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Georges-Louis Leclerc de Buffon le grand mentor de Faujas

C HAPITRE QUATRE

1. Georges-Louis Leclerc de Buffon le grand mentor de Faujas

Pour Faujas, les années 1780 sont une période de forte reconnaissance de la part de ses paires. C’est le moment où l’œuvre majeure de Buffon débouche sur une ultime série de volumes consacrés aux minéraux. L’Histoire naturelle des minéraux, nous dit Gabriel Gohau, est réalisée avec « l’aide de Faujas de Saint-Fond1 », qui se retrouve plusieurs fois cité dans l’article sur le basalte. Jacques Roger ajoute même que c’est Faujas qui a inspiré à Buffon son

goût pour le genre minéral2.

Retours sur une relation épistolaire maître-élève

Les deux naturalistes correspondent au moins depuis 1777, peut-être même plus tôt.

Les lettres que Buffon écrit à Faujas ont été réunies au XIXe siècle par la famille Nadault,

descendants du savant. Les autres, celles de Faujas à Buffon, ont certainement disparu, car Buffon avait pour habitude de brûler son courrier. La première lettre connue entre les deux

naturalistes date du 28 mars 17773. Buffon remercie son jeune correspondant pour l’envoi

d’une caisse d’objets volcaniques en lui écrivant que ce colis va lui permettre d’élargir sa

Théorie de la Terre. Faujas recherche donc déjà l’attention et de soutien de la part du grand

savant. Après avoir été plutôt critique envers son œuvre, Faujas se retrouve finalement à lui

envoyer des cadeaux. Le 13 juillet suivant, Buffon répond à une série de lettres de Faujas4. On

apprend ainsi qu’il a souscrit à son ouvrage sur les volcans, mais que Faujas compte tout de même lui en offrir un exemplaire supplémentaire. Buffon dit ensuite à Faujas qu’il a touché quelques mots au comte d’Angiviller en vue d’obtenir plus facilement la signature du Roi pour le privilège de son ouvrage. Enfin, il demande à Faujas s’il prévoit rester encore quelque temps à Paris et s’il aura le plaisir de le voir. Donc dès 1777, Faujas a déjà de changé de camp, passant de Guettard à Buffon. L’intendant représente déjà un tremplin pour la carrière du jeune naturaliste. Le 14 août 1778, Buffon remercie Faujas pour son mémoire sur la pouzzolane et commence à parler des expériences qu’ils pourraient mener ensemble à Paris. Buffon aborde également la question des contraintes techniques pour faire venir cette pouzzolane au moindre coût :

1

Gabriel GOHAU, Les sciences de la terre aux XVIIe et XVIIIe siècles, op. cit., p. 230. 2 Jacques ROGER, Buffon, op. cit., p. 521.

3 Lettre de Buffon à Faujas de Saint-Fond, Lettre CCLXVIII, 28 mars 1777, Thierry HOQUET et Pietro CORSI, Buffon et l’histoire naturelle : l’édition en ligne, http://www.buffon.cnrs.fr/?lang=fr, consulté le 30 août 2016.

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Si vous trouvez le moyen de procurer à Paris le quintal de la pouzzolane à raison de 3 livres 10 sous ou 4 livres le quintal, il y a tout lieu de penser qu’elle n’y paraîtra pas chère. Mais j’ai encore bien de la peine à le croire, à moins que vous n’employiez la route de la Loire et du canal de Briare1.

Faujas par l’intermédiaire de Buffon tente donc bien de vendre ses ouvrages, sa personne et sa

pouzzolane aux grands du royaume. Le 25 du même mois2, Buffon confirme la présence de

Faujas à Paris, car il lui demande de passer par Montbard avant de rentrer en Dauphiné. Il réagit aussi aux analyses que le Montilien donne dans ses Recherches sur les volcans éteints en validant un des points clefs de son système : le calcaire présent dans certaines coulées de lave a été incrusté par l’action de la mer du fait de l’infiltration de l’eau dans les

« boursouflures ». Il transmet enfin à Faujas des feuilles de son Histoire naturelle concernant

les volcans. Ici, Buffon franchit une étape dans sa relation avec Faujas. Il commence à le consulter en tant qu’expert en volcanisme. Cette lettre marque également une évolution dans

l’emploi des formules de politesse. Alors que les précédentes se terminent par « respectueuse

considération » puis « respectueuse estime », Buffon souligne cette fois son « respectueux

attachement » envers Faujas, en plus des « sentiments d’estime » déjà exprimés. C’est autant

sur les plans personnels que professionnels que les liens entre les deux savants se resserrent peu à peu. Bien entendu, c’est n’est pas un rapport horizontale et Faujas à tout à gagner à devenir le protéger de l’intendant du Jardin du roi.

