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Rôle et fonction du discours injurieux:

L’œuvre de Yasmina Khadra face à diverses violences

Chapitre 2 : Violences langagières

3- Rôle et fonction du discours injurieux:

Depuis ses débuts, la littérature avait pour vocation d’éblouir par le pouvoir de son discours merveilleux, noble, sublime ; séduisant ainsi le lecteur. Ce langage beau, charmant pourvu de pouvoirs magiques caresse la sensibilité du lecteur afin de dégager un désir de lecture intense et incessant ; en provoquant par la subtilité se son discours une vague de sensations et d’émotions extrêmement agréables lors ou même après la lecture.

Mais depuis quelques siècles, nous assistons à un phénomène qui a pris de plus en plus de l’ampleur en bravant ouvertement toutes les règles de l’esthétique textuelle : le discours injurieux et vulgaire. Evénement plutôt social au départ, l’insulte et l’injure se sont installés graduellement à l’intérieur des textes littéraires en transgressant par la nature de leur discours toutes les normes de bienséance et de civilité ; et sont devenus partie prenante d’un langage usuel et fréquent voire même instinctif. L’intérêt derrière leur usage de manière générale est de porter atteinte à l’intégrité et à la dignité d’une personne dans une situation donnée.

D'un point de vue énonciatif, l'injure ou l’insulte est une interaction verbale d'un certain type, participant à la violence verbale, qui nécessite au moins la présence/participation de deux personnes et d'un objet ; à savoir : l'injurieur, l'injure et l'injurié. Les formes injurieuses usuelles sont généralement vocatives, des formes métaphoriques, métonymiques et souvent hyperboliques, associant souvent la personne visée à des animaux connotés négativement ou à des objets ou substances perçus comme dégoûtants.205

D'un point de vue pragmatique, l'injure est l'affirmation d'un pouvoir que l'on souhaite prendre sur quelqu'un car elle intervient dans un acte de langage marqué par la violence qui, d'une manière ou d'une autre, est une négociation de pouvoir et de place. C'est pourquoi, sans doute, l'injure est avant tout politique

205 VINCENT D. & LAFORET M., « La qualification péjorative dans tous ses états », in D. Lagorgette & P. Larrivée (dir.), Les Insultes : approches sémantiques et pragmatiques, Langue française, 144, 2004, p. 59-66.

car elle cherche à réduire le camp de l’adversaire en accroissant le sien, par le choix d’un clivage et une certaine présentation de celui-ci. Elle constitue une attaque dont l'objectif et d'anéantir autrui par la parole.206

Nous pouvons dans ce sens donner quelques exemples qui démontrent parfaitement l’action de manipulation et de soumission via l’injure. Dans Les

Agneaux du Seigneur, le maire de la bourgade de Ghachimat, par sa position

sociale et son statut politique exerce une violence verbale envers le chauffeur de taxi qui se fait tout petit face à la réaction du maire. Nous savons que le discours injurieux a un impact négatif sur le psychisme de la personne ; d’où la réaction du chauffeur qui a rebroussé chemin en courant :

« Crétin, va, lui lance le maire en refermant violemment le

portail. »207

Aussi dans Les Sirènes de Bagdad, la violence verbale exercée par le soldat américain sur le jeune bédouin et ses compagnons, exprime une politique oppressive qui passe nécessairement par l’impact psychique négatif que véhicule l’injure, à savoir peur et soumission :

« Ta gueule ! (…) shut your gab ! Tu écrases, tu te la boucles… »208

Si dans l’exemple ci-dessus, l’injure vient affirmer une position politique de force, le suivant extrait tiré du roman A Quoi rêvent les loups, renvoie à une violence verbale mais de nature sociale, c'est-à-dire en rapport étroit avec l’idée de stratification sociale. Sonia la fille du fortuné Salah Raja agit violement verbalement avec le chaufeur de la famille Nafa Walid :

« Roule, abruti…le fumier, le fumier rageait Sonia…il me le payera le salaud. » 209

