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Le sujet de l’alimentation est abordé dans les grandes lignes au domicile familial, de façon assez régulière, notamment concernant le choix des repas et leur composition. Lisa considère que les repas de la famille sont variés, et diversifiés : « on mange pas souvent la même chose ». Elle rajoute que la nourriture est toujours cuisinée par ses parents et nous indique qu’aucun produit alimentaire n’est strictement chassé de l’approvisionnement du foyer.

En dehors de chez elle, Lisa déclare que son alimentation est « assez proche » de celle à domicile. Or d’un point de vue de la fréquence de la consommation des différentes familles d’aliments, on peut même la qualifier d’identique !

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Lorsqu’un aliment est consommé « plusieurs fois par jours » il est codé 5, « une fois par jour » il est codé 4, « une à deux fois par semaine » il est codé 3, « une à deux fois par mois » il est codé 2 et s’il n’est jamais consommé il est codé 1.

Cependant, Lisa nous explique que quelques différences existent malgré tout selon elle, bien qu’elle reproduise effectivement à la quasi identique sa consommation alimentaire primaire en dehors de chez elle. Ces seules exceptions sont dues aux choix plus retreints du self qu’elle fréquente deux fois par jour en raison de son statut d’interne, mais qui ne l’empêchent pas dans la majeure partie des cas de reproduire le modèle alimentaire hérité de ses parents : « C’est quand même assez proche de chez nous parce que, parce que je mange quand même en général la même chose, qui est assez variée et… voilà toujours fruits et légumes tout ça ». Lisa ne mange sinon que très rarement en dehors de chez elle ou de l'internat. Par ailleurs, elle estime manger équilibré, de tout, et de manière variée, et surveille son alimentation en sélectionnant et s'autorisant certains produits en fonction de ses consommations antécédentes. Elle prend particulièrement en compte dans cette gestion la balance qui s’exerce en fin de repas entre les fruits d’un côté et les desserts et produits gras de l’autre, qu'elle juge "moins bons pour la santé". L’ensemble des consommations que Lisa effectue au self sont réalisées en présence de ses amis mais elle estime ne subir aucune influence de ceux-ci sa sélection alimentaire. Le sujet anime en revanche régulièrement leurs discussion, notamment par rapport à la pratique sportive qui constitue un dénominateur commun.

122 Pour Lisa, la notion de « bien manger » n’intègre pas d'interdit en particulier. Elle fait plutôt référence à la notion de mesure en toute chose comme critère permettant de définir une bonne alimentation. A contrario, mal manger qualifierait plutôt les comportements consistant à ne pas avoir de recul réflexif sur ses prises alimentaires : « pas de fruits et légumes, pas varier les repas et… bah… Ouais pas faire attention à ce qu’on mange et pas, et manger que des choses déjà préparées, pas cuisiner. Et… Et ouais prendre que des plats préparés et gras et, pas bons pour la santé ». En prenant ce parti explicatif, Lisa décrit approximativement l’exact inverse de ce qu’elle a décrit plus tôt comme étant sa propre consommation alimentaire. Elle oppose l’ensemble de ces comportements néfastes à la notion de santé et par la même réaffirme l’orientation sanitaire du rapport qu’elle entretien à l’alimentation.

Lisa pense ainsi manger tout à fait sainement. Le discours employé afin de justifier son comportement semble traduire une intériorisation de la norme invitant au respect d'une alimentation saine : " Pour être en bonne santé, même pour moi pour me dire que je mange bien, que… Que c’est mieux de bien manger que de mal manger et que on est forcément plus en forme en mangeant bien qu’en mangeant mal". L’objectif de santé est clairement affirmé et va dans le sens de sa connaissance des recommandations alimentaires, qu’elle exagère d’ailleurs, et de leur vocation sanitaire : « depuis petite je les vois ces publicités (oui) donc je pense que quand je vois, je sais qu’il faut manger sept fruits et légumes par jour, que c’est bon pour la santé ». Ces recommandations sont convergentes avec le modèle alimentaire hérité de sa socialisation primaire : « Après dans tous les cas on en mangeais, enfin moi chez moi on en mangeais au moins sept donc heu… ça a pas beaucoup changé la donne avec la publicité quoi ». En définitive ces recommandations ont un impact conscient sur la conception de ce qu'est une alimentation saine et viennent renforcer le sentiment d'intérêt à les suivre déjà expérimenté à travers le modèle alimentaire familial. Pour autant dans les faits elles n'ont pas d'influence directe sur la consommation de Lisa dans le sens où son alimentation à domicile respecte déjà ces critères. Les convictions de Lisa étant faites, il arrive cependant que l'alimentation puisse parfois représenter une contrainte à laquelle il lui arrive de céder : « Forcément des fois oui je me dirais qu’il faut pas que je prenne forcément le produits trop gras parce que c’est pas bon mais… Mais si j’en ai vraiment envie je le

123 prend ». Néanmoins celle-ci ne se présente pas comme quelque chose de subi, mais plutôt comme quelque chose d’agi : « c’est moi qui choisit mais c’est vrai que si on est plus difficile […] je pense c’est plus compliqué. Mais pour moi ça l’est pas ». Lisa paraît donc s'en accommoder sans difficulté particulière et elle choisit régulièrement des produits représentés comme non sains sans pour autant se sentir coupable : « pour moi c’est pas grave si on le fait pas tout le temps. On peut, on peut le faire une fois par jour ou une fois par semaine c’est pas grave si on n’en abuse pas et on mange pas des plats préparés tous les jours quoi… »