La correspondance retrouvée s’interrompt jusqu’au 2 février 1781. Dans cette lettre, on constate que Faujas a encore envoyé deux caisses de produits volcaniques pour le Cabinet d’histoire naturelle. Buffon, qui est de plus en plus amical avec Faujas lui demande avec insistance de venir lui rendre visite à Montbard :

Je vois avec le plus grand plaisir que vous y viendrez à peu près dans le même temps, et si vous vouliez me traiter avec toute amitié, monsieur, vous vous détermineriez à passer par Montbard, où je résiderai constamment jusqu’au 8 ou 10 d’avril. Je serai, je vous le proteste, très enchanté de vous recevoir chez moi, de vous garder quelques jours, et de conférer à fond du feldspath et des différents granites, sur lesquels vous verrez, monsieur, que j’ai fait un assez bon travail que je ne craindrai pas de vous communiquer, étant pour ainsi dire assuré que mes recherches confirmeront vos observations. Il n’y a nul inconvénient à prendre la route que je vous propose ; la poste passe à Montbard ainsi que la diligence, et de Montbard l’une et l’autre peuvent vous conduire à Paris. Ainsi, monsieur, lorsque vous serez arrivé de Montélimar à Lyon, prenez la route de Bourgogne, et venez d’abord à Dijon, dont Montbard n’est plus qu’à quinze lieues. J’espère que vous serez assez bon pour vous rendre à ma prière, et le plus tôt serait le mieux, parce que j’espérerais jouir de vous plus longtemps3

1 Lettre de Buffon à Faujas de Saint-Fond, Lettre CCCXXVII, 14 août 1778, Ibid. 2 Lettre de Buffon à Faujas de Saint-Fond, Lettre CCCXXX, 25 août 1778, Ibid. 3

Buffon est particulièrement insistant dans cette lettre. La relation entre les deux hommes est de plus en plus chaleureuse. Selon Nadault, Faujas a effectivement accepté cette invitation et c’est à partir de ce moment que leur relation devient intime.

Faujas écrit de nouveau à Buffon le 28 juillet et le 11 septembre 17811, pour lui

transmettre les premières feuilles de son Histoire Naturelle du Dauphiné qu’il est en train de

monter avec Giroud. Buffon lui répond le 3 octobre2 1781 pour le remercier et lui faire

quelques commentaires. C’est aussi Buffon qui sert d’intermédiaire entre Faujas, Pasumot et Adanson. Nous retrouvons donc bien tout ce petit cercle de savants qui gravitent autour du Jardin du Roi. Adanson qui est pourtant le censeur privilégié de Faujas fait bien partie des

familiers du grand naturaliste. Buffon fait également quelques commentaires sur les « basaltes

de l’abbé Soulavie » qu’il regarde comme du simple grès. Mais il est assez bienveillant avec

l’abbé, en mettant cette erreur sur le compte de la jeunesse. C’est Buffon qui conseille à Faujas de prendre son privilège à la Librairie plutôt qu’à l’Académie et de s’arranger pour avoir Adanson comme censeur. D’ailleurs, il reproche à Faujas la lenteur avec laquelle il avance son travail sur l’Histoire naturelle du Dauphiné. L’année 1781 est en effet marquée par la naissance du premier dauphin de France. Le fait de publier une étude sur le Dauphiné, représentant un hommage rendu au premier fils du roi, serait une bonne chose pour la carrière de Faujas. De plus, le naturaliste à de la concurrence. D’un côté, Jean Benjamin de Laborde prépare son grand livre sur le Dauphiné, de l’autre, c’est Guettard qui publie sa minéralogie de la région. Enfin Buffon termine sur les tractations de Faujas pour rentrer à l’Académie des Sciences :

À l’égard de la correspondance avec l’Académie, je pense, monsieur, que vous êtes du petit nombre des hommes auxquels on devrait non seulement l’accorder, mais même l’offrir. J’en parlerai sur ce ton ; mais M. Adanson pourra vous dire que le nombre des correspondants est limité, et qu’il faut attendre qu’il vaque des places par mort, et je suis persuadé qu’il pourra vous faire inscrire comme expectant, parce que vos ouvrages sont bien connus de l’Académie3.

