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Des « racailles » aux « beurettes » un détournement genré du stigmate

2. UN DÉTOURNEMENT DU STIGMATE ENVERS LES « RACAILLES » LES « RACAILLES »

2.1. Des « racailles » aux « beurettes » un détournement genré du stigmate

La majorité des lycéens rencontrés à Vaulx-en-Velin opposent les normes sociales des « froms » et des habitants des communes périphériques. Les « froms » incarnent les normes sociales dominantes, le système de normes et de valeurs adopté par les lycéens reprend en pa tie le s st e do i a t e odifia t des aspe ts u’ils esti e t a o au tel ue le appo t à la se ualit ou la o so atio d’al ool). Le système de normes légitime prend sens dans un contexte socio-u ai sp ifi ue et pou u e lasse d’âge sp ifi ue.

Le terme « racaille » est employé par la plupart les lycéens de Doisneau et de Récamier qui o t pa ti ip à l’e u te. Les ep se tatio s asso i es diff e t d’u l e à l’aut e, ais révèlent systématiquement un jugement dévalorisant. Cette caractérisation sociale reprend les arguments du stigmate médiatique du « jeune de banlieue ». Le terme « racaille » fait notamment référence à la terminologie employée par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’I t ieu , à l’au e des iole es u ai es de Gu ol , .

Dans les discours, deux types de jeunes vivants dans les communes périphériques défavorisées existent : ceux qui respectent les normes et les codes sociaux de leur ville et les autres. Les lycéens rencontrés rejettent le discours médiatique les concernant, mais le p ojette t su d’aut es jeu es i a t da s des o u es populai es, et ota e t leu propre commune. Les jeunes non scolarisés en lycée général (ou déscolarisés) sont plus particulièrement visés par ce détournement du stigmate médiatique (Gruel, 1985). À ce titre, le lycée professionnel de Vaulx-en-Velin est parfois surnommé « la poubelle de Vaulx ». Ainsi, de manière schématique, dans les représentations des lycéens interrogés il existe au sein des jeunes habitants dans les « quartiers » deux types de jeunes : eux et les « déviants88 ». Les jeunes rencontrés au lycée Doisneau appartiennent à un groupe qui s’oppose aux « racailles » et à leur pendant féminin, les « beurettes ». Le fait d’appa te i à l’u ou l’aut e des deu g oupes ’est pas fig et à tout o e t, de au aises

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fréquentations peuvent orienter un jeune vers ces figures de la déviance. Cette dernière étant définie comme un écart aux normes sociales.

2.1.1. Les « racailles » vues par les lycéens de Doisneau

Pour les lycéens de Doisneau, le terme « racaille » fait référence aux jeunes garçons, adolescents et adultes, dont la présence sur les espaces publics vaudais est caractérisée par une présence importante et une certaine immobilité. Cette dernière est associée à une a se e de aiso d’ t e, de ut, e ui est jug gati e e t pa les l e s. De plus, uat e dimensions caractérisent les différentes descriptions qui sont faites des « racailles ». Le style vestimentaire est un premier marqueur. Les comportements associés à ce groupe social, ota e t l’i espe t d’aut ui su l’espa e pu li , o stitue t u e deu i e caractéristique. Le rapport à la délinquance, la violence et aux trafics de drogue est également dénoncé. Enfin, et cela est plus spécifique aux discours recueillis à Vaulx-en-Velin, le appo t à l’i stitutio s olai e est u fa teu d te i a t.

« Et ça t’a i e de oi des hoses… E fi e genre de choses à Part-Dieu par exemple ?89

Ouais. “ou e t. Pa eil, à la ou he de t o où ils so t tous là pa e u’ils fu e t. Ils fument. Ils fument. Et hop ils montent. Et voilà ils foutent la merde.

Et ils fument quoi ? Du joint, de tout en fait. Et ’est ui « ils » ?

C’est les jeu es a e … oi j’appelle ça la a aille. Moi j’appelle ça des… les gens qui e fo t ie de leu ie. Qui… ui o t de l’a ge t sa s ie fai e, et ui peu e t se permettre des choses que nous, en tant que à l’ ole os pa e ts qui travaillent90, u’o e peut pas se pe ett e. Pa e e ple… ie ue l’e e ple d’u e Pla . Moi es pa e ts, ils peu e t l’a hete je tou he du ois, ais ils e o t pas e l’a hete pa e u’ap s oilà il faut u’o a ge. Mais eu ils o t se l’acheter sans souci. Ap s l’a ge t o e t il ie t, je e sais pas. Je e leu ai pas de a dé. Mais c’est ai ue des fois ’est hallu i a t. Ils so te t des liasses, des illets. Ils e t a aille t pas.

