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de France à l’Isle de France

CHAPITRE 2. Les bases pérennes pour une

2.1. La Loge des Vingt-Un et la loge des Quinze Artistes

Suite à la création de la première loge de l’Isle de France, d’autres loges sous l’égide du Grand Orient de France suivirent avant la fin du XVIIIe siècle et au cours du siècle suivant. Certaines loges furent créées des années avant leur installation finale, comme ce fut le cas pour La Triple Espérance, pour diverses raisons telles que des conflits avec cette dernière, la lenteur administrative et les difficultés liées à l’éloignement géographique, rendant les correspondances avec la métropole peu régulières et laborieuses. La deuxième

150

Auguste Toussaint, Histoire de l’Ile Maurice [Paris : PUF, 1974] p.57.

151 Eileen Wanquet-Williams, «The application of British slave policy to Mauritius.1810-1835» [Mémoire de Université de Paris III: Maîtrise d’anglais, 1984] p.18.

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loge du Grand Orient de France, la Loge des Vingt et Un, fut créée dans le sillage de la tourmente liée aux deux Chambres initiales de La Triple Espérance. La date de sa création reste encore vague. Alors que le Mauritius Almanach of Cica de 1860 cite l’année 1779152, il serait plus probable que sa création se situerait entre le milieu de l’année 1779, le moment où la seconde Chambre fut dissoute et que Ricard de Bignicourt, le vénérable, quitta la loge mère (selon la version des membres de la première Chambre), et 1781 (comme ses membres fondateurs l’expliquèrent). L’extrait de la planche tracée du 12 juillet 1785, portant la demande de constitution de la loge des Vingt et Un à la Grande Loge Provinciale de Bourbon, instruit sur les débuts de cette nouvelle loge à l’Isle de France. Les membres de la loge en instance étaient en correspondance depuis dix-huit mois avec les maçons de Bourbon au sujet de leur régularisation. Ils y expliquèrent aussi leur conduite depuis les quatre dernières années (c’est-à-dire depuis 1781) et la «pureté de l’esprit maçonnique»153

qui les animait, eux qui furent en grande partie des membres de La Triple Espérance. Ils donnèrent leur version des faits sur le schisme entre les deux Chambres en expliquant qu’ils avaient travaillé, pendant deux ans (donc jusqu’en 1780), sous le maillet d’un «frère éclairé» (en l’occurrence le premier vénérable de La Triple Espérance, Ricard de Bignicourt), jusqu’à ce qu’ils virent «le trouble succéder à une paix si apparente»154. Dans cette lettre, ils expliquèrent longuement leur point de vue qui est différente de celle des membres de la première Chambre. Pour eux, « (…) le vice s’[était] permis de lever son masque dans le temple de L’amitié » et ils avaient fui « successivement, sans complot, et sans explications»155. Après un an, (ce qui correspond à l’année 1781), ils décidèrent de se regrouper, animés par « [leur] zèle et [leur] attachement pour l’Art Royal»156, et le même groupe était encore ensemble au moment de l’écriture de la lettre. En effet, quand La Triple Espérance fut régularisée, ils comprirent qu’ils n’avaient pas le même but. Ils ajoutèrent qu’il qu’ils furent privés «jusqu’à ce jour de la douce satisfaction de correspondre»157 avec la Grande Loge Provinciale. Dans leur trouble, ils s’étaient même adressés à la maîtresse loge de Calcutta et la Loge de la Marine de Brest pour leur venir en aide. Cependant, ils étaient aussi animés d’un «empressement»158

à se joindre à la Loge Provinciale, contrairement à La Triple Espérance qui voulait s’en détacher. Pour eux, il y

152Michael W. Allan, Freemasonry in Mauritius. A chronological compilation of lodges. 1778-2006. [Grand Lodge of Mauritius, 2006] p.15.

153

FM 2 (581). Les 21. 1785-1797. Extrait de la planche du 12ème j 5ème m 5785 de la loge 21. 5pp. p.2.