Faujas, après le succès de son ouvrage sur les volcans, a donc bien l’intention de tenter l’entrée à l’Académie des sciences comme le pressentait déjà Ruault en 1777. Dans la note de bas de page insérée par Nadault, reprise dans la transcription CNRS, affirme que Buffon aurait effectivement réussi à obtenir un brevet de correspondant pour son protégé. Mais rien dans les sources ne nous permet de le prouver, d’autant plus que Faujas n’est jamais parvenu à entrer à l’Académie et n’est cité comme membre dans aucun texte et aucune base de données. Buffon termine sa lettre en demandant une fois de plus à Faujas s’il pense venir le voir

1 Lettre de Buffon à Faujas de Saint-Fond, Lettre CCCCLI, 3 octobre 1781, Ibid. 2 Ibid.

3 Ibid.

prochainement. Mais Faujas est englué dans ses problèmes avec Giroud et ne semble pas

avoir refait le voyage jusqu’à Paris pendant l’année 17811. Il reprend ne la route de la capitale

qu’au printemps 1782 pour se rendre auprès de son maître.

À la recherche du comte de Buffon

Buffon n’est pas ce que l’on peut appeler un pur citadin. Dès que le soleil revient, c’est à Montbard que le comte aime s’isoler pour réfléchir et composer. Élisabeth Badinter souligne que même pour l’élection de son ami Cramer en 1748, Buffon préfère rentrer chez lui plutôt

que d’attendre quelques jours de plus dans la capitale2. Pourtant, en 1782 Buffon a déjà

soixante-quinze ans et souffre depuis plusieurs années de calculs rénaux qui ne facilitent pas ses voyages.

Les investigations de Faujas commencent dès le 12 août 1782. Il commence vraisemblablement par transmettre un premier billet au Jardin du roi pour « voir si m. le

comte de Buffon qui est encore à Montbard n’est pas arrivé ». Le Dauphinois, fraîchement

débarqué de Montélimar, tente rapidement de prendre contact avec son mentor. Accompagné du duc de Chaulnes, Faujas se rend une première fois au Jardin du Roi les 21 août et. Ils sont

accueillis par Pierre-Clément Grignon3, visitent le jardin et passent la soirée ensemble.

Toutefois, Buffon est toujours absent et Faujas ne se prive pas de le rappeler dans son journal. Le 6 septembre 1782, Faujas retente sa chance, mais Buffon n’est toujours pas là. C’est alors

André Thouin4 lui qui fait visiter les serres chaudes. Le comte arrive finalement le 3 octobre

1782, et Faujas s’empresse de lui écrire pour prendre rendez-vous. Faujas a d’une part, apporté avec lui une caisse d’objets d’histoire naturelle qu’il veut offre à son mentor. D’autre part, il travaille sur un mémoire concernant les produits volcaniques.

Pour Faujas, le fait de côtoyer et de travailler avec Buffon sont les principaux buts de ce déplacement. Bien entendu, il monte à Paris pour entretenir d’autres relations, et le tableau des rencontres montre qu’il côtoie de nombreuses personnalités prestigieuses telles que Condorcet ou madame Necker. Mais cet empressement à trouver Buffon est assez révélateur

1 Voir chapitre III-4

2 Élisabeth BADINTER, Les passions intellectuelles, op. cit., p. 350.

3 Pierre-Clément Grignon (1723-1784) est un savant proche de Buffon qui se passionne pour de nombreux domaines, comme l’archéologie, la métallurgie et l’histoire naturelle. Il est également correspondant de l’Académie Royale des Sciences et membre des Académies de Dijon et de Chalon. On le retrouve également à plusieurs reprises dans la correspondance de Buffon.

