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de France à l’Isle de France

1.2. La création de la loge La Triple Espérance

Le plus ancien document relatif à la création de la loge La Triple Espérance au Fonds maçonnique de la Bibliothèque Nationale de France est une lettre écrite par Eléonore Jacques Marie Stanislas Perier de Salvert au Grand Orient de France, en date du 6ème jour du 11ème mois 5778 (6 janvier 1779), quelques jours après l’installation de la loge, en tant que première loge de l’Isle de France, le 25 décembre 1778. Cette lettre procure plusieurs informations importantes. Premièrement, elle est un témoignage de première main, précis et pointu, qui éclaire sur l’ambiance qui régnait à l’époque chez les francs-maçons qui voulaient créer les premières loges de l’île. Deuxièmement, elle montre que l’auteur de ce témoignage fut à l’origine de la création de cette loge. En effet, Perier de Salvert, lieutenant de Vaisseau de la Marine royale française, y expliqua en détails les étapes qui menèrent à sa création. Il avait reçu les pouvoirs du Grand Orient de France, qui venait d’être constituée, le 8 janvier 177476,

Pérouse]. Van Hille se repose sur le livre Loges et Chapitres de la Grande Loge et du Grand Orient de France d’Alain Le Bihan.

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‘Chanvalonest souvent mal orthographié ‘Chanvallon’.

74Jean-Marc Van Hille, « Eléonore Jacques Perier de Salvert (1748-1783). Lieutenant de vaisseau. Fondateur de

La Triple Espérance à l’Orient de Port-Louis dans l’île de France » [Loge maritime de recherche La Pérouse]

p.9.

75Ibid., p.10.

76FM 2 (580). Dossier 1. LTE. Lettre de Perier de Salvert au GODF. 6ème jour du 11ème mois 5778. 7pp. Il cite le 8ème jour du 11ème mois 5773.

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pour travailler en son nom «à la réunion des [Loges] de Linde (sic) au centre commun de la régularité»77. La notion de régularité maçonnique qui est posée ici renvoie à deux niveaux de compréhension. Tout d’abord, il y a la ‘régularité’ des grades de certains maçons qui fut refusée parce que ces derniers ne les avaient pas reçus selon les principes du Grand Orient de France, c’est-à-dire en ayant l’aval et le certificat de l’obédience pour monter en grade. Quant au principe de la ‘régularité’, telle qu’elle est définie par chaque obédience, il sera traité plus loin. Perier de Salvert fit usage pour la première fois de ses pouvoirs et installa la loge La Parfaite Harmonie de l’Ile Bourbon, la première loge des Iles Mascareignes, créée en 1777, en choisissant un nombre de 3 maçons réguliers »78. Perier de Salvert fit un bilan élogieux de l’Ile Bourbon, « cet asile Sacré où les bonnes mœurs, la candeur, l’amitié, la concorde, conservées dans toute leur pureté [lui] faisaient regarder chaque citoien (sic) comme digne d’être maçon»79. Il ajouta qu’il fut peiné d’apprendre, à son arrivée plus tard à L’Isle de France, suite à une guerre en Inde, que la loge La Parfaite Harmonie n’avait pas encore reçu «de marque solennelle»80 du Grand Orient de France depuis son installation. Il exprima aussi sa peine de n’avoir trouvé de «vrais maçons que parmi les hollandais (sic)»81

sur les côtes de l’Inde. Son récit montre que, missionné par le Grand Orient de France, son vœu était de retrouver outre-mer les valeurs intrinsèques de la maçonnerie française.

Alors qu’il fut élogieux dans ses propos sur les maçons de Bourbon, il dressa un tableau très différent de la situation maçonnique à l’Isle de France. Ses premiers mots donnent le ton de son bilan : l’île lui offrit «le spectacle le plus affligeant pour le cœur d’un maçon»82. Il ajouta :

(…) l’esprit de dissention (sic), de jalousie de haine parmi ceux qui auraient dû se regarder comme frères; de vaines prétentions au lieu de droits fondés, des temples irréguliers où des maçons, soit trompans (sic), soit trompés ne rougissaient point de prodiguer des connaissances tant légitimement acquises qu’usurpées à des

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FM 2 (580). Dossier 1. LTE. Lettre de Perier de Salvert au GODF. 6ème jour du 11ème mois 5778. 7pp. Il cite le 8ème jour du 11ème mois 5773. p.1.

78Ibid., p.2. 79 Ibid., p.2-3. 80Ibid., p.2. 81Ibid., p.2. 82Ibid., p.3.

