• Aucun résultat trouvé

Les femmes au premier plan ou l’époque Nicolae Ceausescu

La promotion des femmes dans la Roumanie communiste – Une politique d’état?

6.1. Au commencement était la Parole

6.1.3. Les femmes au premier plan ou l’époque Nicolae Ceausescu

Nicolae Ceauşescu est celui qui, après avoir prit le pouvoir, construit autour de la rhétorique du discours sur « l’émancipation de la femme » l’un des principaux points de son programme politique.

« La femme doit trouver sa place, comme elle l’a trouve en production, dans toutes les fonctions de direction, en fonction de sa capacité, de ses possibilités réelles. En ce qui concerne la capacité politique, intellectuelle, il n’y a aucune différence. Dans notre histoire, ainsi que dans l’histoire de l’humanité entière, il y a des nombreux exemples d’héroïnes. Les femmes n’ont fait en rien moins que les hommes dans les différentes circonstances difficiles de la lutte révolutionnaire »19.

L’historiographie a parlé de l’influence décisive d’Elena Ceauşescu dans la prise de cette direction pour la justification de sa propre ascension politique. Certainement on ne peut

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

16 Ibid.!

17 Gheorghe Gheorghiu-Dej, Articole şi Cuvântări, 1961-1962, Bucarest, Editura Politică, 1962, p. 349.!

18 Ibid., p. 352.!

19 Cuvântare cu privire la rolul femeii în viaţa politică, economică şi socială a ţării, Plenara CC al PCR din 18-19 iunie 18-1973, Buletinul Oficial al Republicii Socialiste România, no. 96, 4 juillet 1973.!

181

pas dire d’Elena Ceauşescu qu’elle était dépourvue d’ambitions politiques mais, dans l’évaluation de la motivation qui se trouve à la base du discours de Nicolae Ceauşescu concernant l’émancipation des femmes, il faut prendre en considération l’activité du leader communiste qui, parmi autres responsabilités dans le cadre du parti, après 1958 a coordonné l’activité de l’organisation féminine.

La présence des femmes en tant qu’actrices politiques revient dans le discours officiel avec une force jamais connue jusqu’à ce moment-là. Pour la première fois l’accent passe de

la participation dans la vie active à la présence dans des fonctions de décision : « Si l’on parle

de la création des conditions de parfaite égalité entre les sexes, cela signifie qu’on doit traiter tous les gens non pas comme hommes et femmes, mais dans leur qualité de membres de parti, de citoyens, qualités que l’on juge exclusivement d’après le travail qu’ils exercent »20. Il apparaît une littérature qui étudie le devenir de la femme comme « homo politicus » ainsi que la réflexion de ce procès dans les composantes d’ordre qualitatif qui montrent la dynamique et l’efficacité du procès. Les critères établis étaient pertinents, notamment : la stabilité de la fonction dans la sphère du politique, la dynamique de celle-ci et l’efficacité de la contribution.

Conformément à la propagande officielle, la transformation des femmes en acteurs politiques avait une seule condition et relation de dépendance authentique, celle envers le système socialiste, l’unique cadre qui avait offert à tous ses citoyens l’égalité économique, politique, juridique et culturelle, les principales prémices de la participation politique. Une potentielle ombre dans le système égalitaire de type socialiste était la survivance de la « double journée » ou de « l’équipe du soir », la responsabilité des activités domestiques étant vue comme un facteur perturbateur pour l’implication politique totale des femmes. L’existence de cette réalité était admise même si plus de 25-30 années étaient passées depuis l’instauration du régime communiste. L’État socialiste roumain reconnaissait aussi le manque d’efficacité des mesures de type léniniste conformément auxquelles l’État assumait la responsabilité du travail domestique. Le problème était cependant considéré comme temporaire, les facteurs de décision agissant en permanence pour éliminer les anciens

modèles de la vie familiale patriarcale. Le traitement superficiel de la réalisation de jure et de

facto de l’émancipation sociale des femmes aurait mis en danger le système de la démocratie

socialiste en soi, l’approfondissement de ce système étant impossible « sans l’omniprésence

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

20 Nicolae Ceauşescu, Creşterea rolului femeii în viaţa economică şi social-politică a României socialiste, Bucarest, Editura Politică, 1980, p. 45.

