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B. Analyse des données

V. Analyse des questionnaires

1. Les déterminants de l’alimentation des jeunes

Nous estimons que le nombre d’élèves ayant accès au lien permettant de remplir notre questionnaire avoisinait les 300. Le nombre de répondants total a été de 62 et le nombre de questionnaires exploitables de 58 (dont 33 femmes pour 25 hommes). L’analyse spécifique par niveaux de classe sociale a été réalisée sur seulement 54 sujet (dont 31 femmes pour 23 hommes) dans la mesure ou pour quatre d’entre eux les données ne permettaient pas de renseigner leur appartenance à une classe sociale définie.

Pour 84% des adolescents interrogés, il existe un lien entre le fait de pratiquer de l’activité physique et celui de s’alimenter. Cette conception en vases communicants ne s’exprime pas toujours de la même manière selon les sujets, certains estimant que l’activité physique peut compenser une alimentation excessive ou malsaine et réciproquement tandis que d’autres n’envisagent ce lien de causalité qu’à sens unique, soit en partant de l’activité physique soit en partant de l’alimentation. Nous entendons par là que certains jeunes selon nous peuvent considérer dans un objectif de santé qu’une alimentation malsaine peut être compensée par la pratique d’une activité physique tandis que d’autres estimeraient que cela n’est pas possible. De la même manière nous postulons que d’autres jeunes pourraient penser que le manque d’activité physique pourrait être compensé par une

47 alimentation particulièrement saine tandis que d’autre ne souscriraient pas à cet opinion.

Si les manières d’envisager les conséquences de cette vision en vases communicants diffèrent, en revanche cette conception est bel et bien présente chez les adolescents de notre échantillon et met ostensiblement en avant l’activité physique comme possible déterminant de l’alimentation en termes de quantité, de qualité ou encore d’orientation vers la santé. En effet, Sur notre échantillon de 58 adolescents, 84% d’entre eux considéraient qu’il existait un lien entre le fait de s’alimenter et celui de pratiquer une activité physique, tandis que 65% de notre population de sportifs (n = 52) déclarait que le fait de pratiquer une activité physique avait un impact sur leur manière de s’alimenter.

84% 16% 0% 20% 40% 60% 80% 100%

Plutôt d'accord Plutôt pas d'accord

Es-tu plutôt "d'accord" ou plutôt "pas d'accord" avec l'affirmation suivante :

Manger et pratiquer de l'activité physique sont liés (n = 58)

65% 35% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% Oui Non

Est-ce que le fait de pratiquer de

l'activité physique impacte ta

manière de t'alimenter ? (n = 52)

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Conception en vase communiquant AP - alimentation des adolescents

Les recommandations alimentaires édictées par le ministère de la santé sont plutôt bien connues de notre échantillon avec 70,7% d’adolescents déclarant en connaître au moins une. Nous pouvons faire le postulat que la connaissance de ces recommandations impacte les pratiques alimentaires des adolescents. Toutefois, nous ne savons pas en quoi elles impactent ces dernières dans la mesure où la connaissance des repères nutritionnels n’est pas une donnée suffisante pour affirmer que les individus modulent en conséquence leurs comportements. C’est là tout l’intérêt que comporte la démarche d’approche par la socialisation que nous avons choisie afin d’éclairer dans une seconde partie les données quantitatives présentées ici à l’aide d’un second volet d’analyse, qualitatif celui-ci et basé sur dix entretiens de sujets provenant de cet échantillon.

Par ailleurs, les réponses des sujets laissent apparaître qu’en très grande majorité les repas pris chez soi sont partagés en famille, ce qui fonde l’emprise normative de la famille sur les jeunes à travers une socialisation alimentaire primaire spécifique au foyer.

70,7% 29,3%

Connaissance des recommandations alimentaires du ministère de la santé (n = 58)

49 Toutefois, les adolescents déclarent à 12% que leurs consommations alimentaires sont très différentes lorsqu’ils ne sont pas chez eux, c’est-à-dire dans des contextes d’alimentation où le niveau de contrainte sur la sélection alimentaire est endo-référencé et n’émane pas de la famille. Pour 31% d’entre eux l’alimentation en-dehors du domicile familial est « assez différente » et pour 55% elle est « assez proche ». Ainsi, et bien qu’à des degrés variés, dès lors que les adolescents se trouvent en dehors de leur domicile, les pratiques alimentaires semblent différer par rapport à la norme familiale. L’écrasante présence des pairs dans le contexte des prises alimentaires extérieures au domicile peut ainsi représenter un facteur d’influence pouvant expliquer ces écarts.

91,4% 6,9% 1,7% 0,0% 10,0% 20,0% 30,0% 40,0% 50,0% 60,0% 70,0% 80,0% 90,0% 100,0%

Toujours ou presque Parfois Jamais

Fréquence des repas partagés en famille au domicile familial (n = 58)

50 Nous avons donc vu dans ce préambule que le postulat chez les jeunes qu’une conception en vase communiquant entre l’activité physique et l’alimentation dans leur rapport à la santé semblait valable pour notre population dont près des deux tiers déclare son alimentation impactée par sa pratique physique. La bonne connaissance des recommandations alimentaires ministérielles par notre échantillon (70,7%) confirme également que le poids de l’injonction institutionnelle de santé émise à travers la communication de normes alimentaires a tout à fait lieu d’être pris en considération comme une contrainte pouvant peser sur les comportements alimentaires de notre population. Par ailleurs, le contexte de prise alimentaire au domicile est complètement favorable à la transmission effective d’une socialisation

2% 55% 31% 12% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% Oui, très proche Oui, assez proche Non, assez différente Non, très différent Proximité de la consommation alimentaire en dehors du domicile familial par rapport à la consommation à

domicile (n = 58) 91% 9% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Partagés entre amis Pris seuls

Contexte social des repas hors du domicile familial (n = 58)

51 alimentaire primaire avec plus de 90% de repas à domicile partagés « toujours ou presque » en famille. À ce climat propice à l’instauration d’une socialisation primaire stable répond celui propice également de l’instauration d’une socialisation secondaire solide également avec plus de 90% de repas partagés entre pairs en dehors du domicile. Enfin, les adolescents déclarant à des degrés divers un éloignement de leurs schèmes alimentaires lorsqu’ils se nourrissent en dehors du domicile familial, la possibilité d’effets de contextes pouvant remettre en cause la socialisation primaire des adolescents se fait jour.