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Les femmes politiciennes

Politiques de promotion des femmes et leur origine

5.2. Le Modèle Soviétique

5.2.3. Les femmes politiciennes

Le problème de l’implication des femmes dans l’activité politique a été discuté dès le début de la Révolution. En théorie, les leaders bolcheviques étaient d’accord avec l’entrée des femmes dans le parti mais en réalité il y avait beaucoup de réserves à cet égard. Certaines craintes étaient justifiées, étant donné le haut degré d’analphabétisme et la forte influence de l’orthodoxie. Avant de rejoindre le parti, la population féminine devait être instruite, ce qui a entraîné l’organisation d’un réseau d’alphabétisation. La proportion de femmes dans le cadre du parti a augmenté progressivement. En janvier 1920 elle était de 7,4%, en 1940 de 14,4%, pour arriver à 23,8% en 1975. Il est quand même à remarquer que la participation et la représentation politique des femmes ne correspondait pas à la présence de la population féminine dans d’autres secteurs de la vie soviétique et plus spécialement sur le marché du travail. Si leur présence en tant que membres de parti était réduite, l’accès aux organes de direction du parti était encore plus difficile. Au XVIIe Congrès du PCUS, en 1934, les femmes représentaient 7,2% du total des délégués ayant le droit de vote.

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30 Les mesures de ce type sont apparues pour la première fois dans la législation française. En 1874 a été interdit aux femmes le travail dans la mine et dans les carrières de pierre. En 1892 sur la liste des activités inaccessibles aux employées on a ajouté le travail de nuit des femmes enceintes qui travaillaient dans le domaine industriel. Christine Bard, Les femmes dans la société française au XX e siècle, Paris, Armand Colin, 2001 p. 22.!

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!Barbara Wolfe Jancar, Women under communism, Baltimore et Londres, The Johns Hopkins University Press, 1978, p. 137.

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La Constitution de l’URSS de 1936 a garanti aux femmes des droits égaux avec les hommes dans tous les domaines (économique, administratif, culturel et sociopolitique). La mesure était nécessaire mais pas suffisante pour une présence active des femmes dans la politique, surtout après la disparition de la section féminine Zhenotdel, au début des années 1930. L’important processus d’industrialisation, accompagné de la collectivisation de la propriété privée et l’insertion d’un nombre significatif de femmes dans une activité salariée aurait pu avoir comme conséquence la croissance similaire de la proportion des femmes impliquées dans la vie politique. Ce phénomène a tardé à se produire, même à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, quand les femmes atteignent 51% du total de la force de travail salariée et arrivent à dépasser de manière significative le nombre de la population masculine.

La présence dans les organes de direction du PCUS atteint un timide 14,2% au XXe Congrès

du Parti. Le revirement se produit pendant le régime de Khrouchtchev quand on a pu constater une croissance de la participation féminine, tant dans les fonctions politiques que dans l’activisme social, et dans les fonctions décisionnaires à tous les niveaux. Une grande médiatisation a été faite à la présence féminine dans les différents organes de direction, au niveau du parti, au niveau de l’État, dans les organes de gouvernement locaux, dans les différentes organisations de masse et civiques.

En mars 1958, 366 femmes, représentant 26,4% du total des membres, ont été élues dans le Soviet Suprême de l’URSS. En 1959, 222 femmes de toutes les régions de l’Union

Soviétique participent, en qualités de déléguées, au XXIe Congrès du CPUS32. La première

femme promue, en 1956, dans une fonction au niveau du secrétariat, avec le fort soutien de Khrouchtchev, a été Ecaterina Fourtseva qui a détenu ensuite la fonction de ministre de la

culture. Elle et Valentina Terechkova33 ont été les seules femmes de la politique soviétique à

avoir connu un renom et une reconnaissance internationale.