89 Cet e t ait d’e t etie a i e da s u hange où le lycéen est amené à parler de Vaulx-en-Velin. Dans la partie précédent cet extrait, il dénonce le traitement qui est fait par certains jeunes aux femmes sur les espaces publics de Vaulx-en-Velin.

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Et toi tu en penses quoi de ça ? Quand tu vois ça, ça te fait quel effet ?

Moi je e dis u’ils deale t ’est sû et e tai pa e u’u … à pa t u’ils soie t i s its au hô age et u’ils gag e t tout ça f a he e t ça se ait… ais on en voit de plus en plus maintenant qui me disent : ouais. Mon grand frère il ne travaille pas, il gagne machin. Bah moi je vais faire comme lui. Je fais : ça ne sert à rien.

Pourquoi ça ne sert à rien ?

Pa e ue ai te a t o a de la ha e d’alle à l’ ole g atuite e t. O est ie aid s pa l’Édu atio atio ale, je pe se. M e si o dit uoi : l’ ole, ça saoule. Ça saoule. Ça saoule. Mais sa s l’ ole, o e peut ie fai e. C’est pas a e u e et u’o a t a aille uel ue pa t. Do oilà ’est ieu d’alle à l’ ole, fai e des études, et après revient dans sa vie t a uille et puis oilà ue de fai e e u’ils fo t là. Là à cette heure-ci, quand je vais rentrer chez moi après, je sais que quand je vais ’a te a e le us, ils o t t e tous là à ie fai e. Qu’il pleu e, u’il eige, ils o t être là.

D’a o d. Et ça, les a ailles o e tu dis, tu les e o ais o e t ? E fi …

À leur survêt, baskets, as uette. C’est tout si ple. Ra e e t e jea . Et e oitu e, ils font des dérapages. Ils roulent super vite. Voilà. Ceux qui se prennent en fait supérieurs aux aut es. C’est ça.

« “up ieu s au aut es », sup ieu s à eu ui so t à l’ ole, ou au aut es e g al… À tout. À tout le monde. Ils se croient plus forts, plus intellige ts pa e u’ils sa e t… pa e u’ils fo t des a uages alo s ils s’e foute t.

D’a o d. Et eu ui so t à l’ ole pa e e ple i i ’est pas du tout o e ça ? C’est oi s… pas pa eil. O peut e a oi deu ou t ois ui o t t e, o a di e… E fi racaille da s leu faço de pa le , de… oilà ais si ils so t là ap s ’est pas aiment des a ailles o e… enfin il y a racaille et racaille, je pense.

C’est-à-dire ? Tu peux définir un peu les deux.

Il y a la racaille qui va fumer, qui va boire, qui va être devant les allées et tout ça. Et la a aille ui a t e, ad etto s à l’ ole, mais qui ne va pas fumer, qui ne va pas boire, qui est tout le temps en survêt, qui voilà qui vient en dégaine. »

Yoann, 1ère STIDD, lycée Doisneau, habitant de Vaulx-en-Velin (Grappinière)

Cet e t ait, issu d’u e t etie a e u l e audais illust e l’i po ta e du appo t à l’ ole da s les a a t isatio s so iales des Vaudais e o t s. Le appo t à l’ ole se le

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ainsi déterminant pour tracer la frontière entre les « déviants91 » et les autres, notamment les lycéens de Doisneau. Cet extrait a pou po te d’e t e les sp ifi it s u ai es. E effet, ’est à p opos de ses p e i es i p essio s su Vaul -en-Velin que ce jeune vaudais, d’o igi e a seillaise est a a t tout uestio . Tous les l e s e o t s à Dois eau o t spécifié que les « racailles » étaient des adolescents et des jeunes adultes qui habitent dans des ua tie s populai es p iph i ues de g a ds e se les à l’i sta de Vaul -en-Velin. La at go isatio s’effe tue i i esse tielle e t selo des it es o au : ce sont les comportements et les modes de vie qui constituent la caractéristique principale de ce groupe. Cependant, elle contient une dimension spatiale : les « racailles » viennent des banlieues populaires, même si tous les habitants des banlieues populaires ne sont pas des « racailles ». La mise à distance effectuée par les lycéens de Doisneau, qui dénoncent le comportement des individus en question, est ici spatiale et morale.

2.1.2. Une catégorie parfois maniée avec distance

La catégorie de « racaille » a été le plus couramment mobilisée par les lycéens de Doisneau telle ue p se t e jus u’i i. Toutefois, e tai s d’e t e eu d o e t l’usage de e te e et justifient son usage comme une manière de détourner le stéréotype médiatique, sans pour autant le reprendre à leur compte.

« Fares : Moi qui habite au Mas du Taureau, ça a vraiment changé. Par exemple avant o a di e… ’ tait ai e t… il y avait le monopole de certains jeunes, on va dire, sur le quartier.

« Certains jeunes » comment ?

Fares : plutôt… enfin voilà.