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prophanes (sic) peu dignes d’être éclairés, un assemblage sans choix, un chaos ténébreux, c’était l’état de la maçonnerie.83

Cette description élaborée et à charge contre les maçons de l’Isle de France touche aussi bien leur identité maçonnique que leur identité d’hommes. Certes, Perier de Salvert affirma qu’il s’exprimait en tant que maçon qui fut touché par l’état de déclin de la maçonnerie en éclosion de la colonie. Cependant, il faut prendre en compte le fait qu’il parlait aussi en tant qu’expert de la maçonnerie continentale qui avait un jugement basé sur son expérience de plusieurs contextes maçonniques à l’étranger. La différence flagrante qu’il dépeignit entre l’Ile Bourbon et l’Isle de France permet ainsi de cerner à quels niveaux les deux îles, voisines et jumelles, et ayant les mêmes profils démographiques et sociétaux, différaient. Il éclaira aussi la raison pour laquelle l’implantation de la franc-maçonnerie réussit mieux dans l’île voisine qu’à l’Isle de France. A l’époque, plusieurs voyageurs avaient aussi parlé des mœurs douteuses de certains habitants de l’Isle de France. Rivaltz Quenette cite, par exemple, trois francs-maçons qui en témoignèrent: Bailli de Suffren, Pierre Teste, et Alexandre-Gui Pingré. Ils parlèrent du fait que « (…) le luxe, la débauche, l’irréligion, [s’étaient] d’ailleurs introduits à l’Isle de France à un degré qu’il serait facile d’imaginer»84

. Perier de Salvert, lui, expliqua, qu’à l’inverse, les maçons de loge La Parfaite Harmonie de l’Ile Bourbon se conduisaient en maçons responsables. Ils ne se réunissaient pas de peur de violer les statuts du Grand Orient de France avant d’avoir reçu son aval alors qu’à l’Isle de France, les initiatives maçonniques étaient plus poussées et certains maçons avaient fondé des temples et avaient des hauts grades85 sans avoir l’accord de l’obédience parisienne.

Face à la première loge bourbonnaise, également décrite par Claude Wanquet comme une loge où «la bonne foi et la candeur des premiers âges se retrouv[ai]ent pour le bonheur de l’humanité»86

, les maçons de l’Isle de France n’endossaient pas une bonne conduite maçonnique. Il semblerait que les trois loges, qui voulaient être régularisées, avaient un fonctionnement qui allait même à l’encontre de la déontologie maçonnique. Perier de Salvert expliqua, par exemple, que le vénérable87, Gouby, d’une loge en instance de l’Isle de France,

83FM 2 (580). Dossier 1. LTE. Lettre de Perier de Salvert au GODF. 6ème jour du 11ème mois 5778. 7pp. p.3.

84

L. Rivaltz Quenette, La franc-maçonnerie à l’île Maurice : 1778-1878 [Roche Bois : High Quality Press Ltd, 2006] p.5 et 10.

85 Hauts grades. Voir le lexique en annexe.

86

Claude Wanquet, « Les débuts de la franc-maçonnerie à la Réunion ». Etudes et Documents No.14. [Aix-en-Provence : IHPOM] p.33-44.

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La Sincère Amitié, avait entamé les démarches depuis dix-huit mois auprès du Grand Orient de France mais avait d’abord «demandé des constitutions avec une inamovibilité d’offices contraires à [ses]88 vues et à l’esprit maçonnique»89. Ensuite, ce vénérable fut conseillé par Joseph Chrysostome Ricard de Bignicourt, un maçon du Grand Orient de France vivant dans l’île. Il demanda des Constitutions et des certificats pour les membres de la loge, tout en continuant, cependant, « provisoirement à faire des réceptions »90. Ricard de Bignicourt, quant à lui,

(…) emporté par son zèle pour la maçonnerie et cédant à la bonté de son cœur, crut pouvoir recevoir de cette Loge, les honneurs dus à un inspecteur, fondé sur ce que le bonheur qu’il a eu d’être membre du [Sublime Grand Orient] lui donnait le pouvoir d’avertir les [Loges] de la fausseté de leurs démarches. Il donna avec autant de confiance que de facilité un certificat étendu à cette [Loge] dont le Chef avait des connaissances91.