206ROSIER L., Petit traité de l'insulte, Labor, Loverval, 2006, p.39

207 AS, p. 56

208 SB, p. 66

De ce fait on constate que le problème qui se pose par rapport à ce type de discours est celui de sa performativité et son efficacité étant un acte de langage néfaste et violent. La volonté de nuire, de porter atteinte à la dignité de la personne et à son amour propre justifie le recours à ce type de langage. Ces violences verbales sous ses différentes formes (dévalorisation, blessure morale, provocation…) ont un impact négatif assez remarquable sur le psychisme de celui qui le reçoit, que ce soit le personnage ou même le lecteur. Il s’agit en fait d’une arme linguistique à double tranchant car elle affecte et produit un effet de violence important qui agit doublement sur le personnage au sein du texte et sur le lecteur en dehors du texte.

L’usage fréquent des mots vulgaires, grossiers et crus dans les textes de Yasmina Khadra démontre bien cette intention de l’auteur de choquer la sensibilité du lecteur qui reçoit ce discours rébarbatif dépourvu d’esthétique littéraire et morale. Quand la grossièreté s’installe dans une œuvre donnée suite à un choix bien réfléchi de la part de l’auteur, tel est le cas des romans du corpus, nous pourrions rencontrer des personnages qui injurient sans cesse et sans vergogne. Cette impolitesse inhérente fait que ces individus n’insultent pas à la manière d’une mauvaise habitude ou d’un tic sans pour autant que leurs insultes ne soient vraiment adressées mais bien au contraire ; il y a derrière cela une volonté de nuire par la virulence des mots qui vexent et froissent. De ce fait l’effet ressenti est celui de recevoir une gifle rien que par les mots. L’hypothèse d’usage fréquent d’un langage ordurier et truffé d’injures semble être le propre des classes sociales subalternes qui n’ont pas reçu la bonne éducation et qui ignorent les règles de convenance et de civilité reste à vérifier dans la mesure où nous assistons à un panorama de situations et de personnages dont l’origine sociale révélée par les romans ne confirme en aucun cas l’hypothèse préétablie.

Le langage grossier (insultes, injures, expressions outrageantes…) reste un outil assez pertinent vu l’effet péjoratif véhiculé et ressenti. Ces insultes lexicalisées dans les textes de Yasmina Khadra relèvent d’un choix à notre avis délibéré et ne renvoient en aucun cas à une littérature médiocre, décadente et

marginale ; bien au contraire elles contribuent en grande partie et de manière très remarquable à la mise en relief d’actes de violences que voudrait véhiculer l’auteur via les textes du corpus. Si Yasmina Khadra a opté pour l’adoption de ce genre de discours assez vulgaire et faubourien, c’est dans un but à la fois idéologique et didactique mais aussi réaliste. Cette adoption reste assez particulière et n’a aucun lien avec les nouvelles tendances d’écriture ; mais dévoile plutôt un jeu langagier assez ardu dont l’auteur détient lui seul les ficelles. Il a très bien su en faire usage afin que son écriture libère et véhicule l’effet de violence voulu. Alors que l’objectif majeur reste à notre avis lié à la situation sociopolitique des sociétés mises sous loupe, celui de rendre compte d’une effervescence sociale et d’une déperdition culturelle. D’ailleurs dans le texte nous remarquons que le recours à l’injure interpelle nécessairement des actes de violences physiques.

Nous avons sélectionné dans Le présent tableau quelques manifestations du langage grossier à savoir : insultes, injures, vulgarités…( la totalité des manifestations se trouvent en annexes)

Corpus Exemples

Les Agneaux du Seigneur

1--« ton héroïsme s’arrête là, fils de pute. » p.167 terroriste 2-« je revends de la came et maintenant va te faire foutre. »

p.145 : Zane le nain

A Quoi rêvent les loups

1-« c’est de ta faute, ordure, abruti, crétin. » p.72 Junior 2-« sale bâtard ! tu crois m’intimider, pourriture, mauvaise graine. » p.129 père Walid

