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Les réseaux de fraternité dans un autre espace-temps : retrouver une identité européenne commune retrouver une identité européenne commune

enjeux sociétaux

CHAPITRE 1. Que venait-on faire en loge ?

1.2. Les réseaux de fraternité dans un autre espace-temps : retrouver une identité européenne commune retrouver une identité européenne commune

Outre les identités universelles, les ambitions que partageaient les maçons de l’île à l’époque coloniale se rejoignaient autour des aspects intrinsèques à la vie du pays. Les ambitions des maçons, en se rendant en loge, étaient aussi de vivre l’expérience des valeurs maçonniques en son sein. Ils faisaient ainsi la promotion des liens entre les divers groupes du pays hors des alliances imposées ou prohibées par la société coloniale. Ces raisons ne diffèrent pas, dans les grandes lignes, des ambitions européennes mais elles furent probablement plus exacerbées outremer à certains moments de l’histoire locale. Comme le dit Charles Porset dans la préface de Noirs et Francs-maçons, « (…) la maçonnerie est un phénomène pluriel qui obéit plus à des traditions nationales qu’à des principes universels »890

. En effet, une des raisons d’aller en loge, dans ce contexte différent, était la recherche des traditions françaises ou britanniques partagées à travers les loges. C’est ce que firent, vers la fin du XVIIIe siècle, les expatriés français qui ne se connaissaient pas mais qui avaient des valeurs culturelles et maçonniques communes. Ils arrivaient à se lier aux autres groupes distincts de la population locale, tels que les Franciliens qui étaient là depuis plusieurs décennies et la population métissée et, plus tard, à la communauté britannique. Comme en religion, les maçons retrouvaient dans les loges un sens de la continuité, de l’appartenance à

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Henry C. Descroizilles, Notes lues au Banquet d’ordre du 23eme jour du 12ème mois de 5863 suivies du discours par le F. Orateur le 10ème jour du 4ème mois 5864 [Imprimerie du Commercial Gazette, 1864] 90 pp.

p.64.

889GLDF. Dossier L’Amitié 245. Déclaration de principes. Loge L’Amitié. 3 septembre 1879. Le programme se

résume ainsi : « obéir aux lois de son pays, vivre selon l’honneur, pratiquer la justice, aimer son semblable, travailler sans relâche au bonheur de l’humanité et poursuivre son émancipation progressive et pacifique».

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une fraternité et un sens de la famille qu’ils n’arrivaient pas toujours à cultiver en étant loin de chez eux et dans cette société où ils avaient peu de liens avec leur vie d’avant. A l’image de ce qui se passait dans la société européenne, ce fut une « sociabilité volontaire »891, comme l’appelle Pierre-Yves Beaurepaire, qui « (…) désigne les formes d’agrégation temporaire ou non à un groupe de pairs se réunissant selon ses propres règles, librement acceptées par les postulants »892. Cette sociabilité volontaire est mise en opposition à la « sociabilité patentée » qui, elle, est « reconnue par le Prince et l’Eglise »893. A l’Isle de France, ce regroupement culturel et maçonnique se faisait de façon volontaire et il est indéniable qu’elle émergeait également d’un affairisme social et professionnel.

