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L’Union des femmes Antifascistes de Roumanie (UFAR)

Les organisations féminines du PCR 1944-1954

1.3. L’Union des femmes Antifascistes de Roumanie (UFAR)

Le but

Le 15 avril 1945 a été officiellement fondée l’Union des Femmes Antifascistes de Roumanie (UFAR). Sa meilleure description a été donnée par les chefs communistes. Alexandra Sidorovici décrivait ainsi l’Union des Femmes Démocrates :

« L’UFAR n’est pas le groupe féminin du parti communiste, ce n’est pas une U.F.M.25 du parti

communiste. Notre parti n’a pas d’assemblée de femmes. Étant une organisation de femmes, c’est un second problème qui n’est pas très bien éclairci, car, en tant qu’organisation des femmes, l’UFAR a, parfois, des tâches spéciales, elle a des méthodes spéciales de travail, adaptées aux couches féminines auxquelles elle s’adresse, et nous affrontons dans notre travail dans l’UFAR des difficultés spéciales. Enfin, en troisième lieu, UFAR est une organisation politique »26.

Dans le statut de fondation, le but de cette organisation était clairement précisé : la solidarité de toutes les femmes, sans distinction de nationalité, confession ou classe, la lutte contre le fascisme, la croissance du niveau culturel et politique des femmes du milieu urbain aussi bien que rural, l’amélioration de l’assistance médicale pour les femmes, la protection des enfants et la création des relations avec des organisations féminines des autres pays démocrates. Les moyens préconisés pour atteindre ces objectifs étaient : la participation à l’effort général de guerre, l’organisation de conférences, bibliothèques, cours de formation professionnelle et sanitaire, de bureaux pour guider et assister les femmes, la création des maternelles et des crèches pour les enfants. La cotisation des membres a été fixée à 40 lei, la même somme étant prévue comme taxe d’inscription dans l’organisation. L’UFAR était ouverte à toutes les femmes, indifféremment de classe sociale, nationalité ou confession. Dans le statut on stipulait clairement l’obligation qu’avaient les membres à respecter les décisions de la direction. La qualité de membre était annulée à la suite de la démission ou de l’exclusion. En cas d’exclusion, celle-ci devait être motivée et était adoptée avec 2/3 des voix

du Comité de Direction27.

Structure

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25 Union des Femmes Ouvrières, l’organisation des femmes du Parti Social-Démocrate.

26 ANHC, fonds du CC du PCR, Section Chancellerie, dossier 59/1945, f. 16.

27 Service Départemental des Archives Nationales Bihor (en suite SJAN – Bihor), le fonds du Comité régional UFAR Oradea, dossier 47/1945, f. 18.

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Au centre

La structure de l’organisation était pyramidale. Au centre, le principal organe de

direction de l’organisation était le Congrès général, formé par la totalité des femmes

membres qui faisaient la preuve d’avoir acquitté la cotisation. Dans la compétence de cet organe entraient les questions soulevées par l’Assemblée Générale. Les Congrès généraux ordinaires étaient organisés chaque année au mois de mai, étant convoqués par le comité de l’organisation par l’intermédiaire d’un quotidien central. Les Congrès généraux extraordinaires étaient convoqués par le Comité Central des Censeurs ou à la demande d’un tiers de la totalité des membres, chaque fois que la situation l’imposait.

Les décisions des congrès généraux, aussi bien ordinaires qu’extraordinaires, n’étaient prises qu’en présence de la majorité des membres. Si on ne réunissait pas la majorité simple, 50% et un, l’assemblée allait se tenir, sans autre convocation, le même jour de la semaine suivante, à la même heure, dans le même endroit, ayant le même ordre du jour. Dans ce cas, les décisions prises à la suite des délibérations étaient validées indifféremment du nombre de

femmes présentes aux débats28.

Le Congrès général élisait chaque année un Conseil de direction. La structure de ce

conseil ne supportait pas de modifications, par conséquent les places vacantes étaient occupées dans le plus bref délai. Parmi les membres du Conseil de direction on élisait une présidente, trois vice-présidentes, une secrétaire et une caissière. La solution des problèmes

urgents incombait à un Bureau, élu parmi les membres du même Conseil de direction. Dans

la direction de l’organisation il y avait aussi une Commission de censeurs, formée de trois

censeurs et trois membres suppléants élus chaque année par l’assemblée générale. Le rôle de ces censeurs était de vérifier chaque trimestre la gestion et les rapports de constatation des

assemblées générales29.

L’Union ne pouvait être dissoute qu’à la suite de la décision de l’Assemblée Générale, spécialement convoquée dans ce but. La décision de dissolution pouvait être prise par 2/3 du nombre total des membres. Au moment de la fondation de l’organisation, le Comité de direction était formé de : Florica Bagdazar – présidente, Medeea Niculescu et Ştefania Raiciu – vice-présidentes, Gabriela Bernaki, Cristina Şerban, Mia Constantinescu-Iaşi, Maria Sârbu, Rita Sanielevici, Isabela Potop, Pen Rozopol, membres fondatrices. On a nommé en fonction de censeurs Lotti Foriş, Cora Barbu, Dida Mihalcea. L’activité a été partagée par

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28 Ibid., f. 19.