Les Hirondelles de kaboul

1-« cette garce menait un train d’enfer à son mari. » p.153 : Qassim Abdul Jabbar

2-« les renégats russes nous avaient repéré à l’aide d’un

satellite. » p.48 : Goliath

L’Attentat 1-«… et ne t’amuse pas à te trouver sur mon chemin, fils de garce, me menace-t-il. » p.136:le chauffeur de taxi

2-« qu’est ce qui ne vas pas ? dis quelque chose, bordel. »

p.83 Kim Yehuda

Les Sirènes de Bagdad

1-« tu t’attendais à quoi, crétin ? tonna Yacine. » p.95 : Yacine

2-« Mon cul !(…) Bordel de merde. Il est complètement niqué de la tête. » p.351 Docteur Jalal

Ce que nous avons constaté après la récolte des données que l’hypothèse initiale, le discours injurieux est le fruit des classes sociales subalterne ; est à écarter. En fait l’usage dont font les personnages des injures et insultes n’a aucun lien avec l’origine sociale : par exemple Kim Yehuda dans le roman l’Attentat est une amie d’Amine Jaafri, chirurgienne au même titre que lui a fait preuve de vulgarité : « Bordel », le grand Philosophe Docteur Jalal un intellectuel de premier degré d’origine libanaise a osé tenir un discours injurieux et grossier

« …complètement niqué de la tête. », aussi le maire du village de Ghachimat qui

a un rang social assez remarquable étant le premier homme au village a osé être vulgaire : « crétin va … » ; kada hillal l’instituteur avec « je veux la tête de ce

chien » ou même l’imam de la mosquée à Janin, un homme de religion censé être

le symbole de la pureté et de la correction a marqué le texte par des mots vulgaires : « récalcitrant, renégat… », et bien d’autres.

Donc ces personnages et d’autres que nous n’avons pas cité ont opté pour ce discours injurieux et vulgaires dans des situations bien déterminées : par exemple Amine Jaafri après l’attentat Kamikaze perpetré par sa femme et le choc qu’il a reçu après la découverte de la vérité, Kada Hillal après sa déception amoureuse avec Sarah la fille du maire et son départ aux camps d’entrainement en Afghanistan, ou même le Docteur Jalal après avoir découvert le projet terroriste d’anéantissement de la population de Londres.

D’autres personnages, au contraire, utilisent ce discours couramment car l’impression de départ est que ces derniers en font usage par routine. On pourrait dans ce sens rattacher l’usage à la classe sociale de ces personnages. C’est un

discours auquel ils sont habitués, il est instinctif chez eux: comme Hamid l’ancien boxeur devenu garde-corps de Junior Fils de Salah Raja ou encore Nabil le fanatique voisin de Nafa Walid dans A Quoi rêvent les loups, Omar le caporal ancien militaire originaire de Kafr Karam ainsi que Yacine le jeune oisif devenu terroriste plus tard dans Les Sirènes de Bagdad, Zane le nain et Tej Osmane le mécanicien dans Les Agneaux du Seigneur, le capitaine Moshé et le taxieur dans L’Attentat ; Qassim Abdul Jabar le milicien dans Les Hirondelles de Kaboul.

Nous avons remarqué qu’un nombre important de personnages dans les récits emploient couramment ou après changement de situation ce langage ordurier. Nous pouvons mettre cette situation avec l’utilisation de la langue orale par les personnages lorsqu’il y a une métamorphose de la situation ou une déception. L’usage d’un tel discours vulgaire et injurieux révèle les tensions communautaires qui existent entre les personnages dans les différents romans. La parole émise par ces derniers constitue un véritable témoignage du degré de violence que véhicule le texte par ce discours.

