• Aucun résultat trouvé

Recherches sur les volcans éteints : un ouvrage hétéroclite   ?

OUVRAGES DU NATURALISTE

2. Recherches sur les volcans éteints : un ouvrage hétéroclite   ?

La découverte des volcans du Vivarais est attribuée à Faujas par l’Abbé Rozier dès

1775 dans ses « nouvelles littéraires ». Le journal précise dans sa description de l’excursion

que la troupe effectue au bord du Rhône : « Ces MM. pendant le séjour qu’ils ont fait à

Montélimar, ont trouvé sur la rive gauche du Rhône, & assez avant dans le pays, des très gros

fragments de basalte à colonnes, que M. Faujas avoit reconnu depuis longtemps1 ». Ces

quelques lignes permettent à Faujas d’obtenir l’antériorité de la découverte des basaltes du Vivarais. Cette édition représente un grand pas en avant pour la carrière scientifique de notre Faujas. C’est le premier véritable ouvrage signé Faujas de Saint-Fond et c’est réellement la finalité de tout le travail sur les feux souterrains que le naturaliste insère dans ce recueil de mémoires.

1

Faujas de son côté se sert des quelques déplacements qu’il effectue à Paris pour faire

la promotion de son ouvrage à paraître. Ainsi, il fait imprimer un prospectus1 pour lui

permettre de trouver des souscripteurs. Celui-ci est encore une fois publié dans le Journal de

Physique du mois de juin 1777 sous le titre Description des Volcans éteints du Vivarais et du

Velay ; par M. Faujas de Saint-Fond2. Après avoir décrit sa contribution aux sciences en se

hissant sur les épaules de Guettard, il fait remarquer aux lecteurs qu’il n’entend pas s’occuper

de l’Auvergne qui est la « région de MM. Guettard et Desmarest 3 ». Le journal nous donne

ensuite les conditions de souscription. L’ouvrage présenté en in-folio peut être souscrit à Grenoble chez Cuchet et à Paris, pour le prix de 24 livres d’avance et 36 à la réception du

« volume en feuilles, avec toutes les planches ». Détail intéressant, la date de publication

finale est annoncée au mois de février 17784.

Les souscripteurs

Cet ouvrage, publié à Paris et à Grenoble, connaît un véritable succès éditorial. En effet l’édition comprend les noms des souscripteurs, ce qui nous permet d’avoir une idée des premiers lecteurs de l’œuvre du naturaliste.

D’abord, on constate que Faujas aurait au moins vendu 316 unités réparties sur 281 entrées nominatives. C’est Necker qui fait la plus grosse commande avec 20 unités, ensuite vient Roux libraire à Mayence avec 12 unités, puis quelques graveurs et marchands de livres, la Chartreuse de Grenoble et les États du Languedoc avec 2 unités. Les personnes morales, soit institutions, marchands et métiers du livre, représentent 6 % des souscripteurs. Quantitativement c’est assez faible, mais on retrouve quelques institutions intéressantes comme la Bibliothèque de Grenoble, la Chartreuse de Bonnefoy qui avait accueilli Faujas durant ses périples ainsi que les États du Languedoc et du Vivarais. Une dernière catégorie

représentant 4 % des souscripteurs ont acheté (nous dit la liste) « plusieurs ouvrages » sans

qu’on en connaisse la quantité.

Passé cette courte étude sur les volumes des commandes, nous pouvons noter que le livre se vend dans pas moins de neuf pays d’Europe. Le plus représenté (hors France) est l’Allemagne avec sept ouvrages (32 %), puis vient l’Italie avec cinq ouvrages (23 %).

1 Pierre M. CONLON, Le siècle des Lumières: bibliographie chronologique. T. 18: 1776 - 1778, Genève, Droz, coll. « Histoire des idées et critique littéraire », n˚ 367, 1998, p. 309.

2 Barthélemy FAUJAS DE SAINT-FOND, « Description des volcans éteints du Vivarais & du Velay », in Abbé ROZIER (dir.), Observations sur la physique, sur l’histoire naturelle et sur les arts, 1777, p. 469 à 474.

