il élabore sont par conséquent fondés sur des choix politiques.

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Groupe des sept pays les plus riches à savoir les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, le Canada et l’Italie

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23 Réalisation de rapports méthodologiques qui précisent la manière d’élaborer les inventaires nationaux : 1994, 1996, 2006, etc.

Le GIEC est aujourd’hui très influent. Il produit des rapports d’évaluation qui font un point sur l’état des connaissances relatives au changement climatique et qui orientent la politique énergétique des gouvernements. Le premier rapport d’importance date de 1990, d’autres suivent en 1995, en 1997, en 2000, en 2001, en 2006 et en 2007. Les conclusions de ces travaux « témoignent, par une évolution des adjectifs choisis, de la signification de plus en plus forte attribuée aux évolutions récentes du climat » (Le Treut, 2006)24. Le rapport de 1990 confirme les inquiétudes relatives aux changements climatiques liés aux activités humaines et il conduit les Nations Unies à élaborer la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), en 1992. Ce rapport, qui projetait une augmentation de la température de 0.15° à 0.3°C par décennie entre 1990 et 2005, a été validé par les faits puisque la température s’est élevée de 0.2°C tous les dix ans, au cours de cette période. Le rapport de 1995 a fourni les bases pour les négociations de Kyoto (1997) ; il s’est également inspiré des propositions de Rio (1992). Le rapport de 2001 confirme la responsabilité des Hommes dans le réchauffement (probabilité d’au moins 66 %) et il souligne l’accélération du phénomène et la nécessité de mettre en place une action globale25. Dans le rapport 2007, plus précis que les précédents, les experts réaffirment, avec une certitude de 90 %, que le réchauffement climatique est dû aux GES émis par les activités anthropiques. Ils annoncent alors une augmentation de la température comprise entre 1.8° et 4°C et une augmentation du niveau des mers de 28 à 43 cm d’ici la fin du XXIe siècle, qui dépendra notamment des actions mises en place par les politiques. Ils dénoncent des concentrations de GES jamais connues depuis plusieurs milliers d’années, imputables à l’utilisation des énergies fossiles dans les transports, l’industrie et les autres secteurs d’activité, au changement d’utilisation des terres26 et à l’agriculture. En effet, la concentration de CO2 n’a jamais été aussi importante au cours des 650 000 dernières années ; elle a crû de manière exponentielle voilà dix ans. Les concentrations en méthane et en azote suivent la même courbe (Annexe 1).

En outre, le rapport de 2007 annonce un réchauffement global de 0.10 à 0.16°C par décennie au cours des 50 dernières années, soit plus du double du réchauffement moyen observé les 100 dernières années. Les températures moyennes en Arctique ont augmenté deux fois plus vite au cours du XXe siècle que celles du reste du globe. L’élévation de la température moyenne de l’océan a contribué à une intensification des cyclones tropicaux. Des sécheresses et des précipitations plus importantes en terme d’intensité et de durée ont été observées dans différentes régions du monde,

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Il prévoit un réchauffement de la température compris entre 1.4° et 5.8°C par rapport à 1990 et à l’horizon 2100.

26 Par exemple, la diminution de la couverture végétale a des impacts sur le cycle hydrologique, amplifie le cycle diurne de la température et amoindrit les capacités de stockage du carbone.

des températures extrêmes également (moins de jours froids, de nuits froides et de gel, en revanche plus de nuits chaudes et de vagues de chaleur). Ces scientifiques ont mis en évidence les difficultés environnementales (conséquences sur les milieux naturels fragiles comme les récifs coralliens et la banquise), économiques (baisse de la productivité agricole par exemple) et sociales (problèmes d’accès à l’eau, de santé, etc.) résultant de ces changements. La responsabilité et la vulnérabilité des Etats ont été pointées du doigt. Dès lors, le groupe III dénonce l’inadaptation des politiques. Il précise aussi que les technologies sont disponibles pour enrayer la hausse des consommations et que l’efficacité énergétique doit jouer un rôle de premier ordre dans l’atteinte des objectifs internationaux que nous étudierons par la suite. Il préconise le développement des EnR, des constructions économes, du captage du CO2, du nucléaire et il souligne l’influence des comportements, donc l’intérêt de poursuivre et d’accentuer la sensibilisation. Enfin, le GIEC a estimé le coût des impacts du réchauffement entre 0.2 % et 3 % du PIB en 2030 (soit entre 120 et 1 900 milliars de dollars en considérant le PIB mondial de 2005).

En outre, les experts du GIEC s’accordent sur le fait que la température moyenne de surface a augmenté de 0.74 degré entre 1906 et 2005 (GIEC, 2007). Il s’agit d’une moyenne statistique entre l’évolution des différentes aires climatiques (Annexe 2). Notons aussi que le réchauffement sur les continents est plus important que sur les océans (Annexe 3), que l’hémisphère Nord est l’espace qui s’est le plus réchauffé et que l’augmentation de la température terrestre a connu différentes phases : de 1910 à 1945 et depuis 1976 (Annexe 4).

Enfin, le GIEC réalise des rapports spéciaux sur des sujets précis27. A cet égard, le Rapport spécial du GIEC sur les scénarios d’émission28 a développé la prospective internationale sur les émissions de GES. Il a constitué une base assez précise et les résultats ont été validés par le troisième rapport d’évaluation de 2001. Par ailleurs, dans un rapport spécial de 2005, le GIEC estime que les technologies de captage du CO2 pourraient diminuer le coût de la lutte contre les changements climatiques de l’ordre de 30 % et que les techniques de stockage dans les couches géologiques pourraient avoir un rôle de premier ordre pour répondre aux engagements de stabilisation des émissions. Le GIEC établit enfin des documents techniques qui recueillent les avis scientifiques et techniques sur des thèmes précis29.

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Par exemple : The Regional Impacts of Climat Change en 1997, Aviation and the Global Atmosphere en 1999, rapport de 2005 sur le rôle du captage et du stockage du CO2.

28 Special Report on Emission Scenarios, SRES, www.grida.no/climate/ipcc/emission. Etude déroulée sur cinq ans entre 1995 et 2000.

29 Par exemple : Techniques, politiques et mesures d’atténuation des changements climatiques en 1996, Incidences des propositions de limitation des émissions de CO2 en 1997, Les changements climatiques et la biodiversité en 2002.

Les données du GIEC semblent donc objectives et relativement précises. La multiplication des événements climatiques extrêmes devrait désormais éveiller la conscience collective et guider les pays sur la voie d’une transition énergétique. Au regard de l’inaction du « système monde », croyons-nous à ce que nous savons ?