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sections : la Section culturelle, Presse, Sanitaire, Protection de la mère et de l’enfant, Financière, Juridique, Province.

Trois mois après la fondation, à la réunion avec les responsables des organisations de masse, le Comité de Direction de l’organisation était formé de 17 membres, dont 9 étaient des militantes communistes. Le nombre total des membres qui activaient au sommet de

l’organisation était de 60 femmes dont 24 étaient des militantes communistes30.

Dans le territoire

En province, UFAR avait des structures au niveau régional, départemental et urbain. Les organisations existantes au niveau urbain étaient responsables de la création des organisations UFAR dans la zone rurale, dans des arrondissements et communes. Trois mois après la fondation, il y avait, au niveau national, 33 filiales UFAR. Voilà la situation par régions :

Tableau n° 1: Répartition des filiales UFAR par région et dans les villes

La structure des filiales locales, dont la forme n’était pas précisée dans le statut de l’organisation, allait être établie en fonction des nécessités de chaque région. En réalité, on a adopté la structure de la direction centrale. La filiale UFAR Vaslui, fondée le 13 mai 1945, avait à sa tête une présidente, trois vice-présidentes, une secrétaire et une caissière. Les

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30 ANHC, fonds du CC du PCR – Section Chancellerie, dossier 59 / 1945, f. 16.

Régions

Moldavie Banat-Crişana Transylvanie Munténie Olténie Dobroudja

Villes

Galaţi Timişoara Braşov Piteşti Craiova Constanţa

Iaşi Arad Sibiu Buzău Târgu Jiu

Bârlad Deva Ploieşti Călan

Vaslui Turda Curtea de

Argeş Valea Jiului

Tecuci Cluj Giurgiu

Huşi Bacău Botoşani Suceava Rădăuţi Câmpu Lung Moldovenesc

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femmes-membres actives étaient réparties en quatre sections d’activité de l’organisation :

culturelle, financière, de propagande et sanitaire31. À Oradea, l’activité UFAR était partagée

en quatre ressorts : d’organisation, de propagande, culturel, et d’assistance sociale32. Pendant

les premiers trois mois d’après la création de l’organisation, son activité s’est concentrée sur quelques pôles : les soins accordés aux orphelins, collectes de fonds, des cours d’alphabétisation, des campagnes sanitaires pour combattre les maladies contagieuses

(typhus)33. Ni la mission politique de l’organisation n’est oubliée. Pour atteindre cet objectif

on organisait, surtout dans les fabriques et les grands magasins, des conférences « instructives, sur des sujets sociopolitiques ».

Au cours de la séance du PCR avec les responsables des organisations de masse du 9 juillet 1945, l’activité de l’UFAR est durement critiquée. L’Union était considérée comme étant une organisation « de dames », les ouvrières et les paysannes étant très peu représentées à la direction de l’organisation. Vasile Luca attirait l’attention que l’UFAR n’atteignait pas le but pour lequel elle avait été créée, c’est-à-dire pour « maintenir la relation avec les masses ». On accusait les résultats faibles dans les actions de protection sociale et dans « l’activité et la lutte politique ». Liuba Chişinevschi montrait que ces faiblesses pouvaient être expliquées par la différence entre l’Union Antifasciste de Roumanie et les autres organisations du même type fonctionnant dans les pays voisins. À son avis, les femmes de Roumanie n’avaient pas une tradition de lutte pour les droits politiques, faute, entre autres, d’une éducation solide. De ce fait, les femmes leader de l’UFAR considéraient que le travail d’intéressement des femmes à l’activité politique devait commencer par leur

alphabétisation34.

Deux mois après la fondation de l’UFAR, un autre problème important était celui du public-cible des actions spécifiques de l’organisation. Une analyse plus attentive a mis en évidence le manque d’efficacité de la propagande communiste en ce qui concerne les femmes sans emploi, impossible à enrégimenter dans le mouvement syndical. Pour cette catégorie, la solution était l’organisation des cercles de femmes au foyer dans chaque quartier et même dans chaque rue. Aussi difficile à résoudre était aussi le problème des minorités nationales qui devaient être inscrites dans l’UFAR. En Transylvanie, les femmes hongroises étaient

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!SJAN Vaslui, fonds du Comité du Département Vaslui de l’UFDR, dossier 6/1945, f. 1.!

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!SJAN Bihor, fonds du Comité régional UFAR Oradea, dossier 47/1945, f. 6.!

33 Drumul Femeii (Le chemin de la Femme), n°. 1, juillet 1945, p. 5.

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organisées en MADOSZ35. Les leaders communistes souhaitaient une collaboration de

l’UFAR avec cette organisation, afin de créer un esprit national commun. Pour des raisons organisationnelles, ils ont proposé l’affiliation de MADOSZ à l’UFAR et une formule de direction commune, tant au centre que dans le territoire, la responsabilité des activités culturelles revenant exclusivement à l’organisation de langue hongroise. On a discuté aussi la possibilité d’intégrer dans l’organisation les femmes de la communauté arménienne aussi bien que celles des autres organisations comme « Prince Mircea » ou «La Croix Rouge ». Les deux dernières organisations étaient regardées pourtant avec réticence, étant considérées « fascistes ».