182

active et efficace de la femme dans tous les compartiments de la vie sociale », y compris dans celui du politique, dans le procès décisionnel à différents niveaux d’organisation de la société. La condition politique de l’individu était étroitement liée à la construction du statut de classe, celui-ci étant défini par le métier, l’instruction, le revenu, à ces éléments centraux s’ajoutant le prestige social, l’autorité politique, le pouvoir décisionnel, la responsabilité politique.

En ce qui concerne la condition politique des femmes, par cela il fallait comprendre « le moyen et le statut de classe déterminé par l’existence de la femme en tant que citoyen aux droits égaux dans une acception large de cette existence– socio-économique, culturelle et politique ». Bien sûr, cette condition n’est pas généralisée, variant en fonction de l’individu, de ses déterminations existentielles, de sa conscience et de son activité. Dans la littérature communiste, le terme de « condition politique de la femme » a été rarement utilisé.

Important dans ce sens est le travail d’Ecaterina Deliman, Femeia ca personalitate politică în

societatea noastră socialistă21. En même temps, la position exprimée par ce travail montre, sinon la conception spécifique du régime Ceauşescu sur les éléments qui font d’un simple citoyen un personnage politique, au moins le projet à long terme de Ceauşescu sur le statut d’un communiste, la principale innovation étant la définition de la personne active. Si Ana Gluvacov définit la condition socio-économique des femmes comme spécifique à une seule

catégorie de femmes « encadrées dans la production matérielle et spirituelle »22, la

participation comme acteurs politiques étant permise seulement à celles-ci, Ecaterina

Deliman se prononce quant à elle pour « l’extensions de cette prérogative au niveau de toute

la population féminine, en partant de la qualité d’homme au travail ». Conformément à la vision de Deliman, la qualité d’ « homme au travail » ne dérive pas de l’implication dans une activité salariée mais du fait que dans le système socialiste de la Roumanie, conformément à la Constitution, tous les citoyens détiennent des moyens de production et bénéficient des droits sociaux et politiques garantis par les constitutions de 1948 et de 1965. En ressentant le besoin de mettre en discussion un inconvénient potentiel causé par leur absence de la vie active, Ecaterina Deliman souligne le fait que les deux catégories de femmes qui ne s’encadrerait pas dans ce segment, les femmes au foyer et les femmes à la retraite, déroulent dans la plupart des cas une activité au service de la communauté, donc politique en essence,

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

21 Ecaterinei Deliman, Femeia ca personalitate politică în societatea noastră socialistă, Bucarest, Editura Politică, 1977.!

22 Cf. Ana Gluvacov, Afirmarea femeii în viaţa societăţii: dimensiuni şi semnificaţii în România, Bucarest, Editura Politică ,1975.!

183

en agissant en qualité d’ « hommes au travail » égaux, étant donc organiquement intégrées dans la vie politique du pays.

Avec cette argumentation de sa position, Ecaterina Deliman va plutôt vers l’opinion exprimée par Gluvacov, et moins vers une théorie propre, l’accent étant mis sur le désir de mettre en évidence la relation étroite entre le travail salarié et la vie active. Si les femmes à la retraite on été encadrées de façon évidente dans une forme ou une autre de travail, avec toutes les implications que ce fait engendre (activité politique, communautaire, etc.), les femmes au foyer ne représentaient plus, au moment de la parution de cette étude, une catégorie de population très nombreuse, la tendance étant au début des années 1980, que la force de travail féminine représentasse 56% du total de la force de travail occupée par rapport à une

présence de seulement 51% du total de la population23.

