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L’Histoire naturelle du Dauphiné, une synthèse régionale   ?

L’accueil des Recherches sur les Volcans éteints

4. L’Histoire naturelle du Dauphiné, une synthèse régionale   ?

Cet ouvrage, que Faujas imprime en 1781 chez Giroud à Grenoble, Nyon et Cuchet à Paris, peut apparaître comme un moyen de concurrencer la grande œuvre de Guettard publiée en 1779 sur le même espace géographique : le Dauphiné. Cela faisait quelques années que ce travail avait été annoncé par le journal de l’abbé Rozier. Dans les « Nouvelles littéraires » de 1775, Faujas n’est alors pas présenté comme seul auteur. En effet, dans son article sur la commission du Dauphiné, commandé par Pajot de Marcheval, Rozier appuie sur le couple Guettard & Faujas, plutôt que sur un savant en particulier. Pour les rédacteurs du Journal de

Physique, c’est bien un ouvrage collectif qui était censé voir le jour : « Nous ne nous flattons

pas de pouvoir ajouter du lustre au nom du premier ; le second, qui au mérite de ses talents, de l’activité et des connaissances, réunit la jeunesse, ne tardera pas à occuper un rang distingué parmi les savants naturalistes. Aussitôt que les Mémoires nous seront parvenus, nous nous

empresserons de les insérer dans notre Journal1. » Ensuite, en 1776, Cuchet annonce l’arrivée

des découvertes des deux savants dans les avertissements du mémoire sur les bois de cerf fossiles. Tout présageait à ce que les deux hommes publient leurs recherches sur le Dauphiné sous le même titre. Mais l’animosité entre eux a conduit Faujas à publier ses observations sur les volcans sans Guettard qui se fend d’un mémoire dans son Histoire naturelle du Dauphiné en 1779. Enfin c’est la contre-attaque de Faujas qui paraît en 1781.

Une œuvre colossale… en théorie

Les archives départementales de l’Isère renferment une partie de la correspondance entre le libraire et le naturaliste, qui nous renseigne sur les quelques doutes et problèmes que Faujas a eus pour faire paraître cette seconde Histoire naturelle du Dauphiné. On trouve dans

une liasse accolée à une lettre du 18 octobre 17812 que Faujas a bien prévu au départ quatre

tomes in-8 qu’il présente à la souscription chez Giroud. Mais il est fort probable que ces

1 Abbé ROZIER (dir.), « Nouvelles littéraires », op. cit., p. 518. 2

feuilles aient été mal triées, car on trouve également ce prospectus, cette fois-ci imprimé, à la

Bibliothèque de Grenoble1. Les deux sources sont quasiment identiques, l’imprimé est

simplement écrit avec plus de style que le manuscrit : Histoire naturelle de la province de Dauphiné

4 vol. in 8 ° avec une carte et des gravures proposés à la souscription

Cet ouvrage est le résultat d’une suite de voyages entrepris dans la seule intention d’étudier à fond tout ce que cette province justement renommée offre de rare et de curieux, il sera divisé en quatre volumes in 8°.

Les trois premiers contiendront dix planches gravées par d’excellents artistes, relatives aux objets les plus instructifs et les plus rares de cette province ; le quatrième renfermera une carte géographique supérieure pour le dessin et pour l’exécution à tout ce qui a paru dans ce genre, et d’une exactitude telle qu’on y lira le nom des principales montagnes, de tous les lacs, rivières, torrents ruisseaux et généralement toutes les mines connues de Dauphiné2.

Faujas, dans cette entrée en matière, ne manque pas de rappeler que ce travail est pensé comme le résultat de toutes les observations de terrain qu’il a pu réaliser au cours des années précédentes. Il reste attaché à sa méthodologie d’étude locale et précise d’espaces connus, visités et analysés. Il se présente bien comme un homme de la nature, pas un voyageur en chambre ou un savant de cabinet.