3 Ibid., p. 470. 4

Quand on étudie la répartition des noms en genre et en nombre, on remarque que le portrait-robot du lecteur type de Faujas est un homme (86 %) noble (36 %) appartenant au royaume de France (92 %).

La répartition par catégories nous montre que la clientèle savante n’est pas surreprésentée. Mais Faujas compte tout de même quelques lecteurs du même champ d’études comme Buffon, Saussure, Genssane, Romé de l’Île, Lavoisier ou encore ses amis parisiens le

comte de Milly et le duc de Chaulnes1. Par contre on n’est pas vraiment étonné de ne pas voir

apparaître le nom de Guettard avec qui Faujas est maintenant en concurrence directe. Ensuite, on retrouve d’anciennes connaissances de Faujas, comme l’évêque du Puy, monsieur Pascal prieur au Colombier, et la Chartreuse de Bonnefoy, qui avaient tous accueilli et aidé Faujas lors de ses excursions en Vivarais et en Velay. Enfin le naturaliste compte parmi ses souscripteurs quelques personnes très haut placées, comme Monsieur et Madame Necker, Turgot, Sartine, d’Angiviller, etc. On remarque surtout sur ce graphique que la catégorie des « Nobles (sans précisions) » est surreprésentée. En fait il s’agit de tous les noms à particule qui ne comportent pas de précision dans leur dénomination mise à part leur titre nobiliaire. En effet, l’éditeur a pris soin de détailler certains titres de souscripteurs comme les académiciens, les militaires, les agents de la couronne (comme les fermiers généraux, les ministres, etc.). Mais on constate que ce livre touche tout de même un auditoire assez large et surtout particulièrement bien installé. C’est une véritable vitrine pour Faujas et cela lui permet également de se faire reconnaître comme le seul et unique découvreur des volcans du Vivarais, titre qu’il garde toujours aujourd’hui, malgré les quelques réserves que nous avons émises plus tôt.

Pourtant cet ouvrage est à première vue assez hétéroclite et monté comme un agrégat de différents mémoires. Les thèmes se suivent pour la plupart, mais ce recueil pourrait apparaître comme plutôt déroutant notamment dans son titre.

Agencement quantitatif

Contrairement aux ouvrages de ses confrères, comme Genssane ou Giraud-Soulavie, qui écrivent leurs synthèses de recherche de façon classique (en chapitres et en parties), Faujas se rapproche davantage du modèle de son ancien mentor : Jean-Étienne Guettard. Cet

1 On reparlera beaucoup de lui lors du Voyage de Paris, plutôt absent des sources avant les années 1780, il apparait plus tard comme un véritable sponsor pour Faujas.

ouvrage sur les volcans du Vivarais et du Velay est construit comme une succession de mémoires distincts sur plusieurs parties de l’Histoire naturelle des volcans, en général.

En lieu et place de chapitres, c’est une grande disparité de titres plus ou moins longs qui s’enchaînent sur la minéralogie et la physique des paysages volcaniques. Le tout

est entrecoupé de

lettres et de passages qui n’ont pas été écrits par Faujas lui-même.

Mais le naturaliste dresse dans sa préface le déroulement méthodologique de son ouvrage, qui reste dans la même ligne que toutes ses productions parues depuis 1773. Faujas nous dit qu’il ne compte pas ici livrer un texte totalement exhaustif de ce qu’est le volcanisme, ou le système volcanique en général. Pour lui, l’histoire naturelle des volcans est

« encore dans son berceau » et il désire seulement apporter sa pierre à cet édifice en train de se

construire. Cet ouvrage est donc intitulé « Recherches », car c’est de cela qu’il s’agit. Faujas

entend clairement énoncer les résultats qu’il a obtenus au cours de ses voyages. Il nous donne d’abord son point de départ : Montélimar, sa

ville natale située selon lui « à la porte du

Vivarais ». Il passe le Rhône vers

Rochemaure puis Chenavari, puis, en fonction des monts volcaniques qu’il veut étudier, il se dirige soit à l’ouest vers Saint-Jean-le-Noir, soit au sud, en passant par Aubenas pour ensuite remonter vers le Puy. Cela lui permet de couvrir une zone de recherche plutôt importante et qui correspondrait aujourd’hui à l’actuel parc des monts d’Ardèche, étendu aux alentours du Puy-en-Velay.