Particulièrement intéressant est le fait que les auteurs reconnaissent l’importance des mouvements d’émancipation fondées et dirigées par les femmes, dans le devenir politique du

groupe24. Le simple accès au droit de vote et la participation aux élections étaient des actes

nécessaire mais pas suffisants pour une présence politique réelle. Les femmes étaient consultées uniquement sur les options concernant la constitution de certains organes représentatifs. Le fonctionnement de ces derniers, ainsi que l’entier appareil d’État, restaient

au fait hermétiquement clos pour la population féminine25. Comme exemple d’action d’une

organisation de femmes afin d’obtenir une réelle égalité des chances est donné « Le Mouvement de libération des femmes » en France pendant les années 1970, les revendications de cette organisation étant vues comme la voie de passage d’un régime de type capitaliste à un régime socialiste. Pourtant nous croyons que l’on ignore consciemment les principaux desiderata du mouvement, Ecaterina Deliman se résumant aux objectifs propres à la Fédération Internationale des Femmes, notamment la lutte contre les discriminations

raciales, la lutte pour l’égalité, contre la « suprématie » de l’homme26, contre la guerre, pour

la sécurité du lieu de travail, pour des conditions de travail égales. La seule revendication de nature féministe mentionnée était la lutte contre la « suprématie de l’homme ». Même si elle élude délibérément les principales actions du mouvement, Deliman appréciait les actions

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

23 Ecaterina Deliman, op. cit., pp. 41-42.!

24 Ibid.!

25 Ecaterina Deliman, op. cit., p.47.!

26 Par cette prise de décision on enregistre une rupture dans le discours spécifique du mouvement communiste des femmes de Roumanie. La prise de distance par rapport au mouvement féministe s’est réalisée notamment par le refus violent de se construire l’activité sur le principe de la ségrégation de la branche masculine du mouvement communiste. L’ennemi, la cause de toutes les inégalités et iniquités était représenté, conformément aux principes marxistes, par les relations générées dans le cadre de la société par le capital privé et non pas par la suprématie d’un sexe au détriment de l’autre. !

184

mentionnées comme une participation « fortement précieuse, qui atteste la formation de la

conscience révolutionnaire, l’accumulation d’expérience politique, qui peut être le résultat de la lutte pour la victoire de la révolution socialiste »27. Certainement, « le passé révolutionnaire » des femmes dans l’histoire de la Roumanie et l’existence d’une organisation à travers laquelle, théoriquement, toute la population féminine pouvait s’exprimer, assurait dans la Roumanie socialiste l’apparence d’un activisme visible dans les rues, généré par l’opinion publique.

Une dernière, mais aussi importante prémisse pour la participation féminine dans la vie politique et par défaut dans des fonctions de décision, était le désir des femmes d’être actives sur ce plan, désir qui ne pouvait pas apparaître que suite à l’appropriation d’une culture politique. Le développement de la culture politique parmi les femmes ne peut pas être considéré comme fortuit, mais le résultat d’un long procès ayant à la base l’éducation, avec toutes ses implications. Conformément à la propagande officielle, l’existence d’un système d’enseignement unitaire, homogène, qui ne tient pas compte du sexe des élèves, constituait l’une des plus importantes prémisses et garanties en même temps pour la transformation « en

proportions de masse » des femmes en acteurs politiques28. Malgré ces efforts, dans les rangs

de la population féminine une image de soi persista, l’image de ce qui leur « sied », construite presque en totalité conformément aux valeurs patriarcales. Ni l’entrée dans la vie active, ni l’éducation égale n’ont réussi à modifier les mécanismes psychologiques profonds par lesquelles les femmes de Roumanie définissaient leur rôle dans la société. La personnalité politique n’est pas forcément une réalité extérieure réductible à l’ensemble et aux circonstances sociales et politiques, dans le cadre desquelles elle se forme et agit, mais au contraire, elle s’impose comme un niveau distinct de structuration de l’individualité.

