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Les femmes soviétiques dans la vie active

Politiques de promotion des femmes et leur origine

5.2. Le Modèle Soviétique

5.2.1. Les femmes soviétiques dans la vie active

Selon le dicton présent dans la constitution soviétique stipulait le dicton communiste « Qui ne travaille pas, ne mange pas ». Néanmoins, en ce qui concerne les femmes, avec ou sans enfants, il ne avait pas l’obligation d’entrer dans une activité salariée. Dans la société soviétique, la vie active était obligatoirement liée à l’image de l’homme et seulement en subsidiaire de celle de la femme. Ce phénomène est révélé par les différents questionnaires réalisés sur le thème du travail salarié. Aux femmes étaient adressées des questions spécifiques, liées aux conditions de travail, la possibilité d’une journée réduite de travail, les raisons pour lesquelles elles choisissaient un emploi hors de la famille et si elles y renonceraient dans le cas d’une meilleure rétribution du mari. Plusieurs hommes de science soviétiques mettaient en doute certaines décisions légales concernant la durée du congé maternité ou d’autres mesures liées à la natalité, faisant référence exclusivement aux femmes. Le rôle de la femme, comme principal responsable des soins et de l’éducation des enfants, aussi bien que l’accomplissement des travaux ménagers était sous-entendu dans toutes les études de spécialité. En outre, on considérait que toute tentative de priver la femme « des

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 22 Wendy Z. Goldman, op.cit., pp. 265-272.

23 Vezi Hélène Yvert-Jalu, op.cit., pp. 31-32.

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!Elizabeth Waters, « Victim or villain? Prostitution in post-revolutionary Russia » in Linda Edmondson (ed.), Women and Society in Russia and the Soviet Union, New York, Cambridge, Cambridge University Press, 1992, p. 165-173.!

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traits et des pulsions féminines spécifiques » aurait mené à « un appauvrissement de la vie

des hommes et des femmes »25.

Malgré les obstacles liés au rôle de la femme en tant qu’épouse et mère, la présence des femmes dans une activité salariée a été une des plus spectaculaires, bien que seulement dans des domaines spécifiquement féminins et /ou à des postes inférieures dans l’hiérarchie professionnelle. À la fin des années 1970, les femmes représentaient 73% du total des employés dans l’éducation, réparties comme suit : 98% du total des personnes qui soignaient le petit enfant et travaillaient dans l’enseignement préscolaire, 80% du personnel des écoles primaires et seulement 30% au niveau de l’enseignement moyen. Dans le système de santé et d’assistance sociale, les femmes constituaient 85% des employés, avec une présence de 99% pour la catégorie des assistantes médicales et du personnel auxiliaire. Dans le commerce et les services, les femmes se retrouvaient en proportion de 76%, dont 91% des vendeurs (l’occupation classée parmi les plus mauvaises dans un nomenclateur des métiers). Les femmes se retrouvaient également en grand nombre dans d’autres métiers considérés comme spécifiquement féminins : dactylographes et sténodactylographes (99%), fonctionnaires

(95%), caissières (94%)26.

Les postes de direction étaient, pour la plupart, occupés par des hommes. En 1970 les femmes ne représentaient que 13% du total des dirigeants d’entreprise, la situation restant relativement constante jusqu’à la dissolution de l’Union Soviétique.

Les femmes représentaient la majorité des économistes et des planificateurs mais leur participation à la prise des principales décisions économiques était mineure. Bien que majoritaires dans le système médical, les femmes ne gardaient pas la même représentativité dans les positions de direction des institutions médicales. En 1974, 39,7% du personnel scientifique était représenté par des femmes mais la moitié occupait les deux dernières positions dans l’hiérarchie académique. La situation était beaucoup plus grave dans le cadre

de l’Académie des Sciences où seulement 2% des membres étaient des femmes27.

En 1973, le salaire moyen en l’URSS était de 134,9 roubles par mois. Dans les huit secteurs où la force de travail féminine était prépondérante, le salaire moyen était plus bas par rapport à la moyenne nationale. Cela se passait dans un contexte dans lequel la propagande officielle annonçait un paiement égal pour un travail égal, conception basée sur l’application dans tout l’État d’une unique grille de salarisation. D’où venaient alors les différences ? Si !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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!Janet S. Schwartz, « Women under Socialism: Role Definitions of Soviet Women » in Social Forces, vol. 58:1, septembre 1979, p. 70, article accessible à l’adresse http://www.jstor.org/stable/2577785 , 07.02.2009.!