4 André Thouin (1747-1824) : Philippe JAUSSAUD, Édouard-Raoul BRYGOO et MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE (dirs.), Du jardin au muséum en 516 biographies, op. cit., p. 491 et 492.

de cette idée de déplacement professionnel. L’expert en volcans de l’Histoire naturelle des

Minéraux remplit une des missions que son protecteur lui a fixées.

Histoire naturelle et sociabilité au Jardin du Roi

Le travail que Faujas effectue pour Buffon, pendant son séjour à Paris, est intimement lié à la création de l’Histoire Naturelle des Minéraux. Buffon l’emploie pour des taches diversifiées qui ont trait à la vulcanologie. Il passe une partie de son temps à reprendre les brouillons du grand livre, vérifier les théories d’autres naturalistes et enfin il doit restituer ses idées à Buffon et Bexon lors de séances de travail nocturnes. Le jeune naturaliste occupe bien une place d’expert ou de spécialiste des minéraux volcaniques. Son implication dans l’Histoire naturelle est bien plus importante que ne le laissaient présagé les quelques citations dont lui parlait Buffon.

La première visite de Faujas chez Buffon ne survient donc que le 7 octobre 17821, soit

plus de deux mois après son arrivée à Paris, lors d’un dîner typique des savants et de mondains où se issues de plusieurs sphères. Le comte invite, en plus de Faujas une série

d’autres naturalistes dont certains demeurent inconnus2. Buffon convie également la marquise

de Loire et madame Necker, sa très chère amie, ainsi « que beaucoup d’autres personnes ». La

date du dîner est elle aussi intéressante. Jacques Roger nous apprend que Buffon tient son

salon tous les dimanches dans la maison du Jardin du Roi3. Or le calendrier de l’année 1782

stipule que le 7 est un lundi. Or Buffon n’étant pas présent le dimanche 7, il est fort probable qu’il ait simplement reporté son salon d’une journée en y a donc convié son jeune apprenti.

Faujas, très enthousiaste, souligne le fait que Buffon l’invite à s’asseoir à côté de lui et le comble de politesses durant toute la soirée. Ensemble, ils parlent des lettres écrites par l’impératrice de Russie que Buffon fait lire à Faujas. L’intendant lui montre également sa collection de médailles estimée à 600 louis. La discussion en vient enfin au sujet de prédilection des deux hommes : l’histoire naturelle, et en particulier celle des minéraux. Buffon dit notamment à son protégé que son ouvrage sur les minéraux qui doit sortir sous peu comporte des notes où il le cite :

M. de Buffon m’a annoncé qu’il allait publier un premier volume de minéralogie qui paraitroit dans un mois, qu’on imprimoit le second, où il feroit souvent mention de moi, et il m’a prié de

1 Barthélemy FAUJAS DE SAINT-FOND, « Voyage de Paris », op. cit., p. 49 à 51.

2 Faujas n’a tout simplement pas retenu tous les noms et laisse des blancs dans le manuscrit. 3

jeter un coup d’œil sur ce qu’il feroit imprimer dans ce moment sur la partie des volcans, il m’a dit qu’il me feroit passer les feuilles1.

La série de l’Histoire naturelle consacrée à la minéralogie est particulièrement élogieuse envers Faujas. Ici, Buffon ne parle que des deux premiers tomes. Mais déjà, le naturaliste montilien est présent dans ces pages. Dans le Tome I qui paraît en 1783, on retrouve Faujas à la page 211, où Buffon fait référence à l’Histoire naturelle du Dauphiné dans une note de bas de page2. Ce dernier justifie son explication sur la marne en citant les travaux de Faujas sur cette matière. Non seulement, Buffon lit les œuvres de son disciple, mais elles lui servent pour son propre exposé ce qui étaye l’idée de Faujas comme consultant en minéralogie. Cela s’accentue dans le second tome paru la même année. Faujas est en effet

particulièrement cité dans la partie sur les matières volcaniques3. Après avoir disserté sur

Ferber et Dietrich, Buffon se rapproche de la vulcanologie française et utilise les grands classiques de l’époque :

Aux observations de M. Ferber et de M. le baron de Dietrich sur les matières volcaniques et volcanisées, nous ajouterons celles de Mrs Desmarest, Faujas de Saint-Fond et de Gensanne, qui ont examiné les volcans éteints de l’Auvergne, du Velay, du Vivarais et du Languedoc, et quoique j’aie déjà fait mention de la plupart de ces volcans éteints, il est bon de recueillir et de présenter ici les différentes substances que ces Observateurs ont reconnues aux environs de ces mêmes volcans, et qu’ils ont jugé avoir été produites par leurs anciennes éruptions4.