Khrouchtchev a initié un détente dans les relations internationales et une période de « coexistence paisible » avec les États occidentaux et ceux en voie de développement. Dans les années 1950 et 1960, le Comité des Femmes Soviétiques, sous la présidence de Nina Popova, est devenu un corps politique de poids. L’organisation féminine du parti communiste de l’URSS a joué un rôle important surtout sur le plan diplomatique, étant le noyau autour duquel s’est formée et a fonctionné ultérieurement la Fédération Internationale des Femmes, promoteur important des droits égaux pour les femmes, qui a influencé les politiques de !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

32 Hélène Yvert-Jalu, op. cit., p. 55.

33 Evelyn Enderlein, Les femmes en Russie Soviétique 1945-1975. Perspectives 1975-1999, Paris, L’Harmatan, 1999, p 53.!

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l’Organisation des Nations Unies en ce sens34. Les principales prises de position de

l’organisation internationale concernaient la sauvegarde de la paix mondiale, l’élimination des armes de destruction massive, plus spécialement les armes atomiques et biologiques. Khrouchtchev lui-même participait aux réunions de l’Organisation des femmes lorsqu’on discutait les problèmes liés à la participation dans le cadre de la FDIF.

Moscou a accueilli le Congrès Mondial des Femmes de 24-29 juin 1963, avec Nina Popova comme vice-présidente, auquel ont participé 2000 membres de la FDIF provenant de 114 pays. À cette occasion, Khrouchtchev s’est de nouveau adressé aux participantes, soulignant le rôle important qui revenait aux femmes dans la protection de la paix

mondiale35.

Jusqu’à la fin des années 1950, au niveau local et dans le cadre des différentes

organisations civiques, les conseils des femmes (zhensovety) ont été revitalisés, leurs

membres étant encouragées à s’impliquer activement dans les actions les communautés locales. Ces conseils organise des campagnes pour l’amélioration des services accordés aux femmes, des tâches précises étant formulées pour cela, surtout dans les zones rurales. Dans leurs attributions entraient également le ravitaillement des localités, les aides pour soigner les gardes d’enfants et le contrôle des magasins de quartier. Même si dans les conseils locaux il y avait seulement 17 femmes élues, le nombre total des femmes impliquées dans la vie de l’organisation, réparties au niveau de la région, du quartier ou des entreprises, était beaucoup plus important. C’est surtout au niveau de la région, qu’étaient organisés des événements culturels dédiés aux femmes dont les protagonistes étaient également des femmes. Dans les zones rurales l’activité concernait spécialement l’organisation des cercles de lecture à but éducatif, des leçons du type « l’école de la mère » pour apprendre aux femmes à mieux soigner l’enfant, mais aussi la réalisation des institutions de soins pour les enfants, comme les crèches et les maternelles, à programme normal mais aussi saisonnier. Par l’intermédiaire de ces conseils, les femmes au foyer étaient également encouragées à participer à toutes les activités de la communauté auxquelles on dédiait une page spéciale dans la presse féminine. Dans les régions où les femmes menaient encore un train de vie traditionnaliste, refusant l’entrée dans la vie active, étaient lancées des campagnes spéciales pour les stimuler à !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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!Francisca de Haan, « Continuing Cold War Paradigms in Western Historiography of Transnational Women’s Organisations: the case of the Women’s International Democratic Federation (WIDF) » in Women’s History

Review Vol. 19, No. 4, Septembre 2010, pp. 547–573.!

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!“...Seulement désirer la paix, ce n’est pas suffisant. On a besoin d’une activité énergique, héroïque, à l’échelle mondiale pour prévenir un conflit mondial. Vous, les femmes, vous avez un rôle très important à jouer à cet égard… » World Congres of Women, Moscow, June 1963, Women’s International Democratic Federation, 1963, p. 11.

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accepter le travail salarié mais aussi des fonctions de direction au niveau local. En ce but, on

organisait des Congrès, surtout dans les républiques de l’Asie Centrale36.