Le même ‘chef’, en l’occurrence le vénérable, voulait aussi établir une autre loge et avait chargé la loge de l’Union de demander des Constitutions au Grand Orient de France. Une troisième loge se rassemblait, depuis trois mois avant l’arrivée de Perier de Salvert, et son vénérable, Ferrière, «(…) plus zélé qu’éclairé, tenait, recevait et prétendait attendre [son] arrivée pour demander à être constitué »92. Une de ces loges était, par déduction, L’Heureuse Traversée dont parlent Daniel Kerjan et Alain Le Bihan, dans leur Dictionnaire du Grand Orient. Selon eux, cette loge avait demandé des Constitutions93 le 2 avril 1778 mais cette demande était restée sans suite94. Quenette ajoute que ses membres avaient invité Perier de Salvert, qui arriva une première fois dans l’île en 1777, à son installation mais que le mandat de ce dernier «ne lui confiait aucunement une pareille mission»95 car la loge n’était pas encore régulière. Ces tentatives de création de loges à l’Isle de France prouvent qu’il y avait une

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Du Grand Orient de France.

89FM 2 (580). Dossier 1. LTE. Lettre du 6ème jour du 11ème mois 5778 de Perier de Salvert au GODF. 7pp. p.3.

90Ibid., p.3.

91Ibid., p.3.

92

Ibid., p.3.

93 Constitutions. Voir le lexique en annexe.

94

Daniel Kerjan, Alain Le Bihan, Dictionnaire du Grand Orient de France au XVIIIème siècle. Les cadres et les

loges [Presse Universitaire de Rennes, 2012] p. 203.

95L. Rivaltz Quenette, La franc-maçonnerie à l’île Maurice : 1778-1878 [Roche Bois : High Quality Press Ltd, 2006] p.12.

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dynamique maçonnique dans la colonie française mais aussi que, contrairement à ce qui se passait à Bourbon, les maçons ou aspirants maçons ne firent pas suffisamment preuve de rigueur dans les procédures et n’attendirent pas l’aval du Grand Orient de France pour se donner des grades. Elles prouvent également que leurs demandes d’être régularisées se faisaient attendre. Cependant, le cas mauricien n’était pas une exception, comme l’explique Daniel Ligou à propos de plusieurs ateliers96 et Grandes loges Provinciales97 en France de 1775 à 1785 qui firent des plaintes. Il cite un maçon, Perrichet, de la ville de Lyon qui expliqua en 1783 :

Rien n’égale la fureur maçonnique qui règne dans cette ville… Une foule d’ateliers dont il serait difficile de connaitre le nombre, sont élevés de tous côtés. On reçoit tout venant sans le moindre examen de caractère, de mœurs, de conduite, mais encore on emploie de basses sollicitations pour attirer ou racoler qui l’on veut – pourvu qu’il apporte de l’argent cela suffit et l’on est content98

.

Dans le chaos administratif mauricien, Perier de Salvert écrivit au Grand Orient de France qu’il aurait pu, vu « la Sévérité » des lois de l’obédience, «condamner comme réfractaires, tous les maçons réguliers qui avaient eu part à des travaux aussi irréguliers et annuler absolument tout ce qui s’était fait jusqua (sic) cette époque»99

. Cependant, il tint compte de l’«esprit de clémence»100

dont le Grand Orient de France fut animé lors de sa «réformation» de la maçonnerie française et suivit cette même ligne de conduite, faisant preuve de tolérance envers les maçons mauriciens. Il nomma alors François Camille Le Drée de la Serrée et Elizabeth Baron Le Coat, de la Loge L’Heureuse Rencontre de Brest (loge dont Perier de Salvert fut l’orateur101), ainsi que Ricard de Bignicourt «ancien Député de Loge Provinciale»102 au Grand Orient, tous trois S.P.R.C103, comme commissaires extraordinaires. Il leur donna comme première mission de relever toutes les «qualités civiles et maçonniques de tous les membres des sociétés assemblées en forme de Loges et de tous les [frères] qui se

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Atelier. Voir le lexique en annexe.

97 Grande Loge Provinciale : gestion locale des loges.

98

Daniel Ligou, Histoire des francs-maçons en France. 1725-1815 [Toulouse : Editions Privat, 2000] p.136.

99 FM 2 (580). Dossier 1. LTE. Lettre du 6ème jour du 11ème mois 5778 de Perier de Salvert au GODF. 7pp. p.4.

100Ibid., p.4.

101Khemdutt B Daby, Historique de la franc-maçonnerie dans l’Océan Indien [La Grande Loge de France, 2002] p. 21.

102FM 2 (580). Dossier 1. LTE. Lettre de Perier de Salvert au GODF. 6ème jour du 11ème mois 5778. 7pp. p.4.