26 Ibid.

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nous considérons le domaine industriel, nous trouvons une proportion de 49% de présence féminine sur le total des employés et un salaire moyen de 147,2 roubles, donc au-dessus de la moyenne nationale. Néanmoins, les femmes étaient plus nombreuses dans l’industrie textile domaine connu pour la salarisation inférieure. Des salaires plus bas pour les femmes on trouvait également dans l’industrie lourde, mais pour des motifs différents, étant donné que le personnel féminin était encadré au plus bas niveaux de salarisation. La limite supérieure de la rétribution était atteinte par 19,2% des employés hommes et seulement par 1,9% du total des femmes. Les rémunérations plus basses pour les femmes étaient dues, selon la littérature de spécialité, aux fréquentes interruptions de l’activité, surtout à cause des motifs familiaux, des accouchements, des maladies des enfants ou des parents. Une autre cause invoquée était la translocation des familles en fonction de l’emploi du mari, cas où l’épouse le suivait et était obligée à chercher un emploi dans la même localité, le plus souvent inférieur à son niveau de

formation ou moins bien payé que la position antérieure28.

5.2.2. Les femmes dans la législation soviétique

En ce qui concerne la législation du travail, l’URSS a manifesté une attitude « progressiste » conservant en même temps des éléments traditionnalistes. On peut remarquer les décisions législatives concernant l’attraction grand nombre de femmes dans l’enseignement supérieur et les écoles techniques qui préparaient et formaient les membres des kolkhozes. Dans les années 1930 le gouvernement soviétique a observé l’hésitation des femmes à se lancer dans diverses activités à haut degré de technicité, ce qui a mené à l’institution des proportions de représentation féminine parmi les élèves des écoles professionnelles. On a aussi pris des mesures pour faire admettre un plus grand nombre d’étudiantes dans les écoles d’ingénieurs, ainsi que, vers 1936, un tiers du total des étudiants étaient des femmes.

La législation concernant la protection du travail dans le cas des femmes est devenue

officielle avec l’article 12229 de la Constitution de l’URSS, parue en 1936. Jusqu’à ce

moment, on avait pris certaines mesures en ce sens, spécialement dans le code du travail de !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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!Alena Heitlinger, op.cit.,, pp. 147-149 .

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!« En URSS on accorde aux femmes des droits égaux avec les hommes dans toutes les sphères économiques, gouvernementales, culturelles, politiques de la vie publique. La possibilité d’exercer ces droits est assurée en accordant aux femmes des droits égaux avec les hommes en ce qui concerne le travail, la salarisation pour le travail effectué, le repos et la récréation, la protection sociale et l’éducation, et la protection par l’Etat des intérêts de la mère et de l’enfant, l’aide accordée aux mères avec des familles nombreuses et aux mères seules, le congé maternel payé et la création d’un vaste réseau de maisons d’accouchement, crèches et maternelles », la Constitution de l’URSS de 1936, art. 122 apud Women and communism…, p. 49.!

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1922, qui établissait des conditions strictes pour l’embauche des femmes dans l’activité salariée, de telle manière qu’on ne mette pas en danger leur santé et/ou leur fonction reproductive. Pour cette raison, certains emplois devenaient automatiquement inaccessibles aux femmes, ce qui était le point de départ pour les futures discriminations de la sphère occupationnelle. Dans l’URSS, le code du travail a été révisé en 1970. L’article 68 spécifiait l’interdiction d’utiliser le travail féminin dans des conditions malsaines et dans le souterrain.

L’article suivant interdisait la répartition des femmes dans des emplois de nuit30, à

l’exception des cas isolés et seulement comme mesure temporaire. Conformément à l’article 70, tant la femme enceinte que celle qui allaite devaient être transférées dans des activités plus faciles, en bénéficiant des mêmes droits salariaux, tandis que l’article 71 décidait l’obligation du congé pré et postnatal, avec une durée totale de 112 jours (ouvrables et fériés) et la possibilité de le prolonger jusqu’à un an, sans paie. Ces prévisions ont été reprises aussi par les autres pays communistes. A la suite de cette loi, les femmes n’ont plus été

embauchées dans l’armée31.