Dans le calendrier soviétique, la fête traditionnelle des femmes dans le calendrier soviétique était le 8 mars, le Jour International des Femmes. Sans être une fête légale, ce moment était officiellement célébré par des réunions populaires au cours desquelles on accordait des prix, manifestations largement décrites dans la presse. À l’intérieur des familles, les choses se passaient différemment. Le plus souvent on offrait de petits cadeaux, des fleurs et des bonbons aux mères, aux filles, aux épouses. De plus, cette fête s’est vite transformée dans une nouvelle responsabilité des femmes, obligées à faire la cuisine et à

préparer le repas de fête, en famille et sur le lieu de travail37. Malgré le formalisme toujours

plus accentué manifesté à l’intérieur de la famille russe, la célébration de ce jour a constitué pour l’Organisation des femmes une occasion de lier des relations durables avec des organisations étrangères.

Ce que les officiels soviétiques comprenaient par l’égalité entre des hommes et des femmes résulte des discours des membres présents dans le Soviet Suprême. Ecaterina Fourtseva déclarait dans un discours à une conférence des femmes, en Inde, que pour la femme soviétique l’égalité en droits était quantifiable par le nombre total des femmes attirées vers les sphères spécifiquement masculines, en particulier professionnelles et politiques, par l’obtention de certaines concessions de nature légale et par le meilleur accès aux services publics. Pourtant, les débats de ce type faisaient également référence à la division naturelle

des sexes : « Nous ne devons pas oublier les qualités que la nature a réservées aux femmes.

Finalement, un homme aime travailler avec la hache et la scie, tandis que la femme est plus douée pour coudre ou le tricotage ». Une preuve de l’égalité en droits entre les hommes et les femmes a été la première mission spatiale soviétique dirigée par une femme, Valentina Vladimirovna Tereshkova. La propagande officielle n’a pas précisé que l’équipe de femmes

du programme spatial avait été dissoute quelques années plus tard38.

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!Alena Heitlinger, op. cit., pp. 63-64.!

37 La revue soviétique de satire Krokodil a publié plusieurs caricatures qui rendaient l’hypocrisie dont s’accompagnait cette fête. Dans une telle caricature était représentée une séance où l’on discutait sur les préparatifs en vue de la célébration de 8 Mars. Tous les participants étaient des hommes, à l’exception d’une femme qui est apostrophée par un de ses voisins de table: « Pourquoi es-tu encore ici? Va à la maison et prépare des gâteaux: demain c’est ta fête »! Dans un autre dessin, plusieurs hommes en état d’ébriété, assis devant une table comblée de plats et de boissons, trinquaient à l’honneur des femmes, lesquelles allaient et venaient de la cuisine, les bras chargés de plats ou de vaisselle sale. Dans le même numéro de la revue, dans un autre dessin, un homme demandait à sa femme de porter une boîte de bonbons à l’épouse de son chef ...etc. Melanie Ilic, Susan E. Reid, Lynne Attwood (ed.), Women in the Khrushchev Era, Palgrave Macmillan, 2004, p. 15.

38 Sue Bridger, « The cold war and the Cosmos: Valentina Tereshova and the first woman’s space flight » in Ibid., pp. 222-235.

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La discrimination s’accentuait au fur et à mesure que l’on avançait dans l’hiérarchie du parti. En 1973, du total des secrétaires de parti, au niveau des villes et des régions, seulement 4% étaient des femmes et jusqu’en 1975 aucune femme n’avait été promue au poste de premier secrétaire du PCUS au niveau d’une province. Dans le cadre des comités régionaux de parti de la Russie et l’Ukraine, la participation féminine s’est maintenue à 3,2%. Sans une représentation au niveau régional, la présence dans les organes exécutifs (le Comité Central, le Bureau Politique, le Secrétariat) était d’autant moins possible. En 1969, dans le Comité Central, sur un total de 195 membres de plein droit, il n’y avait que 5 femmes, et sur les 154 suppléants, 7 étaient des femmes. En 1971, la situation s’est empirée. Bien que le nombre total de membres de plein droit ait atteint 235, le nombre des femmes présentes dans ce groupe n’a augmenté que d’une seule place, situation valable aussi pour les membres

suppléants39.