154Ibid., p.2. 155 Ibid., p.2. 156Ibid., p.2. 157Ibid., p.2. 158Ibid., p.3.

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avait eu des changements positifs à la loge-mère depuis le schisme entre les deux Chambres avec l’affiliation d’anciens maçons et avec l’initiation de «profanes dignes [d’être maçons]»159. Cependant, La Triple Espérance n’avait pas procédé à l’expulsion des membres qui avaient des torts, et cette absence de purge avait mené «l’ancien levain» à corrompre «une masse nouvelle»160. Pour eux, La Triple Espérance n’avait jamais connu «la paix depuis ses premières fautes»161.

Une des sources des conflits avec la loge-mère venait du fait que le vénéralat de Ricard de Bignicourt fut ponctué d’irrégularités. En effet, la création de la seconde loge de l’Isle de France débuta avec un parfum de scandale : outre le fait que la loge fut divisée en deux Chambres, le premier vénérable de l’Isle de France devint le symbole de la scission. Les versions sur le départ de Ricard de Bignicourt sont aussi très différentes avec, d’un côté, celles des membres de La Triple Espérance et, de l’autre, celles des membres de la loge des Vingt et Un. Certains avancèrent que le vénérable, après s’être emparé inconstitutionnellement des fonctions de secrétaire et trésorier, refusa de rendre les comptes de sa gestion et abandonna la loge, avec «une partie des [membres] de la ci-devant deuxième Chambre et fond[a] irrégulièrement»162 une autre loge. Edouard Virieux, membre de la La Triple Espérance quelques décennies plus tard, parla de malaise sous le vénéralat de Ricard de Bignicourt qui, à la fin de l'année 1779, après avoir agi d’une manière inconstitutionnelle, abandonna la Loge et entraîna les membres de la seconde Chambre avec lui. Ils fondèrent sans régularité la loge des Vingt et Un à la rue La Corderie. Virieux expliqua que Bignicourt rendit finalement des comptes de sa gestion, qui furent approuvés et acceptés le 1 juin 1780, par Perier de Salvert163. Il semblerait aussi, selon Vigoureux de Kermorvant, qu’en mars 1780 la loge imposât une interdiction de ses fonctions à Bignicourt en attendant le retour du Grand Inspecteur en mai 1780164. Quant à Quenette, il dit que Bignicourt, s’étant emparé des postes de secrétaire et trésorier, il « fut déchu de son mandat, le 24 juin 1779 »165. Afin de trier les dates et faits, des sources primaires ainsi que les versions postérieures écrites par les maçons de La Triple Espérance ont été utilisées. Descroizilles et les autres membres de La Triple

159 FM 2 (581). Les 21. 1785-1797. Extrait de la planche du 12ème j 5ème m 5785 de la loge 21. 5pp. p.3.

160Ibid., p.3.

161Ibid., p.3.

162

E.Vigoureux de Kermorvant, Notes pour servir à l’histoire de la franc-maçonnerie et particulièrement la R.L.

La Triple Espérance [Port-Louis : Typographie du Commercial Gazette, 1877] p.11.

163 Ibid, p.7.

164

Ibid., p.12.

165L. Rivaltz Quenette, La franc-maçonnerie à l’île Maurice : 1778-1878 [Roche Bois : High Quality Press Ltd, 2006] p.18.