Il donne ensuite une table des matières très détaillée qui nous permet de voir que cette œuvre devait, sur le papier, être une grande synthèse régionale capable de rivaliser avec celle de Guettard. Faujas est très ambitieux, il entend faire une grande histoire naturelle, pas seulement minéralogique, mais globale. Il veut clairement faire comme Buffon avec qui il commence à nouer des relations de plus en plus étroites. Cette série doit être le chef-d’œuvre de son début de carrière. Il a quarante ans et jouit du succès de son ouvrage sur les volcans d’où il a même réussi à retirer la partie pratique et industrielle pour toucher le plus large

public possible. Le naturaliste annonce, sur 4 folios manuscrits3, les thèmes sur lesquels il

compte travailler dans l’optique d’englober toute l’histoire naturelle de sa région : minéralogie, paléontologie, botanique, agriculture, tout y passe.

Le premier volume doit, d’après lui, être axé sur les voyages scientifiques qu’il a réalisés durant l’année 1775 avec la commission Pajot de Marcheval. C’est un volume plutôt généraliste et un peu éclaté qu’il présente dans ce manuscrit. Il prévoit en effet un discours sur la géographie physique du Dauphiné, un sur la marne, un sur les mûriers et les vers à soie, un sur le vin et les eaux minérales, puis sur les animaux vivants et fossiles. Enfin il compte terminer par un mémoire sur les géants.

1 Barthelémy FAUJAS DE SAINT-FOND, Histoire Naturelle de la province de Dauphiné [prospectus], Proposé à la souscription, Grenoble, Veuve Giroud, 1780, 27 p.

2 Ibid. 3

Ensuite les volumes deux et trois doivent se concentrer sur l’histoire naturelle des différents diocèses du Dauphiné. D’abord Faujas veut aborder les diocèses du nord avec Grenoble, Embrun et Gap dans son second volume puis ceux du sud avec Die, Saint-Paul-Trois-Châteaux, et Orange. Dans le volume deux, Faujas a même prévu un mémoire complet sur le cabinet d’Histoire naturelle de Grenoble. Joëlle Rochas, dans sa thèse, montre parfaitement comment le réseau savant grenoblois a mis en place un des premiers muséums publics d’Histoire naturelle. Faujas ayant participé à l’élaboration de cette entreprise désire lui

rendre un hommage et réaliser une sorte de guide1.

Faujas annonce enfin un quatrième volume orienté comme un véritable dictionnaire du Dauphiné. Il décrit même comment il compte agencer ses notices :

Un exemple pris au hasard servira mieux à nous faire entendre. Dieu le fit [Bourg]

Longitude 2.degré 26 min.o Latitude, 44.degré 33 min. 38

Diocèse de Die. Juridiction, subdélégation et élection de Montélimar. Rivière du Jambron.

Production économique. Grain, vignes, noyers, châtaigniers, et mûriers.

Histoire naturelle. Pierre corps marins pétrifiés d’une belle conservation, grès durs à gros grains, grandes dunes de sable blanc très pur, autres dunes de sable jaunâtre ferrugineux ; mines de vitriol martial abondantes et riches, dans laquelle on trouve des pyrites en masse détachées, du bois fossile converti en charbon, passant quelquefois à l’état de joyet ; mines d’argile réfractaire blanchâtre, qui s’exporte pour les creusets des verreries, et s’employent sur les lieux, pour de la poterie qui résiste au feu ; terre à foulon ; eaux minérales varioliques ; vid.pag….et pag.

Art et manufacture. Commerce étendu en étoffe de laines fabriquées et teintes dans le pays, exportées à Genève et dans la Suisse ; foulons, faïencerie, poteries, tuileries et fours à chaux. C’est ainsi que l’on procédera pour les autres lieux, en s’étendant plus ou moins, en raison des objets qui se présenteront jusque dans les moindres détails2.

Nous pouvons constater que Faujas prévoit un travail colossal, une véritable synthèse, une encyclopédie du Dauphiné. On devine aussi que son travail préparatoire a dû être très intense et étendu sur toute la province. Ce quatrième volume est finalement plus un dictionnaire de

géographie à l’image de ceux du XIXe qu’un ouvrage d’Histoire naturelle plus classique.