Si dans le cadre du parti, la présence des femmes n’a pas été significative, dans les

différents soviets leur poids a été plus important. Le même début lent peut être remarqué en

ce qui concerne l’entrée de la population féminine dans les diverses assemblées populaires, une croissance plus rapide s’enregistrant dans les soviets du milieu urbain, avec une présence de 7,8%, tandis que dans le milieu rural, gouverné en grande mesure par le traditionalisme patriarcal, les femmes ne représentaient que 1% des élus. Le pourcentage de la population féminine a augmenté progressivement, tant au niveau des soviets locaux, qu’au niveau central, dans les diverses républiques fédératives et autonomes mais également dans le Soviet

Suprême40.

Pendant les décennies 7 et 8, le nombre des mandats revenant aux femmes dans le Soviet Suprême s’est accru de 28%, en 1966, à 31% en 1974, environ 75% des candidates étant des membres du Parti Communiste. Dans les soviets locaux, il existe une certaine parité parmi les élus suivant le critère de genre, avec 42,8% de femmes élues en 1967 et 48,0% en 1974. La plupart des élues étaient des ouvrières, suivies de la catégorie des techniciennes. Le groupe des intellectuelles était formé pour la plupart des enseignantes, médecins, ingénieures et artistes.

Entre 1955 et 1972, seulement 109 femmes ont occupé, dans toute l’Union Soviétique, des fonctions de décision, d’un total de 2500 postes. La répartition de ces positions par domaines d’activité montre la préférence pour la féminisation de certaines fonctions décisionnaires et leur absence totale dans les autres secteurs. Une présence !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

39 Alena Heitlinger, op. cit., pp. 104-107.!

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féminine remarquable s’enregistrait dans les domaines culturel et médical. La présence des femmes était plus importante parmi les organes de propagande du parti et de l’organisation de jeunesse. Une affaire strictement « féminine » est devenue, après la mort de Staline, le Ministère des Affaires Sociales, lequel, tant au niveau ministériel que à celui des filiales territoriales, était féminisé en proportion de 98%. Deux autres domaines privilégiés étaient

l’industrie légère et celle des biens de consommation41. Quand une position importante était

attribuée aux femmes, ce qui arrivait rarement d’ailleurs, cela concernait d’habitude un

domaine considéré féminin. Alexandra Kollontai a été ministre des Prévisions Sociales dans

le premier gouvernement bolchevique, Ecaterina Fourtseva, ministre de la Culture pendant le régime de Khrouchtchev, Alexandra Birioucova, ministre de l’Industrie légère sous

Gorbatchev42.

En révanche, pour les autres secteurs d’activité, la présence féminine représentait plutôt l’exception. Différents auteurs ayant traité de ce sujet ont essayé d’expliquer cette situation, en avançant trois principales hypothèses. Une première explication de la présence très basse des femmes dans le cadre du parti a été la mentalité patriarcale qui dominait la société russe, mais aussi le faible intérêt des femmes à l’égard de la politique. Être membre de parti impliquait de nombreuses activités, or les femmes, déjà engagées dans un travail salarié, et ayant l’entière responsabilité du travail domestique, ne pouvait pas, dans la plupart des cas, assumer des tâches supplémentaires. Une autre théorie est celle de la politique de recrutement et surtout des milieux privilégiés de recrutement : le domaine technique et

agricole. Étant moins présentes dans ces branches, les femmes avaient a priori des chances

plus réduites d’être cooptées dans les rangs du parti et, par conséquent, d’occuper des positions d’autorité.

La politique du Glasnost introduite par Mikhaïl Gorbatchev a apporté des changements significatifs dans la participation politique des femmes. À partir des années 1970 et jusqu’en 1984, un tiers des élus dans le Soviet Suprême de l’URSS sont des femmes, grâce à l’introduction d’un principe des quotas. Le renoncement à ce principe et les premières élections semi-démocratiques du mois de mars 1989, font que dans la Chambre des Députés les femmes ne dépassent pas 16% du total des élus. La même situation est rencontrée au niveau du Soviet Suprême, où le nombre de femmes baisse de 35% à 5%, et dans les soviets locaux où il diminue de 50% à 33%. La situation des élections de 1989 n’a pas été si !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

41 Barbara Wolfe Jancar, op. cit., pp. 88-91.!

42 Sue Bridger, « Young Women and perestroika » in Melanie Ilic, Susan E. Reid, Lynne Attwood (ed.), Women in the Khrushchev Era..., pp. 188-191.