La fraternité maçonnique, qui était aussi véhiculée par la sociabilité et la convivialité des loges, était comparable à une sphère privée avec ses propres codes et qui différait des relations entretenues dans la société civile. De ce fait, en cultivant des liens maçonniques, c’était aussi une façon de continuer à appartenir à une association différente des autres et de perpétuer les valeurs-clés de la fraternité telle « une rupture avec le monde profane, ses agitations, ses hiérarchies, sa valorisation des apparences »894. En venant en loge, les maçons s’assuraient non seulement de se retrouver entre compatriotes, mais ils continuaient à vivre les expériences maçonniques qui différaient de leur quotidien, que ce fut en France, en Angleterre ou à Maurice. En effet, comme l’explique Beaurepaire, « par l’initiation le nouveau franc-maçon pénètre dans un espace-temps où la turbulence et les heurts qui régissent et déchirent le monde profane sont bannis »895. Le temple est donc un espace hors du monde et régit par le calendrier maçonnique « qui fait référence à la date supposée de la fondation du monde, il y a quatre mille ans » appelée « l’année de la vraie lumière »896. Les temples maçonniques mauriciens étaient, dans une certaine mesure, des havres de paix et ils purent même regrouper plusieurs nationalités. Dans Revolutionary Brotherhood, Steven Bullock, en parlant de la maçonnerie américaine au XVIIIe siècle, explique que les maçons coloniaux recréèrent une « fraternité à leur propre image»897. Les maçons mauriciens purent recréer des temples, des réseaux et des tenues, comme en Europe, tout en apportant des aspects de la vie insulaire. Les

891 Pierre-Yves Beaurepaire, Franc-maçonnerie et sociabilité. Les métamorphoses du lien social XVIIIe-XIXe

siècle [Editions maçonniques de France, 2013] p.10.

892 Ibid., p. 10.

893 Ibid., p.10.

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Jean-Michel Ducomte, De l’identité maçonnique [Editions Véga, 2011] p.92.

895 Pierre-Yves Beaurepaire, Franc-maçonnerie et sociabilité. Les métamorphoses du lien social XVIIIe-XIXe

siècle [Editions maçonniques de France, 2013] p.79.

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Ibid., p.79.

897Steven Bullock, Revolutionary brotherhood. Freemasonry and the transformation of the American social

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décorations, le rituel, le côté théâtral des passages de grades, l’appel à l’élévation et les constitutions étaient transposés dans les loges de l’île. Descroizilles souligna qu’il se passa, au cours du XIXe siècle, « une chose très rare auparavant, des Vénérables d’un atelier [étaient] affiliés d’honneur aux autres ateliers »898

. En se revendiquant de l’Art royal, les maçons mauriciens revendiquaient une identité qui « tend[ait] à la perfection de l’homme et de l’humanité »899. L’Art royal permettait aux maçons des loges françaises de s’inscrire dans cette tradition européenne véhiculée par le Siècles des Lumières et de garder un lien prestigieux avec la métropole. Cet « ensemble de connaissances ésotériques ou symboliques contenues dans l’enseignement maçonnique »900

se démarque de l’Art Sacerdotal. Il est, certes, vrai que la loge La Triple Espérance s’adapta aux changements politiques plus tard en condamnant ce titre pour le remplacer par « art maçonnique »901. Cependant, le terme ‘art royal’ signifiant ‘art maçonnique’ des deux côtés de la Manche, rassembla plus tard, les Français et les Britanniques. En effet, les maçons britanniques comme Lord Moira et Farquhar « étaient tous deux des adeptes de l’Art Royal, comme l’étaient d’ailleurs la plupart des conseillers du gouverneur »902. Cependant, au fil des circonstances et, influencés par le contexte, les maçons s’adonnèrent également à ce que Steven Bullock appelle une « réorganisation sélective »903, c’est-à-dire ils choisissirent des codes et des fonctionnements qui étaient plus adaptés à leur vie insulaire.

Une dimension didactique était également rattachée aux traditions recherchées par les maçons mauriciens à travers le rituel qui avait « incontestablement un rôle éducatif par la mise en scène des principes, valeurs ou qualités attachées à tel ou tel des grades qui scandent la progression initiatique du maçon»904. Ce rôle pédagogique fut mis en avant par Descroizilles quand il expliqua que le rôle de la maçonnerie était aussi de « former la jeunesse » à travers l’étude de la morale et de la philosophie expliquées « par [les] Grands Maitres»905. La tradition maçonnique garantissait des critères différents de ceux de la société coloniale et était basée sur le grade et la qualité que les institutions maçonniques conféraient à

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Henry C. Descroizilles, Notes lues au Banquet d’ordre du 23ème jour du 12ème mois de 5863 suivies du discours par le F. Orateur le 10ème jour du 4ème mois 5864 [Imprimerie du Commercial Gazette, 1864] p.22.

