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Conditions et limites de la sélection

À partir de ce cadre théorique original, nous avons constitué un matériau de « science faite », c’est-à-dire les savoirs disponibles sur les téléspectateurs. Rapidement, nous avons choisi de sélectionner les textes produits et diffusés dans le champ académique : comme le souligne Lorenza Mondada (1995)21, les textes scientifiques sont le lieu de la traduction et de la gestion des hétérogénéités manipulées par le chercheur au cours de ses activités : ils rendent compte, de manière intelligible, de pratiques scientifiques mises en discours par les chercheurs eux-mêmes : « L’organisation textuelle ordonne un réseau d’acteurs par rapport aux faits ainsi relatés – elle impose par exemple un certain nombre de références bibliographiques comme constituant l’état de la recherche, elle exhibe les auteurs de l’article comme des figures importantes du champ considéré, elle

21 Pour L. Mondada (1995), « le texte donne une structure aux faits scientifiques et impose un ordre à

lie les faits aux institutions et aux fonds qui en ont permis la découverte, elle prévoit et incorpore des figures de destinataire. […] Le texte […] est la forme sous laquelle la découverte circulera, sera retenue, citée, discutée, sanctionnée » (ibid.). Il s’agissait de recueillir les connaissances sur les téléspectateurs mises en circulation dans le champ académique français22, i.e. les ouvrages scientifiques et les articles publiés dans des revues scientifiques. Pour être précise, nous avons limité l’investigation aux sciences humaines et sociales puisqu’il s’agissait d’envisager l’objet « téléspectateurs » dans son acception « humaine » (les individus qui sont en contact avec le média)23 et non sur un plan technique ou technologique (e. g. le récepteur en tant que support permettant la diffusion d’images et de sons). Puis, nous avons eu recours à l’interrogation de catalogues de bibliothèques, nous avons exploré les bibliographies d’ouvrages et articles à notre disposition en lien avec notre formation universitaire préalable (manuels de théories et méthodes en sciences de l’information et de la communication, ouvrages et articles consultés dans le cadre de nos travaux de maîtrise et de DEA…), nous avons consulté les références proposées par le réseau Internet lorsque l’on tape les entrées « téléspectateurs », « réception télévisuelle », « publics de télévision » dans des moteurs de recherche (notamment www.google.fr et http://scholar.google.fr). Surtout, ce sont les références bibliographiques mentionnées dans les différents textes recueillis qui ont permis un recensement assez large. Par ailleurs, ce dernier procédé offre l’avantage de collecter les publications effectivement mises en circulation via les discours des chercheurs (celles qui ont été lues, reprises, commentées, discutées ou simplement citées). Certains éléments ont également été mis à notre disposition par notre directeur de recherche.

Comment s’est opérée la sélection ? D’une part, nous avons mis en œuvre un mode opératoire rigoureux, i. e. une sélection par mots clés proches de la notion de « téléspectateur » : récepteur/réception (télévisuelle), public (de télévision), spectateur, audience (audimètre/auditoire). Celle-ci a été enrichie par les terminologies voisines et/ou qui sont utilisées dans le domaine : pratique (et les formes avérées de pratiques téléspectatorielles comme le zapping), usage, message, médiamat, impact, effets,

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L’énoncé écrit permet une meilleure circulation que l’intervention orale, lors d’un colloque. C’est pourquoi nous n’avons pas cherché à recueillir les enseignements et communications sur le sujet, d’autant plus qu’ils sont moins accessibles au chercheur (les acteurs n’en conservent pas toujours les traces).

23 C’est-à-dire, selon la définition de « téléspectateur » proposée par le Trésor de la langue française

35 influence, consommation. Partant de l’idée selon laquelle un titre traduit, annonce et/ou résume un contenu, ceci semblait pertinent pour le recueil de textes sur l’objet. Mais, le choix des termes constitue un premier biais méthodologique, auquel d’autres se sont ajoutés. D’autre part, nous avons peu à peu développé une démarche incluant d’autres paramètres, à mesure des limites auxquelles nous avons été confrontée. En effet, que faire des ouvrages collectifs dont le titre comporte un des mots clés sélectionnés ? Faut-il collecter toutes les contributions qu’Faut-il contient, bien que celles-ci ne portent pas toutes directement sur les téléspectateurs ? Le cas est identique pour les chapitres d’ouvrages, de manuels et les dossiers de revue24. Par exemple, citons Les sens du public. Publics

politiques, publics médiatiques, dirigé par Daniel Cefaï et Dominique Pasquier en

