• Aucun résultat trouvé

2. MÉTHODOLOGIE

2.5 P RÉSENTATION DES DONNÉES

Les noms utilisés dans ce travail sont des pseudonymes. En effet, j’ai décidé d’anonymiser le nom de mes enquêtées comme une forme de confidentialité liée à leur identité pour qu’elles ne soient pas reconnaissables (Saunders et al., 2015). Ainsi, je ne donne pas non plus les noms des communautés fermées dans lesquelles elles vivent, ni d’information précise sur leur lieu de travail. Curieusement, mes enquêtées vivant dans les condominiums ont toutes dit qu’il n’était pas nécessaire de les anonymiser, soulignant ainsi que leurs propos sont légitimes et qu’elles n’ont rien à cacher.

Pour ce travail, j’ai réalisé treize entretiens semi-directifs, dont deux entretiens en groupe avec trois à quatre participantes, ce qui signifie que j’ai parlé avec dix-huit femmes au total. La durée des entretiens variait entre cinquante minutes et deux heures, pour un total de vingt heures et trente-six minutes d’enregistrement. Le premier entretien a été réalisé avec un groupe de quatre femmes travaillant dans un salon de coiffure et beauté, dont les client⸱e⸱s vivent dans les différents condominiums de Chicureo. Ce premier entretien exploratoire, m’a permis de mieux comprendre le contexte socio-politique chilien ainsi que les enjeux liés aux espaces exclusifs et fermés tels que Chicureo. Par exemple, la thématique principale qui est ressortie durant l’entretien concernait les différences entre classes sociales. Ces femmes m’ont notamment parlé de la façon dont elles sont perçues et traitées par leurs clientes vivant dans les communautés fermées.

Le deuxième entretien que j’ai mené s’est également fait en groupe. L’une des enquêtée contactée m’a proposé de venir un soir chez elle pour discuter. Elle a pris l’initiative d’inviter ses voisines via le groupe WhatsApp du condominium. Deux femmes sont alors venues se joindre à nous et j’ai pu parler avec trois femmes au foyer vivant dans la même communauté fermée. Dans les entretiens de groupes les dynamiques sont différentes, le focus porte en effet sur les interactions entre les personnes interviewées plutôt que sur l’interaction avec l’enquêteur⸱trice (Longhurst, 2016). De ce fait, pour une question de temps et de dynamique de groupe, je n’ai pas pu aborder toutes les thématiques présentes sur ma grille d’entretien. En effet, j’ai préféré les laisser s’exprimer chacune à leur tour, omettant pour cet entretien les sujets les plus sensibles à mes yeux : l’argent et la religion. Les autres entretiens se sont déroulés face à face avec l’enquêtée, c’est-à-dire seulement elle et moi, sauf pour un entretien mené avec une femme

47

travaillant pour une agence immobilière où la rencontre s’est faite dans son bureau avec la présence d’une de ses collègues qui n’est intervenue que quelques fois dans la discussion.

Les dix-huit femmes interviewées étaient blanches. Douze d’entre elles vivent dans des condominiums de tailles différentes dans le périmètre de Chicureo. Les six autres travaillent dans la région de Chicureo. L’une d’elle travaille dans une agence immobilière qui vend des maisons dans les communautés fermées, une autre est professeure dans une des écoles privées de Chicureo et quatre d’entre elles travaillent dans le domaine de l’esthétique, plus précisément dans un salon de coiffure. Aucune de ces six femmes ne vit dans la région de Chicureo. Celle qui travaille dans l’agence immobilière vit dans un condominium non loin de Chicureo. La professeure, quant à elle, vit à Santiago et fait les trajets tous les jours pour aller à son travail.

Concernant les enquêtées du salon de coiffure, elles vivent dans des localités telles que Batuco, Independencia et Colina, un peu plus loin de Chicureo, qui sont considérées comme plus pauvres. Elles font les trajets en transports publics tous les jours pour se rendre à leur travail.

Concernant les douze femmes que j’ai interviewées qui vivent dans des communautés fermées de Chicureoxvi, la plupart ont la quarantaine. Seules deux d’entre elles ont plus de soixante ans et une se situe dans la vingtaine. Toutes les femmes interviewées ont suivi des études supérieures, sans nécessairement les terminer. Six de mes enquêtées sont mariées et quatre sont divorcées. La grande majorité de ces femmes ont des enfants, sauf les deux qui sont célibataires. La plupart des enfants sont adolescents ou déjà adultes et un quart des femmes interviewées ont des enfants en dessous de dix ans. J’ai pu observer que la constellation familiale la plus récurrente est celle du couple marié avec des enfants. Les quatre enquêtées divorcées vivent seules avec leurs enfants et les deux autres situations restantes sont un couple marié vivant sans les enfants et une enquêtée qui vit avec sa famille élargie, c’est-à-dire son oncle et son grand-père. Ainsi, l’élément familial semble important et présent pour chacune des enquêtées.

La plupart des femmes interviewées qui vivent à Chicureo ont une activité professionnelle et travaillent dans différents domaines, tels que la santé, l’éducation ou l’administration. Un tiers des femmes quant à elles sont mères au foyer et s’occupent de leur maison et de leurs enfants tout en ayant d’autres activités, qui, en revanche, ne sont pas nécessairement lucratives. Sur toute mes enquêtées, seule une d’entre elles n’a pas la nationalité chilienne. Elle est d’origine

xvi Voir annexe D. Tableau des profils des enquêtées vivant à Chicureo.

48

allemande mais s’est mariée à un homme chilien avant de venir s’installer avec lui et ses enfants dans le pays, il y a six ans.

En observant la colonne « taille de la parcelle et de la maisonxvii », on remarque que sept femmes possèdent un grand terrain et vivent dans des maisons plus grandes. Celles-ci paraissent considérablement plus aisées que les autres, étant donné la grande différence des prix qu’il peut y avoir entre les maisons. Par ailleurs, elles sont presque toutes propriétaires de leur maison, sauf Pilar qui reçoit une pension de son ex-mari, Pascula qui vit dans la maison de son oncle, Soraya qui vit chez ses parents et María qui n’est pas propriétaire de la maison dans laquelle elle vit en ce moment mais qui possède de nombreux terrains dans la région. En effet, María, vit à Chicureo depuis plus de quarante ans, son père étant un ancien agriculteur, ses terres ont été vendues afin de permettre la construction des condominiums dans la région. Elle possède encore de nombreuses parcelles au sein de la communauté fermée dans laquelle elle vit. Pour finir, on peut constater que, comme la majorité des femmes interviewées vivent à Chicureo depuis plus de cinq ans, elles s’y établissent pour le long terme.

xvii Voir annexe D. Tableau des profils des enquêtées vivant à Chicureo.

49