899Xavier Coadic, L’encyclopédie de la franc-maçonnerie [Paris : Editions Trajectoire, 2003] p. 52.

900

Ibid., p. 51.

901R.L. La Triple Espérance. Bi-centenaire. 1778-1978 [1778] p.34.

902

Ibid., p.41.

903 Steven Bullock, Revolutionary brotherhood. Freemasonry and the transformation of the American social

order. 1730-1840 [London: University of North Carolina Press, 1996] p.51: « selective reshaping ».

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Jean-Michel Ducomte, De l’identité maçonnique [Editions Véga, 2011] p.93.

905 Henry C. Descroizilles, Notes lues au Banquet d’ordre du 23eme jour du 12ème mois de 5863 suivies du discours par le F. Orateur le 10ème jour du 4ème mois 5864 [Imprimerie du Commercial Gazette, 1864] 90 pp.

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leurs membres. Déjà, hors des identités socio-économiques, ces grades qu’ils partageaient, les mettaient sur le même pied d’égalité. A travers leurs planches, les premiers maçons du Grand Orient de France montraient qu’ils se retrouvaient aussi dans un espace temporel, qui était symboliquement « soustrait aux scintillements des apparences»906, et qui permettait à chaque maçon « revêtu des décors qui le rend[ai]ent, sinon semblable, du moins égal aux autres, de s’exprimer sans crainte de jugements de valeur, sans préjugé, sans rancœur »907

. La rigueur et le respect de la hiérarchie, imposés par la maçonnerie, procuraient une expérience différente de leur quotidien qui reposait sur des décorations, des grades chevaleresques, de tenues théâtrales et un rituel hors du temps. Ils se réunissaient alors autour d’un autre système de valeurs qui les sortait du quotidien et qui les appelait à l’élévation de soi, à la différence des dogmes religieux.

Les clubs philosophiques, la presse et le théâtre étaient dominés par les Français à l’Ile Maurice depuis le XVIIIe siècle dans la colonie. Pourtant, les bals et les réceptions, ayant des objectifs de divertissement et philanthropie, ne procuraient pas l’intimité d’une église ou d’un temple maçonnique. A partir du début du XIXe siècle, pour la communauté restreinte de Britanniques, hormis les relations familiales, professionnelles et privées (où l’Eglise anglicane n’était pas encore installée), les temples et les réseaux maçonniques représentaient des espaces privilégiés où ils se retrouvaient à l’abri des regards d’une société coloniale au climat hostile envers l’étranger et où la vie culturelle se concentrait dans la capitale, Port-Louis. Comme l’expliqua Andrew Prescott, cité par Daniel James dans Masonic Networks & Connections, « la franc-maçonnerie était un composant culturel majeur de l’Empire britannique»908. Daniel James cita aussi Ronald Hyam qui, lui, rajouta les loges maçonniques à sa liste d’«inventions importées»909

où figuraient déjà les églises anglicanes et les clubs. Dans ces loges, les Britanniques cultivèrent des liens pour garder le moral de leur communauté dans l’outremer. Les maçons anglais, dès les premières années à Maurice, firent le choix de rejoindre les loges françaises où ils rencontraient également d’autres compatriotes. Jessica Harland-Jacobs explique ce besoin des maçons britanniques de rejoindre la maçonnerie comme un moyen d’atteindre un large éventail de « besoins sociaux, émotionnels,

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Jean-Michel Ducomte, De l’identité maçonnique [Editions Véga, 2011] p.92.

907 Ibid., p.92.

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James W. Daniel, Masonic Networks & Connections [Library and Museum of Freemasonry, 2007] p.179: « freemasonry was a major cultural component of the British Empire».