Tableau 4. Volume de pages par chapitre dans les Recherches sur les Volcans

éteints…(1778)

Figure 20. Alentours de Montélimar (carte géologique IGN)

18 85 24 2 6 17 55 12 44 20 52 20 32 48 12 24 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

De plus, la science d’après Faujas de Saint-Fond n’est pas que visuelle. Il doit, dans le but d’être à la fois exhaustif et illustratif, faire prendre des dessins pour montrer aux lecteurs comment s’agence la nature. Il doit également ramasser, peser, goûter les productions volcaniques. Puis c’est en rentrant que la seconde partie du travail du naturaliste commence. En effet Faujas est très intéressé par le travail du chevalier Hamilton dans le sens qu’il n’est pas seulement géographe, mais il ajoute une composante chimique à ses recherches de terrain.

Faujas fait de même et le souligne quand il dit que « j’eus fait à tête reposée une suite

d’expériences & d’analyses sur un grand nombre d’espèces ou de variétés de laves & d’autres

riches matières volcaniques1. »

À première vue, Faujas énonce une étude plutôt locale, comme le titre l’indique, sur les volcans des provinces du Vivarais (Ardèche) et du Velay (Haute-Loire). En effet, nous avons pu voir que Faujas dans son article de 1773 fustige les faiseurs de systèmes. Pour lui, le seul moyen de réaliser une recherche exhaustive en Histoire naturelle est de se rendre sur le terrain de nombreuses fois pour effectuer un travail précis et localisé, une microhistoire naturelle. Mais, en observant les titres et les volumes de pages, on voit que l’ouvrage de Faujas va plus loin qu’une simple étude locale. Cet aspect est d’autant plus visible quand on regarde la part de chaque mémoire par rapport au volume total de l’ouvrage.

On constate que son plus long mémoire est consacré à une étude globale sur les

« Volcans brûlants ». Ces 18 % introductifs ont pour but d’expliquer de façon étendue

comment s’amorce la science vulcanologique et ils donnent un aperçu et un ressenti de la naissance de cette science à travers les yeux d’un de ses ouvriers. Mais les deux mémoires sur les Volcans éteints du Velay et sur ceux du Vivarais n’occupent eux que 11 % et 7 % du volume total de l’ouvrage. C’est vraiment étonnant si l’on envisage que le titre laissait présager une étude précise sur les paysages de ces deux espaces.

On remarque ensuite que Faujas s’attache finalement plus à des explications minéralogiques qu’à des considérations systémiques. En cela, il reste un observateur local et précis d’exemples lui servant autant à ériger des idées sur les volcans, qu'à utiliser des productions volcaniques pour l’industrie. Son mémoire sur la pouzzolane, qu’il fait en outre publier à part de l’ouvrage montre l'usage de cette matière comme un agent liant dans la composition du mortier qu’il teste à Toulon. Il soutient cette idée pratique de l’histoire naturelle dès la préface :

On a souvent, hors de Paris & des grandes capitales, le désagrément, lorsqu’on s’applique à quelques sciences, & qu’on en fait son objet principal, de s’entendre crier aux oreilles, dans les

1

provinces & surtout dans les petites villes, à quoi bon ces études qui ne mènent à rien, à quoi servent ces quantités de pierres que vous ramassez à grands frais & qu’on trouve partout ? Il étoit bon de faire voir à ces hommes qui, sans aucune espèce de talent, se plaisent à devenir les détracteurs de la science, que celle de l’Histoire naturelle peut non seulement procurer la jouissance douce & tranquille, mais encore conduire à la découverte de mille objets intéressant les arts & humanités, que l’étude des volcans n’est pas sans utilité ; je m’appliquai dès lors à la recherche des quelques mines de pouzzolane, d’un accès & d’une exploitation facile, & surtout à portée de quelque grande rivière ; j’en trouvais une non loin du Rhône, je la fis ouvrir à mes dépens, j’en fis faire divers essais, & j’eus bientôt un ciment semblable en tout à celui que procure la pouzzolane qu’on ne peut tirer qu’à grands frais des environs de Pouzzole. J’eus donc la satisfaction d’avoir le premier fait employer en grand nos pouzzolanes de France1. 