Enfin cette lettre nous offre également les conditions de souscription de l’ouvrage qui apparaît comme beaucoup moins onéreux que celui sur les volcans. La souscription est d’ailleurs bien détaillée à la fin du texte :

Conditions de la souscription.

L’on payera en se faisant inscrire, 3lt ou l’on aura la liberté de ne rien avancer, mais en ce dernier cas ceux qui voudront le 1er volume paroîtra exactement dans le mois de juin prochain 1781. Ceux qui auront avancé 3lt donneront autres trois livres en retirant, ceux qui n’auront rien compté payeront 6lt.

En retirant le second volume en janvier 1782………6lt. Pour le 3e volume en juin de la même année……….6lt.

1 Joëlle ROCHAS, Du Cabinet de curiosités au Muséum : les origines scientifiques du Muséum d’histoire naturelle de Grenoble (1773-1855), op. cit.

2

Pour le 4e en juin 1783………6lt. __________ Total… 24lt.

La souscription sera exactement fermée le premier de mai prochain, ceux qui n’auront pas souscrit payeront l’ouvrage 30lt. On souscrit à Grenoble, chez la veuve Giroud lib. au Palais, à Paris chez Nyon libraire rue du Jardinet, chez Esprit lib. au Palais Royal. Au bureau du Journal de physique Hôtel et rue Serpente et chez les principaux libraires de chaque ville du royaume1.

La version imprimée offre une variante aux conditions de souscription et nous donne quelques informations complémentaires sur les libraires qui attendaient l’ouvrage de Faujas :

Ceux qui ne voudront souscrire que pour la carte, paieront 3l., & en la retirant, 3Liv : quoi que cette carte soit destinée au 4e volume, elle paroîtra néanmoins au plus tard dans le courant de 1782, époque où elle sera livrée à messieurs les souscripteurs.

On souscrit À GRENOBLE, chez la veuve Giroud, libraire au Palais.

À PARIS, chez PANCKOUCKE, Libraire rue des Poitevins, Hôtel du Thou ; Chez Nyon, rue Saint-Jean de Beauvais ;

Et au bureau du Journal de Physique. Et à [espace vide] chez [espace vide] Libraire.

Et chez tous les principaux Libraires de chaque Ville de Dauphiné & du Royaume2.

Cette série de volumes est donc programmée sur deux ans de juin 1781 à juin 1783. Nous pouvons remarquer que les trois premiers volumes sont finalement assez resserrés, sept mois entre le premier et le second volume puis cinq mois avant la sortie du troisième. Faujas doit certainement avoir prévu et peut être as-t-il déjà commencé à écrire une partie des mémoires, d’autant plus que les diocèses d’Embrun et de Gap ont déjà été étudiés et transcrits durant la tournée de l’été 1775. Il est fort possible que Faujas ait tenu des journaux de ses autres

voyages, mais que les manuscrits n’aient pas traversé le temps3. La diffusion se veut plutôt

large. Faujas garde ses assises à Grenoble en se faisant imprimer chez Giroud, mais on voit qu’il travaille une seconde fois avec Nyon et également avec son vieux soutien : Le Journal

de Physique. C’est là qu’il fait ses premières armes et il continue à collaborer avec lui presque

dix ans plus tard. Un nouveau protagoniste entre en jeu, c’est le puissant libraire parisien Panckoucke, promoteur de l’Encyclopédie Méthodique qui se rapproche des travaux de Faujas. On en déduit que Faujas devient de plus en plus influent et que son précédent ouvrage lui permet de se hisser dans le cercle des naturalistes importants et intéressants.

Mais cette table des matières n’est qu’un projet, un prévisionnel. Le reste de la correspondance entre Faujas et son libraire, qui compte une douzaine de lettres, nous montre que les relations auteur-libraire avec Faujas ne sont pas une sinécure et que l’ambition du savant est toujours sous-jacente et créatrice de problèmes.

1 Ibid.

2 Barthelémy FAUJAS DE SAINT-FOND, Histoire Naturelle de la province de Dauphiné [prospectus], Proposé à la souscription., op. cit., p. 26.

