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CHAPITRE 3 – PROPOSITION DE RECHERCHE ET MÉTHODOLOGIE

3.4 Recueil des données de la recherche

La revue de la littérature a permis de relever le peu de connaissances théoriques et empiriques qui existent sur la gestion des GPJ. Par conséquent, et puisque la présente recherche vise une contribution au développement de la théorie sur ce sujet, il a été convenu qu’il s’avérait essentiel de retenir une méthode de collecte de données qui puisse satisfaire l’atteinte de cet objectif. C'est- à-dire une méthode qui puisse couvrir l’ensemble des éléments désirés, soit ceux pointés par les questions et sous-questions de la recherche tout en fournissant un maximum de données auprès de participants rattachés à la gestion de projets, à la gestion des ressources humaines ainsi qu’à la direction des organisations.

De par la nature exploratoire de la recherche, le recueil d’une grande quantité de données consistait de façon non équivoque en un atout majeur afin de notamment faire ressortir des dimensions inattendues de la problématique et ainsi mieux cerner et éventuellement mieux acquérir une meilleure compréhension du phénomène à l’étude (Miles et Huberman, 1991). En ce sens, c’est l’entrevue qui est apparue la méthode de collecte de données la plus pertinente.

Patton (2002) place sur un continuum trois types d’entrevues pour le recueil de données qualitatives. À l’une des extrémités, il situe la conversation informelle à l’autre l’entrevue standardisée à partir de questions ouvertes puis au centre l’entrevue semi-dirigée, laquelle

s’effectue à partir de questions semi-ouvertes colligées au sein d’un guide.

Dans le cadre de cette recherche, c’est cette dernière alternative qui a été retenue. L’entrevue semi-dirigée a ainsi permis d’obtenir, à partir de la réalité et du vécu des individus, des descriptions contextuelles riches en détails. Celles-ci ont effectivement favorisé l’exploration en profondeur de la gestion des GPJ. Des questions posées en vue d’éclaircir un aspect abordé ou pour en savoir davantage au sujet de pratiques propres à l’organisation du participant ont à ce propos permis d’enrichir la compréhension du phénomène à l’étude. Puis, les phases d’analyse et d’interprétation des données recueillies ont contribué à obtenir un portrait de la gestion des GPJ au sein de l’industrie aérospatiale au Québec. À titre de comparaison, le recours à une autre méthode de collecte de données, tel un questionnaire avec des questions fermées (ex. : sondage) n’aurait pas permis d’apporter autant d’informations qu’une entrevue en profondeur, cela même dans le cas où des variables auraient pu être déterminées à partir d’une théorie abondante sur le sujet (Patton, 2002).

3.4.1.1 Guide d’entrevue

Le guide d’entrevue avec questions semi-ouvertes fut le principal instrument de recueil des données de la recherche (Annexe D). Le guide d'entretien fut élaboré avec soin afin d’éviter le risque d'affecter la qualité des données d’entrevues (Patton, 2002). Les questions semi-ouvertes, ont été élaborées à partir de la revue de la littérature ainsi que des questions de recherche. Elles ont ainsi été formulées en fonction du niveau de détails souhaités pour répondre aux questions de la recherche et de la durée estimée optimale des entrevues.

Le guide d’entrevue a couvert cinq thèmes spécifiques : 1) Contexte de l’entreprise, des projets et du participant ; 2) Défis de la GRH des GPJ ; 3) Stratégies et pratiques de GRH des GPJ ; 4) Acteurs de la GRH des GPJ ; 5) Retombées de la GRH des GPJ. À l’intérieur de chacun des thèmes, les questions semi-ouvertes s’avèrent de différents types (Patton, 2002) : questions sur l’expérience, les comportements et les activités du participant à la recherche en lien avec la GRH des GPJ.; questions sur les opinions et valeurs; questions sur la connaissance des participants afin d’obtenir des informations factuelles (ex. : philosophie RH de l’entreprise);

La pose des questions semi-ouvertes du guide d’entrevue a respecté un ordre fixe et progressif (ex. : questions qui visaient la description, puis l’émission d’opinion, ensuite l’interprétation, la spéculation) (Patton, 2002). La confiance s’est installée graduellement entre les participants et la responsable de la recherche. Cela a d’ailleurs permis de recueillir des données contextuelles riches à partir desquelles les informations subséquentes ont pu être mieux comprises. Tel que le suggère Patton (2002), les entrevues se sont terminées par quelques questions socio démographiques (ex. : scolarité, expérience) afin d’obtenir des réponses complémentaires à celles qui avaient été posées de façon non intrusive au fil de l’entrevue.

Le guide d’entrevue a été préparé en fonction des contraintes du temps des participants lesquels, de part leurs rôles et responsabilités, ont généralement un agenda assez chargé. Cela s’est d’ailleurs avéré le cas avec les participants qui représentaient l’élite managériale dans les entreprises. Il est aussi arrivé que des rendez-vous avec ceux-ci aient été reportés d’une semaine à l’autre. Le délai estimé raisonnable pour obtenir un maximum d'informations auprès de chacun d’entre des participants se situait aux alentours de 60 minutes.