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Espérance affirmèrent que, dès la fin de l’année 1779, Ricard de Bignicourt avait fondé la loge des Vingt et Un166, c’est-à-dire au cours de l’année qui suivit la création de La Triple Espérance alors que, dans la planche du 12 juillet 1785, les membres de cette loge postulante expliquèrent qu’ils avaient travaillé pendant deux ans à La Triple Espérance sous ce vénérable. Ces versions divergent car, pour les membres des Vingt et Un, Ricard de Bignicourt était encore le vénérable de La Triple Espérance lors des tensions, et que la deuxième Chambre avait un vénérable, Piat. Ricard fut remplacé par Dumolart, (qui avait la « sympathie et de l’estime»167 de ses pairs) seulement le 24 juin 1780168. Ceci correspond donc à deux années sous son vénéralat à La Triple Espérance et c’est ce que confirme Ricard de Bignicourt lui-même dans une lettre à La Triple Espérance en 1786 où il dit avoir pris sa « retraite »169 à la St Jean de l’année 1780. De plus, Ricard de Bignicourt aurait été jugé par Perier de Salvert et le 1er juin 1780, selon Vigoureux de Kermorvant, la loge renvoya le jugement de «sa conduite maçonnique»170. Les membres des Vingt et Un expliquèrent qu’ils avaient attendu un an avant de créer leur loge, ce qui ramène sa création à l’année 1781. Le fait d’être en désaccord amena probablement La Triple Espérance à considérer qu’ils avaient ‘créé’ une loge avant cette date alors que les dissidents se regroupaient mais n’en avaient institutionnalisé la création que plus tard. En juillet 1785, ils expliquèrent que c’était « après une Expérience de plus de quatre ans »171 qu’ils sollicitaient une constitution.

Pour la deuxième fois, une création de loge se faisait dans une atmosphère troublée. Outre le problème lié à Bignicourt, la création d’une autre loge ne recevait pas les faveurs de La Triple Espérance également pour des raisons de préséance. A la tenue du 13 juillet 1780, il fut annoncé qu’une lettre découverte aux archives de La Triple Espérance prouvait que Perier de Salvert parlait, lui-même, de «l’intitulé et même le préjudice»172 d’avoir deux loges sur l’île. La loge La Triple Espérance en avait adressé une copie à ce dernier, avant de faire appel au Grand Orient de France, car de Salvert avait «sans doute oublié le tracé, puisqu’il [allait]

166Henry C. Descroizilles. Notes lues au Banquet d’ordre du 23eme jour du 12ème mois de 5863 suivies du discours par le F. Orateur le 10ème jour du 4ème mois 5864 [Imprimerie du Commercial Gazette, 1864] p.5.

167

Edouard Virieux, La loge « la triple espérance » de 1778 à 1878 [Typography of the Merchants and Planters

Gazette, 1887] p.10.

168Henry C. Descroizilles. Notes lues au Banquet d’ordre du 23eme jour du 12ème mois de 5863 suivies du discours par le F. Orateur le 10ème jour du 4ème mois 5864 [Imprimerie du Commercial Gazette, 1864] p.5.

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FM 2 (580). Dossier 1 LTE. Lettre de Ricard, premier vénérable de LTE, à la loge. 28 février 1786. 11 pp. p.1.

170E.Vigoureux de Kermorvant, Notes pour servir à l’histoire de la franc-maçonnerie et particulièrement la R.L.

La Triple Espérance [Port-Louis : Typographie du Commercial Gazette, 1877] p.12.

171

FM 2 (581). Les 21. 1785-1797. Extrait de la planche du 12j 5 m 5785 de la loge 21. 5pp. p. 3.

172E.Vigoureux de Kermorvant, Notes pour servir à l’histoire de la franc-maçonnerie et particulièrement la R.L.

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installer une autre [loge]»173, et elle voulait montrer son désaccord face à la création de la loge des Vingt et Un. Perier de Salvert leur répondit en juillet 1780 qu’il

(…) ne se croyait pas tellement lié par la promesse qu’il avait faite à la [loge] en la créant seule [loge] régulière, qu’il ne pût former une autre [Loge] en cet O[rient] dans le but détendre et d’illustrer l’Art Royal; qu'il ne voyait qu’une [Loge] Militaire propre à cet effet et que, n’en trouvant pas les éléments, il était dans la ferme résolution de n’en pas constituer d’autres174

.