Conformément aux principes égalitaires énoncés par l’état communiste roumain, le socialisme ne construit pas un type de personnalité politique en deux variantes, en fonction de sexe, mais un seul type qui fait strictement référence à la formation professionnelle, politique et culturelle de l’individu. Le système de type socialiste place ces traits qui visent plutôt le facteur éducation et celui du devenir social sous le corollaire plus large de la tenue morale. L’historien Adrian Cioroianu, en parlant de la façon dont le votant roumain décrit au milieu

des années 1970 le candidat idéal, mentionnait la moralité comme principale condition29. On

considérait que les réponses respectives reflétaient les éléments visiblement absents de la

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

27 Ecaterina Deliman, op. cit., p.48.!

28 Ibid., pp. 62-63.!

"#

!Adrian Cioroianu, Pe umerii lui Marx. O introducere în istoria comunismului românesc, București, Curtea Veche, 2005, p. 459.!

185

construction du candidat/de l’homme politique roumain à l’époque. Une autre réponse possible pourrait être la propagande de longue durée concernant la qualité suprême de toute personne qui a des aspirations politiques, du simple candidat de parti jusqu’aux personnes qui détiennent les fonctions les plus importantes dans l’État : la moralité de type communiste.

De la part des femmes impliquées dans la politique on attendait une contribution

supplémentaire, un « quelque chose », nommons-le influence positive, qui avait la propriété

« d’enrichir et de redimensionner de point de vue éthique la personnalité politique »30. La

mesure préconisée pour l’accomplissement de cette mission était « la préoccupation

permanente et soucieuse de la femme pour l’intégrité de sa famille et pour la promotion d’une opinion publique saine et exigeante ». Même s’il construit une rhétorique de la parfaite égalité des droits et des possibilités d’expression, le discours politique officiel produit pendant le régime communiste ne peut pas exclure la détermination du genre dans la

constitution du rôle politique destiné à la femme.

« Comme on l’a déjà mentionné à d’autres occasions, outre les multiples responsabilités qu’elles ont, les femmes ont aussi la grande responsabilité d’assurer la jeunesse permanente de notre société. Aussi, par l’esprit d’administration et la responsabilité dont elles font preuve dans tous les travaux qu’on leur confie, les femmes apportent une contribution de la plus grande importance à la mise en œuvre de la politique du parti »31.

L’expérience d’une ségrégation en fonction de sexe est clairement exprimée par le discours officiel en soi, qui fait référence justement aux limitations biologiques de la femme, et les devoirs familiaux qui en découlent. Principale responsable de la création et de la défense de la vie, la femme est investie de valeurs morales supérieures à ses partenaires politiques hommes.

Le dépassement des obstacles, en particulier par la persistance des traditions patriarcales, était préconisé notamment par une diffusion aussi large que possible de la

morale de type communiste, mais aussi « par un travail intensifié de la part des femmes, par

beaucoup d’initiative et en assumant de façon catégorique la responsabilité sociale », surtout pour que les dépositaires des préjugées envers la présence des femmes dans des postes de décision reconsidèrent leur position face aux résultats concrets. En suivant en grande mesure le modèle soviétique, dans la vision du régime communiste de Roumanie, l’augmentation de la participation économique et politique des femmes ne pouvait pas se réaliser uniquement par la simple dynamique sociale, care les principes coordinateurs mêmes de la société étaient marqués par les conceptions patriarcales concernant le rôle de la femme.