Pour les besoins de la recherche, le guide d’entrevue fut traduit du français vers l’anglais. À l’issue d’une première ébauche formelle, le guide d’entrevue a fait l’objet d’une lecture approfondie par le directeur de la recherche. Cette étape a permis de statuer sur la clarté et la formulation des questions semi-ouvertes. Les changements nécessaires ont été apportés. Par la suite, le guide d’entrevue a été testé auprès des participants des deux premiers cas d’entreprises (AÉRO 1 et AÉRO 2). Au fil des entrevues, la formulation des questions s’est peaufinée (ex. : termes plus appropriés au terrain). Il en est allé de même pour leur ordonnancement et leur nombre. Une version finale du guide d’entrevue fut atteinte dès la troisième vague d’entrevues (AÉRO 3).

Selon le statut des participants, des questions du guide d’entrevue ont été ignorées. Ce fut notamment le cas avec les participants de la haute direction des entreprises. Ces derniers n’ont alors pas eu à répondre, par exemple, aux questions les plus pointues sur la GRH des GPJ. Ce fut également le cas avec les participants qui avaient peu de temps à allouer à l’entrevue. Puisque ceux-ci annonçaient généralement d’entrée de jeu le temps limite dont ils disposaient, il était aisé de déterminer dès le départ les questions essentielles à leur poser, le tout encore une fois, en fonction de leur statut.

3.4.1.2 Données secondaires

Cette recherche a considéré des données secondaires. Celles-ci ont été tirées des sites Internet d’AÉRO Montréal ainsi que des entreprises participantes afin d’éventuellement rendre compte de leur rôle et de leur profil pour fin de description (section 3.3 Terrain de la recherche).

3.4.2 Déroulement des entrevues

Les entrevues ont été réalisées auprès de 65 participants issus des huit entreprises de l’industrie de l’aérospatiale au Québec. Selon la disponibilité des participants, entre une et quatre entrevues ont pu être réalisées en une seule journée. À ce propos, l’Annexe C consiste en une compilation des données qui se rapportent aux participants de la recherche. Celles-ci sont réparties dans le temps, par entreprises, par prénom fictif et fonctions généralisées.

Les entrevues se sont déroulées sur une période de quatre mois, soit de mai à septembre 2008. La Figure 3.1 permet de visualiser cette phase parmi les autres qui ont été accomplie dans le cadre de cette recherche. Chacune d’entre elles fut rendue possible grâce à un agent de liaison en entreprise qui a pris les rendez-vous sur la base de la disponibilité des participants. Toutes les entrevues ont eu lieu sur le lieu de travail de ces dernier.

Figure 3.1 Chronologie des phases de la recherche

Avant d’entreprendre les entrevues dans une entreprise, la responsable de la recherche s’est assurée d’obtenir une autorisation d’accès au terrain signée par un représentant de l’entreprise. Dans deux cas d’entreprises, la responsable de la recherche a dû signer un protocole d’entente sur la protection des informations qu’elle s’apprêtait à recueillir.

Avant le début d’une entrevue, la responsable de la recherche a rappelé au participant l'objet de l’étude afin de s'assurer que celui-ci comprenait clairement le sujet de la recherche. Chacun des participants fut ensuite mis au courant des modalités de la recherche (ex. : durée, anonymat, enregistrement) notamment par l’intermédiaire de deux formulaires concernant l’éthique de la recherche (voir section 3.8). Les entrevues ont été réalisées dans la langue qu’a voulu privilégier le participant. Cinquante-sept entrevues se sont déroulées en français et huit en anglais. La durée moyenne des entrevues fut de 55 minutes.

Les entrevues ont été enregistrées audio numériquement à l’exception de six d’entre elles par respect de la politique d’une entreprise. La responsable de la recherche fut alors accompagnée pour la prise de notes pendant l’entrevue. Cela lui a permis de demeurer pleinement attentive au contenu des réponses des participants.

Deux accompagnateurs ont été impliqués dans l’aide à la prise de notes, soit un associé de recherche et un doctorant qui relevaient du directeur de la recherche. Ceux-ci possédaient notamment de l’expérience en recherche qualitative. La responsable de la recherche s’est assurée de les mettre au parfum de son projet de recherche avant de les impliquer (ex. : prise de connaissance du guide d’entrevues, information sur le déroulement habituel des entrevues, mandat pendant l’entrevue et après, dont la transcription de leurs notes dans le meilleur des délais et remise des transcriptions pour fin de contre vérification afin d’assurer la fidélité des données recueillies). Les deux accompagnateurs ont également signé un formulaire qui les engageait à respecter la confidentialité des données qu’ils aidaient à recueillir.

À l’issue de chacune des entrevues, la responsable de la recherche a remercié le participant pour le temps qu’il a bien voulu lui allouer. Elle lui a rappelé son engagement à respecter la confidentialité de ses propos. Enfin, elle lui a indiqué qu’il lui ferait plaisir de lui transmettre les données de sa recherche aux lendemains de la soutenance de sa thèse.

3.5 Traitement des données de la recherche