Non, mais dis des choses quand même.

Fares : vous savez où je veux en venir.

Non, mais dites-le. Moi je sais pas. Je sais rien.

Fares : certains jeunes, on va dire un peu fifou. Fifou ?

Fares: ouais. Qu’o ualifie ait de a aille, o e l’a dit “a koz . Même si il a tort.

91 La uestio de la d ia e se a a o d e plus la ge e t à l’issue de la des iptio des diff e tes at go ies mobilisées.

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Ra a e : ouais il a to t. C’est pas des a ailles. Fares : ouais voilà.

Du oup ’est uoi ? E fi toi, o e t tu… D is-les…

Fares : ’ tait su tout des jeu es ui so t… ui ont été défavorisés. Qui sont à la marge de la société. Mais mai te a t a tuelle e t ’est plus le as.

Ouais. Ça veut dire quoi « être à la marge de la société » pour toi ?

Fares : bah être rejeté par la société. Rayane : laissé sur le côté.

Fares : ouais.

Latifa : ne pas être intégré en fait. Fares : ouais ne pas être intégré.

C’est-à-di e ? Ne pas a oi … Pa e e ple l’e ploi ou les elatio s a e les ge s ? I t g comment ?

Fares : pas les elatio s a e les ge s, ais les elatio s a e l’État. Co e t o se oit a e l’État.

D’a o d.

Fares : o e t euh… est-ce que l’État ie t e aide, ie t… assiste à ces personnes-là. Il se peut que certains il les assiste. Certains en profitent, e ti e t des p ofits, ais… d’aut es o .

Et ça, tu dis, pa e e ple le ot u’a e plo “a ko… “a koz « a aille » ’est uel ue hose ue ous utilisez ou pas ? E fi ue tu…

Fares : nous, o l’utilise pou … pa i o ie. Moi, je suis u e a aille. Mais ça, ’est pou rigoler.

Fares : o e o dit, o est des thugs ’est pou igole . C’est uoi des « thugs » pour vous?

Ra a e : ’est des a ailles, e fi e a glais. C’est les Pa isie s ui dise t ça. Ils dise t des thugs.

Fares : ouais ’est ça ous, ’est pou igole . C’est pa pu e i o ie. »

Latifa, Fares et Rayane, Tale STIDD et TaleES, lycée Doisneau, habitants de Vaulx-en-Velin (centre-ville, Mas du Taureau et Vaulx-Village)

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Da s et e t ait d’e t etie , il apparaît une relecture de la catégorie de « racaille » à travers les facteurs sociaux explicatifs de la déviance de certains jeunes. La frontière entre « eux » et les « racailles » ’est pas a u e et les « racailles » font uniquement référence au stéréotype politique et médiatique, mais ne désignent plus un groupe social composé d’i di idus de leu ua tie .

2.1.3. Les « racailles » vues par les lycéens de Récamier

Les perceptions sociales des lycéens de Récamier se distinguent de celles des lycéens de Doisneau. Au cours des entretiens de nombreuses catégories, de diverses natures, sont évoquées. Des termes tels que : « hispter », « gothique », « emo », sont employés afin de d i e le o de so ial. L’usage de telles at go ies est plutôt atte du hez des adoles e ts, toutefois, le terme « racaille » est aussi fréquemment utilisés : 14 jeunes sur les 25 qui ont été interrogés ont employé ce terme. Le groupe désigné par ce terme constitue donc une catégorie structurante de leurs représentations.

« Racaille » désigne des individus relativement jeunes, adolescents ou jeunes adultes issus des quartiers populaires périphériques de grand ensemble (que les lycéens appellent « quartiers chauds ») situés à Vénissieux, Saint-Fons, Vaulx-en-Velin, etc. Ce sont généralement des hommes, mais, dans une moindre mesure, le terme peut également désigner des jeunes filles. La spatialisatio de e g oupe so ial est d’auta t plus i po ta te da s les ep se tatio s u’elle e ge d e des p ati ues d’ ite e t s olai e92. Une équivalence est faite e t e l’a o alit d o e du g oupe d sig et les lieu de ie asso i s. De fait, la dimension spatiale devient elle-même dévalorisante. Ainsi, cette désignation spatialisée se double de caractéristiques comportementales et morales :

« Tout à l’heu e tu as utilis le te e « a aille » ’est uoi u e « racaille » ?

Coline : U e a aille, ’est des pe so es…

Anaëlle : Qui traîne dans les rues tard. Qui criti ue tout le o de, ua d uel u’u passe.

Coline : Qui écoute de la musique forte dehors. Qui aime embêter le monde.

Anaëlle : Qui fait tout pour embêter les gens. Que ce soit dans les transports en

commun ou dans la rue.