Il ajouta « qu’à l'égard des [Maçons] qu’ils avaient reçus [irrégulièrement] et qui s’étaient présentés de bonne foi, il allait s’occuper de les régulariser»175

. En fait, la position de l’émissaire du Grand Orient dans l’Océan Indien était délicate. Alors qu’il avait exprimé à l’obédience son opinion négative sur la création d’une nouvelle loge, il avait aussi le souhait de voir se développer une autre loge du Grand Orient dans la colonie afin de promouvoir l’Art Royal. Pourtant, un deuxième scandale vint retarder l’installation de la deuxième loge en 1785-6. Dans une lettre de février 1786, Ricard de Bignicourt écrivit à La Triple Espérance, pour signifier que leurs griefs contre lui ne devraient pas retarder la création d’une nouvelle loge. Pour lui, bien qu’il fût soupçonné de nouveau en 1785 d’un «crime abominable»176

et qu’une lettre injurieuse aurait été écrite à son égard en octobre par La Triple Espérance177

, les Vingt et Un n’avaient pas besoin de lui pour être légitime. Il demanda aussi la mise sur pied d’une commission qui réunirait les membres de La Triple Espérance, des Vingt-Un, de la Grande Loge Provinciale de Bourbon et des ordres étrangers afin de faire la lumière sur les conflits entre les deux loges. Il affirma qu’il se dépouillerait de ses grades éminents si besoin était et se présenterait avec un des premiers grades symboliques pour clarifier la situation.

Toutefois, comme ce fut souvent le cas dans les premières années de la maçonnerie mauricienne, les conflits s’estompèrent et la loge des Vingt et Un fit une demande de parrainage à La Triple Espérance (sous le vénéralat de Pierre François Mangeot) en revenant

173 E.Vigoureux de Kermorvant, Notes pour servir à l’histoire de la franc-maçonnerie et particulièrement la R.L.

La Triple Espérance [Port-Louis : Typographie du Commercial Gazette, 1877] p.13.

174

Ibid., p.14.

175 Ibid., p.15.

176FM 2 (580). LTE. Dossier 1. Lettre de Ricard de Bignicourt à la LTE. 26 février 1786. 11pp. p. 1.

59 «(…) en 1785 à de meilleurs sentiments»178

. La loge-mère accéda à leur requête et des «relations fraternelles»179 s’installèrent entre les membres des deux loges. Le Grand Orient de France accorda à la loge des Vingt et Un (nommée ainsi dû à ses vingt et un membres fondateurs180) une Constitution et elle prit rang comme loge régulière de l’obédience parisienne à partir du 12 juillet 1785181, date de sa demande à la Grande Loge de Bourbon pour l’obtention de ses constitutions182

. Leur premier vénérable fut Thibault de Chanvalon et les membres étaient d’anciens membres de La Triple Espérance. La loge fut installée le 16 juillet 1790 selon sa planche d’installation183 avant un arrêt des travaux en 1791 et une reprise en 1802184. Ce parrainage de la Grande Loge de Bourbon, qui avait inclus la nouvelle loge dans sa juridiction, n’aida pas les relations de La Triple Espérance avec les deux loges. Plus tard, elle fusionna avec la troisième loge de l’Isle de France sous l’égide du Grand Orient, et dont l’histoire fut aussi houleuse, la Loge des Quinze Artistes.

