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5.3 Les rapports au travail

5.3.3 Rapports avec la direction

La hiérarchie semble être un facteur important pour plusieurs des enseignantes interrogées. Mais bien qu’importante, elle n’est pas insurmontable : « Ça dépend toujours de la personne qui est assise de l’autre côté du bureau… En ce moment, ma relation avec la direction est vraiment bonne, mais il y a une distance dans le sens où c’est employée/employeur (…) Avant d’arriver ici, mon directeur était vraiment comme un papa » (Amélie, Verbatim, 2008, p. 48). « … je mets toujours une distance entre elle et moi, puis s’il y a des rapports plus intimes qui viennent par la suite, ben c’est tant mieux, sinon, c’est vraiment politesse, respect (…) Il m’est arrivé d’être plus amie avec une directrice » (Maude, Verbatim, 2008, p. 43). Pour Marie-Ève et Camille, la direction est incontestablement un supérieur : « Moi j’ai toujours eu des directrices qui étaient du genre « femmes d’affaires », bien habillée et nettement au-dessus des enseignantes dans le sens de la hiérarchie et de l’autorité. Pour moi une directrice, c’est vraiment mon patron » (Marie-Ève, Verbatim, 2008, p. 55). « C’est mon patron. La hiérarchie est là et c’est correct comme ça. Je vouvoie et je garde cette distance volontairement. Comme ça je suis à l’aise quand j’ai des requêtes. Je respecte beaucoup leur travail » (Camille, Verbatim, 2008, p. 2). Mélynda affirme elle au contraire que la direction ne représente aucune autorité directe : « Je vois ça comme une relation d’égal à égal, sans hiérarchie, pour moi ce n’est pas mon patron, c’est une personne qui gère l’école » (Mélynda, Verbatim, 2008, p. 27).

Le sentiment d’autonomie vis-à-vis de la direction est aussi cité à quelques reprises : « Ce sont mes patrons et j’applique ce qui est demandé, mais je me sens libre dans mon enseignement » (Alexandra, Verbatim, 2008, p. 18). « La perception de la direction que j’ai, c’est : en cas de besoin (…) » (Marie-France, Verbatim, 2008, p. 13). Finalement, Marlène, tout en parlant d’autonomie professionnelle, va plus loin dans sa réflexion et résume son rapport à la direction ainsi : « Je pense qu’avec le temps, les profs on développe une certaine autonomie professionnelle. Au début la direction était vraiment mon patron, je les voyais plus dans des moments critiques, difficiles. Maintenant, avec l’expertise, le recul, la direction représente plus pour moi cette espèce d’impartialité qui (règne) travaille au sein de l’école (…) Je vois ma direction comme un guide, comme une ressource » (Marlène, Verbatim, 2008, p. 34).

5.3.3.1 Changements souhaités dans le rapports à la direction

Ce que les enseignantes voudraient apporter comme changement dans leur rapport à la direction se concentre principalement sur un thème : la disponibilité de ces dernières auprès des élèves. En fait, on souhaiterait avoir une direction moins débordée par le travail administratif et davantage impliquée dans le quotidien de la vie en classe : « Je trouve que les enfants ne voient pas assez les directions. Ils ne les connaissent pas vraiment. Ça serait à changer. Pour améliorer les rapports, je trouve que la direction pourrait par exemple peut-être venir en classe de temps en temps » (Alexandra, Verbatim, 2008, p. 18). « Ben, une direction moins débordée par l’administration, plus présente dans l’école, qui pourrait circuler, aller voir les projets, qui pourrait s’impliquer avec les classes, que les enfants les connaissent mieux, plus humaine, pas juste dans son bureau » (Marlène, Verbatim, 2008, p. 34). Julie, de son côté, souhaiterait un rapport enseignant direction plus amical et une communication basée sur plus d’ouverture : « Dans certaines écoles, il n’y a que de l’échange d’informations et des guerres de syndicat. Plus de communication et d’ouverture de part et d’autre serait un plus » (Julie, Verbatim, 2008, p. 23).