Les mots utilisés par l’auteur sont vivants, crus, choquants et sans artifice ; rébarbatifs certes car ils n’appartiennent guère au niveau de la langue académique et leur effet esthétique est très limité, mais assez révélateur d’une certaine décadence sociale d’une part et d’autre part de l’hostilité communautaire perçue par le lecteur. Un tel discours choquant qui rend compte du contraste entre la beauté du littéraire et la médiocrité d’un tel discours pousse le lecteur à changer sa manière de lire les récits et rend compte d’une certaine violence diffusée par les textes. Ce langage qui tend à rejeter toute bienséance, est le symbole de trivialité. Il renverse le bon goût mais ne le détruit pas car il permet quelques part d’explorer d’autres univers lors de la lecture et d’aller au fin fond de toutes les ressources linguistiques. Par le biais d’un tel vocabulaire, Yasmina Khadra a su mettre en relief la violence du langage et d’exercer un effet de violence et de choc sur le lecteur afin de rendre compte de la réalité du bouleversement.

La liste des termes relevés, bien qu’elle ne soit pas exhaustive, fait apparaître l’usage d’un vocabulaire inhérent à la violence verbale qui se manifeste dans l’usage quotidien chez les uns et les autres. Par ailleurs, la lecture interprétative de ce relevé lexical que vous trouverez en annexe permet de souligner un certain nombre de constats.

De prime à bord, les termes et expressions propres au langage des personnages algériens, afghan, palestinien, juif, irakien et américain traduits littéralement en français ou même en arabe laissent le lecteur deviner et comprendre le comportement des agresseurs et des agressés (expressions qui traduisent la nature de l’homme axée sur la liberté et la dualité. La violence dans ce sens est à mettre en rapport avec le contexte social, culturel, historique et politique mis en place. Utilisé comme arme, le vocabulaire de la violence renforce l’idée de l’ancrage du texte de Yasmina Khadra dans la réalité sociopolitique. Nous retrouvons des termes renvoyant à la religion (impie/mécréant), à la race (arabe) ou à la politique (terroriste). Par ailleurs, les faits relatés renvoient le lecteur à un contexte socio-historique marqué par une violence multiforme. Mais les injures et les jurons (relevant du français ou traduits de l’arabe ou de l’anglais) ne sont aussi révélateurs de la violence aveugle. Il y a comme une accentuation de la forme de la violence. Le nombre des paroles offensantes proférées, notamment les jurons, est très significatif car il renvoie à la gravité des événements et de la situation.

Toutes les expressions qui relèvent du langage vulgaire sont symboliques à plus d’un titre. Les unes d’usage général, les autres sont exclusivement masculines car elles sont dites par des personnages masculins comme Hamid, Yacine, Omar… . Cela nous amène à nous interroger certainement sur l’usage de ces paroles offensantes uniquement par les hommes : Est-ce un signe de virilité, et par conséquent, dans l’imaginaire des Algériens et des arabes de manière générale, n’est « homme » que celui qui blasphème ou prononce des injures ? Ou bien, ces transgressions langagières sont plutôt vues comme un viol de la langue, alors le violeur ne pourrait être que le genre masculin ? Mais, ces expressions imagées et travaillées renvoient à toute une symbolique de la violence relative à

la vie quotidienne, d’où la présence de plusieurs métaphores d’ordre scatologique, sexuel et animal:

Le registre scatologique : un grand nombre de mots et expressions injurieuses relevées renvoient à la matière fécale, elles ponctuent les récits de manière remarquable :«merde»….. Pour P.Guiraud:

«La merde est le symbole de tout objet désagréable et importun

qui lasse notre patience, exaspère notre colère et déclenche en nous, un désir d’éloignement et de refus.»210.

L’usage de l’expression fécale si nous osons le qualifier ainsi est révélateur d’une perversion linguistique et socio-culturelle. Nous pouvons remarquer que les sociétés maghrébines et arabes accordent un digne intérêt aux matières fécales. Bouhdiba dit à ce sujet que :

« La défécation donne lieu à une quantité innombrable de jeux de mots, et de grivoiseries de toute sorte. Le folklore obscène de l’anus est très riche. La composante sado-masochiste est réelle dans une société où l’éducation des sphincters est encore plus stricte que dans la société occidentale… »211.