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proposaient pour en former une»104. Empreint d’une volonté de dénouer la situation, l’émissaire du Grand Orient de France se rendit compte que la tâche allait être peu aisée et qu’il se devait d’agir avec vigilance en respectant les règles établies par l’obédience qui venait d’être créée. Cependant, il réalisa qu’il devait adopter un plan afin d’accorder la régularité à «des esprits nourris dans l’erreur»105. Dès les débuts de la maçonnerie mauricienne, la notion de régularité des maçons et de leurs titres fut soulevée par De Salvert qui prit la décision de rassembler un petit nombre de maçons qui n’étaient pas dans l’irrégularité, c’est-à-dire, qui avaient été initiés et avaient eu les grades maçonniques selon les critères du Grand Orient de France. Il convoqua ensuite tous ceux qui avaient pris part à des travaux irréguliers ou qui leur devaient leur existence maçonnique. Il reçut les maçons réguliers et, après avoir eu la preuve de la «répention (sic)»106 des irréguliers, il leur rendit la régularité mais en leur enlevant les grades qu’ils avaient reçus de façon irrégulière. Cette règle fait partie des Landmarks dont A.Mackey fait la liste dans son Encyclopaedia et qui stipule « l’interdiction faite à une Loge (…) de conférer des grades à leurs membres »107, c’est-à-dire sans l’aval de l’obédience. Il expliqua que :

Ensuite j’ai fait donner successivement lentrée (sic) du temple à ceux qui avaient vu la lumière dans des loges non constituées, assuré de leurs dispositions je leur ai épargné les épreuves et après les Voyages et le serment prononcé, je les ai reçu [apprentis Maçons] et ils ont fait une renonciation solennelle à tous travaux irréguliers 108.

Ricard de Bignicourt et Gouby se désistèrent de leur demande en Constitution pour une nouvelle loge auprès du Grand Orient de France et Perier de Salvert décida alors d’un plan d’action pour harmoniser les désirs des maçons mauriciens qui souhaitaient créer des loges.

Les dates que donna Edouard Virieux, à savoir que la première réunion eut lieu le 18 décembre et la tenue le 23 décembre, correspondent donc à ce que dit Perier de Salvert. De ce fait, cinq jours plus tard, il convoqua les maçons repentis qui se présentèrent, en habits d’apprentis, à une tenue où il fit un discours qui avait pour objectif aussi bien de «convaincre

104FM 2 (580). Dossier 1. LTE. Lettre de Perier de Salvert au GODF. 6ème jour du 11ème mois 5778. 7pp. p.4.

105

Ibid., p.4.

106Ibid., p.4.

107 Allec Mellor, Dictionnaire de la franc-maçonnerie et des maçons [Paris : Belfond, 1990] p.154.

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par l’éloquence de Lesprit (sic) qu’à persuader par celle du cœur». Il souligna «l’affreuse confusion dûe à « l’ignorance ou l’oubli de l’esprit maçonnique et de la régularité»109. Ce jour-là, Perier de Salvert proposa de fonder une seule loge sous la dénomination de La Triple Espérance, «allégorique aux projets des trois Sociétés»110. Il fixa l’installation au 25ème

jour du 10ème mois (25 décembre 1778), et non le jour de la St Jean (le 27) qui posait des problèmes pratiques. Concernant l’emblème de la loge, les trois ancres, Michael Allan suppose qu’il représentait aussi les trois loges réunies111

alors que Quenette pense que c’était dans un probable but de créer un «regroupement régional»112 de cette loge et des deux loges de l’Ile Bourbon sous l’égide de la Grande Loge Provinciale de Bourbon. En parlant du nom de la loge, Vigoureux de Kermorvant avança qu’il fut accepté avec «empressement» car il «rappelait les 3 vertus théologales ou [Collège des Rites] +113: FOI, ESPÉRANCE, CHARITÉ»114. Quant au livret du bicentenaire de La Triple Espérance, publié en 1977, il explique que le nom vient du fait qu’il y avait trois fondateurs115