92 Plusieu s adoles e ts de Fe zi o t hoisi d’effe tue leu s ola it au l e Juliette R a ie pou e pas aller au lycée Jacques Brel à Vénissieux.

141 Coline : Qui trouve ça classe.

Anaëlle : Ouais. Ils t ou e t ça a a t de… d’e te les ge s ua d o passe devant eux. »

Coline et Anaëlle, 1èreS, lycée Récamier, habitantes de Feyzin

Trois critères de caractérisation sont mobilisés par les lycéens. Premièrement, le style vestimentaire de ces « racailles », qui permet de les identifier rapidement. En particulier, les survêtements et les casquettes sont des marqueurs physiques symboliques. Deuxièmement, les comportements sur les espaces publics : le fait d’ t e u a ts, de d ague les filles, d’i te pelle les passa ts o stitue u aut e i eau de a a t isatio . E fi , la d li ua e et la violence sont les aspects les plus dévalorisants et plus amoraux qui caractérisent ces individus aux yeux des lycéens rencontrés au lycée Récamier. Ces trois aspects sont similaires à ceux rencontrés dans les discours des lycéens de Vaulx-en-Veli , seul le appo t à l’ ole

’est pas t o u 93.

La at go ie telle u’elle est o ilis e e ou e diff e ts deg s de o po te e ts amoraux. Ainsi, cette at go ie o stitue u e d sig atio d’i di idus do t les it es d’appa te a e so t flous.

« Ra ailles » ’est-à-dire ?

Soraya : Personne dangereuse, on va dire. Enfin potentiellement dangereuse. Enfin je

e sais pas. J’ai toujou s e te du ue Ja ues B el e fi … il e fallait pas…

Ilias : Et ue ça t a aillait e o e oi s u’i i, appa e e t.

Soraya : Voilà.

D’a o d. Et « da ge euse » ’est-à-dire violente ?

Ilias : Oui. Je ois, il a u l e ue, il s’est fait poig a de là il ’ a pas lo gtemps je crois, devant le lycée. »

Ilias et Soraya, 1èreES, lycée Récamier, habitants de Feyzin et Vienne

Cette catégorie est construite à partir de représentations collectives basées sur des rumeurs. Les réputations des établissements scolaires constituent pour les lycéens de Récamier un e teu de es ep se tatio s olle ti es. Au u des l e s e o t s ’a appo t de fait pe so elle e t u pe etta t d’atteste de la da ge osit de es « racailles ». Une

93 Pour les lycéens de Vaulx-en-Veli , le fait d’ t e s ola is au l e p ofessio el ou d s ola is so t des a a t isti ues de eu u’ils appelle t les « racailles ».

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coprésence dans les espaces publics urbains, et en particulier au centre commercial de la Part-Dieu, a parfois été relatée. Dans ce centre commercial, les jeunes filles disent être davantage exposées au jeu de la drague auquel se prêtent les « racailles » ai si u’à leu comportement « chahuteur ».

Ainsi, pour les lycéens de Récamier, les « racailles » désignent de manière impersonnelle les jeu es ui ha ite t da s e tai es o u es p iph i ues de l’agglo atio l o aise et qui sont caractérisés par des comportements déviants, irrespectueux voire violents. Le appo t à la s ola it ’a pas t o u lo s des e t etie s au l e R a ie . Ce ui, comme nous allons à présent le voir, constitue une différence importante avec la manière dont les lycéens de Doisneau mobilisent la notion de « racaille ».

Ainsi, contrairement aux lycéens de Vaulx-en-Velin, les lycéens de Récamier utilisent le terme « racaille » pour désigner les jeunes de certaines communes périphériques de manière générique. Au lycée Doisneau, la catégorie « racaille » caractérise plus spécifiquement certains individus puisque la dimension spatiale ainsi que le rapport à la scolarité et la proximité physique avec les trafics de drogue amènent les lycéens à évoquer des jeunes dont ils peuvent, au moins en partie identifier des individus p is. À l’i e se, pou les l e s de Récamier rencontrés, la catégorie « racaille » désigne des individus à travers leurs lieux d’ha itat sa s ue eu -ci puissent être plus précisément identifiés. Ainsi, les lycéens de Récamier considèrent comme « racaille » ’i po te uel jeu e ha ita t da s les ua tie s de grand ensemble tel que Vénissieux, Vaulx-en-Velin. De leur point de vue, le groupe social au uel s’ide tifie t les l e s de Dois eau est i e ista t et i isi le. Pou les l e s de Doisneau de leu ôt , l’i te o aissa e peut e o pose les at go isatio s so iales, notamment pour les lycéens de Doisneau. Enfin, pour ces derniers, le jugement dépréciatif ’a o pag e pas toujou s la at go ie « racaille » et cette dernière est parfois explicitement contestée parmi les lycéens de Doisneau.

2.2. Les « beurettes » : une critique de la déviance