2003 : l’intitulé comporte une entrée retenue (« publics »), est-ce que cela signifie que tous les textes rassemblés doivent intégrer notre corpus, alors que certains ne traitent absolument pas de l’objet téléspectateurs (mais d’espaces publics par exemple) ? Dans ce cas de figure, nous avons retenu uniquement ceux qui traitaient directement des téléspectateurs.

Une deuxième limite est le cas des textes dont le titre ne comporte aucune des entrées retenues, mais qui traitent des téléspectateurs : pour exemples, l’enquête sur les « conversations télé » menée par Dominique Boullier (1987), celle de Sabine Chalvon-Demersay (1999) sur la réception d’une série télévisée, présentée dans l’article « La confusion des conditions. Une enquête sur la série télévisée Urgences ». Nous savons que ces publications portent sur l’objet par connaissance des travaux et parce qu’ils sont signalés comme tels par leurs pairs. Un autre exemple est celui du texte de François Jost (1997), « La promesse des genres » : l’auteur s’interroge sur les genres et traite des contenus télévisuels. Dans cet ordre d’idées, on y trouve un vocabulaire de type « programmation, loi du genre, document audiovisuel, film ». A priori, le texte ne correspond pas aux critères définis pour intégrer notre corpus. Sauf que, si nous lisons l’intégralité du texte, nous nous apercevons que l’auteur met en rapport la notion de genre avec celles de pacte de communication, d’interprétation ; il fait intervenir la question du téléspectateur et tient un discours sur l’objet, avec des assertions comme : « Outre le genre "émissions pour la jeunesse" qui se définit par le public qu’il vise, de

24 À certains moments, le rubriquage proposé par les directeurs de revue, collection, etc. a pu entraîner

des confusions, lorsqu’un texte était déplacé d’une rubrique « réception » à une autre lors d’une réédition (voir le chapitre 5).

nombreux titres impliquent le téléspectateur », « […] facilitant la sérialisation générique de la réception », « le genre comme catégorie de réception ». Par ailleurs, certains chercheurs que nous avons rencontrés évoquent le nom de François Jost lorsqu’ils parlent des chercheurs sur la réception (voir l’entretien mené avec Dominique Boullier, annexe 8h). Le cas de figure inverse est également sujet à questionnement : que faire d’un article dont le titre contient un des mots clefs retenus mais dont le contenu ne traite pas la question de la réception ? Par exemple, l’article d’Éric Macé (1994b), « La programmation de la réception. Une sémiologie critique des contenus ». L’auteur précise lui-même dans l’article que « puisqu’il s’agit de proposer une sociologie des contenus, cet article n’est pas le compte rendu d’une étude de réception mais l’analyse des contenus d’une émission à partir de catégories analytiques ».

Compte tenu du caractère restreint de l’élément sur lequel la sélection repose (les titres)25, le mode opératoire est vite devenu insuffisant. La constitution du corpus a pu être influencée par notre propre définition de l’objet26 et par celle que certains chercheurs proposent. En effet, les choix que nous avons dû opérer orientent la constitution du corpus, que ce soit au niveau des mots clés qu’à celui de l’interprétation des contenus : ce faisant, nous sommes amenée à définir ce qui est ou n’est pas de l’ordre du domaine de recherches sur les téléspectateurs, malgré l’emploi de précautions méthodologiques. De même, l’intérêt accordé aux mêmes définitions proposées par les acteurs du domaine peut conduire à en adopter une plutôt qu’une autre et exclure une approche de notre corpus. Pour davantage de lisibilité, nous répertorions les problématiques en lien avec la constitution (puis l’exploitation) d’un corpus de textes scientifiques, en fonction de modes opératoires possibles et des interrogations qu’ils suscitent (voir le tableau 1).