3 En effet nous n’avons retrouvé que trop peu de sources antérieures à 1775 alors que Faujas était certainement déjà actif.

La correspondance Faujas-Giroud ou la chute d’un rêve éditorial.

Les Giroud sont une ancienne famille de Libraires lyonnais (1660) puis grenoblois (1663). Justine Souverant, dite la veuve Giroud, est née vers 1730. Elle épouse le libraire André Giroud le 17 août 1752 et à sa mort, en 1767, elle reprend avec ses fils les affaires de la librairie, avec qui elle s’associe légalement à partir de 1782. Justine Giroud est célèbre pour avoir été une femme d’affaires plutôt exceptionnelle, car elle fait passer sa maison de simple éditeur parlementaire à véritable maison incontournable dans le Dauphiné avec notamment les

Affiches du Dauphiné, principal journal de la région. Selon Jean Sgard qui écrit la fiche

prosopographique dont sont tirées ces informations : « son édition la plus ambitieuse fut en

1781 l’Histoire naturelle de la province de Dauphiné de Faujas de Saint-Fond, en quatre vol. in-8°, ornés de gravures et d’une carte de la province1 », mais cette entreprise est assez rapidement plus difficile qu’il n’y paraît. Les relations entre les deux parties, Faujas comme les Giroud, qui au départ sont très enthousiastes, deviennent moins cordiales au fur et à mesure que les délais s’accumulent.

La première lettre retrouvée entre les deux protagonistes est datée du 7 juin 17812.

Faujas écrit à Giroud, car il attend des feuilles de son ouvrage qui ne sont pas arrivées. Il désire en effet commencer son errata, sa table et ensuite tout faire passer à Michel Adanson qui se charge de la censure. De plus Faujas en est encore au montage. Il dit au libraire qu’il va lui envoyer son mémoire sur les vins qu’il vient de terminer. Le délai annoncé par la souscription est d’ores et déjà dépassé alors même que Faujas fait encore des ajouts et que sa table et son errata ne sont pas commencés. On sent tout de même un peu d’empressement dans cette lettre, mais le ton est très cordial. Le mémoire sur les vins est envoyé le 19 juin

1781. Il est accompagné d’un billet3 où Faujas demande encore à son libraire de faire

imprimer le plus vite possible le reste des feuilles pour les passer à Adanson. La lettre suivante datée du 30 juin 1781 est moins pressante. Faujas a reçu des pages de son ouvrage

qu’il semble apprécier : « je suis très satisfait du caractère, de la correction et du papier »,

dit-il au début de sa lettre. Par contre dit-il semble que le passé éditorial des Giroud n’est pas tout à fait en adéquation avec les traditions scientifiques. En effet Faujas insiste sur le fait que ce premier jet ne comporte pas d’en-tête contrairement aux usages. Il appuie donc sur la

1 Jean SGARD, « Justine Souverant, veuve Giroud (?-1798) », in Dictionnaire des journalistes 1600-1789 http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/.

2 Lettre de Faujas à Giroud imprimeur à Grenoble 7 juin 1781, A.D. Isère, J547. 3

nécessité d’intégrer cette coquetterie en affirmant que son ouvrage mérite tout le soin possible :

Ou je me trompe, ou ce petit oubli déparera un peu cette édition, qui sera sans doute la plus belle et la plus soignée sortie des presses de Grenoble1

Pourtant, cette demande n’a pas été prise en compte. Ce premier tome de l’Histoire naturelle

du Dauphiné ne comporte pas d’en-tête. Le numéro de page est resté où il était « trônant »

entre crochets au milieu de l’en-tête comme les factums qu’impriment les Giroud depuis près d’un siècle2.

