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Le rôle des femmes pendant les élections

Les organisations féminines du PCR 1944-1954

1.4. L’Elargissement de l’UFAR

1.4.1. Le rôle des femmes pendant les élections

Les premiers résultats de cette campagne, par laquelle on essayait d’attirer les autres organisations féminines, ont été discutés à la conférence des militantes du PCR du 11-12 février 1946. Les principaux sujets à l’ordre du jour étaient : préparer les élections, former la Fédération Démocrate des Femmes de Roumanie, l’UFAR et ses tâches. L’ordre du jour n’était pas un hasard. Liuba Chişinevschi fait un ample exposé sur l’importance d’accorder le droit de vote aux femmes et sur le rôle que celles-ci joueront aux élections de l’automne:

« Notre groupe de militantes a une grande tâche aujourd’hui. Nous assumons une responsabilité extraordinaire devant notre peuple, devant notre parti, parce le droit de vote pour les femmes n’est pas si simple et nous devons savoir où mènera ce vote et à qui servira-t-il. La responsabilité sera la nôtre ; ce sera la responsabilité des communistes, des femmes du parti de savoir diriger ces masses de femmes, si elles votent la démocratie, la liste unique des démocrates, ou, au contraire, si elles vont embrasser la réaction, comme ont fait les femmes de la Hongrie […] les femmes de notre pays doivent savoir comment voter et c’est pourquoi que nous avons convoqué notre groupe de militantes, et nous discutons tous les problèmes qui nous attendent »40.

Cette discussion aborde ouvertement la série des actions qui ont mené à l’apparition d’une organisation féminine unique, subordonnée au PCR, organisation qui, par l’activité

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38 ANHC, fonds CC du PCR –Section Chancellerie, dossier 86/1945, f. 32.

39 Ibid.

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!ANHC, fonds CC du PCR –Section Chancellerie, dossier 14/1946, f. 8. !

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déployée, allait jouer un rôle important dans la campagne électorale du FND. Parallèlement à la tentative d’unification des organisations féminines, on a essayé en permanence de discréditer la possible opposition. De nouveau Liuba Chişinevschi est celle qui lance un véritable plaidoyer contre les courants féminstes traditionnels qui existaient dans la société roumanie :

« Je veux m’arrêter à un autre aspect que nous ne devons pas négliger dans notre

campagne, à savoir qu’il il faut éviter la tentative de la réaction de séparer les femmes des hommes, en montrant que les femmes d’aujourd’hui ont une manière d’organisation différente et qu’elles agissent différemment dans leurs actions. Ce sont les anciennes organisations féministes qui ont complètement disparu pendant les moments difficiles qu’a traversés notre pays et dont vous n’avez pas entendu parler au moins [...] Les féministes voudront se réveiller maintenant, à ce moment où nous luttons à côté des hommes et avec eux. Elles voudraient user des droits conquis pour créer un mouvement des femmes, indépendant, mouvement qui, actuellement, ne peut faire que le jeu de la réaction car cela représenterait encore une désunion dans le camp de la démocratie »41.

Cette attaque est un argument en faveur de la formation d’une union nationale des femmes qui puisse polariser un plus grand nombre de scrutins de la part des électeurs féminins.

1.4.2. La nécessité d’une organisation

Rapidement, le discours perd ses accents populistes. Des syntagmes comme « le bien commun » ou « l’avenir du pays » sont remplacés par la présentation de la situation et des problèmes concrets qui devaient être résolus dans le cadre d’une organisation commune des femmes de Roumanie. L’accent était mis sur l’implication de cette organisation unique dans le soutien électoral accordé au Front National Démocrate. C’est toujours Liuba Chişinevschi qui attirait l’attention sur cette intention :