La création de la loge des Quinze Artistes en 1786 se fit huit ans après celle de La Triple Espérance. Ses débuts furent aussi jalonnés d’irrégularités et de retards. Le Fonds maçonnique de la Bibliothèque Nationale de France héberge un dossier conséquent, contenant des lettres et des planches, sur les difficultés administratives de cette loge. Tout d’abord, une correspondance du 24 août 1789 fait mention de vingt-deux documents administratifs joints à la lettre comprenant, entre autres, le procès-verbal de son installation, le tableau des neuf maçons présents composant l’atelier des Quinze Artistes à cette époque (et non quinze comme à ses débuts), la requête en demande de Constitution et le procès-verbal de la nomination de son Député (Carrel)185. Il contient même une planche de La Triple Espérance donnant son suffrage à la demande de Constitution de la loge des Quinze Artistes et demandant à ce qu’elle prenne «rang à l’époque du 23 décembre 1786»186

. Le document No.1 explique que la loge des Quinze Artistes fut installée par la loge des Vingt et Un et qu’elle présentait encore une fois ses excuses pour le retard pris avant d’envoyer tous les documents au Grand Orient de France. Quenette met en avant le fait que l’installation de la

178

Edouard Virieux, La loge « La Triple Espérance » de 1778 à 1878 [Typography of the Merchants and

Planters Gazette, 1887] p.14.

179 Ibid, p.14.

180

FM 2 (581). Les 21. 1785-1797. Extrait de la planche du 12j 5 m 5785 de la loge 21. 5pp. p.4.

181 Daniel Kerjan, Alain Le Bihan, Dictionnaire du Grand Orient de France au XVIIIème siècle. Les cadres et

les loges [Presse Universitaire de Rennes, 2012] p. 203.

182

FM 2 (581). Les 21. 1785-1797. Extrait de la planche du 12ème j 5ème m 5785 de la loge 21. 5pp.

183 FM 2 (581). Les 21. 1785-1797. Planche d’installation du 16ème jour du 6ème mois 5790.

184

Daniel Kerjan, Alain Le Bihan, Dictionnaire du Grand Orient de France au XVIIIème siècle. Les cadres et

les loges [Presse Universitaire de Rennes, 2012] p. 203.

185 FM 2 (579). Les 15 Artistes (1786-1797). Dossier 1. Lettre du 5 mars 1789. 3pp. p.2.

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loge eut lieu le 27 décembre 1785 par Jean Isidore Poutrelle et qu’elle eut une régularisation illégitime par Beurnonville de la Grande Loge Provinciale de Bourbon pendant l’année 1785187. Cependant, alors que l’atelier était encore «irrégulier» et lié par «l’amitié», les membres fondateurs chargèrent Lislet Geoffroy d’adresser une esquisse au nom du collectif au vénérable Focard de La Triple Espérance «pour le prier de solliciter la Régularité & l’Instance en leur faveur»188

. La Triple Espérance ayant accepté, Focard se rendit à l’atelier, le 23 décembre 1786 (quelques jours après que le Grand Orient eût accordé sa Constitution à la Loge des Vingt et Un), et «procéda à la régularisation des [Frères] exigeant leur sermen (sic) en obligation simbolique (sic)»189. Descroizilles ajouta que la loge commença ses travaux au local de La Triple Espérance où elle fut installée par les maçons Courtois, Lapotaire et Tanish190. Le vénérable était Thibaut de Chanvalon et le premier Député fut Graffin191. La loge discuta alors de l’achat d’un local et décida, qu’en attendant ses Constitutions, elle utiliserait le temple de La Triple Espérance192. Selon Virieux, elle tint ensuite ses séances jusqu’en 1788 à Caudan avant de s’installer à Rue Dumat, également à Port-Louis193.

La capitale était devenue le centre de la vie maçonnique de la colonie française mais sa position de port était un atout pour les loges malgré les retards. En effet, le document No.3 retrace la lenteur des échanges maritimes de l’époque car la demande de Constitution faite par La Triple Espérance, pour les Quinze Artistes, datait de décembre 1786 mais la loge ne fut enregistrée que trois ans plus tard, le 24 août 1789194. Cependant, elle commença les travaux réguliers avec l’aide de La Triple Espérance le 27 octobre 1787195

. La Constitution fut accordée le 30 mars 1791196 (rétroactif en 1789), enregistrée le 20 avril 1791. Le Grand Orient de France avait, en effet, retenu la date du 25 décembre 1789 comme date de prise de

187

L. Rivaltz Quenette, La franc-maçonnerie à l’île Maurice : 1778-1878 [Roche Bois : High Quality Press Ltd, 2006] p.31.

188 FM 2 (579). Les 15 Artistes (1786-1797). Dossier 1. Pièce No.1. Compulsion du livre d’architecture du 25 juillet 1786 au 5 avril 1793. p.27-93.