À l’aspect théorique et l’intérêt purement scientifique des études minéralogiques, Faujas ajoute un bénéfice pécuniaire et industriel. Il répond à l’éternelle question sur l’utilité des sciences par un argument imparable, car en plus d’augmenter les revenus d’éventuels propriétaires de mines, la science permet par le truchement de ses passeurs de créer de nouvelles technologies. Ici, un mortier hydrophile certes déjà connu, mais que Faujas théorise et rationalise.

Ensuite, on a vu avec les exemples de Mortessagne et de Dolomieu que Faujas est assez friand des idées de ses contemporains. Mais pas n’importe lesquels. En effet s’il loue ces rares auteurs français, il botte en touche la question du champ des sciences nationales

assez rapidement en affirmant avoir « lu avec attention les écrits des quelques Naturalistes

François », mais ajoute que « les uns et les autres ont voulu dans un temps regarder avec

obstination & sans raison plausible, les prismes de basalte comme le produit de l’eau2 ». Bien

entendu il s’agit d’une charge contre les neptunistes et contre Guettard, que Faujas a pourtant

convaincu de l’origine ignée des basaltes en 1775. Mais où est donc Desmarest ? Le

naturaliste français à l’origine de la découverte du véritable caractère des basaltes3 est

totalement oublié. Il est remplacé par Feber et Hamilton et les Français en sont réduits à n’être que des neptunistes virulents.

Enfin, après avoir annoncé et expliqué l’enchaînement de ses idées et pour terminer sa préface, Faujas admet une étrangeté dans son œuvre. En effet le petit mémoire sur la vierge noire du Puy fait office d’ajout hors sujet à un ouvrage de minéralogie. Il justifie cet ajout par le seul fait que cette statue est pour lui une curiosité intéressante et qu’il la présente au public pour son étrangeté.

1 Ibid., p. VIII et IX. 2 Ibid., p. III et IV.

3 Nicolas DESMAREST, « Minéralogie : Sur le basalte », Histoire de l’Académie royale des sciences, 1773, I, p. 39 à 42.

Mais outre un agencement à première vue hétéroclite, ne peut-on pas déceler chez Faujas un désir caché de faire de ses études un tremplin lui permettant d’ériger un système

géologique plus global en se servant de cette région comme d’un cas ?

Minéralogie régionale ou systémique ?

Dans l’introduction de Faujas le « Discours sur les volcans brûlants » fait office de

revue de littérature. Il y fait en quelque sorte un tour du monde et des auteurs qui ont écrit, de son point de vue, des ouvrages importants sur les volcans.

Presque évidemment, le naturaliste fait la part belle aux volcans italiens et en particulier à un Vésuve dont l’activité est particulièrement intense depuis une centaine d’années. Il va même jusqu’à dresser une frise chronologique des éruptions. On retrouve donc Hamilton, Ferber et le couple Nollet et de la Torre qui se sont chargés des mesures, et il

invoque « Pline le naturaliste » qui pour Faujas est un des pères de l’étude des volcans. Faujas

passe en revue les éruptions, les productions et cite des ouvrages, des correspondances, le tout en 46 pages, sur les 85 que compte ce discours, soit plus de la moitié. Faujas cite ensuite les auteurs de l’histoire naturelle de l’Etna. Il utilise encore abondamment le chevalier Hamilton et son collègue Saussure dont il nous dit qu’il est déjà monté sur l’Etna, mais qu’il attend un ouvrage de sa part. Faujas transcrit également quatre lettres de Brydone qui sont pour lui