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dramatique parce qu’un grand nombre de femmes ont été élues comme représentantes dans différentes organisations civiques auxquelles le Parti avait réservé 33% du total des portefeuilles du Congrès. Cela explique qu’aux élections de 1989, le Comité des Femmes Soviétiques a obtenu pour la première fois un nombre significatif de portefeuilles, plus

précisément 7543. L’abandon de ce principe après 1991 a mené à une diminution beaucoup

plus dramatique de la participation politique des femmes. Même si présentes dans des positions traditionnelles de « prise des décisions », les femmes n’arrivent pas à s’éloignaient pas du rôle que les hommes politiques leur avaient assigné, c’est-à-dire celui concernant les problèmes liés à la maternité, à la puériculture et à la protection sociale. Les prises de position des femmes qui s’éloignaient de leurs des attributions traditionnelles étaient tout de suite sanctionnées par les autres parlementaires, en majorité des hommes. Lorsqu’elle a soumis à l’attention du Parlement les disparités salariales entre les hommes et les femmes, soutenant la nécessité d’adopter certaines politiques pour réduire ces décalages, Zoïa Poukhova, député et présidente du Comité des Femmes Soviétiques, a obtenu comme seule réponse l’hostilité et le mépris de ses collègues.

5.3. Les Etats de l’Europe Centrale et de l’Est 5.3.1. La Hongrie

Après 1945 ont été adoptées de nombreuses décisions législatives ayant pour but d’améliorer le statut de la femme dans la société, lois qui avaient été demandées par les organisations féministes depuis les années 1920. En plus du droit de vote, gagné en 1945, on a garanti le libre accès aux femmes dans les universités, la réforme du droit de la famille, la réforme des pensions de retraite, les aides financières pour le soin et l’éducation des enfants, l’abolition de la discrimination sexuelle dans le cadre de certaines professions, y compris la police. A la suite de ces réformes, seulement deux secteurs ont continué à rester strictement masculins : l’Église et l’armée.

À partir de 1949, après avoir consolidé son pouvoir, le parti communiste de la Hongrie a commencé un processus de réorganisation sur le plan social et économique. Pour satisfaire le désir du parti pour une industrialisation intensive, la force de travail hongroise devait s’accroître le plus possible dans le plus bref délai et les femmes sont devenues un

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!Mary Buckley, « Glasnost and the woman question » in Ibid., pp. 216-217.

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contingent important dans ce projet44. D’ailleurs, selon Eva Fodor, ce fut une des campagnes

les plus réussites du Parti Communiste Hongrois, réalité illustrée aussi par les chiffres. En 1982, 73% des femmes avaient un emploi salarié en dehors de la maison, et 7% se trouvaient en congé maternité, élevant le taux de la population féminine active à 81%. Le pourcentage des femmes « au foyer » a perdu 64 points entre 1950-1989, pour arriver à seulement 5% au milieu des années 1980. Beaucoup de ces femmes sont arrivées à occuper des positions de direction dans l’administration de l’État et dans les différents secteurs d’activité comme l’enseignement, la culture, la santé, domaines féminisés dans le temps. Une ségrégation par critère de genre des positions d’autorité s’est produite également sur le plan politique, les femmes étant plus présentes au sommet des différentes organisations civiques et moins dans les fonctions à réelle influence dans la prise des décisions politiques. Néanmoins, comme l’observe aussi Eva Fodor dans son étude comparative concernant le travail des femmes en Autriche et en Hongrie dans la deuxième moitié du XXe siècle, pendant le régime communiste, les femmes hongroises ont atteint des niveaux d’autorité dont les générations antérieures ou les femmes des États occidentaux ne pouvaient même rêver : 6,4% du total des fonctions de direction, 27% des fonctions exécutives, 26,3% de la totalité du personnel administratif, 10,3% des ouvriers qualifiés, 27,3% des ouvriers semi-qualifiés et non qualifiés, et 16% du total des ouvriers agricoles et manuels. Les critères de sélection pour les