189

Ibid., p.27-93.

190Henry C. Descroizilles. Notes lues au Banquet d’ordre du 23eme jour du 12ème mois de 5863 suivies du discours par le F. Orateur le 10ème jour du 4ème mois 5864 [Imprimerie du Commercial Gazette, 1864] p.6.

191

Daniel Kerjan, Alain Le Bihan, Dictionnaire du Grand Orient de France au XVIIIème siècle. Les cadres et

les loges [Presse Universitaire de Rennes, 2012] p. 203.

192 FM 2 (579). Les 15 Artistes (1786-1797). Dossier 1. Lettre du 5 mars 1789 de la LTE au GODF. 3pp. p.2.

193 Edouard Virieux, La loge « La Triple Espérance » de 1778 à 1878 [Typography of the Merchants and

Planters Gazette, 1887] p.16. Au moment où Virieux écrit, les Écuries du Colonial Dock Company s’y trouvaient.

194 FM 2 (579). Les 15 Artistes (1786-1797). Dossier 1. Correspondance15401.No. : Demande de constitutions pour la Loge Les Quinze Artiste. 24 août 1789. Signée Poutrelle de LTE.

195 Ibid.,

196

61

rang197. Quenette, lui, dit qu’elle fut installée à cette date, le 30 mars 1791, par Focard de Fontefiguières, vénérable de La Triple Espérance198, alors que c’est en fait la date de la Constitution accordée par le Grand Orient de France, confirmée par deux sources primaires (la planche d’installation du 7 décembre 1791199

et une correspondance de la loge des 21 au Grand Orient, du 4 octobre 1792). L’installation définitive eut lieu à la tenue du 7 décembre 1791 où la loge des Quinze Artistes reçut sa Constitution200. Virieux précisa que l’installation définitive se fit au local de la loge par La Triple Espérance (avec le vénérable Roger), la loge des Vingt-Un et des membres du Grand Orient deFrance201. La loge des Quinze Artistes comptait 43 membres en 1793202 et continua ses travaux pendant la Révolution française. Elle reprit sa correspondance avec le Grand Orient en 1802203. Cette création de loge ne donna pas lieu à une constitution rapide également suite à la lenteur des membres de la loge à constituer le dossier administratif. Une lettre du 5 mars 1789 de La Triple Espérance au Grand Orient expliqua que la loge-mère avait donné «avis en 5787 de l’établissement »204 (en 1787) mais qu’à cause de trop de précipitation, ils durent différer l’envoi des esquisses à deux ans plus tard. Outre les impondérables administratifs, l’attente de cinq années entre sa création en 1786 et la réception de ses constitutions en 1791 s’explique par le fait que la loge fut gangrénée par une question très délicate concernant l’appartenance ethnique205

. En effet, suite au litige qui dura deux ans entre La Triple Espérance et la Grande Loge Provinciale, les Quinze Artistes durent radier un de leurs membres fondateurs afin d’être parrainé pour ensuite le réhabiliter. La loge des Quinze Artistes fusionna avec la loge des Vingt et Un avant de s’intégrer à la loge La Paix au XIXe siècle en 1837206.

197 Daniel Kerjan, Alain Le Bihan, Dictionnaire du Grand Orient de France au XVIIIème siècle. Les cadres et

les loges [Presse Universitaire de Rennes, 2012] p. 203.

198 L. Rivaltz Quenette, La franc-maçonnerie à l’île Maurice : 1778-1878 [Roche Bois : High Quality Press Ltd,

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