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À la maison, la mère de Zoé cuisine la très grande majorité du temps et met en avant auprès de ses enfants l’importance de faire cet effort. Il ressort que c’est en fait surtout la mère qui semble faire référence chez Zoé en terme de normativité alimentaire. Elle influence ainsi la qualité des denrées alimentaires sélectionnées pour le foyer en écartant certains produits des courses « Pour mieux manger (rire), manger moins de cochonneries d’après elle ». Il n’y a pour autant pas d’absent au registre des catégories alimentaires dans le panier de course familial mais seulement des limitation sur les produits connotés négativement par rapport à la santé : « certains aliments qui sont pas forcément sains pour la santé (ouais ?), on évite d’en acheter trop souvent quoi ». L’alimentation constitue donc un sujet de communication régulier dans la famille qui prends soin d’équilibrer ses repas. En

128 complément d’approvisionnement, un certain nombre de produits frais proviennent directement des grands parents qui possèdent un jardin, des poules et un verger.

Lorsqu’elle mange en-dehors de chez elle, Zoé déclare que son alimentation demeure « assez proche » de celle à domicile.

Lorsqu’un aliment est consommé « plusieurs fois par jours » il est codé 5, « une fois par jour » il est codé 4, « une à deux fois par semaine » il est codé 3, « une à deux fois par mois » il est codé 2 et s’il n’est jamais consommé il est codé 1.

En effet, en termes de fréquence de consommation des familles de produits alimentaires on peut remarquer une similitude quasiment parfaite entre l’alimentation de Zoé chez elle ainsi qu’à l’extérieur. Le seul changement concerne les sodas qu’elle ne consomme jamais à domicile mais qu’elle s’autorise une ou deux fois par mois lorsqu’elle est à l’extérieur de chez elle ce qui reste une variation très à la marge de l’alimentation prise dans sa globalité. Où qu’elle soit, Zoé exprime clairement l’attention particulière qu’elle porte afin d’équilibrer son alimentation. Les seules exceptions notables qui existent concernent les repas exceptionnels comme le restaurant. Zoé ne pense pas non-plus changer son alimentation selon les personnes avec qui elle est et même ses amis ne semblent pas avoir d’impact particulier sur son alimentation qui demeure hors exception en tous points comparable au modèle alimentaire familial.

Pour Zoé, bien manger se rapporte à manger équilibré et en portant son attention sur la diversification des familles d'aliments qui composent les repas, et ce

129 de manière assez fine comme lorsqu’elle déclare : « faire attention à pas prendre bah par exemple au self on peut manger un produit laitier et un dessert mais un produit laitier ça peut être un yaourt (ouais ?) donc ça peut revenir à manger deux yaourts par exemple ». Zoé semble penser et conscientiser son alimentation au quotidien. Elle prend garde à la « tentation » notamment au self, de ne pas se laisser « emporter par la gourmandise ». La notion de fraîcheur des produits est également importante et le fait de pouvoir privilégier des produits « du jardin » entre en ligne de compte. À l’inverse, mal manger se rapporte plus simplement à la consommation de produits riches en graisses ou en sucres (sucreries, préparations industrielles).

Zoé a la sensation de manger globalement sainement. Elle précise que selon ses critères elle n’estime pas pour autant manger totalement sainement non-plus, dans la mesure où elle ne se prive pas de « petits moments » de gourmandise. Cependant elle fait « quand-même globalement attention » et ne « pense pas que [s]on alimentation soit non-plus dangereuse pour [s]a santé ». Ici la santé intervient en médiateur de la prise alimentaire et sert de point de repère afin de savoir ce que l’on peut se permettre ou non. D’ailleurs, Zoé évoque le fait que pour elle s'alimenter puisse représenter une contrainte dans sa quête de respecter les standards qu’elle s’est fixés en termes d'alimentation saine. Elle présente une véritable démarche de gestion de son alimentation de ce point de vue. Alors qu’elle s’astreint d’une manière générale à la privation de produits considérés comme non-sains (sucreries, « cochonneries »), elle mise en parallèle sur une stratégie à plus long terme : « je me dis que si je m’autorise pas du tout et que je me contraint (ouais ?) totalement, je risque d’avoir un moment où je vais complètement craquer et du coup je vais que manger des cochonneries (rires) du coup je préfère manger des cochonneries un petit peu mais de manière étalée ». Cette gestion alimentaire témoigne ainsi d’une volonté de gérer son alimentation dans le respect des normes alimentaires que Zoé s’est fixée en références à celles que lui dictent sa socialisation primaire, tout en conciliant une part plus hédonique qui, maîtrisée, n’empiète pas sur sa santé et convient à son équilibre alimentaire tel qu’elle le définis.

Par ailleurs, alors que Zoé déclare connaître au moins une recommandation alimentaire il s'avère que celle-ci n'est pas exacte : « manger 1 fruit et légumes par jour ». Cette connaissance approximative des recommandations ne l’empêche pas, tel que nous avons pu le constater à travers le portrait alimentaire de Zoé, de

130 concevoir l'esprit général auxquelles ces recommandations incitent. Toutefois, force est de constater que cette approximation quantitative reflète particulièrement bien ses habitudes alimentaires dans la mesure où elle ne déclare consommer des fruits et légumes qu’une à deux fois par semaine que ce soit à domicile ou à l’extérieur. Et pourtant, Zoé déclare que « si j’avais pas connu les recommandations sur la nourriture j’aurai peut-être moins fait attention que je ne le fait maintenant ». Peut- être une connaissance accrue de ces recommandations l’engagerai-t-elle à augmenter encore sa fréquence de consommation de tels produits ? En tout état de cause, Zoé nous a confié qu’elle considérait ces recommandations non pas comme contraignantes mais plutôt préventives, bienveillantes, et l’incitant à la réflexion sur sa propre consommation alimentaire ce qui a déjà débouché sur un accroissement de son attention à cet égard. In fine, on observe chez Zoé un respect des règles établies et des normes en vigueur, que ce soit celles transmises à travers sa socialisation primaire ou celles véhiculées à travers les recommandations ministérielles. Ce respect n’est pour autant pas aveugle et occasionne une réflexion de sa part sur ses propres pratiques : « C’est pas parce qu’on me le recommande que c’est forcément une bonne raison (d’accord) mais c’est plutôt que on me l’a recommandé, j’ai réfléchi et ça m’a un incité à penser que c’était une bonne heu… Une bonne… Une bonne initiative ». Le profil de Zoé se structure ainsi autour d’un rapport raisonné et compréhensif aux normes en vigueur et se tient à ce qu’elle sait pour favorable à sa santé, santé agissant comme un garde-fou au quotidien.