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DES JEUNES DE QUARTIERS POPULAIRES « GHETTOÏSÉS » ?

2. LES CONSÉQUENCES URBAINES ET SOCIALES DE LA SÉGRÉGATION DE LA SÉGRÉGATION

2.1. La ségrégation urbaine : de multiples effets

La question de la répartition des différents groupes sociaux au sein de la ville est au œu des t a au de l’É ole de Chi ago d s les a es G af e e & Joseph, [ ] . L’ tude de la ille de Chi ago leu pe et de ett e e lu i e les a is es de répartition des groupes sociaux au regard de leurs origines immigrées. Cette hétérogénéité ’est pas o sid e o e p jo ati e da s la esu e où elle po d à u p o essus d a i ue d’a ueil des i ig s da s la ille G af e e & Joseph, [ ] ; Lau a , 2011).

À la fin des années 1970, alors que les conditions socio-économiques des quartiers populai es p iph i ues f a çais au uelles s’ajoute t des elatio s te dues a e les fo es de l’o d e e t ai e t des oltes u ai es, les di isio s so iales de la ille so t ises pa les he heu s e ega d des ph o es d’e lusion. La ségrégation spatiale, révélatrice de la s g gatio so iale, i te oge alo s les p i ipes a a t t ait à l’ galit te ito iale ai si u’à la cohésion sociale (Launay, 2011).

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Marco Oberti et Edmond Préteceille distinguent trois types de conséquences de la ségrégation urbaine. Premièrement, les inégalités sociales, notamment économiques, e ge d e t u a s diff e i au diff e ts espa es u ai s. E effet, l’espa e u ai est a a t is pa u e off e de ie s et de se i es ui a ie d’u espace à un autre (entre les o u es ou e t e les ua tie s ota e t . L’a s à es ua tie s ta t e pa tie gi pa le jeu de l’off e et de la de a de du a h i o ilit , les at go ies so iales les plus modestes ne peuvent avoir accès au logement dans tous les espa es u ai s. “’e suit do un accès limité aux ressources urbaines et, dans certains cas, des phénomènes de « el gatio » spatiale Gil e t, . Ce i a des o s ue es su l’a s au loge e t et su la qualité des logements accessibles. De e, l’a s au essou es u ai es se i es et t a spo ts e o u est diff e t selo les espa es u ai s. L’a s à es de ie s, au-delà de la uestio de l’a essi ilit e t a spo t, peut-être modulé par des restrictions d’a s au espa es publics voire des privatisations (Oberti & Préteceille, 2016). Les o s ue es de la s g gatio u ai e su l’a s au ie s pu li s u ai s so t directement liées à la question du droit à la ville mise en avant par Henri Lefebvre (Lefebvre, 1968).

L’a s à l’e seig e e t pu li o stitue u e jeu u ial pa i les uestio s a a t t ait au d oit à la ille. E effet, l’off e s olai e pu li ue ’est pas ho og e su le te itoi e. Le processus d'affectation crée un lien entre l'environnement urbain et les établissements scolaires. Dans un espace urbain ségrégué caractérisé par une forte concentration des difficultés socio-économiques, les établissements scolaires, par le jeu de la carte scolaire vont s ola ise da a tage d’e fa ts issus de fa illes p a isées. Or, ces établissements ne sont pas toujou s e esu e d’a o pag e tous les e fa ts et adoles e ts ui u ule t les diffi ult s so iales. Et e d’auta t plus ue la p a it so iale ’est pas p opi e à la ussite scolaire. De plus, divers facteurs renforcent la ségrégation scolaire par rapport à la ségrégation urbaine. La carte scolaire a été créée comme outil de gestion de la répartition des élèves au sein des différents établissements scolaires. Elle est constituée à partir d'une logique territoriale : les élèves sont répartis entre les différents établissements scolaires en fonction de leur lieu de résidence. C'est la proximité entre l'établissement scolaire et le domicile qui est au fondement de la carte scolaire. Cependant, les possibilités de dérogation, le e ou s à l’e seig e e t p i et d’aut es odes de d tou e e ts de la a te s olai e pe ette t au fa illes ui e o t les essou es ota e t fi a i es d’ ite les établissements publics de proximité. Cet évitement engendre une « fuite » d’u e pa tie des « bons élèves » qui sont considérés par les enseignants comme des « moteurs » permettant d’a lio e les sultats s olai es de l’e se le d’u e lasse Felouzis & al., 2005).

Deuxièmement, la ségrégation urbaine a des effets sur les sociabilités et les destins sociaux. Dans un contexte de ségrégation modérée (a fortiori dans un contexte de ségrégation forte, ais ous e ie d o s plus a ple e t pa la suite , l’espa e u ai de side e et les liens entre les groupes sociaux en p se e se le t a oi u i pa t su l’i di idu. E effet,

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« Co e l’o t o t o e de t a au eth og aphi ues, la s g gatio urbaine agit sur les modes de vie, la culture et les modes de socialisation. Le profil so ial et eth i ue d’u ua tie o stitue u o te te sp ifi ue d’i te a tio s et de socialisation qui engagent des codes et des valeurs plus ou moins partagés, contraignants, et plus ou moins en tension avec la culture dominante » (Oberti &

Préteceille, 2016 : 87)

L’i flue e de l’e i o e e t u ai su les ha ita ts d’u ua tie fait aujou d’hui d at dans la sphère scientifique. Ce débat sur les « effets de quartier » interroge le rôle de la dimension spatiale des mécanismes sociaux. Pour certai s auteu s à l’i sta de Jea -Yves Authier, bien que cette dimension ne soit pas indépendante de la structure sociale, ses effets sur les individus sont réels (Authier & al., 2007). Les questionnements peuvent porter sur les diff e ts t pes d’e i o e ents urbains caractérisés par différents niveaux de ségrégation. Les travaux nord-américains se focalisent sur les effets de la concentration de la pauvreté dans les quartiers les plus pauvres (Bacqué & al., 2007). En France, ces « effets de quartier » sont appréhendés dans leur pluralité et pas seulement comme des handicaps sociaux (Authier, 2007). Les travaux français portent sur trois aspects de ces « effets de ua tie ». Le p e ie olet d’ tude po te su « les a i es d’ha ite de at go ies

d’i di idus socialement proches localisées dans des quartiers différents » ainsi que sur les

di e ses fo es de so ia ilit Authie , : . Le deu i e olet d’ tude a al se les effets de la socialisation résidentielle sur les individus. Un troisième et dernier volet porte quant à lui sur la manière dont les individus ont « recours au quartier », recours qui peut entrainer des « effets identitaires » spécifiques (Authier, 2007).

Enfin, le troisième aspect sur lequel Marco Oberti et Edmond Préteceille répertorient des effets est celui des relations entre les différents groupes sociaux au-delà et en deçà de l’espa e u ai de side e et plus la ge e t su la oh sio so iale. Les a al ses de Jacques Donzelot sur cet aspect interrogent les diverses formes de « sécession » urbaine qui peu e t aujou d’hui p e d e pla e da s la ille. Les uestio s du eg oupe e t affi itai e ai si ue la el gatio so iale et spatiale so t au œu de ses t a au Do zelot, . Da s le cas des relations entre les groupes sociau au sei d’u espa e side tiel, les effets de la s g gatio od e puis u’u e s g gatio od e i pli ue u e e tai e i it sociale) ont été étudiés au sein des travaux sur la mixité sociale. Les liens entre différents groupes sociaux hors du quartier de résidence ont en majeure partie été abordés par les travaux sur la coprésence au sein des espaces publics urbains.

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2.2. De la ségrégation à la mixité sociale, le lien social au