« pleines d’intérêt et de bonnes observations », pour ensuite revenir à Hamilton dans sa partie

sur les « laves et matières de l’Etna ». Comme précédemment, les productions minéralogiques

y sont numérotées et détaillées. L’étude sur l’Etna court elle jusqu’à la page 74 soit encore 26 pages consacrées à un volcan italien. La suite du discours s’attache à des descriptions plus ou moins rapides des volcans du reste du monde, dont le mont Hecla en Islande, les volcans du Kamtchatka, puis d’Asie en quelques lignes. Pour l’Afrique, il cite le voyage de Michel

Adanson au Sénégal avant de terminer avec Bourguer1 et les volcans d’Amérique du Sud. En

conclusion, Faujas s’excuse pour ce « court index » des études sur les volcans du monde, mais

informe son lecteur que ce sont des objets plus concrets qui vont l’intéresser dans la suite de l’ouvrage.

À partir du « Mémoire sur les Schorls », il entre véritablement dans le vif du sujet en

se rapprochant avec sa spécialité : la minéralogie. Il est vrai que depuis le début, nous avons beaucoup parlé de systèmes terrestres et de grandes idées fédératrices, mais il ne fait pas oublier l’aspect local du travail de ce naturaliste. Dans ce texte, Faujas s’attache d’abord à

1

décrire des productions minéralogiques qu’il apparente aux schorls, en nous donnant à chaque fois ses idées et les résultats de ses expériences. Sa méthodologie d’étude est toujours identique. Il commence par une justification sémantique sur ce terme et s’appuie sur la francisation du mont apporté par le Baron d’Holbach dans sa traduction du Traité de

Minéralogie de Wallerius en 1759. Concernant sa méthode, il reste dans un cadre classique,

assez linnéen, de description analytique des roches. Mais il y ajoute un aspect cristallographique emprunté à un Romé de l’Isle qui est énormément cité. Il est toujours très attaché aux travaux d’Hamilton et à l’utilisation de la chimie dans l’étude de la résistance des matériaux. Faujas tire donc parti de ses lectures en réalisant, dans ses descriptions minéralogiques, une étude tripartite : d’abord il décrit, il touche, et parfois il goûte ; ensuite il se rapproche, il coupe, il ponce, il brise ; et enfin il teste des échantillons en laboratoire. L’analyse minéralogique se base sur quatre critères : la couleur, la dureté, la cristallographie

et la résistance chimique. Le mémoire est alors divisé entre différentes « variétés » qu’il

entend décrire puis analyser. Il commence par donner en titre un aspect descriptif et visuel de

l’objet : « Schorl noir vitreux, en prisme quadrangulaire, à pas rhomboïdaux, sans pyramides,

dont les extrémités forment un rhombe.1 » La description visuelle est primordiale, car c’est

elle qui donne lieu à la première classification. Ensuite Faujas donne les éléments de contextes des objets trouvés. C’est en mettant toutes ses observations bout à bout qu’on constate qu’il s’attache avant tout à décrire les schorls qu’il a lui-même ramassés dans les espaces qu’il a parcourus. C’est bien une étude sur les schorls du Vivarais et du Velay qu’il réalise tout en y ajoutant des éléments de comparaison avec des pierres d’autres lieux, vues dans des cabinets, comme celui de Romé de l’Isle. Là on sent que Faujas sort du système pour se diriger vers une véritable étude régionale.

En conclusion de ce mémoire, le naturaliste se pose une question absolument essentielle : « Les Schorls sont-ils des produits du feu ? » Ici on entre dans un débat très en vogue sur les origines des produits du feu que Desmarest démarre en 1773. En effet pour le clan des volcanistes dont fait partie Faujas, la grande nouveauté est d’accepter que le basalte soit une roche ignée, ce qui éloigne un peu plus l’importance de l’eau souterraine. Mais ce

cristal qu’est le schorl est-il lui aussi généré par les incendies souterrains ?

Sur ce point, Faujas est explicite dès le début. Le schorl n’est pas un produit du feu, car la lave n’est pas assez chaude pour faire fondre ce cristal et il préfère y voir la lenteur et la