25 À notre connaissance, il n’existe pas de norme scientifique pour la définition des titres. Le plus

souvent, ceux-ci contiennent l’objet ou terrain étudié ainsi que l’approche choisie, mais ils peuvent aussi emprunter à d’autres registres (énigmatique, métaphorique, descriptif…). Pour exemples : « Le programme global » (Bertrand, de Gournay, Mercier, 1988a) ; « Télévision et démocratie culturelle » (Friedmann, 1967) ; « Une nouvelle amie. Le héros télévisuel comme promesse d’amour » (Pasquier, 2002) ; « La télévision cérémonielle » (Dayan, Katz, 1996).

26 « Notre » définition est fondée essentiellement sur le terrain de recherches des travaux concernés. Nous

avons choisi d’intégrer au corpus ceux qui étudient l’individu dont la caractéristique principale est d’avoir été ou être en contact avec le média télévision. En revanche, ceux qui analysaient des contenus (médiatiques) ou des chiffres ont été écartés s’ils ne répondaient à aucun critère.

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Tableau 1. La constitution d'un corpus de textes scientifiques. Interrogations et problématiques.

Mode opératoire de sélection Interrogations suscitées Problématiques Sélection par mots clefs - Quels mots clés ? - Où situer les mots

clés ?

Le choix définit un cadre pour l’objet ; il borne l’objet de recherches

Mots clefs dans le titre : étude restreinte. Problème des pratiques de titrage des articles scientifiques.

Mots clefs dans les « mots clefs » : leur choix inscrit ou non le texte par rapport à des objets, d’où un double biais lié à une double caractérisation. De plus, les mots clefs peuvent être définis par l’auteur (qui souhaite s’inscrire dans telle ou telle problématique de recherche) ou par le comité éditorial de la revue (codes déjà existants ?).

Mots clefs dans le texte : étude large, problème de sa pertinence. Exploration du contenu - Quelle méthode ? Quelle grille de lecture ? - Y a-t-il une définition « reconnue », « validée » de l’objet ? - Quelle quantité de textes à explorer - Quelle prise en compte du projet annoncé de l’auteur ?

Conduit à proposer une définition de l’objet, qui n’est pas « la » définition.

Problème de la faisabilité de l’étude.

Interroge la place du chercheur par rapport au terrain d’enquête.

Examen de la structure

meta-textuelle

- Que faire des articles intégrés dans un dossier sélectionnable/dont le titre est en rupture avec le contenu ?

Interroge la nature des pratiques professionnelles (ici scientifiques).

Interroge la place du chercheur par rapport aux pratiques professionnelles du terrain d’enquête.

Ceci dit, nous pensons que l’association de ces éléments (mots clés, reconnaissance par les pairs et lecture du contenu) peut constituer un mode opératoire qui permet non pas

d’annuler, mais d’intégrer ces biais dans une logique de recueil de publications scientifiques. En ce sens, notre sélection comporte différents éléments : des publications répondant aux critères définis en amont (majoritaires dans l’ensemble), celles considérées comme « étant » de la réception par leurs pairs27, celles dont le contenu porte, selon nous, sur les téléspectateurs, etc. La méthode comportait le risque d’inclure des textes dont le titre mentionnait l’un des mots clés retenus, mais dont le contenu ne portait pas directement sur l’objet téléspectateurs. Ainsi, ne saurait-elle prétendre à l’exhaustivité28 ; de plus, elle ne constitue pas l’ensemble du domaine de recherches, mais en est une présentation, à défaut d’une définition précise, affirmée et validée de celui-ci. En effet, il n’en existe pas, à notre connaissance, d’écrit faisant autorité en France, i. e. un texte qui proposerait une définition de ce qu’est, ou non, une recherche sur les téléspectateurs29.

Au-delà de ces limites, qui sont autant heuristiques que méthodologiques, il en est une qui a trait aux réseaux de circulation des savoirs. Lorsque nous exploitons la bibliographie d’un texte pour en recueillir d’autres, nous activons un ou plusieurs réseaux de pensée et/ou de chercheurs. À suivre les écrits des sociologues des sciences, les citations en référence traduisent des filiations et des circuits de diffusion des connaissances, que nous avons parfois empruntés. On doit faire l’hypothèse suivante : une approche qui apparaîtrait quantitativement dominante dans notre sélection ne l’est en réalité que par un effet d’enchâssement de références. Notre position adoptée de lectrice des recherches suggère que nous ayons eu affaire à un état des savoirs disponibles dans le champ académique ; ceci dit, ce sont aussi nos intérêts et nos