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spirituels et matériels»910. Ces besoins étaient partagés par les soldats anglais, irlandais et écossais qui utilisaient la maçonnerie comme une façon de s’évader de l’« ennui et la monotonie de la vie de la garnison »911. Quant aux célibataires, ils créaient des attaches: « Pour les Francs-maçons qui n’avaient pas de famille, l’adhésion à la Fraternité offrait un sens de la sécurité »912. Cette démarche identitaire s’inscrivit parfaitement dans la tradition maçonnique qui se construisit un passé commun à travers les rituels et rites de la franc-maçonnerie de traditions française ou britannique.

Les raisons qui menèrent au rapprochement maçonnique et à la présence des maçons en loge ont fait l’objet de plusieurs analyses qui ont été intéressantes, dans le cadre de ce travail, sur l’Ile Maurice. Par exemple, Sudhir Hazareesingh propose cinq raisons majeures à l’appartenance à une loge: il définit la loge comme un club personnel, un réseau professionnel, une élite sociale, une école civique et un lieu de prosélytisme politique913. Les cinq cas cadrent avec l’île Maurice coloniale, et la première catégorie est tout à fait pertinente pour expliquer la recherche de cette identité maçonnique européenne. En effet, Hazareesingh parle de la loge comme un lieu de convivialité qui étend les liens familiaux et sociaux et qu’elle « (…) n’est qu’un cercle parmi tant d’autres ou un moyen d’insertion et d’intégration sociale »914. La dialectique commune de ces francs-maçons insulaires était un certain sens de la grégarité, déjà cultivée aux niveaux familial et amical, et qui rendait le regroupement de Français puis des Britanniques en loge incontournable à l’étranger, mais aussi un moyen de fréquenter les éléments de la société mauricienne. L’identité européenne maçonnique commune leur conférait un sens de l’appartenance dans une société en construction à travers le partage des identités françaises, anglaises ou européennes collectives qui étaient mises à mal dans les autres institutions car la société était divisée à plusieurs niveaux. Ce besoin de maintenir des liens avec les métropoles que procurait la franc-maçonnerie était, pour ces hommes déracinés, un moyen de sentir une certaine sécurité émotionnelle et un confort, ce

910 Jessica Harland-Jacobs, «Global brotherhood: Freemasonry, Empires and Globalization» Special Issue UCLA [Grand Lodge of California: REHMLAC, 2013] p.84: « meet wide-ranging social, emotional, spiritual,

and material needs ».

911 Ibid., p. 84: « relieve the tedium and monotony of garrison life ».

912 Jessica Harland-Jacobs, « Hands across the Sea », The Masonic Network, British Imperialism, and the North

Atlantic World. American Geographical Society. Geographical Review, Vol. 89, Oceans Connect [April 1999]

p.246: « For Freemasons who did not have a family, membership in the brotherhood offered a sense of

security ».

913Sudhir Hazareesingh, « Le Grand Orient de France sous le Second Empire et les débuts de la Troisième

République » dans Christine Gaudin et Eric Saunier, Franc-maçonnerie et histoire. Bilan et perspectives

[Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2003] p. 251.

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que Margaret C. Jacob appelle « une autre façon (…) de se sentir « à la maison »»915 et, comme les églises et les chapelles, les temples permettaient d’« unifier l’empire»916.

En effet, se sentir chez soi était primordial au XIXe siècle car l’Ile Maurice était un pays qui, depuis le siècle précédent, n’était pas encore devenue une nation à part entière. Certains Français étaient là depuis plusieurs générations et avaient créé une identité îlienne sociale et culturelle mais ils avaient toujours l’incertitude de l’avenir, surtout avec l’arrivée des Britanniques. Quant aux nouveaux arrivants, ils n’étaient pas encore fixés sur leur sort localement lors des premières années. Il était primordial pour les Britanniques, surtout après la confirmation qu’ils allaient rester dans la colonie avec le Traité de Vienne en 1815, de trouver une place dans la société mauricienne. C’était à la fois un moyen pratique d’accéder, dans un premier temps, à la société française en fréquentant ses loges. De plus, comme le dit Jessica Harland-Jacobs, c’était « incroyablement utile »917 pour la vie quotidienne dans l’Empire britannique de rejoindre les loges françaises aux cours des premières années. Les maçons britanniques s’assuraient, comme elle le dit, d’intégrer « (…) un réseau en pleine croissance de contemporains facilement reconnaissable comme Maçonnique »918. La maçonnerie offrait à travers sa présence dans le monde entier un lieu où l’intégration pouvait se faire dans une société étrangère et dans un autre cadre. Dans Builders of Empire, Jessica Harland-Jacobs parle de la colonie de Maurice qui affichait des demandes d’adhésions et d’affiliations aux loges de commerçants, d’administrateurs coloniaux, de soldats, d’officiers et d’autres colons. L’adhésion «(…) offrait un passeport à une société conviviale, un raffinement moral et spirituel, l’assistance matérielle, et l’avancement social dans toutes les parties de l’empire»919