La rétroaction sur le travail en classe figure aussi dans la liste. D’une part, on souhaiterait avoir une rétroaction constructive sur son travail pour ainsi être en mesure de

s’améliorer : « J’aimerais beaucoup avoir du feed-back positif, ou même négatif quand il le faut. Il me semble que ça ferait partie de leur tâche. Pour moi, me donner une tape dans le dos, pour me rassurer. Peut-être que je manque d’assurance, mais d’après moi ça fait toujours plaisir, et professionnellement ça serait un plus (Camille, Verbatim, 2008, p. 2). « J’aimerais avoir plus de rétroaction de la part de la direction, qu’elle soit plus présente, qu’elle m’aide à m’améliorer, qu’elle donne ce soutien là » (Jeanne, Verbatim, 2008, p. 8). D’autre part, on préfère que la direction ne se mêle pas trop de son enseignement, tout en étant cependant une référence au niveau de la pédagogie, comme l’explique Marie-France : « Premièrement, j’aimerais avoir une direction qui est au courant de la pédagogie et qui est une personne-ressource (…) La direction n’a pas à intervenir dans ma gestion de classe. Je voudrais qu’on me fasse confiance, que chacun ait son rôle, être traitée en professionnelle » (Marie-France, Verbatim, 2008, p. 13). Marie-Ève, quant à elle, valorise plutôt une indépendance professionnelle vis-à-vis la direction : « Me sentir plus à l’aise de parler avec ma direction. Ne plus sentir qu’elles ont un pouvoir sur moi. Me sentir plus détachée de leur regard » (Marie-Ève, Verbatim, 2008, p. 55).

5.3.3.2 Les difficultés avec la direction

Hormis les directions difficiles d’approche - « Ce que j’ai déjà vécu comme difficulté d’adaptation avec une direction, c’était qu’elle était très changeante d’humeur. Je ne savais jamais sur quel pied danser (Maude, Verbatim, 2008, p. 44). « J’ai de la misère avec une direction qui met trop ses distances, parce que moi j’ai besoin d’être en contact avec les gens. J’ai besoin qu’un bon contact se fasse, que la direction soit facile d’approche (Mélynda, Verbatim, 2008, p. 28) - et le manque de confiance de la direction envers les enseignants et des enseignants en eux-mêmes face à la direction - « Le regard qu’elles vont porter sur moi (…) D’avoir l’impression qu’elles pensent que je suis incompétente » (Marie-Ève, Verbatim, 2008, p. 56)-, les fréquents changements de direction et d’écoles figurent aussi dans la liste des difficultés que vivent les enseignantes avec leurs directions : « Moi quand j’ai commencé le métier, j’avais beaucoup à voyager, j’avais des directions plus ouvertes, et d’autres qui étaient plus fermées. J’avais des directions qui croyaient beaucoup à l’épanouissement du prof en dehors aussi de l’école

(…) s’adapter aux différents styles de direction représente un défi en soi » (Marlène, Verbatim, 2008, p. 35). « Les relations qui changent en fonction de qui est la directrice. Par exemple, avec ma directrice précédente on se tutoyait, pis là avec ma nouvelle directrice on doit vouvoyer. C’est le changement de personne qui est difficile, mais c’est à nous de s’adapter et non à la direction » (Amélie, Verbatim, 2008, p. 49).

À son tour, Marie-France énumère ce qu’elle perçoit comme ses difficultés avec la direction : « La méconnaissance de la pédagogie, la difficulté au niveau du lien de confiance avec son personnel, puis le manque de sentiment de professionnalisme » (Marie-France, Verbatim, 2008, p. 14). Julie, elle, dénonce les directions qui abusent des enseignants : « Et puis, quand les directions abusent de toi par exemple, en te faisant remplir 14 PIA, parce que toi tu es nouvelle et que tu ne sais pas que ça n’a pas d’allure. Puis, quand tu fais du temps supplémentaire, sans que ça soit reconnu. Là tu passes pour une excellent enseignante, qui a la vocation, mais ce n’est pas comme être bonne sœur, tu as un travail à faire et ce n’est pas professionnel qu’il n’y ait pas de limite au temps supplémentaire que tu fais ou qu’on te demande de faire des choses qui empiètent pas mal sur ta tâche première qui est d’enseigner » (Julie, Verbatim, 2008, p. 24).

Mais ce n’est pas tout : il y a aussi celles qui avouent, non sans une certaine indifférence, n’avoir aucune difficulté avec la direction ; c’est le cas pour Jeanne, Camille et Alexandra. Cette dernière explique : « Je fais ce qu’on me demande. Je peux exprimer que je n’approuve pas, mais je le fais quand même, c’est mon patron » (Alexandra, Verbatim, 2008, p. 19).