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Citons à nouveau l’exemple du texte « La promesse des genres » écrit par F. Jost (1997) : celui-ci ne correspond pas tout à fait à notre définition (il s’agit de proposer des interprétations possibles des messages médiatiques via une lecture fine des contenus), le titre ne comporte aucun des mots clés retenus ; pourtant l’auteur est un des tenants des « théories de la réception idéale » présentées par G. Lochard et J.-Cl. Soulages (1998) et est cité comme un des représentants des travaux sur les téléspectateurs (Boullier, entretien, 3 mars 2005).

28 Une difficulté logistique de ce travail a été de déterminer à quel moment clore le corpus : nous avons eu

connaissance encore récemment de textes publiés sur l’objet (plus ou moins anciens) qui auraient pu l’intégrer. Par exemple, les ouvrages de J. Dumazedier (Télévision et éducation populaire, 1966), de R. Chaniac et M. Roman (Vers une nouvelle pratique de la télévision ?, 1988). Mais, une stabilisation définitive a été nécessaire, afin de permettre l’exploitation statistique de l’ensemble. Celle-ci doit donner des tendances ; nous citerons parfois des éléments comme étant des publications sur les téléspectateurs, mais qui ne figurent pas dans le corpus.

29 On peut signaler l’ouvrage écrit par B. Le Grignou (2003), Du côté du public. Usages et réceptions de

la télévision, qui remplit quelque peu cette fonction. Mais, malgré la qualité et le panorama proposé par l’auteur, nous n’y avons pas trouvé ni modélisation ni définition permettant de présider à la sélection de notre corpus.

39 affinités scientifiques pour l’une ou l’autre approche qui ont pu favoriser certaines lectures plutôt que d’autres. Par exemple, nous verrons infra que le premier acteur des recherches que nous avons rencontré a été Daniel Dayan, d’une part suite à une recommandation de notre directeur de thèse ; d’autre part, nous étions d’ores et déjà très intéressée – influencée ? – par les travaux de ce chercheur. Quels effets cette rencontre a-t-elle eu sur la poursuite de nos recherches ainsi que sur notre perception du domaine des recherches sur les téléspectateurs ? Jusqu’où le point de vue de cet acteur a-t-il orienté le nôtre ?

359 éléments ont été sélectionnés30. Le plus ancien texte recensé est daté de 1964, il s’agit d’un article écrit par le sociologue français Georges Friedmann, « La télévision vécue », publié dans la revue Communications. La même année, ce même texte est aussi édité dans l’ouvrage Ces merveilleux instruments écrit par l’auteur. De fait, il inaugure un corpus stabilisé en 2004 afin d’en permettre l’exploitation. Mais, des chercheurs posent la question des comportements des téléspectateurs dès les années 50, notamment sous l’impulsion d’instituts professionnels ou d’organismes comme l’Unesco, e.g. l’enquête menée par Joffre Dumazedier (1955) sur le rôle de la télévision en tant qu’outil éducatif (voir les chapitres 1 et 2). En ce qui concerne les éléments produits et diffusés dans le champ académique, l’article de Georges Friedmann nous est apparu comme étant le premier au moment de la stabilisation du corpus. En réalité, le texte inaugural aurait pu être un article écrit par les sociologues Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron en 1963, intitulé « Sociologues des mythologies ou mythologie des sociologues » et publié dans la revue Les temps modernes. Dans celui-ci, les auteurs traitent des études sur les médias de masse, ils abordent la question de l’activité de leurs usagers – et dénoncent les lacunes des réflexions conduites par les sociologues du Centre d’étude des communications de masse (nous revenons sur ce point dans le chapitre 2). D’une part, il ne nous intéressait pas a priori puisque ni son titre, ni les travaux que nous connaissions de ses auteurs ne laissaient présager un écrit sur les téléspectateurs. D’autre part, nous l’avons exploré après avoir stabilisé, et exploité le corpus.

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Le lecteur trouvera la liste des éléments du corpus sous la forme de références bibliographiques (de A à Z) en annexe 1a, puis classées par année de publication en annexe 1c. Pour plus de précision, les articles de revue scientifique (annexe 1d), les contributions à un ouvrage collectif (annexe 1e) les dossiers de revue (1f), les ouvrages (1g) ainsi que les ouvrages collectifs (1h) font l’objet de catalogues chronologiques.