« Surtout à présent, quand on prépare les élections et quand, dans le P.S.D., un groupe ayant à sa tête Titel Petrescu nous demande un plan pécis d’action, il faut savoir quoi demander de notre organisation : un nombre plus grand des votes ou l’union des partis démocrates dans un seul groupe? Pendant la campagne électorale, si la réaction réussissait à briser le Front Unique, il y aurait une guerre entre nous et eux et de cela gagneraient Maniu et Bratianu qui se réjouisseraient et qui pourraient, à cette occasion, pénétrer dans les fabriques et mettre leurs propres candidatures. Nous, les femmes, nous devons venir à l’appui de la démocratie, unir nos forces, pour que la réaction ne puisse pas se baser sur les femmes social-démocrates ; nous devons former un courant unique qui, suivant une certaine plate-forme bien sûr, se présentera ensemble sur la liste démocratique. Il ne s’agit pas que nous, les femmes, nous nous présentions seules aux

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élections, mais nous unirons tous les groupes de femmes autour de cette Fédération Démocratique et nous présenterons notre liste à côté de la liste démocrate. C’est à cela que nous devons concentrer notre travail et toute notre attention, à unir les forces des femmes, à travailler ensemble, et, comme le Parti l’a demandé, faire de sorte que le Front Unique devienne la base de concentration des forces démocrates des femmes » 42.

Le but de cette conférence était d’annoncer la formation du groupe d’initiative en vue de la constitution d’une Fédération Démocrate des Femmes de Roumanie. Le Congrès programmé le 4 mars a été l’une des étapes de cette campagne électorale. Les femmes leadres communistes l’ont exprimé le plus clairement possible. Chaque département allait envoyer au centre 8 représentantes qui rejoignaient le Comité d’initiative de Bucarest. Conformément au schéma de fonctionnement de l’Union des Femmes, celles-ci avaient la mission de diffuser et de mettre en pratique les voies d’action proposées par la direction centrale. Comme les leaders communistes-mêmes le montrent de manière explicite, le délai d’un mois, nécessaire à la préparation du Congrès National des Femmes, représentait le vrai enjeu de toute la démarche organisationnelle. Les femmes leaders étaient conscientes que la simple participation à une réunion des femmes n’aurait pas produit une adhésion en masse des organisations féministes à l’idée d’une union nationale sous le généreux „parapluie” du PCR. Le vrai objectif poursuivi était la propagande lancée à l’occasion de la convocation de cette réunion :

« Camarades, une étape dans notre campagne d’élections est le congrès que nous préparons maintenant, le congrès de formation de la Fédération Démocrate des Femmes de Roumanie. Pourquoi dis-je que c’est une étape dans le déroulement de cette campagne? Parce que ce congrès devra concentrer les masses de femmes de notre pays, sur la base des statuts, sur la base du programme démocrate que vous allez recevoir et que vous pourrez étudier ; nous devrons réussir jusqu’au 4 mars, au début de ce congrès, à mobiliser dans chaque département les organisations féminines démocrates autour de ce comité d’initiative qui enverra ici ses représentantes au congrès [...]. Ce n’est pas le congrès en soi qui a la plus grande importance, mais la préparation de ce congrès. C’est pourquoi j’ai insisté sur l’urgence de la convocation de ces réunions car, au départ, chacune doit porter le message dans sa région, dans son département, dans sa ville ou dans son village, pour que notre parole arrive partout, pour que, en vue de la préparation de la campagne électorale, nous agitions les femmes de tout le pays, nous discutions tous les problèmes, nous fassions comprendre aux femmes quelle est la voie à suivre, à savoir l’intégration dans cette Fèdération Démocrate pour nous présenter ensemble sur la liste démocrate que nous aurons »43.

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42 Ibid., f.11.

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Sous le prétexte des actions charitables visant les veuves et les orphelins ou le combat contre le commerce illicite, on lançait la campagne pour les élections d’automne. Le premier objectif en était la popularisation des candidates UFAR, action qui allait se réaliser par l’intermédiaire d’amples actions dans le territoire, destinées à faciliter la relation directe entre les militantes, les candidates communistes et l’électorat féminin de la Roumanie.