Cet intérêt accordé à la matière fécale expliquerait l’une des origines de la violence : la frustration des composantes alimentaires. De ce fait l’agressivité des personnages qui renvoie à une affirmation de soi, prend alors racine dans la ferme envie pour la vie. Les références aux besoins naturels et aux organes génitaux ont une grande signification dans la mentalité populaire. Elles signifient que le jeu éternel entre la vie et la mort à travers la figure du corps est partie intégrante de sa conception et de son interprétation du monde.

Le registre sexuel : un nombre considérable de termes employés dans les romans ont pour référent le sexe «cul», «couilles», « sodomite »…. En effet, le lexique de la libido (anal et génital) nous laisse penser au climat de la frustration sexuelle des personnages. En outre, le caractère érotisé et

210GUIRAUD, Pierre. Les gros mots, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1991, p. 114

obscène dévoile une véritable perversion qui traverse le texte et confirme les conditions socio-culturelles de la société algérienne, arabe, afghane masculine à l’excès. La virilité est brutale, elle est toute force, toute vengeance. L’acte sexuel renvoie à une forme de soumission de l’autre, elle est violente et terrifiante (« enculer » voudrait signifier en psychologie posséder physiquement, humilier et dominer). Le psychanalyste n’aurait aucune peine à dégager une fixation sexuelle corroborée par la présence de termes : «cul», «couilles»…. Dans ce cas, la frustration favoriserait la violence et l’agressivité car celle-ci est un comportement réactionnel à de l’agressivité subie. Pour les psychologues, un comportement agressif présuppose toujours l'existence de la frustration, et inversement, l'existence de la frustration mène toujours à une forme d'agression.

Le registre animalier : l’animal le plus évoqué est le chien «bande de

chiens», «fils de chien», «chien»…. Il est synonyme dans les sociétés

maghrébines et arabes et même afghane, surtout par rapport à sa connotation religieuse, de saleté, de laideur et de cynisme. Si la religion musulmane condamne la maltraitance des animaux, le chien quant à lui est loin d’occuper une place de choix. Il est déprécié et méprisé tels que le mentionne les hadiths. En fait, en islam, il est interdit de posséder un chien sauf dans les cas qui sont clairement autorisés par la charia :

«Celui qui possède un chien, à moins qu’il soit réservé à la chasse, à la garde du troupeau ou des terres, voit sa récompense diminuer chaque jour d’un qirât. »212

Donc le propriétaire du chien est sujet à une sanction divine, il est ainsi considéré comme un péché. Le chien est donc impur et malsain. Ainsi son évocation redondante dans les récits est doublement révélatrice : présent souvent dans le roman, il est le symbole de mal dans l’imaginaire algérien et arabo-musulman car il représente tout ce qui existe de plus vil et de plus méprisable. L’association « chien/policier »; ou « chien/ terroriste », ou

212 Al-Bukhari_ en des termes proches, chapitre des sacrifices et de la chasse, n°5480 et n°5482 et Muslim, chapitre de la location des terres, n°1574

encore « chien/taghout » pourrait être lue comme une image de la situation politique et sociale.

Aux trois registres précités, s’ajoute l’idée selon laquelle ces transgressions langagières sont polysémiques. Le choix du mot évocateur et l’emploi de moyens rhétoriques font surgir de multiples connotations caractéristiques du style de l’auteur. La violence décrite n’est pas alors seulement politique, idéologique, elle est aussi rhétorique. Ainsi, vu les statuts sociaux des locuteurs issus de différentes classes, l’usage des termes vulgaires, grossiers, contraires aux bienséances, pourrait donner au lecteur une image plus ou moins fidèle et crédible du langage des personnages.

4-La langue arabe:

Les textes de Yasmina Khadra révèlent une grande fresque linguistique, regroupant multiples phénomènes et procédés qui constituent la spécificité de l’écriture de l’auteur ainsi que sa réception. Le lecteur ne lit pas de la même manière une œuvre littéraire standard qui le met dans un état de routine et une autre chargée de nouveaux éléments linguistiques qui le poussent à mener une