Chaque protagoniste est spécialisé et localisé : Gensanne pour le Languedoc, Desmarest pour l’Auvergne et Faujas pour tout le reste. Les pages 84 à 86 sont en effet consacrées aux deux premiers auteurs. Puis Buffon invoque Faujas et ses écrits et jusqu’à la fin de la partie sur les productions volcaniques, soit de la page 86 à la page 106, ne fait référence qu’à ce dernier. Presque chaque page comporte le nom du naturaliste ou une mention à son ouvrage, que ce soit en note ou dans le texte. Le grand livre de Faujas auquel Buffon a souscrit est abondamment cité lui sert de base véritable de travail. Buffon dit aussi utiliser la collection de minéraux que son expert lui a offert :

Il m’a remis, pour le Cabinet du Roi, une très belle Collection en ce genre, dans laquelle on peut voir tous les passages du basalte noir le plus dur à l’état argileux. Les différents morceaux de cette collection présentent toutes les nuances de sa décomposition ; l’on y reconnoît de la manière la plus évidente, non-seulement toutes les modifications du fer, qui en se décomposant a produit les teintes les plus variées ; mais l’on y voit jusqu’à des prismes bien conformés, entièrement convertis en substance argileuse, de manière à pouvoir être coupés avec un couteau,

1 Barthélemy FAUJAS DE SAINT-FOND, « Voyage de Paris », op. cit., p. 51. 2

Georges-Louis Leclerc (comte de) BUFFON, Histoire naturelle des minéraux, Tome I, Paris, Imprimerie Royale, coll. « Histoire naturelle, générale et particulière », 1783, vol.V/II, p. 211.

3 Georges-Louis Leclerc (comte de) BUFFON, Histoire naturelle des minéraux, Tome II, Paris, Imprimerie Royale, coll. « Histoire naturelle, générale et particulière », 1783, vol.V/I, p. 48 à 107.

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aussi facilement que la terre à foulon, tandis que le schorl noir, renfermé dans les prismes, n’a éprouvé aucune altération1.

Les travaux de Faujas, représentent bien pour Buffon un moyen d’accéder à la minéralogie et à la vulcanologie assez facilement et sans bouger du Jardin ou de Montbard. De plus, Adanson, accessoirement censeur de Faujas, peut confirmer les dires du Montilien, s’étant rendu lui-même en voyage dans les vallons du Vivarais. Cette relation entre travail et sociabilité se resserre au cours du séjour de Faujas à Paris. Ces séances de travail ont certainement influencé quelques notes du Tome II et plus particulièrement le texte des tomes III et IV où Faujas est encore cité à de nombreuses reprises.

Faujas et Buffon se voient plusieurs fois durant le passage de Faujas à Paris, et le vieux naturaliste utilise son minéralogiste pour l’assister dans quelques tâches. Le 16 octobre 1782, il donne quelques devoirs à Faujas, car il a besoin de son avis sur une question de minéralogie :

Il [Buffon] m’a remis une boîte que Wallerius lui a envoyée plein de diverses pierres relatives à sa nomenclature comme M. de Buffon croit que Wallerius s’est trompé il m’a prié de lui donner par écrit mon avis sur cet envoi2.

Buffon demande donc à Faujas de reprendre le travail d’un des plus éminents spécialistes d’Europe. Johan Gottschalk Wellerius est en quelque sorte l’alter ego minéralogiste de Karl Von Linné. Et même si en 1782 il est déjà à la retraite et a laissé sa chaire d’Uppsala à son disciple Torben Olof Bergman, il n’en reste pas moins une référence. Buffon a donc assez de