. Toutes ces versions ramènent au fait que le projet de trois loges fut finalement réduit à la création d’une seule réunissant les maçons des trois loges en instance de la colonie. Après avoir réuni trois loges en une, Perier de Salvert procéda au deuxième volet de son plan d’action. Il expliqua dans sa lettre que, «comme les facultés n’étaient pas les mêmes», il la divisa en «deux Chambres, dont la première n’aura[it] dautre (sic) droit que de fournir un [Vénérable] et 2 [Surveillants], communs aux deux chambres, mais qui auraient des substituts dans la seconde »116. Il ajouta que les «qualités ser[aie]nt proportionnelles aux facultés, les bonnes œuvres communes, dans les assemblées générales, dans les certificats, nulle distinction, mais aucun candidat ne pourra[it] être admis dans la 2e Chambre sans avoir été ballotté dans la première »117. Le plan fut approuvé par tous. Il ne détailla pas plus le déroulement dans sa planche au Grand Orient, car il était «limité par le temps et la crainte de grossir»118 le colis maritime. Virieux ajouta

109FM 2 (580). Dossier 1. LTE. Lettre de Perier de Salvert au GODF. 6ème jour du 11ème mois 5778. 7pp. p.5.

110Ibid., p.5.

111 Michael W. Allan, Freemasonry in Mauritius. A chronological compilation of lodges. 1778-2006. [Grand Lodge of Mauritius, 2006] p.8.

112L. Rivaltz Quenette, La franc-maçonnerie à l’île Maurice : 1778-1878 [Roche Bois : High Quality Press Ltd, 2006] p.17.

113

Collège des Rites : Voir le lexique en annexe.

114 E. Vigoureux de Kermorvant, Notes pour servir à l’histoire de la franc-maçonnerie et particulièrement la

R.L. La Triple Espérance [Port-Louis : Typographie du Commercial Gazette, 1877] p.2.

115

R.L. La Triple Espérance. Bi-centenaire. 1778-1978 [1778] p.11.

116FM 2 (580). Dossier 1. LTE. Lettre de Perier de Salvert au GODF. 6ème jour du 11ème mois 5778. 7pp. p.5.

117Ibid., p.5.

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qu’à cette tenue, les maçons travaillèrent aux second et troisième degrés119

. En effet, Perier de Salvert, pour récompenser les maçons de leur soumission après avoir perdu leurs grades, assigna «à chaque [frère] le grade dans lequel [il] le régularisai[t] en formant une nouvelle loge; laissant à leur ferveur et à leur constance, le soin de mériter de faire des pas dans lart roïal (sic)»120. Perier de Salvert avait probablement attribué ces grades de ‘compagnon’ et de ‘maître’ à certains maçons, malgré ses réticences, dans le but de constituer le collège d’officiers121

requis pour l’administration de la nouvelle loge et de ses deux Chambres. Ricard de Bignicourt fut élu vénérable, le premier vénérable de la première loge de l’Isle de France, et, selon Descroizilles, il reçut 34 voix sur 36 alors que le poste de Premier Surveillant revint à Bouvier Dumolart et celui de Second Surveillant à Boudret122. Dans sa lettre au Grand Orient le 23 décembre 1778, Perier de Salvert expliqua les solutions qu’il avait trouvées pour apaiser la situation123.

Le 25 décembre 1778, l’installation de La Triple Espérance eut lieu, selon Perier de Salvert, avec «toute la pompe et la solennité qu’exigeaient un moment fortune pour un maçon»124 et elle fut suivie d’un banquet. La loge St Jean, sous le titre distinctif de La Triple Espérance, reçut ses Constitutions provisoires de Perier de Salvert. Une lettre du secrétaire de l’obédience à la loge La Triple Espérance en 1780 montra qu’à Paris, la situation avait été prise en compte. En effet, le secrétaire confirma que l’une des trois loges, la loge La Sincère Amitié, avait effectivement demandé une Constitution avant la réunion de décembre 1778 et que l’obédience la lui avait accordée, mais qu’elle serait annulée car la loge était désormais réunie à La Triple Espérance125. Un des premiers actes de la loge fut de nommer un délégué au Grand Orient de France, Fournel, et Perier de Salvert lui remit les documents administratifs ainsi que sa lettre pour qu’il les remît au siège de l’obédience à Paris126

. La page de garde de la lettre de Perier de Salvert porte une note du Grand Orient qui précise que la demande de constitution de la loge portlouisienne, présentée par leur député Fournel, fut enregistrée par l’obédience sous le No. 4414 le 10 avril 1780. Elle fut ensuite envoyée à la

119Edouard Virieux, La loge « La Triple Espérance » de 1778 à 1878 [Typography of the Merchants and

Planters Gazette, 1887] 99pp. p.6.

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FM 2 (580). Dossier 1. LTE. Lettre de Perier de Salvert au GODF. 6ème jour du 11ème mois 5778. 7pp. p.5. Art

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