Dix jours plus tard3, Faujas réécrit à Giroud pour lui faire part de son enthousiasme

vis-à-vis de la forme de son ouvrage. Apparemment, les deux hommes avaient eu une discussion sur la taille des lettres, car Faujas renchérit sur le fait qu’elles sont semblables à celles d’un in-quarto. On apprend également qu’un vieux camarade de Faujas assure les corrections et la bonne tenue de l’ouvrage. C’est Prunelle de Lierre, Grenoblois et contributeur à l’élaboration du cabinet public, qui aide Faujas tiraillé entre Montélimar et Paris et qui ne semble pas repasser souvent par Grenoble. Il s’appuie donc sur son réseau de jeunesse pour l’assister dans son entreprise. À cette date, le naturaliste est encore en train de

rédiger les derniers mémoires du premier tome. Il envoie alors à Giroud la « description des

corps marins » qui, dit-il, doit être placée au-dessous du mémoire sur les grottes de Sassenage.

Faujas joint aussi la première partie du mémoire suivant sur le tremblement de terre de Clanssaye. Giroud respecte d’ailleurs bien ses recommandations, car l’ordre se retrouve dans le texte final. Mais on est ici à plus d’un mois après la date prévue. Cela n’alarme pas particulièrement Faujas dont le ton reste très cordial, voire amical. Enfin le 14 juillet, Faujas envoie son mémoire sur les granites à faire passer à Prunelle de Lierre pour les corrections. Jusqu’ici tout semble assez bien aller, les remarques sont courtoises et constructives, et on voit, du côté de Faujas en tout cas, un désir de bien faire.

Mais à partir du 18 août suivant4, Faujas commence à sentir le temps passer. Dans un

billet inséré avec l’envoi d’un paquet de feuilles, le naturaliste manifeste un début

d’impatience. Le champ lexical change et il se met à utiliser des formules comme : « ne

perdez donc pas un moment » ou « Je [dois] absolument finir la table… ». Le ton commence à

monter quelques jours plus tard dans la lettre que Faujas envoie le 22 août5. Apparemment,

Pajot de Marcheval, intendant du Dauphiné de 1761 à 1783, tente de mettre des bâtons dans

1

Lettre de Faujas à Giroud imprimeur à Grenoble 30 juin 1781, A.D. Isère, J547. 2 Jean SGARD, « Justine Souverant, veuve Giroud (?-1798) », op. cit.

3 Lettre de Faujas à Giroud imprimeur à Grenoble 9 juillet 1781, A.D. Isère, J547. 4 Billet de Faujas à Giroud imprimeur à Grenoble 18 août 1781, A.D. Isère, J547. 5

les roues du naturaliste. En effet, selon ca dernier, l’intendant aurait écrit que le « mémoire sur

la marne » et celui sur les vers à soie que Faujas veut insérer dans son ouvrage seraient tout à

fait inutiles. Faujas est particulièrement irrité et le fait savoir à son libraire :

Comme je ne reçois plus de vos nouvelles, Monsieur Giroud, et que je viens d’apprendre […] que l’intendant du Dauphiné venoit d’écrire pour contrarier notre édition, et que cet homme est très peu instruit pour avoir osé dire que j’aurois du me dispenser de donner un mémoire sur la marne, sur les vers à soie et sur d’autres objets d’utilité première pour la province, par ce que dit-il on trouve tout cela partout, tandis que les trois mémoires, m’ont coûté des travaux, des recherches, et des peines infinies ; je commence à croire et je crois qu’il n’ait décacheté mes paquets et qu’il ne vous ait pas fait parvenir tout ce que je vous ai adressé. C’est-à-dire la totalité de la préface, en conséquence, je me hâte de vous écrire pour vous prier de me donner le plus promptement possible des nouvelles sur cet objet ; observez, je vous prie, qu’il n’a aucun ordre à vous donner, et que s’il vous avoit défendu de son autorité privée de continuer l’impression, je pense que vous m’en auriez donné avis1.

Le ton monte, mais pas encore contre Giroud. Faujas finit en effet sa lettre par un

« mon cher ami » comme pour calmer le jeu, mais tout en le pressant de terminer les

impressions tardives qui ralentissent le censure. Ce qui est plus intéressant dans cet extrait c’est la posture que prend Faujas vis-à-vis de l’intendant. Il dit bien à Giroud qu’il n’a pas d’ordre à recevoir de lui. C’est la seconde fois que Faujas se rebelle contre une autorité