Ainsi les publications sélectionnées sont-elles réparties dans le temps entre 1964 et 2004 (voir la figure 2). D’emblée, nous observons une accélération de la quantité de textes à partir de 1988. Nous verrons que ce moment correspond à un croisement entre l’évolution des pratiques académiques (plusieurs revues sont créées au cours des années 80 et offrent ainsi des espaces d’écriture à des chercheurs dont le nombre augmente également) et le retour de l’objet « téléspectateurs » sur la scène académique. Mais, il ne signifie pas une distinction entre deux périodes, un « avant » et un « après 88 ». Dans une perspective diachronique, nous proposons de caractériser l’évolution des recherches en cinq périodes (la distribution quantitative des éléments du corpus pour chacune des périodes est indiquée en annexe 1b) :

- La première (1964-1973) est celle des premiers travaux et réflexions produits et diffusés dans le champ académique.

- Une seconde lui succède, où l’objet est absent des débats : entre 1974 et 1987, nous ne recensons que peu de textes, alors que l’on pourrait s’attendre à un développement d’enquêtes faisant suite aux énoncés inauguraux des années 60. Le Centre d’étude des communications de masse, lieu de l’émergence académique des écrits abandonne symboliquement l’étude des communications de masse en changeant de nom (il devient le Centre d’études transdisciplinaires Sociologie, anthropologie, sémiologie en 1973). Cela signifie-t-il que les téléspectateurs n’intéressent pas les chercheurs ?

- La période entre 1988 et 1992 marque le retour de l’objet : 1988 est l’année de publication des premiers dossiers de revue sur ce thème ; elle est aussi celle où la quantité de publication s’accroît de manière fulgurante (deux textes recensés pour 1987, dix-neuf l’année suivante).

- À partir de 1993, les recherches se consolident : elles sont installées dans le champ scientifique, font l’objet de publications régulières. Elles sont légitimées par la publication du dossier « À la recherche du public » dirigé par Daniel Dayan (1993a) pour Hermès, un élément considéré comme introducteur pour certains. Elles se développent notamment dans le cadre d’une sociologie de la réception

41 symbolisée par la publication de l’ouvrage La culture des sentiments de la sociologue Dominique Pasquier (1999).

- Enfin, durant la dernière période (1999-2004), la dénonciation des limites méthodologiques entraîne une meilleure visibilité d’une variété d’approches, et parfois, leur reconnaissance.

Ce découpage fournit des repères temporels pour l’évolution des recherches ; il est établit à partir d’éléments aussi divers que la quantité des textes recensés, la publication d’un dossier de revue, la domination d’une approche, la réception des écrits d’un chercheur. Ceci traduit l’idée de penser la constitution des savoirs en fonction de la configuration du champ dans lequel ils émergent.

Figure 2. Évolution des publications sur les téléspectateurs (1964-2004).

0 10 20 30 40 50 60 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 Année N o m b r e d m e n ts

Enquêtes auprès des revues scientifiques

Les éléments du corpus sont pour majorité des articles de revue scientifique (62 %), puis des contributions à des ouvrages collectifs (24 %) (voir la figure 3, et les annexes 1d et 1e). Faute de démarche comparable, nous ne pouvons pas évaluer s’il s’agit d’une situation atypique ou non. Ceci dit, nous observons un renversement de tendance à partir de 1997 : la quantité de publications dans des ouvrages collectifs augmente au

point de dépasser celle d’articles (voir la figure 4). Les revues ne seraient-elles plus les outils privilégiés de l’écriture scientifique ? Plusieurs éléments, liés aux pratiques académiques, peuvent hypothétiquement éclairer ce phénomène : la sélection au sein des comités scientifiques de revues est de plus en plus difficile ; un nombre plus important de chercheurs nécessite la multiplication de lieux de diffusion des savoirs et les ouvrages collectifs répondraient à ce besoin ; la procédure de qualification au Conseil national des universités conduit les docteurs à multiplier les publications durant leur thèse ; la diffusion électronique propose de nouveaux espaces d’écriture, moins