. Ensuite, après la création des loges anglaises dans la colonie, les Britanniques apportèrent une nouvelle donne à ce repère identitaire. Les loges multiplièrent les hommages à la Reine, les visites de maçons anglais et les cérémonies où la religion était placée au centre. De ce fait, la maçonnerie allait aussi faire l’expérience de cette identité

915Margaret C. Jacob, The origins of freemasonry. Facts and fictions [University of Pennsylvania Press: Philadelphia, 2006] p. 37: « (…) perhaps membership in lodges overseas served as another way for the

beneficiaries of the empire to feel « at home ».

916Ibid., p. 37. « Lodges, like churches and chapels, gave Europeans a sense of identity (…) They helped to unify the empire».

917 Jessica Harland-Jacobs, «Global brotherhood: Freemasonry, Empires and Globalization», Special Issue UCLA [Grand Lodge of California: REHMLAC, 2013] p.82: « incredibly useful for negociating life within the

British Empire ».

918

Jessica Harland-Jacobs, «Global brotherhood: Freemasonry, Empires and Globalization», Special Issue UCLA [Grand Lodge of California: REHMLAC, 2013] p.75: « became part of an ever-growing network of

contemporaries readily recognized as Masonic ».

919 Jessica Harland-Jacobs, Builders of Empire: Freemasons and British Imperialism, 1717-1927 [Chapel Hill: The University of North Carolina Press, 2007] p.3: « (…) offered a passport to convivial society, moral and

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britannique qui s’installait dans ses institutions à travers leur anglicisation, et le XIXe

siècle fut une étape de cette consolidation. Les planches des maçons des loges mauriciennes faisaient régulièrement référence à ce qui se passait en Europe aux niveaux politique et économique et, comme le dit Timothy Baycroft, la franc-maçonnerie était de ce fait « un véhicule important pour une pensée nationale»920.

En parallèle, les loges mauriciennes cultivèrent, non pas une seule tradition maçonnique mais plusieurs, encouragées par le partage en loge entre différentes nationalités. La franc-maçonnerie redonnait en conséquence la notion de repère dans une société où par exemple l’oralité se perdait car la communication n’était pas toujours aisée entre les différents groupes socio-ethniques. Les cérémonies et rituels maçonniques en français et anglais rendaient ce rapprochement possible autour de langues communes. A travers l’utilisation de la langue commune lors de ces regroupements entre compatriotes, les maçons retrouvaient, comme le dit Cécile Révauger dans l’avant-propos du numéro 7 de Lumières, « un cadre privilégié, une structure à l’abri des regards des curieux, propice à l’échange d’idées et à la prise de parole (…)»921. Cette liberté de parole était en effet primordiale pour les maçons mauriciens, à l’instar de ce que dit Descroizilles dans les années 1860 à propos de la loge : « (…) ici, (n’obéissant plus aux exigences du monde profane, qui veut que le langage soit voilé pour qu’il plaise), la pensée ne peut produire qu’une expression d’union, de fraternité et de concorde (…) où les passions restent toujours muettes »922

.

1.3. La promotion des valeurs des Lumières et l’assurance d’un

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