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

30 Ibid., p. 83.!

186

« Dans l’activité que nous déroulons, il est impératif d’accorder plus d’attention à l’accueil dans le parti et à la promotion des femmes dans les différentes travaux de direction, dans le parti et dans l’État. On a déjà mentionné qu’il est difficile de se contenter avec le pourcentage de 26% des femmes dans le parti[…]Ce qu’on a fait jusqu’à maintenant a été - pour ainsi dire – plutôt d’essayer de remédier en hâte certains inconvénients sérieux. L’élection au niveau des départements d’une femme secrétaire a été une solution censée éliminer la situation existante jusqu’à présent. Mais on n’a toujours pas un premier secrétaire femme. Ne pourrait-on vraiment pas avoir dans le métier de premier secrétaire de département une femme ? Pourquoi pas, camarades ! Nos activistes de parti, même en illégalité, et après la conquête du pouvoir politique, et pendant les années de la révolution et de la construction socialiste, ont prouvé qu’elles savaient accomplir en bonnes conditions, parfois dans des conditions meilleures que les hommes, les tâches confiées. J’insiste sur ce problème parce qu’on doit mettre fin avec détermination aux mentalités rétrogrades ! Constamment, il faut actionner pour que les femmes occupent dans notre activité de parti et d’état la place qu’elles méritent – non pas comme une faveur, mais comme le droit et la responsabilité qui leur reviennent dans la société ! » 32.

Une intervention de l’État s’imposait pour attirer un plus grand nombre de femmes dans la vie active ainsi que dans la vie politique, par l’établissement d’un principe de représentation par quotas, respectant le principe de la représentation proportionnelle.

« On doit, donc, accorder aux femmes plus de confiance, par rapport à leur capacité, prouvée d’ailleurs par la vie[…]Par conséquent, on doit promouvoir fermement, avec décision les femmes, en tenant compte du fait qu’elles représentent plus de 50% de la population du pays et participent en proportion de presque 40% à toute l’activité économique et social […]En fonction de la proportion qu’elles représentent en chaque unité, promouvons les femmes aussi dans l’activité de direction. Ceci doit se réaliser aussi au niveau des communes, des villes, ainsi qu’au niveau central » 33.

De façon similaire à leur participation dans l’économie, les résultats concrets de ces femmes allaient mener à la démolition des conceptions traditionnelles concernant leur incapacité d’occuper des fonctions de direction.

« Sans doute que des rangs des femmes se sont érigées et affirmées de nombreuses cadres de direction, auxquelles notre parti et notre État ont confié des responsabilités de plus en plus grandes, a tous les niveaux de l’organisation sociale, mais ce fait nous donne la raison d’affirmer qu’on doit aller avec plus de décision dans la promotion des femmes dans des métiers sérieux, car, en pratique, elles ont prouvé qu’elles ne travaillent pas moins, mais parfois plus et mieux que les hommes » 34.

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

32 Nicolae Ceauşescu, op. cit., p. 49.!

33 Ibid., p. 47.!

34 « Cuvântarea lui Nicolae Ceauşescu la Conferinţa Naţională a femeilor din 21 aprilie 1978 » in Femeia, mai 1978, XXXIe année, no. 5, p. 3.!

187

Quel que soit l’intervalle, pendant le régime communiste en Roumanie, la participation politique des femmes a été conditionnée tout d’abord par leur entrée dans la vie active, plus exactement dans une activité salariée. À ce phénomène se sont ajoutées une législation et une éducation égalitaires, ainsi qu’une propagande puissante à double cible. Premièrement pour convaincre les femmes de jouer un rôle de plus en plus actif dans tous les compartiments de la société, en changeant leurs priorités aussi que leur perception de soi (devoirs, droits, habiletés) et deuxièmement par des exemples concrets des cas de succès, quel que soit le domaine d’activité, pour casser les stéréotypes concernant la place de la population féminine dans la société. Par la suite nous allons analyser chacun de ces points, en suivant le niveau atteint par la démarche égalitariste du Parti Communiste Roumain, s’il y a eu et quelles furent les éventuels syncopes ou changements de direction. Est-ce que les projets de début ont été finalisés ou, au contraire, sacrifiés lorsque l’égalité réelle des chances entre femmes et hommes empiétaient la réalisation d’autres priorités de l’État communiste roumain ? Nous considérons également important de mettre en évidence les points de spécificité nationale, s’ils ont existé et quels étaient-ils.

6.2. La législation